Karine Mauris, directrice artistique de l’Alliance Française French Film Festival 2024 et Attachée Culturelle à l’Ambassade de France en Australie vient de programmer son dernier festival. On la parle des films qu’elle a choisi pour ce festival, ceux qu’elle n’a pas choisi et pourquoi, ses années dans le rôle, et de son temps en Australie. À lire !
Alors Karine, c’est le dernier l’Alliance Française French Film Festival que vous allez programmer?
C’est mon dernier festival, oui.
Et donc ça fait quatre l’Alliance Française French Film Festivals maintenant, celui-là.
Oui, je suis arrivé en octobre 2020, donc je suis arrivée, j’ai tout de suite terminé le line up et présenté le line up, donc pour ‘21.
Parce que vous êtes arrivés au moment de la COVID
Oui, je devais arriver beaucoup plus tôt. Je devais arriver à la fin de l’été. Mais ce qui était sympa, c’est que j’étais allé à l’époque, j’étais dans un festival de films français en décembre, ce qui m’avait permis de bien préparer et de voir beaucoup de films. J’avais vu 25 films en quatre ou cinq jours.
C’était Angoulême, si je me rappelle bien.
Oui, c’est ça qui est vraiment très, très bien et qui permet de voir 25 films en cinq jours. Et tous les derniers [films], je me base beaucoup sur ma sélection sur ces films-là d’ailleurs, sur les choix d’Angoulême. J’aime bien ce qu’ils font
Vous avez été aussi à Cannes ?
J’étais à Cannes cette année. Un très beau Cannes. Une très belle édition, beaucoup, beaucoup de films français présents de qualité. Beaucoup de films en costume d’ailleurs. J’ai sept films qui était à Cannes dans mon festival.
Oui, j’avais vu ça. Et aussi plusieurs films qui sont nommés pour les des Césars au programme de l’Alliance Française French Film Festival 2024
12 pour les Césars.
Il manquait juste parmi ceux qui ont été nommés le plus, Le Procès Goldman.
Oui, mais il est sorti avant. En fait, c’est le distributeur qui l’a sorti avant le festival. Il l’a pris pour le Jewish [International Film] Festival et donc il n’a pas voulu nous le donner. Il a voulu le garder pour son festival. C’est vraiment dommage parce que pour moi c’était un des plus beaux films.
Je croyais que c’était peut-être parce que le public australien ne connaissait pas l’histoire.
Non, je pense que c’est vrai que ça ne doit pas être facile à présenter en Australie parce qu’il y a énormément. C’est un procès, un tueur. Et c’est vrai que j’ai vu que sur certains alors je ne sais pas comment ca marche sur la Justine Tiret qui est juste un chef d’oeuvre absolu.
Mais, il est très, très bien, sauf qu’il est très psychologique, Il y a beaucoup de choses à lire et quand il y a beaucoup, beaucoup de choses à lire, c’est très difficile, au bout d’un moment ça fatigue. Et j’avais eu un peu le cas sur certains films que j’avais passé où il y avait vraiment, il y avait une voix off. Quand il y a une voix off, c’est très difficile pour les Australiens parce qu’elle est constante, même si elle raconte ce qu’on voit, ils n’ont pas le temps de voir et lire.
Donc il vaut mieux éviter et je ne sais pas comment il va marcher, mais c’est un très très beau film. Le procès Goldman, c’est les deux que je n’ai pas. Le film de Justine Triet est sorti déjà [L’anatomie d’une chute]. Madman a souhaité le lancer en même temps que les annonces des Oscars parce qu’on était sûr qu’il y serait. Donc du coup, il a voulu bénéficier de l’annonce en même temps et c’est très bien, mais c’est mieux qu’il le sorte là que pendant notre festival, donc c’est super.
Et puis il y a aussi le Les Filles d’Olfa qui va sortir séparément ?
