LAPS est compris de huit sabliers géants interactifs illuminés, conçus par le scénographe québécois Olivier Landreville, qui inviteront petits et grands à jouer avec le temps lors du festival Illuminate Adelaide dès la semaine prochaine. Grâce à une roue à tourner à son propre rythme, chaque visiteur devient le maître du temps, faisant défiler ou suspendre les billes lumineuses à volonté. Dans cette œuvre poétique, ludique et sonore, le public devient acteur d’une installation qui allie technologie, design et réflexion douce sur notre rapport au temps qui passe. Nous avons échangé avec Olivier, créateur de LAPS, sur la genèse de l’œuvre, son processus de création et le rôle de l’art interactif dans l’espace public d’aujourd’hui.
Olivier Landreville, l’installation LAPS vient au festival Illuminate Adelaide ce juillet. Il s’agit des sabliers géants que le public peut contrôler en tournant le volant à leur rythme, dans un sens ou dans l’autre. Pourquoi avez-vous décidé de travailler avec l’idée du temps?
Quand la compagnie Creos m’a approché pour créer des œuvres interactives, ils avaient déjà l’idée d’un sablier et ils m’ont suggéré le sablier. Puis moi, ça m’a tout de suite allumé, inspiré. Puis l’idée de travailler avec le temps, c’est à la fois c’est ludique, mais c’est jouer avec un sablier, il y a quelque chose de fun avec ça. Puis aussi de pouvoir prendre un temps pour soi à regarder le temps passer. Il y avait quelque chose de de très zen ou amusant de pouvoir à la fois le faire avancer mais où on peut arrêter le sablier à mi-parcours, puis il va arrêter Puis c’est l’idée d’être maître de son temps. Donc c’est comme ça que j’ai approché cette œuvre-là de comment on peut être maître de son temps.
Donc c’était Creos qui avait qui a voulu quelque chose au sujet du temps ?
Oui, exactement. Parce qu’au départ, ils m’ont approché parce qu’ils avaient besoin de créer des nouvelles installations parce que leur catalogue était trop petit pour le nombre de clients qu’ils avaient. Et eux avaient déjà l’idée de commencer avec ça. Donc le premier projet, on s’est arrimé ensemble pour faire LAPS. Mais après ça, les autres que j’ai créé avec eux, pour eux, c’était plus des de mes idées à moi au départ. Mais donc oui, j’ai encore un petit sablier qu’ils m’avaient donné au départ comme inspiration, c’est on part de ça, puis on trouve quelque chose à faire avec ça.
Et les sabliers, offrent-ils une expérience sonore et lumineuse?
Oui. Alors au fur et à mesure, plus on tourne la roue du bateau comme un gouvernail qu’on a pris, plus on tourne vite, plus le son augmente ou décélère ou accélère, Et il y a tout un jeu de lumière à la base des sabliers qui éclairent les sabliers de différentes façons. pour que ça soit à la fois intéressant de jour mais de soir aussi.
Oui justement, Illuminate Adelaide c’est un festival de lumière.
Oui, c’est ça. On s’est organisé pour que la tête et les bouts du sablier soient transparents, pour que la lumière puisse passer à travers les balles.
Ah oui, parce que j’avais vu les images avec les balles qui avaient l’air blanches.
Oui, elles sont blanches, mais avec la lumière, elles prennent des couleurs des fois. C’est le fun.
Et donc, vous les avez fabriqués vous-même ou vous avez fait le dessin?
Moi, je fais les dessins, je fais le design. Et après ça, avec l’équipe de Init qui est la compagnie qui supervise la construction, on a fait des tests, des erreurs, trouver la façon de les construire. Et puis leurs partenaires construisent parce qu’il y a des spécialistes du métal, des spécialistes du polycarbonate. Parce que la coquille des sabliers est transparente en polycarbonate, il fallait trouver des spécialistes de ça.
