La Compagnie des Quidams est une compagnie d’arts de la rue basée à Bresse Vallons, en France, qui présentera des performances itinérantes gratuites avec FierS à Cheval, ses chevaux géants illuminés, lors du festival Illuminate Adelaide le mois prochain. Nous discutons avec deux des trois nouveaux directeurs artistiques de la Compagnie des Quidams, France et Bastien, au sujet de la compagnie, du spectacle et de ce à quoi Adélaïde peut s’attendre.
Je vais commencer par la compagnie. Pourquoi le nom Quidams?
Bastien: Quidams c’est un mot de vieux français qui vient du latin. C’est un mot latin et qui veut dire une personne lambda. Tout le monde, un individu, une personne parmi tant d’autres. Tout le monde en fin de compte.
Et pourquoi la compagnie a choisi ce nom ?
Bastien: Et bien parce qu’on fait partie des gens de la rue, du peuple. C’est pour tout le monde, c’est accessible à tout le monde. Le théâtre de rue, contrairement à la salle, c’est vraiment pour que tout le monde y ait accès et qu’il n’y a pas d’histoire d’argent de payer pour venir voir.
Oui, bien sûr. Le spectacle qui vient en Australie qui vient à Adélaïde s’appelle FierS à cheval. Et il y a le S majuscule. Pourquoi? Parlez-moi un petit peu de ça aussi.
France: Alors en fait, FierS à cheval, c’est déjà un jeu de mots. Oui, vous qui parlez français, Fer à cheval, FierS à cheval. Donc le fer à cheval, c’est ce qu’il y a sous les chevaux. Et en fait, c’est parce que visuellement, le S majuscule fait la forme un peu de notre cheval. C’est un peu une petite signature, comme au temps des Templiers. Il y avait le T qui pouvait ressembler à l’épée. Donc voilà, c’est une petite nuance visuelle, une petite frivolité.
Je vois. Donc tous les deux vous avez joué dans le spectacle depuis sa création et vous seriez présents aussi à Adelaïde en juillet. France, de ce que je comprends, vous avez eu un parcours très sportif, mais vous avez vraiment un grand amour pour la danse et maintenant la chorégraphie, mais pas que. Depuis que vous avez été avec la compagnie Quidams, vous avez fait tour à tour, échassière, comédienne, danseuse, marionnettiste, metteuse en scène. Est-ce que la chorégraphie que nous voyons dans FierS à cheval est la vôtre?
France: Pas que. En fait, c’est quand on travaille sur les chorégraphies, on adapte vraiment à l’espace de jeu que l’on a. Et puis c’est un petit peu tout le monde qui a apporté sa patte. Moi, ce que j’ai pu faire à un moment donné, c’est peut-être rassembler les idées de tout le monde et les mettre en forme. Et à cette époque-là, quand le spectacle a été créé, je n’étais pas la chorégraphe de la compagnie. J’étais chorégraphe sur d’autres endroits. Donc au même titre que Bastien ou que d’autres comédiens, chacun a apporté un petit peu sa pierre à l’édifice.
Bastien: Et en fait, on a repris la direction de la compagnie, la direction artistique avec France et un autre collègue. On est trois à la direction maintenant, mais avant, avec l’ancien directeur artistique, c’était du travail d’équipe, du travail au plateau, on recherchait tous ensemble pour les chorégraphies, on recherchait des idées. Et après? France, elle a toujours eu de la facilité pour mettre en ordre les idées de tout le monde. Mais c’était un travail collectif. Ce qui risque de changer maintenant parce qu’on aime bien avoir la main dessus. Mais voilà.
Donc ça ne va plus être pareil.
Bastien: Pour les nouveaux spectacles. Celui-ci, il a été créé comme ça. Mais pour les nouveaux spectacles, on aura une autre technique, une autre façon de travailler maintenant.
D’accord. Et Bastien, vous êtes autodidacte et vous faites un peu de tout aussi : régisseur, technicien, créateur de décors et bien sûr maintenant directeur artistique. Quel rôle jouez-vous dans FierS à cheval?
Bastien: Et bien encore une fois, un peu tous les rôles, sauf celui qu’on appelle l’homme des pistes, qui est l’orchestre un petit peu de ce ballet, l’orchestre du spectacle. Il n’y a que ce rôle que je ne fais pas, mais autrement, je peux aussi bien être dans le cheval qu’en régie, en technique.
Je suis un vrai de la rue. J’ai été accueilli chez les Quidams alors que ce n’était pas du tout mon métier il y a plus de 20 ans et je me suis formé, j’ai des facilités avec mes mains dans la création de décors, de bricolage et tout ça. Et puis petit à petit, il y a plein de choses qui se sont mis en route. Et voilà, donc j’ai été formé par la rue.
