James Thierrée, petit-fils de Charlie Chaplin, présente ROOM au Festival de Sydney

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James Thierrée est actuellement en Australie pour le Festival de Sydney où il présente son spectacle ROOM. Petit-fils de Charlie Chaplin, et bien connu par le public de Sydney Festival, ce spectacle vous transportera. Continuez à lire pour notre interview avec James Thierrée.

James Thierrée, ROOM au Festival de Sydney 

James, vous revenez au Sydney Festival, cette fois-ci avec votre production nommée tout simplement ROOM. Parlez-nous un peu de cette production. Qu’est-ce qui caractérise ROOM

Je considère que ce spectacle qui est incarné par une chambre, il parle d’ une chambre libre, une chambre folle, une sorte d’ode joyeuse où langage théâtrale sous toutes ces formes : beaucoup par la musique, par le corps, par le décor, par le plaisir de récit de construits. C’était très important pour moi suites a des années plutôt assfixiantes avec ce virus de présenter au public un spectacle qui respire, vous voyez. Un spectacle qui accueille dans son tourbillon des individus qui auront été écartés et espacés les uns des autres pour leur dire « retrouvons nous dans une sorte de phase dingue et jouissive».

 

Vous êtes déjà venu en Australie, spécifiquement au Sydney Festival avec vos productions Au Revoir Parapluie et Tabac Rouge. Pour ceux qui connaissent ces spectacles, comment est-ce que ROOM se compare-t-il? En quoi est-il similaire et en quoi diffère-t-il?

Par rapport à mes précédents spectacles ROOM a voulu ouvrir vraiment des domaines portes, des domaines fenêtres. C’était la première fois que j’ai intégré la musique en directe, en live et j’ai travaillé très en amour ce spectacle parce que je voulais que ça soit une sorte de déclaration d’amour aux instruments musique et au plaisir de partager cette musique qui m’a accompagnée dans toutes mes productions mais qui était essentiellement diffusée en musique enregistrée.

 

Et pour moi c’était une évidente que je voulais mettre mes mains sur ce moteur essentiel, je dirais presque narratif de tout mon langage théâtral qui était la musique. Donc, il y a vraiment cette voile qui est gonflée d’aire dans ROOM et l’aire c’est la musique. C’est vraiment le cœur battant du show donc c’est quelque chose qui différencie pas mal ce spectacle de mes précédents.

 

Il y a aussi l’utilisation des paroles qui n’est pas liée au présent mais qui s’est libérée. J’utilisais essentiellement un univers muet, très corporel avec des magies qui s’opéraient à travers le décor et la lumière et la musique mais sans les mots. Mais on va dire que j’ai invité pour la première fois des mots plutôt par le billet de l’humour et du nonsense. Je suis moitié anglais par ma mère et la nonsense anglais c’est très important à mes shows. C’est-à-dire cette manière de renverser le sens de choses et l’espèce et lieu d’écriture par le surréalisme. Les mots sont comme des notes qui accompagnent la musique en directe et qui s’amusent avec elle.

James Thierrée presents ROOM at Sydney Festival
Image: Wendell Teodoro

Le mot « chaos » a été fréquemment utilisé dans les critiques du spectacle ROOM. Est-ce le chaos que vous avez l’intention de créer sur scène?

Oui j’aime beaucoup le chaos. Je pense que même quand on n’aime pas les chaos, le chaos est en nous. Il est scientifiquement prouvé que le chaos a été essentielle à la formation de l’univers. Donc sans faire de fausse philosophie, je dirais que j’ai pris un malin plaisir à laisser les éléments du spectacle dérivé dans leurs sens et à jouer avec l’attente du public que nous avons tous de suivre l’histoire, de comprendre le thème, de pouvoir placer les choses qu’on regarde et qu’on écoute quelque part dans les tiroirs cérébraux. Et moi, je dois dire qu’en tant que spectateur, j’aime bcp aller voir les spectacles qui me désarçonne, qui me cogne un peu sur mes attentes. C’est-à-dire que oui c’est la surprise. C’est déjà une forme de réaction au chaos. On va dire que ce n’est pas le thème principal de ROOM qui est comme on indique c’est un spectacle qui est cadrée mais à l’intérieur de ce cadre règne un chaos positif, joyeux. Un chaos avec lequel on danse. Voilà, j’aime bien cette idée.