Donc chacun a son sa spécificité et on travaille avec des gens qui sont bien. C’est comme ça que je travaille tout le temps en tant que scénographe, je suis le designer et après ça je fais les plans d’intention pour la construction. Puis après ça, il y a tout le temps un atelier ou des gens qui vont construire, l’œuvre que je j’écris.
Et est-ce que c’est fabriqué au Canada?
Oui, on a été chanceux. La plupart des œuvres de Creos ont beaucoup de métal parce que ça doit résister aux intempéries, au transport tout ça. Donc c’est assez solide. Il y a l’industrie de métal qui est voisin presque de Creos. Donc on travaille souvent avec eux. Et après ça, on va chercher des partenaires un peu partout, mais c’est tout le temps construit au Québec même.
Oui, parce que c’est de plus en plus difficile, je crois, de trouver les artisans qui font les choses.
Oui, mais on est assez chanceux. Puis on va chercher des trucs qui sont un peu atypiques des fois. Comme sur une autre œuvre, on avait trouvé des gens qui faisaient de la fibre de verre, puis c’était des spécialistes des Theme Parks qui faisaient des bonhommes ou des tunnels pour des waterslide. Et puis les autres étaient spécialisés là-dedans. On trouve des spécialistes qui font quelque chose d’unique. Puis on twiste ça après pour faire quelque chose d’artistique à côté. Mais on a quand même beaucoup d’industries de petites industries au Québec qui nous aident à faire nos œuvres.
Je crois qu’ici en Australie c’est de plus en plus difficile. On ne fabrique plus beaucoup en Australie, malheureusement.
Pour vrai, hein? Ça fait loin pour aller faire construire ailleurs.
Je crois que c’est comme tout le monde, c’est de plus en plus en Chine.
La Chine, vous êtes à côté. On a quand même au Québec, l’industrie de l’entertainment, on pourrait dire, est assez fort parce qu’il y a eu des pionniers comme Cirque du Soleil et tout ça, qui ont développé des expertises qui font que ça rayonne à l’extérieur de leur propre industrie. Donc on a été chanceux pour ça. Puis on est reconnus pour être créatifs et tout ça. Faque [=fait que], j’ai fait un spectacle il y a un an sur l’île de Guam, qui est plus près de chez vous que chez nous, en disant oui, qui est en plein milieu du Pacifique. Toute la création a été faite à Montréal, et puis on est allés envoyer tout ça à Guam.
Donc, vos projets voyagent plus que vous?
Oui. Et bien, j’ai eu la chance d’aller à Guam. Je ne serais jamais allé là sans avoir eu un spectacle qui jouait là. Mais effectivement, j’ai la chance d’avoir des projets qui me font voyager. Je suis allé plusieurs fois en Russie avant la guerre en Ukraine, je suis allé. J’ai travaillé en Arabie Saoudite, aux Emirats Arabes, et j’ai travaillé au Mexique, aux Etats-Unis, au Japon. Donc c’est plein de projets qui nous font rayonner à travers le monde. Et ça, c’est le fun, c’est toujours intéressant.
Revenons sur LAPS. Le nom c’est LAPS en majuscule. En anglais et je crois qu’en français aussi il y a le laps de temps, et aussi faire un tour de piste c’est aussi laps en anglais. D’où vient le nom LAPS?
D’un brainstorm. On essaie tout le temps de trouver un nom court où tu sais qu’il y a un impact. Un nom qui peut effectivement se dire en français ou en anglais. Et donc LAPS, je ne me souviens plus c’est qui l’a sorti. On a tout de suite fait « Ah oui, il y a quelque chose d’intéressant » dans effectivement le temps, le tour de piste comme vous dites, dans le mouvement, tout ça fait, Ça s’est imposé à nous.
Et j’ai compris que vous avez beaucoup d’expérience dans les décors de théâtre de cirque. Comment est-ce que vous avez commencé dans ce domaine?