On s’est un peu loupé. Alors le problème c’est qu’il est pas du tout en français. Il est à 90 % en arabe. Donc comme nous, on est le festival qui valorise la langue. il ne pouvait pas rentrer malheureusement, parce que j’avais réussi à faire une entorse. Le film précédent qu’elle avait fait qui était qui était The man who sold his skin, il se passait en Belgique la moitié du temps, donc il était 50 % en syrien et 50 % en français, un petit peu plus, peut-être 60 %, Mais, il était tellement exceptionnel, j’ai tellement pris une claque quand je l’ai vu que je ne pouvais pas ne pas l’acheter quoi, celui-là. Et je suis très, très ,très, très amoureuse de cette réalisatrice. Et donc j’étais triste de pas avoir Les Filles d’Olfa. En plus ils l’ont acheté très tardivement, ils l’ont acheté en décembre, et moi j’ai terminé mon line up en novembre.
En fait, je me demandais quand est ce qu’il faut choisir les films pour l’Alliance Française French Film Festival ?
Autour du 1ᵉʳ novembre, 15 novembre, le line up est terminé parce qu’après il faut qu’on ait plus de 5200 séances à caser dans un Excel sur 14 villes et donc il faut après l’intégrer etc. Donc il faut qu’on ait le timing, etcetera qui soit cleané, etcetera, et qu’on sache si c’est les matures ou pas matures. Malheureusement, entre le novembre et mars, on a quelque chose qui s’appelle les vacances, où il n’y a plus personne. Entre le 15 décembre et le 15 janvier, il n’y a plus personne et même les imprimeurs ferment.
Donc il faut avoir ce temps-là, parce que si on veut faire imprimer 100 000 exemplaires du catalogue, il faut que le catalogue soit fini, donc même si on pouvait finir mi-octobre, ce serait encore mieux. Mais malheureusement, il y a plein de festivals qui sont on et on n’a pas encore tous les films parce que on a le festival de Toronto, on a la Biennale de Berlin…
Vous allez à tous les festivals?
Non, mais les distributeurs, oui. On travaille avec eux en général.
Voyager et regarder les films, c’est pas mal.
Ce serait chouette. Non, j’ai eu beaucoup de chance de pouvoir déjà aller à Cannes.
Et vous allez rester en Australie? Vous avez un copain australien je crois.
Mon amoureux est australien. Et je pense qu’on peut dire que « my heart belongs to Australia ». Ma fille fait une école de textile and fashion à Sydney et elle a très envie de rester ici. Donc moi je cherche à me positionner entre la France et l’Australie, à voir un peu comment continuer à faire des bridges entre les deux pays, soit en production, soit en tournée. À voir.
J’ai plein de projets, je vais m’arrêter, je vais bien prendre trois mois de vacances que ce que je n’ai pas pris de vacances en quatre ans. Donc là je vais me poser un petit peu et me recentrer et voilà. Reprendre du souffle pour repartir.
Donc parlons maintenant des films que vous avez choisis pour l’Alliance Française French Film Festival parce qu’on vient de parler un petit peu des films que vous auriez voulu. Donc il y a 41 films dont 39 sont nouveaux. Parce qu’il y a Les Enfants du Paradis et Les Intouchables [qui sont anciens].
Et puis il y a certains films qui sont déjà été présentés sur certains festivals, bien sûr, comme The Taste of Things qui a été présenté à Perth Festival et un autre film qui est passé dans un festival aussi.
Donc il y a les grands titres, Les Trois Mousquetaires: D’Artagnan et Les Trois Mousquetaires: Milady, Jeanne du Barry, qui sont, j’imagine, obligatoires sans même réfléchir.
Oui je l’ai [Jeanne du Barry] vu à Cannes, je l’ai vu à Cannes à l’ouverture et je l’ai trouvé très réussi. Et puis c’est une réalisatrice intéressante. Moi, j’ai beaucoup aimé Polisse ce qu’elle avait fait et elle avait ce côté caméra à l’épaule et improvisation. Et dans celui-là, on sent que c’est beaucoup plus maîtrisé, qu’elle a vraiment travaillé ses décors, qu’elle a travaillé ses angles, travaillé son point de vue.