 

Selon le site web de votre Compagnie du Hanneton vos « inspirations sont celles des voyages et des interprètes rencontrés, des cultures qui se croisent. » Comment est-ce que ces choses vous inspirent?

Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours aimé le hasard de la vie et des rencontres. Et dans ma vie et dans mon travail, j’aime les hasards, j’aime les accidents. On pourrait dire qu’une partie des idées qui se mettent en place dans mes créations sont animés par les accidents que je me suis habitués à provoquer. C’est-à-dire, d’avoir une idée et quelque part de ne pas accomplir cette idée mais d’espérer de sortir de route qui me mène à une autre idée beaucoup plus intéressante, bcp plus imprévue, et avec les années ça ne s’est pas amélioré. Donc oui j’aime les rencontres avec l’ailleurs et avec des autres. Et s’ils arrivent d’encore plus loin, c’est encore mieux parce que ça provoque des chocs positifs et des amalgames merveilleux on pourrait dire et dans le travail pareil. L’envie quelque part d’être ailleurs. Cette fameuse destination que vous aviez inscrits – ce but à atteindre. C’est important de quelque part de ne pas l’atteindre entièrement et d’être ravi de découvrir l’autre chose que vous n’aviez pas prévu. Je sais que ça ne doit pas être très populaire ce que je dis parce qu’on survient sur le fait d’avoir un but à atteindre et de l’atteindre. On peut avoir des rêves mais les rêves sont épanouissants. Les rêves doivent nous échappés un peu même s’il ne faut pas qu’ils se transforment en cauchemar.

 

Est-ce que des voyages ou des rencontres ou des cultures spécifiques vous ont inspiré dans l’écriture du spectacle ROOM?

Difficile à répondre à cette question mais je dirais qu’il y a eu beaucoup de rencontres dans l’année et demie qui a précédé la création, qui d’ailleurs a été même beaucoup perturbée par la COVID et qui a due être repoussée. Donc pendant cette longue période avant la première de ROOM j’ai rencontré énormément de gens, des danseurs, surtout des musiciens qui sont venus chez moi on a fait bcp de musique pendant cette an et demi. Certains de ces personnes ne se sont pas retrouvées dans le spectacle parce qu’on n’avait pas leur place dans le spectacle mais certains sont devenus des amis et tous – une bonne partie du moins, m’ont beaucoup marquée parce que la musique était un nouveau royaume pour moi et j’ai eu des magiciens, des magiciennes qui se sont présentes sur mon chemin et qui ont acceptée de jouer avec moi et de m’introduire à leur secret d’une certaine manière. Il y en a quelques un, ce n’est pas une foule – on peut les compter sur les doigts d’une main mais je pourrais dire que ces rencontres-là sont déterminantes dans le sentiment de liberté et d’audace que j’estime que j’ai pu avoir ensuite dans la création de ROOM.

Image: Wendell Teodoro

ROOM est une production relativement nouvelle avait été créée au Théâtre de Carouge-Atelier de Genève en janvier 2022. Quel a été le processus de développement/d’écriture de ROOM.

C’est une très longue histoire et je ne vais pas pouvoir répondre. Il faudrait pratiquement écrire un article entier sur le simple développement de ce projet parce qu’il a été percuté à des nombreuses reprises par des obstacles et des épreuves et pour moi c’est un spectacle dont j’estime être très chanceux de pouvoir, d’avoir pu présenter au public, d’arriver en Australie à Sydney dans ce festival que j’aime énormément et qui est très associée à mon travail puisqu’il accompagne en quelque part mon travail depuis des nombreuses années.

Et ROOM était pour moi un projet dont j’ai refusé quelque part, qui suive mon savoir-faire habituel. On va dire que par ces 40 ans et après quelques productions, on commence à avoir des habitudes, on commence à savoir-faire un spectacle et ça peut être dangereux pour un artiste qui commence à reproduire une forme de recette et pour moi c’était essentiel de ne surtout pas suivre un début de savoir-faire que j’estimais avoir.