J’ai étudié là-dedans en théâtre, pour être scénographe, faire des décors, costumes et assez vite, j’ai laissé tomber le volet costumes et je me suis concentré sur le décor. Et au fur et à mesure des plus que 30 ans que j’ai fini mon école de théâtre, j’ai commencé à faire des petits spectacles de théâtre à Montréal et pour ensuite commencer à faire un peu de télévision. Alors j’ai fait une partie de ma carrière au Centre télévision.
Et alors, après ça est venu tout l’opéra, tout ça,. Et le domaine du cirque s’est présenté à moi. J’ai rencontré des gens d’une compagnie qui s’appelle Seven Fingers. Les sept doigts de la main. Je travaille encore avec eux. J’ai beaucoup d’affinités avec eux. On a plein de projets ensemble. Donc le cirque est devenu assez partie prenante. Et puis encore là, tout ça découle de ce que je disais tantôt : Le Cirque du Soleil a fait des petits qui sont devenus d’autres compagnies, qui sont devenues, elles, de plus en plus grosses. Je travaille beaucoup avec les sept doigts de la main maintenant. Mais d’autres compagnies aussi. Et j’ai créé avec une compagnie de Montréal qui s’appelle Moment Factory.
Oui, on connait Moment Factory à Adelaide. Ils sont venus pendant quelques dernières années à Illuminate Adelaide.
C’est ça. Donc ils font souvent des parcours lumineux en forêt. Donc j’ai fait deux ce qu’eux appellent ça des Lumina. J’ai fait deux Lumina au Japon avec eux, dans des forêts du Japon. Ce qui est magnifique. Donc, ce que je disais l’industrie de l’entertainment au Québec est assez fort pour nous faire rayonner à travers la planète.
J’ai toujours été artistique. Je pensais à aller travailler en cinéma quand j’étais jeune adulte. Et puis par concours de circonstances, je suis allé étudier en théâtre en me disant il y a beaucoup de gens qui travaillent, qui étudient en théâtre, qui finissent par travailler en cinéma. Et je n’ai jamais travaillé en cinéma en 30 ans.
Pas encore.
Pas encore. Je me suis rendu compte plus tard que ce n’est pas un domaine qui m’intéresse vraiment. J’aime beaucoup mieux la scène, l’art vivant. Donc c’est pour ça, je suis resté à mes deuxièmes amours je dirais, et je suis devenu scénographe pour la scène.
Comment est-ce que vos expériences de scène ont-elles influencé votre création de LAPS?
Travailler pour la scène, c’est un rapport public et la scène au théâtre ou à la scène, il y a tout le temps le cadre de scène souvent qui impose quelque chose. La vision du spectateur. Le spectateur voit ce qu’on veut bien lui montrer dans ce cadre de scène-là. On peut suggérer des choses qui ne sont pas sur scène en tout cas.
Mais là, c’était d’avoir une vision plus 360. L’idée d’avoir un appel au spectateur pour que de loin il fasse « Ah, il y a quelque chose qui se passe là. Je dois y aller.» Attirer le spectateur. Mais c’est toutes les expériences que j’ai eu à travers ma carrière, que ce soit avec des Moment Factory, ou des petits théâtres de poche où les gens sont très près de de ce qui se passe sur scène. C’est peut-être là où on peut aller trouver ce qui a influencé ma création pour des œuvres interactives comme celle de LAPS, c’est de trouver le rapport entre la scène et le public, entre l’objet et le public. Comment attirer le spectateur? Comment l’intriguer? Comment le fasciner face à un objet.
Parce que c’est complètement différent quand même. Dans le théâtre, on ne peut pas monter sur scène et toucher les choses. Comment abordez-vous la narration de LAPS sans son comédien, seulement avec la lumière, le son et le mouvement du sablier?
Le spectateur devient comédien à ce moment-là. Il devient l’interlocuteur premier, puis c’est lui qui fait vivre l’œuvre. Sans lui, il y a une pulsion lumineuse quand même pour attirer les gens, mais elle prend tout son sens dans le mouvement et le mouvement vient du spectateur. Donc mon interprète, mon comédien, c’est le spectateur, le public. Donc, c’est de l’inviter à jouer. Il faut que ça soit ludique pour eux. Ils doivent s’amuser.