C’est une sorte d’histoire à la Pretty Woman en period costumes, avec un vrai challenge qui était de ne pas griller le personnage joué par le roi et qui est joué par Johnny Depp en le faisant trop parler avec son accent anglais. Moi j’avais très peur de ça qu’il ne soit pas crédible et en fait il est vraiment très crédible. Et puis en plus le roi à l’époque ne parlait pas beaucoup parce que chaque mot qu’il disait pouvait être interprété et pouvait causer des dégâts collatéraux. Donc c’est plutôt pratique pour Johnny Depp parce qu’il a beaucoup d’expressions, beaucoup de présence, beaucoup de sensualité et en même temps, très peu de texte, des phrases très courtes et, du coup on n ;entend pas son accent.
Et comme il a été avec Vanessa Paradis pendant plusieurs années, je pense qu’il doit parler quand même en français un petit peu. Il doit être habitué au français. Donc voilà, ça ne choque pas plus que ça. Par contre c’est vraiment très réussi au niveau de la mise en scène.
Mais avec tous les films, quand j’ai fait ma sélection, je cherche toujours à trouver un peu –à la fin de la sélection, je me dis mais quelle est l’unité? Qu’est ce qui est l’umbrella du festival?
Donc, est ce qu’il y a un thème?
Voilà, et là je pense qu’il y avait deux valeurs en fait qui me sont très importantes et dont on a extrêmement besoin en ce moment, après deux ans de COVID, avec toute cette période très individuelle, c’est des valeurs de la diversité et de l’humanité et de retrouver, reconnecter à l’humanité parce qu’on a été quand même bien malmené ces dernières années où l’autre était un ennemi. La peur était présente.
Et donc quand je regarde tous les films, ils ont tous cet aspect très humain, que ce soit Je verrai toujours vos visages, qui est pour moi le film choral absolu, un de mes grands coups de cœur. Vraiment, je pourrais le revoir quatre ou cinq fois ce film tellement il y a des histoires entremêlées, qu’il y a de choses de jeu d’acteur qui sont très, très fortes.
Donc c’est les victimes des crimes qui parle aux criminels ?
C’est autre chose. C’est d’ailleurs c’est intéressant parce que la justice réparatrice a été mise en place en 2001 en Australie et 2014 en Australie, en France. Donc on est arrivé beaucoup plus tard. Et cette justice réparatrice, c’est de recréer le dialogue et la compréhension des autres, autant par les victimes que par ceux qui ont fait des malfrats. Donc voilà, ça c’est un très, très beau film. Tous les acteurs ont été nommés dans les catégories meilleur second rôle pour les César.
Oui, j’avais vu ça et oui c’est pour celui-là qu’ils sont tous nommés – Donc c’est presque gagné pour le film, ils vont avoir un prix au moins.
Voilà. Donc il y a beaucoup de films comme ça qui traitent d’humanité, que ce soit L’Abbé Pierre: une vie de combats, évidemment, qui est une figure très importante, qui a créé cet appel en hiver ‘54.
Donc, il ne faut pas être religieux pour apprécier ce film ?
Non, pas du tout. Ça n’a rien à voir. Au contraire, c’est vraiment le destin d’un homme.
Je dois admettre que quand j’avais vu Abbé dans les titres, j’ai vu ça et je ne savais pas si ça aurait été pour moi.
C’était vraiment un rebelle. C’était vraiment quelqu’un qui travaillait pour les pauvres et il n’y a pas de prêche dedans. Il parle rarement de Dieu. En plus, il parle plutôt de nous les humains. C’est vraiment un cri d’humanité quoi. Donc c’était ça.
Mais de mes deux axes: diversité et humanité. Et l’humanité, elle peut être sombre aussi, la part sombre de l’humanité. Et on a des films comme Last Summer de Catherine Breillat, Un silence qui sont assez sombres.
J’allais dire. Il y a les secrets aussi dans Un silence et le film d’après-guerre dans lequel il y a le couple qui a des secrets
Je l’adore ce film, c’est un vrai coup de cœur. Je me suis battue pour qu’il se fasse acheter Along Came Love (Le Temps d’aimer). C’est une très, très, très belle histoire vraiment. Celui-là, il faut en parler parce qu’il est extraordinaire, il est touchant. Ça parle aussi d’une période après-guerre qui était assez sombre et pas très belle. Ça commence très fort et c’est une très belle histoire d’amour, complètement hors norme.