C’est beau ! Et la compagnie est installée à Bresse-Vallon. Est-ce que c’est un village ou une région qui est connue pour les arts de la rue?
France: Alors non, pas du tout. En fait, on est sur un territoire qui est plutôt connu pour ses poulets.

Ah oui, bien sûr. Le poulet de Bresse.
Bastien: Exact.
France: Exactement. Voilà, on est plutôt sur ce territoire-là. Après l’ancien directeur artistique avait décidé de s’installer dans le milieu rural, donc on est dans un village d’environ 1000 habitants pour pouvoir proposer la culture, l’approche de la culture, l’approche des spectacles à un territoire qui n’a pas un accès facile pour aller au théâtre, pour aller au cinéma. Et donc c’était l’histoire de cette proximité d’apporter la culture en milieu rural, il y tenait, voilà.
Et nous, on relève le défi parce que, et c’est un petit peu maintenant, la ville qui vient à nous de temps en temps. En tout cas, le rendez-vous est donné autour de notre lieu pour quelques sorties de résidence, quelques spectacles laboratoires, quelques petits événements qu’on va créer.
Vous avez vraiment créé une communauté culturelle ou un endroit culturel?
France: Tout à fait.
Bastien: On essaye en tout cas, encore une fois, l’idée d’être en milieu rural, c’est comme un peu le nom de la compagnie. C’est pour les gens, pour tout le monde et la campagne. Les tout petits villages comme Bresse Vallon, où on est, ils ont assez peu accès aux spectacles. Ce n’est pas comme dans les grandes villes où il se passe plein de choses, tout le temps bien sûr. Et donc c’était l’idée de vraiment jouer pour tout le monde. Encore une fois.
Mais là vous allez venir en Australie, c’est complètement autre chose quoi?
France: Alors, on a eu la chance déjà de venir jouer en Australie plusieurs fois.
C’était avec quel spectacle et où ?
France: Alors on a déjà joué FierS à cheval à Canberra. À Sydney, il me semble qu’ils sont allés. Il y a le rêve d’Herbert à Perth et à Melbourne. On est déjà venus à Canberra, et moi à Melbourne, il y a 20 ans.
Et puis donc Adelaide, ce sera nouveau.
France: Oui, on a hâte.
Moi aussi. Combien de personnes viennent avec vous?
France: Alors on sera huit personnes. Donc un technicien régisseur, et sept artistes, donc moi je serai la femme des pistes, et puis donc, six chevaux.
Et est-ce que les gens qui sont à l’intérieur des chevaux changent régulièrement?
France: Oui, alors pas bien sûr quand on va venir faire notre petite tournée à Adélaïde,. On va rester la même équipe. Mais en gros, la Compagnie des Quidams, Il y a une trentaine d’artistes qui gravitent, qui travaillent autour de nos spectacles, les différents spectacles. Ça nous permet d’être à plusieurs endroits en même temps. Ça nous permet de d’offrir une opportunité de jouer plus que si on n’était que cinq. Et puis on refuse des spectacles parce que on refuse des opportunités. et on a cette chance là en tout cas de pouvoir le faire.
Selon votre site web, c’est écrit que dans le spectacle FierS à cheval. Il y a des curieux personnages qui se transforment en gros chevaux et puis à la fin, les chevaux disparaissent et les personnages reviennent. Et ils sont contents de nous avoir fait découvrir leurs alter-egos mythologiques. En fait, comment est-ce que le spectacle est né? Comment est-ce que ça a évolué et quels sont les inspirations?
Bastien: Ça va être un peu plus compliqué de parler exactement de comment il est né et de ce qui est passé dans la tête du directeur artistique à l’époque. Parce qu’encore une fois, à la base, c’était censé sortir de sa tête.
C’est un peu un concours de circonstances. On était dans une ville à Deauville, exactement. On jouait un autre spectacle et la directrice de Deauville nous dit l’année prochaine, c’est l’année du cheval. Est-ce que vous auriez des beaux chevaux gonflables dans le même thème que ce que vous savez faire? Et le directeur artistique, Il a dit « écoute, pour l’année prochaine, on aura des chevaux.»
Donc, il avait l’image du cheval, il a dessiné avec notre costumière. Et une fois qu’on a eu cette image, ce personnage, on a tous cherché ensemble encore une fois au plateau. Au départ, on n’était pas nombreux à bosser sur ce spectacle, on était cinq ou six, donc on a essayé ce costume, on a fait vivre ce costume et petit à petit, le scénario, l’histoire est née, on est parti sur un peu un rêve quelque part et voilà, on a mis ça en place comme ça. Donc ça a été un chemin un peu atypique on va dire, pour un spectacle.