Et puis on s’est rendu compte qu’ils jouent vraiment avec ce sablier-là, de façon que on n’avait même pas imaginé. Tu sais, souvent les gens s’amusent à essayer de balancer les balles ou d’avoir juste une balle dans le goulot entre les deux, puis de jouer avec l’équilibre. Toutes sortes de jeux qu’on n’avait pas imaginé que les gens font avec LAPS et dont les gens sont en quelque part plus créatifs que nous. Ils trouvent d’autres utilisations ou d’autres façons de s’amuser avec l’œuvre interactive, ce qui est fascinant et ce qui est ce qui est très enrichissant pour nous.
Est-ce que l’interaction du public change selon la culture ou le pays dans lequel elle est?
Je ne pourrais pas dire parce que je n’ai malheureusement pas beaucoup voyagé avec mes œuvres. Je pense que c’est universel le jeu, donc c’est intuitif. C’est ça qui est intéressant avec les œuvres de Creos, c’est qu’il faut que le gameplay soit simple. Il faut qu’on n’ait pas besoin d’avoir d’instructions ; il faut qu’on arrive et puis que la personne soit capable de comprendre tout de suite quoi faire avec l’œuvre.
Et vu que le – je prends une expression anglaise, je n’aime pas ça mais le gameplay est simple – les gens arrivent et tout de suite ils comprennent, ils voient la grosse roue et puis hop ça bouge. Tout le monde redevient enfant face à cette grosse. C’est peut-être parce que c’est surdimensionné les gens se voit comme un enfant face à un sablier. Il y a quelque chose d’inconscient là-dedans. Mais maintenant, tu le vois dans les visages des gens et dit « ahhh »
Les enfants d’aujourd’hui, j’ai l’impression qu’ils ne connaissent pas ce que c’est un sablier?
Peut être. Effectivement, oui.
On ne l’utilise vraiment plus beaucoup.
Très peu. On a tous un sablier ici. [signale son portable]
Considérez-vous LAPS comme une sculpture, une scénographie ou une installation?
Je dirais installation parce que c’est interactif. Ça serait une sculpture si on était qu’en rapport sans y toucher je crois. Elle prend vie quand on interagit avec elle. Donc une scénographie aussi en quelque part c’est plus il y a une distance. Donc je dirais plus œuvre interactive, installation interactive.
Et que signifie pour vous contrôler le temps dans le contexte de cette installation interactive?
Je pense que c’est une métaphore. On court tous après le temps en ce moment. On pensait il y a 20 ans qu’il y allait avoir la société des loisirs, comme on disait, où les gens allaient avoir plus de temps pour ses loisirs et moins travailler. Et c’est totalement l’inverse qui est arrivé. On travaille de plus en plus, puis on travaille de plus en plus fort et puis justement on est accroché à notre cellulaire. On n’est plus maître de notre temps. On court après. Donc d’avoir cette œuvre qui nous dit prends cinq minutes et joue avec ça, prends un temps avec toi-même. Avec cette œuvre, c’est comme une philosophie ou une métaphore, effectivement, pour dire «sors toi de ta vie qui file à une vitesse incroyable et prends un temps pour toi.»
C’est beau. On peut arrêter le temps un petit moment. Ou on a l’impression quand même. Est ce qu’il y a justement un message ou un sentiment que vous souhaitez que les visiteurs retiennent de leur expérience?
Je pense qu’il faut que les gens aient une joie, un plaisir, à avoir pris ce temps-là. C’est pour ça que ça reste un truc ludique avec les balles qui tombent pour faire le sablier. Je pense qu’il faut avoir pris une respiration et avoir souri. C’est ça.
Est ce qu’il y a quelque chose autour pour que les gens n’essayent pas de monter la structure?
Non, au début on pensait à ça, mais on a créé l’installation pour qu’elles soient assez sécuritaires, qu’il n’y ait pas de problèmes de quelqu’un qui se coince un bras pis qui se fasse écraser… Par bon, tu sais, on doit penser à tout.
