« Nan, Me & Barbara Pravi » est un spectacle solo excellent sur la distraction trouvée dans le béguin pour les célébrités et sur les conséquences de l'obsession

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Nan, Me & Barbara Pravi de Hannah Maxwell a fait ses débuts à l’Adelaide Fringe au Adelaide College of the Arts et est un joyau caché que nous vous recommandons vivement de voir.

Hannah Maxwell a passé 2021 à Luton, dans le Bedforshire, au Royaume-Uni, à s’occuper de sa mamie, suite au décès de son grand-père. Entre le triage des médicaments en fonction de leur période de prise, y compris les doses de warfarine qui changent constamment, et les visites de l’imposante voisine Susan, Hannah s’évade dans un monde imaginaire. Le tout déclenché par une candidate à l’Eurovision : Barbara Pravi, la candidate française pour 2021.

Pravi devient l’obsession d’Hannah, qui se met à apprendre tout ce qui la concerne et se donne pour mission de lire les livres préférés de Pravi dans leur version originale en français (même si elle ne parle pas cette langue, pour l’instant). Elle élabore un plan pour essayer de rencontrer accidentellement Pravi à son concert dans six mois, ce qui l’amène à suivre tous les amis de Pravi sur les médias sociaux dans l’espoir que l’un d’entre eux lui révèle où Pravi se trouve, où se déroule la fête d’après-concert.

La narration d’Hannah est poétique. Ses descriptions sont vivantes. Ses émotions sont parfois à vif. Décrire l’Eurovision comme l’endroit où « les homosexuels en état d’ébriété apprennent la politique mondiale » est à la fois très drôle et révélateur. Le canapé sur lequel elle s’assoit dans la maison de sa mère est décrit comme ayant « une vallée de coussins sculptée par mon grand-père au fil des ans ».

La deuxième partie de la pièce nous ramène à Londres, « la meilleure ville du monde », chère à Hannah, alors qu’elle se remet à jouer et se retrouve avec son propre fan obsessionnel, qui participe au spectacle tous les soirs. En retrouvant sa propre vie, Hannah ne se contente pas de fantasmer sur sa rencontre avec Barbara Pravi et de la séduire de manière obsessionnelle, tout dans sa vie est à l’excès. Et cela a des conséquences.

Le cerveau d’Hannah qui se dérègle parce qu’il est trop stimulé est efficacement dépeint par de forts sons de zapping combinés à des flashs lumineux projetés au fond de la scène.

Nan, Me & Barbara Pravi est un spectacle solo. Le rôle de Nan dans les conversations est entendu par le biais d’un enregistrement (Angela Dunham a fait les voix off), les conversations avec l’ennuyeuse voisine Susan ne sont entendues que par les brèves réponses d’Hannah « oh ma chere», « oh mon Dieu », « oh non ».

Hannah demande gentiment aux spectateurs de participer à l’émission, que ce soit en lisant des instructions culinaires comme dans l’émission Good Morning Britain, ou en l’aidant à trier le nombre considérable de comprimés que prend sa mère – cela exige une « précision de niveau militaire avec des enjeux de vie et de mort », littéralement.

Il n’est pas nécessaire de savoir qui est Barbara Pravi ou d’être un fan de l’Eurovision pour apprécier ce spectacle. Elle comporte de multiples facettes et, au moment où vous pensez savoir ce qui va se passer, elle vous surprendra.

Nan, Me & Barbara Pravi est présenté à The Stables (pas les vraies écuries), au niveau 3 du bâtiment de l’Adelaide College of the Arts. Ce lieu propose souvent des spectacles formidables et il est vraiment dommage que les gens ne s’aventurent pas plus loin que les grandes scènes des parcs de l’Est pour aller les voir. C’est un spectacle qui mérite d’être vu par un public nombreux.

Nan, Me & Barbara Pravi s’adresse à tous ceux qui se sont occupés de quelqu’un, à tous ceux qui ont eu le coup de foudre pour une personne célèbre, aux amateurs d’Eurovision comme à ceux qui ne le sont pas. Si vous aimez le bon théâtre, c’est un spectacle à voir absolument.

On lui donnerait douze points si on pouvait, mais on devra se contenter de cinq croissants à la place.