À l’occasion de la Fête de la librairie indépendante, nous avons discuté avec Jacques et Anne, les propriétaires du Van du Livre, une librairie francophone itinérante en Australie qui fete son dixième anniversaire cette année.
SUR LES FONDATEURS
Jacques, avant Le Van Du Livre, vous êtes le fondateur de la première librairie francophone Le Forum. Pourquoi avez-vous décidé de l’établir ?
J’ai eu une longue expérience d’expatriation dans de nombreux pays du Sud-est asiatique et deux filles à qui je voulais transmettre la culture française. Face aux difficultés rencontrées auparavant, je me suis lancé le défi d’établir une librairie entièrement francophone peu après mon arrivée en Australie en 2004.
Le Forum était un membre actif de l’Association Internationale des Librairies Francophones qui est basée à Paris. Parlez-nous un peu de cette association – combien de librairies francophones y a-t-il en tant que membres ?
L’AILF avait une centaine de membres lorsque j’ai rejoint l’association. Devenu administrateur, on m’a confié la responsabilité des libraires d’Asie et d’Océanie.
Pendant deux années consécutives à Hongkong puis à Taipei, nous avons organisé des rencontres avec la douzaine de libraires de la région. Nous avons d’ailleurs invité la librairie de Melbourne en ce qui concerne l’Australie.
En 2015, vous avez été nommé Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres. Parlez-nous un peu de cette expérience ? Comment est-ce que cette nomination s’est produite ?
Ce fût un grand honneur pour mon équipe et moi-même d’avoir cette reconnaissance du travail accompli (et à venir). Du côté de l’Australie, c’est l’ambassade de France et son dynamique conseiller culturel qui a fait la proposition et en France, le ministère de la culture par l’instermédiaire du Centre National du Livre (CNL).
Comme j’avais souhaité organiser la cérémonie localement, le lycée Condorcet de Sydney s’est gentiment proposé de mettre à notre disposition le réfectoire de l’établissement. Je ne m’attendais pas à autant de bienveillance et de gratitude et l’émotion a été forte.
Anne, vous êtes en Australie depuis plus de 20 ans et vous représentez les magazines de presse jeunesse Bayard et Milan. Comment et pourquoi avez-vous décidé de représenter ces magazines ?
Une opportunité m’a été offerte de devenir ambassadrice pour l’éditeur dans le nord de Sydney, à l’école de Killarney Heights où mes enfants étaient scolarisés. Trois ans plus tard, on m’a proposé de devenir déléguée pour Sydney puis pour l’ensemble de l’Australie.
À vous deux, qu’est-ce que vous faisiez avant de commencer à vendre les livres et les magazines francophones ?
Jacques: J’étais dans les télécommunications travaillant pour une société internationale. Quelques temps après mon arrivée en Australie, j’ai décidé d’établir une reconversion.
Anne: Avant de venir en Australie, j’ai habité en Angleterre où j’enseignais le français en université. J’ai d’abord continué à enseigner aux adultes et en parallèle commencer à représenter la presse éducative.
SUR LE VAN DU LIVRE
Anne et Jacques, vous avez Le Van du Livre, un van qui traverse l’Australie en vendant des livres et des magazines français et francophones. Pourquoi avez-vous établi Le Van du livre ?
Le Van du Livre est une extension naturelle de la librairie entre les murs. Nous avions envie et besoin d’aller à la rencontre de nos lecteurs. Offrir une diversité lors de nos déplacements s’est avéré très apprécié. Donner la possibilité de parcourir les magazines avant de s’abonner favorise le meilleur choix.
Avez-vous toujours aimé lire ?
La lecture est un excellent moyen de nourrir sa propre culture. L’offre francophone est riche et variée, ce qui nécessite de garder un oeil sur tous les genres (BD, romans, albums, jeunesse, etc.) et d’en lire régulièrement dans les livres et les magazines.
Combien de mois de l’année êtes-vous dans le van? Combien de visites faites-vous pendant une année typique ?
Lorsque nous habitions l’australie occidentale, à Fremantle, l’année était rythmée par 2 voyages de deux mois à l’est. Nous avons donc traversé la plaine de la Nullarbor une dizaine de fois et effectué le grand tour par le nord la deuxième année. Depuis que nous habitons Port Macquarie, pour des raisons de coûts et d’écologie, nous limitons nos voyages à la côte est, principalement Canberra et Sydney dans le sud, Brisbane et la Sunshine Coast dans le nord.
Quand vous n’êtes pas en tournée, ou êtes-vous basé et que faites-vous ?