Je considère [le spectacle] presque comme une personne a part entier qui devait avoir sa propre indépendance. C’était très compliqué puisqu’à la fois c’était moi qui devais construire et élaborer un show assez important, on fait des budgets, des décors, des distributions. C’était très ambitieux. Et à la fois, je voulais qu’il ait la pureté d’un jeu d’enfant, d’un jeu primaire et qui soit sauvage aussi et qui ait une forme d’indépendance vis-à-vis de moi-même et ce fameux savoir-faire que j’estime être une cage de quelque part.

Donc, il est vraiment un très long processus. J’ai expliqué plus tôt que la musique a un rôle central. Mais je voulais quelque part parler de mon métier, du théâtre. J’avais envie de parler du théâtre aux spectateurs et de leur faire un spectacle qui re-ouvre l’imaginaire autour de ce lieu unique où on peut encore aujourd’hui partager quelque chose qui ne se reproduira plus puisque chaque présentation le public n’existera plus jamais. Pour moi, c’est une sorte de projet carrefour qui devait à la fois être généreux avec des spectateurs après des années éprouvantes et pour moi, d’être une forme de tremplin pour garder l’audace, pour garder la fraicheur, pour garder une certaine prise de risque sur la proposition.

J’ai l’impression que les publics ont besoin de sentir que les artistes en face d’eux prennent une sorte de risque ou en tout cas ne s’assoient pas sur les routines, sur un savoir-faire. Du coup, je me suis entouré par des artistes extrêmement talentueux, des musiciens, des danseurs, des comédiens, des techniciens aussi. On a traversé ces années COVID un peu comme des samouraïs, un peu comme des guerriers. Parfois on avait l’impression qu’on n’arriverait jamais à présenter ce spectacle parce qu’il a était interrompu pour sa création plusieurs fois. Mais enfin aujourd’hui au festival de Sydney, nous arrivons fourbu mais heureux d’avoir pu présenter ce show qui est né tt de même en plein milieu de la crise énorme où les gens n’allaient plus au théâtre. Donc d’une certaine manière, c’est une rencontre avec le public.

Image: Wendell Teodoro

Le théâtre et le cirque coulent dans vos veines avec des parents artistes de cirque et Charlie Chaplin comme arrière-grand-père. Vous avez fait vos débuts dans le cirque de vos parents à l’âge de 4 ans avec votre grande sœur. Le saviez-vous depuis votre enfance que vous allez suivre vous aussi une carrière dans les arts en tant qu’adulte?

Vous savez, je suis né littéralement dans la marmite du théâtre sur les planches, je voyais mes parents sur scène – j’étais en coulisses. Je les ai enjoignes sur scène très très tôt – il est parmi mes premiers souvenirs. Donc effectivement quelque part, ce n’est même pas que je le savais c’est que ne me suis posais la question. J’étais sur un bateau et ce bateau me plaisait et ce bateau me plait toujours. J’irai même plus loin, je suis absolument amoureux de ce bateau et sincèrement j’estime d’être privilège de pouvoir faire ce métier, de savoir que c’est un métier, que c’est un artisanat et que quelque part j’ai reçu des outils et j’ai de la chance d’avoir ces outils aussi jeunes de mon père et ma mère qui pratiquaient aussi ce métier d’une autre manière. Et moi, j’ai continué à ma manière. C’est beau. Ça s’appelle la transmission, ça se passe aussi dans beaucoup de métiers chez les artisans du bois, chez les artisans boulangers, chez tous les artisans, toutes les personnes qui fabriquent des choses, qui font du bien.

 

Vous êtes 11 personnes sur scène? Est-ce que vous avez déjà travaillé avec ces artistes avant ce spectacle? Comment est-ce que vous vous êtes rencontrés?