Avec le public, on ne sait jamais.
Exactement. C’est la force de Creos de créer des œuvres qui n’ont pas besoin de médiateur. Les œuvres sont tout le temps installés, puis les gens sont libres de faire ce qu’ils veulent avec les œuvres. Donc elles sont faites, solides, sécuritaires, tout ça. Tu sais, il y a un cahier de charges très, très, très lourd qui doivent pouvoir vivre en univers au Québec à -30 et être en Arabie Saoudite à plus 40 dans le désert, tu sais, d’être capable de qu’il n’y ait pas de problème pour ça.
Mais effectivement, au début, dans le design, j’avais mis une espèce de petit garde-fou pour garder une distance. Puis en même temps ce n’était pas intéressant. C’est comme dire regarde-là mais touche pas. Il y a quelques petits pictogrammes sur l’œuvre pour dire pas toucher ici et tout ça, mais on est confiant. Et puis je pense que de toute façon, LAPS roule à travers le monde depuis quelques années déjà. C’est fait solide, on fait des tests, on s’accroche…
Ça fait combien de temps que LAPS existe?
J’ai commencé à créer ça pendant la pandémie, donc ça fait bientôt quatre ou cinq ans, je sais plus trop. Elle doit être en en en circulation, peut être depuis trois ans ou quelque chose comme ça.
Et il y a huit sabliers qui font partie de l’installation, c’est ça? Est-ce que c’est toujours les huit ensembles ou est-ce qu’ils sont séparés et envoyés partout en même temps?
Ils sont tout le temps ensemble. C’est la force du nombre fait aussi l’impact. D’avoir plusieurs sabliers dans la même espace, c’est peut-être le côté scénographique de la chose, de l’appel. S’il y avait juste un sablier, même s’il est assez surdimensionné, s’il fait deux mètres et demi à peu près. Ça c’est quand même quelque chose, mais en avoir six ou huit, là, t’as un appel. Tu fais comme « Oh, il y a quelque chose là-bas. Je dois y aller, Je dois aller voir.»
Depuis combien de temps est ce que vous travaillez avec Creos?
Effectivement, quatre ou cinq ans. Depuis la pandémie.
Donc LAPS, c’était le premier projet.
Oui, c’est le premier projet que j’ai fait avec eux et j’en ai fait deux autres depuis. C’est une super belle rencontre. C’est quelque chose que je ne pensais pas faire dans ma vie, des œuvres qui allaient tourner comme ça. C’est une boîte très familiale. Et ils sont très sympathiques ; ils sont gentils. Et ça dans notre vie, on a tout le temps besoin de de ça, des gens gentils.
Donc quand on trouve des bonnes affinités, on essaie de les cultiver. Donc je suis très content d’avoir fait trois œuvres avec eux. Je suis toujours ouvert à une fois par année, je vais les voir et je leur dis «Ah, peut-être qu’on pourrait faire ça» ou « on pourrait faire ça » » Je leur lance des idées et on verra ce que le temps va nous amener. Mais je pense bien que ce ne sera pas ma dernière œuvre avec eux.
Est-ce que vous les connaissiez avant la pandémie?
Je connaissais les œuvres qu’ils faisaient tourner parce que c’était des œuvres qui avaient été dans un festival à Montréal. Donc j’avais vu ces œuvres-là. Je connaissais le type d’œuvres qui faisaient voyager, mais je ne connaissais pas les gens en tant que tel. C’est quand Benoît Lemieux m’a approché, c’est parce qu’il cherchait des nouveaux créateurs pour créer des nouvelles œuvres comme je le disais, et c’est un ami commun qui nous a mis en connexion. Il a dit «Tu cherches un bon créateur sympathique, tu vas voir Olivier» et «Olivier, vas voir les autres, ils sont gentils et puis ils sont créatifs, eux aussi.» On s’est rencontré pis ça a été un coup de foudre de professionnel.