Et il y a beaucoup de choses dans le festival qui parle du regard des autres, que ce soit le film Rosalie, qui a été un film choc du Festival de Cannes.
Et Le Règne animal.
Et Le règne Animal. Complètement. Ces deux films, ils m’ont bouleversé. Je trouve que Rosalie a un côté très Jane Campion, et Le règne animal, pour moi, c’est la plus belle histoire, de plus belle relation père fils que j’ai vue depuis longtemps. Je trouve que Romain Duris joue extrêmement juste dedans, ainsi que le jeune garçon qu’on avait déjà l’année dernière dans The Winter Boy, Paul Kircher qui est vraiment extraordinaire.
Et moi qui ai horreur des films d’anticipation, même des films qui font peur. Je suis un vrai bébé, je ne peux pas.
Oui, je me rappelle parce que je suis comme vous et vous nous avez dit ca quand vous avez programmé le film Coupez
Mais c’était très drôle. Alors le départ, il est insupportable.
Je ne sais pas, Là, [avec Le Règne Animal], j’avais un peu peur d’y aller et en fin de compte, c’est extrêmement poétique. C’est extrêmement politique mais aussi poétique. Et on voit l’évolution de ce jeune garçon qui est touché par l’adolescence et qui est en train de devenir un homme et qui est confronté à des choses plus grandes que lui.
Avec sa mère ?
Avec sa mère, et puis les gens autour qui changent l’acceptation des autres. La différence, c’est une vraie.
Et on a un peu la même chose avec The Snow Must go on (Les têtes givrées). Je trouve que c’était aussi un film important que j’ai voulu mettre, qui est un petit film qu’on a acheté. C’est un film pour les adolescents sur l’écologie avec ses classes, qui est un peu les losers de l’école qui ne sont pas bons à l’école. Et les gens, ils ne sont pas très beaux, ils ne sont pas très chouettes, ce n’est pas les préférés, donc ils sont un petit peu mis de côté.
Puis, il y a un professeur qui arrive et qui leur dit « non mais attendez, moi je vais vous emmener dans les Alpes, je vais vous emmener dans le glacier. » Et là, ils se rendent compte que le glacier est en train de fondre et qu’il faut le sauver. Et donc le fait qu’il y ait une cause, quelque chose de plus grand qu’eux, les rend plus grands en fait, leur fait sortir de leur rébellion. C’était très important de le mettre aussi ce film-là, qui est un bon exemple. Et moi je sais que ma fille, elle a 20 ans, mais elle l’a vu, elle a enlevé tout le plastique de la maison et ils ont raison. On doit être actif.
Ça fait penser, réfléchir.
Réfléchir et agir. Et ça, c’est important. Et j’ai pas mal de films comme ça, comme Divertimento. beaucoup de films des histoires vraies, des biopics. Donc Divertimento par exemple, qui parle de cette cheffe d’orchestre.
Et le violoncelle.
C’est ça. Le violoncelle, c’est sa sœur. En fait c’est une histoire vraie. D’ailleurs, la cheffe va venir en Australie, [elle ne viendra pas à Adélaïde parce que vous aurez le festival plus tard. Donc c’est pas sur les bonnes dates.]
Qu’est-ce que vous avez appris pendant les quatre ans de programmer l’Alliance Française French Film Festival?
Qu’est-ce que j’ai appris? Il y a des films que je ne pensais pas forcément qu’ils allaient marcher, qui sont très, très bien marchés et j’étais vraiment très agréablement surpris. En fait, il faut sortir du carcan français et se dire il y a des choses qui ne marchent pas ici comme l’humour très, très français qui ne marche pas, les films un peu trop bizarres, tendues, ne marche pas forcément.
Oui, j’ai bien aimé les Quentin Dupieux. Vous n’avez pas programmé celui de l’année dernière cette année ?
Non, parce que c’est un huis clos où ça parle tout le temps. Voilà, c’est des dialogues et je me suis dit il y a trop de dialogues et c’est très dur à traduire le Quentin Dupieux, donc en plus, ça risque de tomber à plat. Je l’avais vu en version sous-titrée avec mon copain, il n’a pas du tout accroché donc je me suis dit lui il est australien, il n’a pas compris l’humour, ça ne va pas marcher et ça.
