L’opéra français La Juive a ouvert à Sydney la semaine dernière. Il sera joué pour les deux semaines à venir. Nous avons interviewé Emma Muir-Smith, assistante metteuse en scène de La Juive.
Emma, ceux qui ne vont pas à l’opéra ont pu voir et apprécier votre travail récemment avec la campagne de vaccination que vous avez fait avec l’orchestre symphonique de Melbourne. A part le fait que ça soit pour la télévision, comment est-ce que ce projet a été diffèrent aux autres sur lesquels vous avez travaillé?
Ce projet a été différent sur plusieurs plans. D’habitude, quand j’écris ou que je travaille sur un projet, je pense d’abord à une histoire et à des personnages qui ont pour but de divertir le public. Avec cette campagne, l’enjeu était tout autre. Il ne s’agissait plus que de divertir mais de communiquer un message important concernant la santé publique. J’ai beaucoup réfléchi à ça et à la responsabilité que j’avais. De plus, à l’époque de la réalisation de cette campagne, Melbourne était entre deux confinements donc il fallait que ce projet soit fait rapidement.
Dans la production de La Juive de l’Opera Australia, vous travaillez en tant qu’assistante metteuse en scène. Est-ce que la première fois que vous travaillé dans ce rôle? Et aussi la première fois que vous travaille avec Opera Australia? En quoi consiste ce travail?
En effet, je suis Assistante de mise en scène sur La Juive. C’est la première fois que je travaille à ce poste. Cependant, j’ai travaillé avec Opera Australia en 2016 mais en tant que chanteuse. Je faisais partie du chœur lors des représentations à Melbourne. Le rôle d’Assistante de Mise en scène est difficile à décrire car il inclut une grande variété de choses. Pour La Juive, j’assiste le metteur en scène pendant les répétitions en travaillant avec les chanteurs, je l’aide à faire l’emploi du temps des répétitions et je mets en scène les doublures.
Avez-vous déjà travaillé avec Olivier Py, metteur en scène de cet opéra?
Non, jamais! Cette version de La Juive était une production de l’Opéra de Lyon de 2016 mise en scène par Olivier Py. Pour notre version australienne nous avons un nouveau metteur en scène: Constantine Costi. Cependant, tous les décors et costumes de la version originale ont été transportés en Australie. Le travail que Constantine et moi faisons consiste à reproduire au plus proche la version d’Olivier Py. C’est un processus de travail très habituel à l’opéra!
Parlez-nous un peu de l’opéra La Juive. Pour ceux qui ne le connaissent pas, à quoi est-ce qu’ils puissent attendre?
La Juive a été écrit en 1835 et est une collaboration entre le librettiste Eugène Scribe et le compositeur Fromental Halévy. La Juive a connu un beau succès en France ainsi que dans toute l’Europe et aux Etats-Unis et ce jusqu’aux années 1930. C’est un opéra qui examine les thèmes de religion et la tension qui existe entre les fois. Il faut préciser que Scribe était chrétien et qu’Halévy était juif. Mais La Juive c’est aussi une histoire d’amour avec tout ce qui fait de l’opéra ce qu’il est. Vous avez de la tragédie, de l’intrigue et bien sûr, une musique magnifique!
Vous avez beaucoup travaillé au milieu de l’opéra et tant que librettiste mais aussi directrice et écrivaine. Qu’est-ce que vous appréciez dans l’opéra? Ces rôles vous apportent-ils chacun des choses différentes?
J’aime chacun de ces rôles pour des raisons différentes mais ce que j’aime aussi c’est le fait qu’ils se complètent. Pour moi l’un ne va pas l’un sans l’autre. Par exemple, quand j’écris un libretto j’ai toujours la mise en scène en tête. Ce qui me passionne dans l’opéra c’est ce mélange spectaculaire des arts – de la musique, au théâtre, tout en passant par le design et la scénographie. Mais plus encore, l’opéra est une représentation physique de l’effort humain et de tous les talents. Rien que dans La Juive il y a 50 musiciens qui font l’orchestre, il y a aussi 50 chanteurs dans le chœur, 10 acteurs et 10 chanteurs principaux. On est sur une production énorme et là je compte seulement les personnes qui sont sur scène. Imaginez la même chose maintenant mais en coulisses ! L’opéra c’est la communion de tous les corps de métier, c’est passionnant!
Lorsque vous avez fait vos études à la Royal Academy of Dramatic Art, à Londres, saviez-vous déjà que vous souhaitiez travailler dans ce milieu?
Avant de faire mes études à RADA, j’étais chanteuse d’opéra et j’avais étudié la musique au Conservatoire de Melbourne. Après plusieurs années pendant lesquelles j’ai travaillé en tant que chanteuse, j’ai commencé à m’intéresser à l’écriture et à la mise en scène. Aller étudier à Londres et faire un Master d’écriture et de mise en scène m’a paru comme être une progression naturelle. L’opéra a toujours eu une place importante pour moi et c’est un art qui me passionne. Pendant mes études à Londres je me suis beaucoup intéressée aux liens entre la musique et le théâtre. Ce Master m’a permis de réfléchir à toutes les façons qu’il existe de raconter des histoires. Cela peut passer par la musique, les mots, les images et même le mouvement des corps. Ce qui me stimule c’est le fait que les combinaisons entre ces éléments sont infinies – je pense ne jamais être à court de façon de raconter des histoires! Ça peut donc être à l’opéra, à la télé ou au théâtre – seul l’avenir nous le dira!
En quoi La Juive diffère-t-il des autres opéras?
La Juive est une réelle tragédie qui ne se cache pas derrière les pôles des « gentils » et des « méchants ». C’est unique à l’opéra cette exploration de si grands thèmes – l’univers de La Juive est complexe et gris. C’est ce refus de diviser le monde en deux et donc de le simplifier que cette production explore. La Juive c’est aussi une histoire d’amour interdit entre une juive et un chrétien à une époque où les lois l’interdisent. On se concentre sur les défis que rencontrent les personnages et sur les conséquences de cet amour interdit.
Pourquoi les gens doivent-ils participer à cet opéra?
Notre production est une chance unique de venir voir un opéra qui est rarement monté dans le monde et c’est aussi l’occasion de venir voir la première production de celui-ci en Australie. Mais au-delà de ça, La Juive c’est une histoire universelle qui s’inscrit dans notre monde contemporain. Nous avons aussi un ensemble formidable qui travaille sur cette production ; des chanteurs comme Natalie Aroyan, Francisco Brito, David Parkin et Esther Song. Pour les férus d’opéra, le rôle d’Eléazar est quelque chose à voir absolument. C’est un rôle très difficile pour une voix de ténor et Diego Torre qui interprète le rôle n’est à pas manquer.
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Nous remercions Emma Muir-Smith pour cette interview.
INFOS CLÉS POUR LA JUIVE
QUOI: L’opéra français La Juive du compositeur Fromental Halévy
QUAND: mardi 15, vendredi 18, mardi 22, jeudi 24 et samedi 26 mars
OÙ: Joan Sutherland Theatre, Sydney Opera House
COMMENT: Achetez vos billets par ce lien: https://opera.org.au/productions/la-juive-sydney/
COMBIEN: Les prix des billets sont de 48 $ pour le Réserve F jusqu’à 355 $ pour le Réserve
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