Et est-ce que normalement LAPS ça fait partie des festivals de Lumière?
Je pense que beaucoup ils font voyager dans des festivals comme le vôtre. Je sais qu’ils étaient à Liverpool, en Angleterre, dans un festival de la lumière il y a six mois, je pense. Oui, souvent c’est dans des festivals comme ça, mais ça peut être aussi juste un centre-ville qui veut attirer les gens. Ou c’est toute demande est écoutée. Mais effectivement, souvent ce sont des festivals.
Ici, ça va faire partie de ce qu’on appelle le City Lights. Il y a plusieurs œuvres ensemble. Il y a un petit parcours à faire, mais c’est une installation gratuite pour nous. Est-ce que normalement c’est ça fait partie de l’art public gratuit?
Oui. C’est tout le temps gratuit. Ça dépend si un festival fait payer l’entrée pour aller sur le site du festival, oui. Mais l’idée, c’est que ça soit installé dans un centre urbain où il y a des gens qui passent où si t’arrives devant ça tu peux jouer avec. C’est donner un peu de lumière dans la vie des gens.
À votre avis, pourquoi l’art public interactif est-il particulièrement important aujourd’hui, socialement ou émotionnellement pour les villes?
Je pense que c’est un problème qu’il y a eu pour toute la planète avec la pandémie, c’est que les centres villes se sont vidés. Souvent les gens qui travaillaient au centre- ville ont fait beaucoup de télétravail pendant la pandémie, ils sont souvent restés un peu en télétravail, donc il y a moins de gens dans les centres-villes. Les centres-villes essaient d’attirer le plus possible les gens et donc des œuvres telles que LAPS ou autre font un point d’attrait, un point d’intérêt dans le centre-ville qui fait qu’on essaie de ramener les gens dans le cœur des villes, je pense. Je ne sais pas si c’est le même partout, mais j’imagine que l’étalement urbain, les gens vont de plus en plus à l’extérieur des centres villes, ils vont dans une première couronne, deuxième couronne donc vont de plus en plus loin en banlieue.
Il faut redonner un attrait, de cœur, une raison au centre-ville. Les gens y vont moins, ils vont dans les gros malls qui sont à l’extérieur du centre-ville. C’est tout un problème, presque d’urbanisme tout ça. Il faut redonner une vie à ces centres ville-là, un peu d’amour souvent, qui ont été délaissés par les infrastructures, tout ça. Donc c’est ça, je pense que c’est de ramener un peu de joie dans le centre-ville.
C’est vrai que oui, il y a beaucoup de personnes qui travaillent encore chez eux.
Moi-même !
Montréal a t’elle eu un confinement ? Etait-il longue ?
Quand même, la mémoire est une faculté qui oublie mais une chance des fois. Mais oui, effectivement, on a été quand même quelques mois en confinement où il n’y avait plus rien de visible. Et ce qui m’a donné une chance aussi parce que vu que je travaillais beaucoup dans les arts vivants, tout ça était arrêté. Je n’avais plus de de travail. Au moins, avec Creos qui est arrivé en plein milieu de la pandémie, on a pu recommencer à travailler sur des projets qui sont nés plus tard. Mais au moins à moi ça m’a donné un peu de de de travail pendant une période plus creuse.
—
Nous remercions Olivier Landreville pour cette interview et Nous sommes impatients de découvrir LAPS au festival Illuminate Adelaide
INFOS CLÉS POUR LAPS
QUOI : LAPS, une œuvre créée par Olivier Landreville, produite par Init et dont la tournée est produite par Creos, fait partie des Rundle Illuminations dans le cadre du programme gratuit City Lights à Illuminate Adelaide
QUAND : Tous les soirs du 4 au 20 juillet
OÙ : Rundle Street ADELAIDE
COMMENT : Il suffit de s’y rendre
COMBIEN : C’est gratuit !
CONTENU ILLUMINATE ADELAIDE
Lisez aussi notre interview avec Alexandre Lemieux, fondateur de Creos sur LAPS