Il est un peu votre borne pour le public australien.
Oui. Mais par contre, je suis assez fière parce que j’ai toujours réussi à présenter deux trois films qui n’ont pas eu forcément un grand succès, mais les gens qui les ont vu m’ont dit merci. Et moi j’étais très heureuse de les présenter. Il y a un film comme ça que j’adore vraiment, j’espère que les gens vont aller voir Rosalie. Et j’espère que les gens vont aller voir Àma Gloria.
Oui, j’attendais que Àma Gloria sort parce que j’avais vu que c’était dans les autres festivals un peu.
Voilà. Et c’est un film tellement tendre, tellement beau, qui m’a tellement touchée, tellement bouleversée. Je voulais faire venir la réalisatrice, mais malheureusement, elle a eu un petit bébé, elle ne pouvait pas voyager. Et je trouve ce film extrêmement réussi. Je trouve qu’il est vraiment magnifique. Et en plus il utilise dedans aussi l’animation. Oui, donc c’est vraiment chouette, vraiment bien réussi.
Vous avez programmé The Skies of Lebanon / Sous le ciel d’Alice il y a quelques années où il y avait l’animation aussi.
C’est encore un des films que j’avais présenté. J’étais déçue cette année je n’ai pas réussi à trouver un grand film arabique à présenter.
Parce qu’il y a eu aussi Le divan il y a quelques années..
Le divan, je l’avais aussi acheté, Sous le ciel d’Alice aussi, Memory Box aussi. J’avais adoré Memory Box. Tous des films qui m’ont fait très vraiment plaisir. Cette année, je n’ai pas trouvé parce qu’ils étaient tous en langue arabe et ça bloquait tout.
Mais c’est bien parce que ça veut dire qu’aussi ces pays commencent à avoir une production qui leur sont propres, qui leur est propre dans leur langue parlée. Et j’avais un film sur l’Algérie mais que je trouvais un peu bâclé et trop violent.
J’ai entendu que Les Trois Mousquetaires est beaucoup plus violent que l’original.
En fait, il y a eu beaucoup de versions des Trois Mousquetaires, il y a eu beaucoup de versions de cape et d’épée. Les plus connues sont celles des années 70 – 80 et donc là c’est vraiment un film de notre temps. Je pense que les blockbusters [d’aujourd’hui] sont beaucoup plus violents, si on veut toucher un public, des jeunes, etc, il faut leur en mettre plein la vue. Et il y a une part assez sombre dans ce film.
Tous les acteurs sont extraordinaires. C’est le plus gros budget français, c’est 72 millions, 36 millions par film, 27 semaines de tournage. Donc ça veut dire qu’ils ont tout fait d’un coup. C’est un casting complètement dingue. C’était vraiment épique. Les personnages sont très attachants. Dès le premier, je trouve que l’acteur qui joue d’Artagnan est tout à fait crédible. Je trouve que Eva Green, elle est magnifique, elle crève l’écran comme elle sait le faire et Cassel est sombre, Pio Marmaï est lumineux, et Romain Duris est chic et un peu fou, fou, quoi. Je trouve que ça marche très bien. Le roi est joué par Louis Garrel. Il est magnifique. J’adore le roi.
C’est bien fait parce que le deuxième film Le Milady, on peut avoir le deuxième sans voir le premier, on ne peut pas voir le premier sans voir le deuxième. On est obligé. C’est vraiment une suite, on est vraiment accroché. Alors du coup, on a organisé des doubles séances, j’avais des doubles séances organisées et moi j’aime bien ce côté double séance. Ça me rappelle mon enfance quand j’allais voir deux films de suite. J’ai toujours adoré ça et c’est pour ça que cette année, comme c’est ma dernière édition, je voulais le faire.