En dehors des tournées, il faut s’occuper de toute l’administration, des commandes, du suivi de nos abonnés et d’organiser les prochaines visites. Afin d’optimiser nos voyages, nous créons autour d’un évènement principal, généralement dans un établissement scolaire, des rencontres dans d’autres lieux où les francophones et francophiles se rassemblent (Alliances françaises, playgroups, marchés, festivals, etc.)
Comment décidez-vous quels livres et magazines à vendre ?
Il faut garder à l’esprit que nous ne pouvons pas tout avoir car notre espace est limité. Avec l’expérience et la connaissance de nos différents publics, nous sélectionnons les ouvrages adaptés à la clientèle que nous rencontrons.
Quels sont les défis de fournir des livres et magazines francophones en Australie en tant qu’entreprise vendeur ?
Notre principal défi est l’acheminement des publications entre la France et l’Australie. Il arrive que les magazines mettent 3 semaines ou plus pour être livrés dans les boîtes aux lettres ou se perdent. Dans ce cas, nous intervenons afin de renvoyer les magazines manquants ou endommagés.
Est-ce que tous les livres viennent d’un seul grossiste ?
Nous avons accès à tous les éditeurs qui eux passent par des distributeurs. Ce sont chez eux que nous (et les autres libraires) commandons.
Vous fêtez les 10 ans du Van du Livre cette année. D’abord, félicitations. Comment est-ce que le van du livre a changé dans ces 10 ans. Qu’est-ce que vous avez appris ? Avez-vous des moments forts ?
Tous nos itinéraires sont répertoriés depuis le début sur notre site internet. Alors que nous étions à Canberra en février de cette année, nous nous sommes aperçus qu’à quelques jours près, nous avions effectué notre première tournée en février 2014. Il fallait donc le faire savoir ! Au cours de ces dix ans, notre offre s’est tournée d’avantage vers la presse et les abonnements à celle-ci.
Quel est votre livre francophone favori ?
Je suis en train de lire le livre dirigé par Eric Berti Français d’Australie 1788-1988. Il a été Consul général en Australie de 2012 à 2015 et s’est entouré d’historiens, d’anthropologues et universitaires pour nous faire découvrir les femmes et les hommes français qui ont marqué l’histoire de l’Australie.
Quels sont vos titres les plus populaires ?
Nous prônons la diversité et plutôt que des livres, nous recommandons des maisons d’éditions comme Talents Hauts “Des livres qui bousculent les idées reçues” ou l’école des loisirs. Cette maison d’édition offre également un système d’abonnement correspondant à l’année scolaire française pendant laquelle 8 livres sont envoyés à raison d’1 par mois. La sélection se fait parmi les 8 tranches d’âges proposées pour une centaine de $ en tarif regroupé.
La plupart de vos clients sont-ils des français et francophones ou des personnes qui sont en apprentissage de la langue française ?
Notre offre s’adresse à tous publics et âges. Dans les Alliances françaises et autres écoles de langue, nous nous adressons à des apprenants. Dans les établissements scolaires, les enfants ont souvent un des parents anglophones. Dans cette optique, nous avons des livres bilingues dans lesquels le français et l’anglais sont présents, sans toutefois être des traductions. Cela reflète la grande majorité des familles que nous rencontrons.
Est-ce que vous pouvez commander des livres francophones que vous n’avez pas déjà par demande ?
Nous l’avons fait pendant de nombreuses années. Les prix de revient pour de faibles quantités sont élevés et les coûts de transport exorbitants. Donc, nous ne le faisons plus.
Pourquoi acheter des livres du Van du Livre ?
Acheter un livre ou un magazine au Van du Livre, c’est partager un moment de convivialité avec les autres acheteurs et nous (Anne et Jacques). C’est aussi soutenir l’association French Books On Wheels Inc qui s’efforce depuis 10 ans de promouvoir la culture et la langue françaises à travers l’Australie.
D’autres choses à partager avec nous ?
Un grand merci à Matilda Marseillaise pour tout ce travail d’information du public francophone et francophile en Australie sur les évènements et les acteurs de la francophonie.
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Nous remercions Jacques et Anne pour cette entretien et nous avons hâte de voir Le Van du Livre dans notre ville!
INFOS CLÉS POUR LE VAN DU LIVRE
QUOI : Une librairie francophone itinérante en Australie
OÙ : Vous pouvez consultez les itinéraires du Van du Livre par ici
COMMENT: RDV dans les lieux dans lesquels ils seront ainsi qu’en ligne
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