Vingt Dieux, le premier long métrage de la réalisatrice et scénariste Louise Courvoisier, est un hommage à la campagne française, en particulier à la région du Jura.
Vingt Dieux a été présenté en avant-première dans Un certain regard à Cannes 2024, remportant le prestigieux Prix de la Jeunesse, avant d’être distribué en France en décembre 2024. Le film a fait ses débuts en Australie à l’occasion de l’Alliance Française French Film Festival 2025 en début d’année, et est sorti dans les cinémas australiens la semaine dernière. Il a également remporté le prix du meilleur premier film au César 2025 (devant Les Fantômes, Un P’tit truc en plus, Diamant Brut et Le Royaume).
Le protagoniste Totone (Clément Faveau), âgé de 18 ans, est contraint de grandir rapidement lorsque son père meurt et qu’il devient l’unique responsable de sa sœur Claire (Luna Garret), âgée de 7 ans. Entendant parler d’un prix lucratif pour le fromage, il décide de se lancer dans le monde de la production fromagère, les yeux rivés sur ce prix. La fabrication du fromage exige du temps et de la patience – des qualités que Totone doit rapidement adopter.
Il n’y a pas d’explication sur ce qui est arrivé à leur mère, ni sur la question de savoir si les services de l’État devraient normalement intervenir. De même, le film ne montre que très peu de chagrin pour la mort de leur père, ce qui est frappant. La perte d’un parent ne signifie pas que l’on ne pleure pas la perte du second.
Sans vouloir en dire trop, la partie de l’histoire concernant le concours de fromage se termine brusquement et n’est plus évoquée. Il s’agit sans doute d’une partie intentionnelle de l’histoire, mais elle semble un peu décousue.
La distribution est composée en grande partie d’acteurs non professionnels, dont beaucoup n’avaient aucune expérience de la scène avant de jouer dans Vingt Dieux. Cela ajoute à l’authenticité, mais démontre également que certains d’entre eux ont des talents de comédiens que Courvoisier a découverts. En regardant le film, on ne se rendrait pas compte qu’ils n’étaient pas acteurs avant, tant l’authenticité avec laquelle ils interprètent leurs rôles est grande. Maïwène Barthèlemy, qui incarne Marie-Lise, une jeune éleveuse de vaches laitières, a été découverte à l’école d’agriculture locale. Elle a remporté le César de la meilleure révélation féminine pour son rôle dans le film – Megan Northam pour Rabia, Souheila Yacoub pour Planète B, Malou Khebizi pour Diamant Brut et Mallory Wanecque pour L’Amour Ouf étaient également en lice.
Dans la lettre d’amour de Courvoisier au Jura, l’une des images les plus marquantes est celle de Totone sur sa moto, serpentant sur les routes de campagne avec une énorme meule de fromage attachée sur le dos. Vingt Dieux a été tourné principalement en lumière naturelle et s’ouvre sur de longs plans d’ensemble de la campagne qui plantent solidement le décor.
L’histoire de Courvoisier aurait pu donner lieu à un film déprimant, mais c’est loin d’être le cas. Au lieu d’un film sur la dureté de la vie à la campagne et l’obligation de devenir adulte du jour au lendemain, Courvoisier a réalisé un hommage à la région du Jura. C’est aussi un hommage à la camaraderie entre jeunes, les camarades de Totone se joignant à lui pour l’aider dans sa quête de la fabrication du fromage. Alors que de nombreuses histoires de passage à l’âge adulte se résument à des triomphes de contes de fées, Vingt Dieux célèbre tranquillement la persévérance et la loyauté dans le tourbillon des difficultés. Dans une version américaine, Totone gagnerait inévitablement le concours, la fille et le ruban. Mais Courvoisier résiste aux récompenses faciles, privilégiant le réalisme aux résolutions de contes de fées.
Vingt Dieux présente une tranche de vie rurale sans fioritures, d’autant plus que la réalisatrice Louise Courvoisier fait confiance à ses acteurs, qui n’ont pas encore fait leurs preuves. Les performances, en particulier celles de Clément Faveau et de Maïwène Barthèlemy, sont aussi naturelles que les paysages du film, imprégnant l’histoire d’une chaleur vécue plutôt que d’un drame.
Vingt Dieux se contente finalement d’offrir un récit doux et sans précipitation qui s’attarde sur ses petits moments authentiques. Il n’offre peut-être pas de grandes récompenses ou ne vous laisse pas un arrière-goût de triomphe, mais pour ceux qui sont prêts à en savourer les subtilités, ce film prouve que l’authenticité et un peu de saveur locale peuvent être une recette gagnante, même s’il s’agit moins d’un Brie qui fait sensation que d’un Comté qui mûrit tranquillement sur l’étagère.
4 CROISSANTS
Matilda Marseillaise a regardé un screener du film.
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