Je voulais faire aussi un cadeau parce que l’Australie m’a beaucoup donné, donc je voulais aussi partager quelque chose avec le pays. Et donc j’ai proposé qu’on mette Les enfants du paradis, qui est pour moi un master film, qui est un film que j’ai vu quand j’avais 20 ans. J’habitais au Danemark et j’étais en manque de la France et il passait dans un petit cinéma d’art et d’essai. J’ai vraiment pris une claque et je discutais il n’y a pas très longtemps justement avec Ruth Mackenzie qui est la directrice du festival d’Adelaide et Matt qui est le directeur du festival de films d’Adélaïde et ils me disaient que c’est aussi pour eux leur choc de film.
Et c’est intéressant parce que Ruth c’était en faisait du babysitting en France quand elle l’a vu et elle a vraiment, elle n’avait jamais rien vu d’aussi beau et d’aussi fort. C’est un film que j’aime bien, elle est super. Elle m’a écrit un mot. Elle dit C’est incroyable, “When I left school I went to Paris to work as a fille au pair and I studied at la Sorbonne, I stumbled upon Lesenfants du Paradis and it enchanted and obsessed me. It was a first time I had encountered the poétique realism, my first taste of the magic world of theatre beyond the scene, my first opportunity to see black and white silence movie”, et elle disait qu’elle ne pouvait pas oublier ce film..
Et Hugo Weaving m’a dit la même chose. Je l’avais demandé d’être le parrain du film, mais malheureusement il sera à Londres pendant ce film. Il revient pour en avril, donc il m’a envoyé gentiment un petit message mais et aussi Matt d’Adélaïde. Donc voilà, ça c’est un beau cadeau. Masterpiece Un film d’une élégance absolue, très fin, drôle et tendre. Dramatique aussi.
Et pourquoi le voir sur le grand écran à l’Alliance Française French Film Festival 2024 ?
Parce que c’est magique. Parce que pour moi, aller au cinéma, c’est ressentir une émotion intense avec des gens. Et surtout on ne peut pas bouger, on est enfermé et on rentre dans le film et on a besoin d’être dans le film pour ce film-là. On devient nous même les enfants du paradis, c’est les spectateurs qui n’ont pas beaucoup d’argent et qui sont en haut des théâtres. Les places les plus en haut, c’est les meilleurs spectateurs. C’est eux qui pleurent quand c’est triste, qui rigolent très fort quand c’est drôle. Et donc si le paradis réagit, c’est que la pièce est bien. Après tous les autres, ils sont là pour se montrer dans leurs robes, etcetera.
Et donc c’est vraiment ce cœur-là. Et donc on est nous aussi les enfants du paradis quand on vient au cinéma, on participe, on voit les choses et réagir et sentir le salle vibrer. Et c’est franchement magique parce qu’on est coupé du monde et quand on sort, on a l’impression que le monde est encore en noir et blanc. Et moi j’aime bien cette impression de perdre ses repères et de se perdre dans le temps. Et je trouve qu’il nous accompagne longtemps ce film. Pour une fois, on n’est pas au téléphone, on n’est pas en train d’aller faire la vaisselle ou d’aller se servir un snack. On a une pause entre les deux films, ils font qu’une heure et demie chacun, donc il y a une pause entre les deux. Ça permet de boire un coup entre les deux.
Parce qu’il y a deux parties ? Donc il y a un intervalle.
Voilà. On a trois premières mondiales.
Oui, j’avais vu. Donc il y a Sidonie au Japon, Le larbin et aussi Hors saison qui sont premières mondiales à l’Alliance Française French Film Festival
Le Larbin, c’est assez drôle, je pense que ça va plaire. C’est un peu un Truman Show mélangé avec Les Visiteurs.
Je pensais aussi un petit peu parce que c’est le mec un peu trop privilégié qui a besoin de connaître un autre monde, ça me fait penser à celui que vous avez programmé il y a deux ans, trois ans pour l’Alliance Française French Film Festival avec un mec un peu comme ça, Envole-moi
Ah oui, tout à fait. Ça c’est génial. C’était mon closing ce film-là avec avec Victor Belmondo.
Oui, celui-là. Est ce qu’il y a des conseils que vous allez donner à la prochaine directrice ou directeur de l’Alliance Française French Film Festival ?