Ce sont des artistes que j’admire. Pour moi, c’est très important de travailler avec les gens que j’admire, les gens avec qui j’ai envie d’explorer, de pousser plus haut, de passer du temps aussi. C’est très particulier. Ce n’est pas une amitié en fait, ça s’appelle une amitié d’art car quelque part c’est des choses extrêmement intenses qu’on demande à chaque personne de donner énormément au nom d’idée ou au nom d’un cap qui est fixé. Comme je vous l’ai expliqué, ROOM était très sans dessus dessous dans sa construction et aussi dans son ambition donc les artistes ont dû s’accrocher pour avoir la foi, pour savoir que quelque part en confiance de me suivi dans cette aventure. J’ai bcp d’affection et d’admiration pour ces artistes. Chacun est diffèrent. Toutes les personnes qui sont dans le spectacle n’ont jamais travaillé avec moi, donc ils n’avaient pas d’habitudes et de routines dans la manière de travailler. Il était découverte. Chaque personne a été une rencontre a part, par fois par audition, par fois par ricochet de la vie.

 

Qu’est-ce que le public peut attendre du spectacle ROOM?

Il ne faut surtout pas qu’ils attendent qui qu’il soit. C’est interdit. D’ailleurs, moi, je n’attends rien du public parce que le public est une surprise et c’est très important de s’asseoir dans un théâtre et quelque part de ne rien attendre et de ne rien savoir et de voir ce qui se passe, et de voir se mettre emporter par les lames, par la brise ou la bourrasque ou si on va rester dehors. Ça c’est un mystère et l’excitation est très important et l’enthousiasme mais ça, c’est le mystère qui admet ça. C’est à dire l’idée d’aller voir un spectacle et de ne pas savoir exactement de quoi il s’agit, de ne pas être rassurée quelque part, c’est merveilleux. C’est merveilleux. C’est un peu dangereux. Si ça fait quelques frissons, c’est encore mieux.

Pour quel public est-il le spectacle ROOM?

Littéralement il st pour tout le monde. Voilà, peut-être qu’un enfant au-dessous de 7 ou 8 ans pourrait se sentir un peu en dehors du sujet mais autrement tous les âges, toutes les professions, toutes les cultures, toutes les tranches sociaux, culturelles, absolument tout le monde même les animaux peut venir s’ils le veulent. Je sais que la faune australienne est magnifique. Les insectes, tout le monde est invité!

 

Pourquoi les gens doivent-ils venir voir le spectacle ROOM au Sydney Festival?

C’est vraiment une question piège. J’ai l’impression d’être un vendeur de voiture. Mais c’est justement ça l’intérêt nous ne sommes pas des vendeurs de voitures. Nous sommes des artistes et nous arrivons de l’autre bout du monde, le matériel a pris un bateau en immense container et a pris deux mois et demi pour arriver jusqu’à Sydney et nous nous réjouissons depuis déjà des mois d’arriver quelque part sous nos pieds puisque nous sommes tous de l’ouest et de tout simplement faire partie de ce festival pour lequel j’ai un faible particulier je l’aime, il y a quelque chose d’extrêmement festive, ça a toujours été une expérience très intense. Moi j’espère que les gens auront envie de sortir de découvrir une proposition extrêmement joyeuse et vivante et inattendue et aussi très étrange.

Nous remercions James Thierrée pour cette interview. Voir ci-dessous pour savoir comment et quand voir ROOM au Festival de Sydney 2023.

 

INFOS CLÉS POUR ROOM BY JAMES THIERRÉE

QUOI : ROOM de James Thierrée

QUAND : 20-22 & 24-25 janvier 2023

Vendredi 20 janvier, 19h30

Samedi 21 janvier, 19h30

Dim 22 Jan, 17h00

Mar 24 Jan, 19h30 (représentation en Auslan)

Mercredi 25 janvier, 13h30

OÙ : Roslyn Packer Theatre, Walsh Bay, SYDNEY

COMMENT : Achetez vos billets sur le site du festival de Sydney https://www.sydneyfestival.org.au/events/room

COMBIEN :

Les prix des billets (hors frais de réservation) sont les suivants :

  • Premium Full Price – 129 $
  • A Réserve Plein tarif – 109 $
  • A Réserve Tarif réduit – 100 $
  • Plein tarif pour la réserve B – 79 $
  • Concession pour la réserve B – 70 $

Avez-vous déjà assisté à un spectacle de James Thierrée?

 

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