Voir un maximum de films. sait s’écouter aussi. Parce que j’ai ces directeurs, ces alliances, donc chacun un peu son avis sur les films. Travailler très en amour avec les distributeurs pour travailler, choisir les meilleurs films avec eux, les orienter aussi parce que parfois ils achètent des films, c’est compliqué, ça double. Par exemple, là j’avais un film qui est là, j’ai un film qui parle de musique classique. J’avais un autre film de musique classique, ça en faisait deux. Parfois, il y a des films qui ont un peu les mêmes thématiques, comme là, cette année, on a Pétaouchnok / Wilderness Therapy et l’année dernière on avait la thérapie avec les hommes, Hommes au bord de la crise de nerfs. C’était un peu le même thème donc on ne pouvait pas les mettre tous les deux ensembles.
Donc voilà. Bien travailler avec eux, faire des recherches, être curieux et puis et il y a toujours un côté marketing, mais c’est moi ce qui m’intéresse, ce n’est pas le marketing, c’est vraiment le côté création. Emmener les gens là où ils n’auraient jamais pensé pouvoir aller. Et je sais que là, il y a beaucoup de films qui arrivent l’année prochaine, qui m’excitent beaucoup et que je n’ai pas pu avoir cette année. Donc je pense que ça va être une très belle édition. Et là, en plus, nous on termine avec une note un peu rigolote avec le film de Dupontel. Ça a bien marché.
J’ai adoré Bye bye Morons / Adieu les cons
Et bien, c’est exactement le même concept avec toujours un trio mais beaucoup plus écolo, beaucoup plus engagé politiquement. Ouais mais j’avais adoré Bye bye Morons.. Voilà, la fin, on ne sait pas trop comment c’est fini, un peu triste, mais qu’est ce qu’il était drôle avec l’aveugle là.
—
Nous remercions Karine Mauris pour cette interview et nous avons hate de voir tous les films de l’Alliance Française French Film Festival 2024 !
INFOS CLÉS POUR L’ALLIANCE FRANÇAISE FRENCH FILM FESTIVAL 2024
QUOI : Alliance Française French Film Festival 2024
OÙ ET QUAND :
Adélaïde : 21 mars – 16 avril
Lieux : Palace Nova Prospect Cinemas, Palace Nova Eastend Cinemas
Bendigo : 19 avril – 21 avril
Brisbane : 5 mars – 2 avril
Sites : Palace James Street, Palace Barracks
Bunbury : 18 avril – 21 avril
Byron Bay : 7 mars – 27 mars
Lieu : Palace Byron Bay
Canberra : 7 mars – 2 avril
Lieu : Palace Electric Cinema Palace Electric Cinema
Gold Coast : 3 avril – 16 avril
Sites : Dendy Cinemas Southport
Hobart : 4 avril – 14 avril
Melbourne : 6 mars – 2 avril
Lieux : Palace Cinema Como, The Kino, Palace Balwyn Palace Cinema Como, The Kino, Palace Balwyn, Palace Brighton Bay, Palace Westgarth, Pentridge Cinema, Palace Penny Lane (nouveau en 2024), The Astor Theatre
Mount Gambier : du 17 avril au 21 avril
Parramatta : du 11 avril au 14 avril
Perth : du 6 mars au 2 avril
Endroits : Palace Raine Square, Luna on SX, Luna Leederville, Windsor Cinema
Renmark : 22 mars – 6 avril
Sydney : 5 mars – 9 avril
Sites : Palace Central, Palace Norton Street, Chauvel Cinema, Palace Moore Park (nouveau en 2024), Hayden Orpheum Cremorne et Roseville Cinemas
Victor Harbor : 4 avril au 10 avril
COMMENT : Consultez le programme et l’horaire de votre ville sur le site web du festival.
COMBIEN : Les prix des billets varient, mais il existe des réductions pour les cinémas Palace et les membres de l’Alliance Française. Il existe également des forfaits pour 5, 10 et 20 billets.
Quels films souhaitez-vous voir à l’Alliance Française French Film Festival 2024 ?
PLUS DE FILM
Vous souhaitez regarder les films de l’année dernière ? Les films de l’Alliance Francaise French Film Festival 2023 en streaming