France: Les sources d’inspiration peuvent être très diverses, ça peut être un courant. Par exemple, en ce moment, la mode c’est de faire beaucoup de spectacles – enfin en France en tout cas – beaucoup de spectacles autour de la spiritualité, du chamanisme, des méthodes naturelles, etcetera. Donc des fois il y a ce genre de sources d’inspiration et puis il y a des envies. Depuis longtemps j’avais envie de faire un spectacle, blablabla.
Et puis il faut quand même savoir que la compagnie, on a une signature qui est assez identifiée autour du thème de la métamorphose, donc du changement d’aspect physique du blanc, puisqu’on travaille enfin pour l’instant en tout cas beaucoup avec cette matière blanche qui est étanche et donc qui permet d’offrir un gonflable et grâce aussi à la complicité de Fred dont on n’a pas parlé. C’est un petit peu le bricoleur qui trouve des petits trucs pour que ça marche. Et grâce à cette technique qui a été trouvée, avec d’ailleurs la complicité aussi de Bastien, cette histoire de ventilateur qui permet d’inspirer puis de faire ressortir de branchement de batteries, tout ça qui est caché, qu’on ne voit pas.
Bastien: On est connu pour cette signature-là, pour quelque chose d’un peu onirique, dans le rêve, avec ces grands volumes, ces belles formes qui restent dans la pureté, dans le blanc, la poésie. On a aussi des volumes qui sont imposants, qui sont grands et donc on est connu comme ça. En tout cas, on a cette signature-là et cette réputation-là, si je peux dire.
Et donc de temps en temps, on fait appel à nous et on appelle ça quelque part des commandes, parce qu’il y a des gens qui adorent notre univers et qui nous disent « Est-ce que vous pouvez nous faire un truc comme ça, mais à la Quidams, avec votre univers». Donc des fois, on nous met sur la piste d’idées et des fois c’est des idées qui viennent de nous ou de collègues.
France: J’ai un petit exemple à vous donner. Dernièrement, on a joué en France, dans le château où a terminé Léonard de Vinci, où il a terminé sa vie. Et il faut savoir que Léonard de Vinci a dans tous ses travaux, avait dessiné l’anatomie du cheval. Et naturellement, nous avons légèrement transformé l’introduction du spectacle. Donc l’homme des pistes qui normalement est écrit comme s’il écrivait son rêve, il écrivait un rêve où il écrit un rêve. Et en fait, là, je dessinais des contours de cheval et les chevaux sont arrivés et se sont formés comme si c’était le petit Léonard de Vinci qui rêvait de chevaux et qui d’un seul coup apparaissait devant lui. Mais ça, c’est l’histoire que nous, on s’écrit à l’intérieur. Le public, ce qu’il voit, ce qu’il ressent, quelle émotion ça lui procure, quelle histoire il se construit, ça lui appartient et on est ok avec ça.
Bastien: Ça aussi ça fait partie de notre nature. On a besoin de nourrir une histoire parce qu’il faut incarner quelque chose pour que le spectacle prenne vie. On ne peut pas juste porter des costumes. Donc on a notre histoire pour donner de l’âme à ce spectacle. Mais chez les Quidams on ne sous-titre pas, on ne met pas de texte, on n’a pas envie de prendre le spectateur par la main et lui dire « tu dois comprendre ça et tu dois voir ça.» On laisse toujours la place au spectateur de faire sa propre histoire, son propre rêve.
Alors il y a des fois on demande aux gens, surtout quand c’est le début de nos spectacles. Souvent, les enfants font à peu près la même histoire que nous. C’est assez rigolo. Des fois les adultes nous disent « j’ai rien compris » mais parce qu’ils cherchent des fois trop à comprendre quelque chose et des fois il y a des gens qui se font une histoire qui est toute autre mais qui ressortent avec les yeux émerveillés. En fait, le but du spectacle c’est ça. Ce n’est pas forcément de raconter l’histoire qu’on a envie de nous raconter. Chacun est libre de ça.
Tout le monde peut donner un sens à eux, à votre spectacle mais est-ce que vous avez trouvé les différences comme entre les pays différents, les religions différentes, les choses comme ça?
Bastien: Oui, complètement. Il y a certains pays où le cheval a une place particulière. Dans les pays arabes, par exemple, le cheval, il a une place importante mais qui est différente d’autres pays où voilà, en France, ça reste un animal majestueux qui a toujours quand même beaucoup fait partie de la vie de l’homme depuis la nuit des temps. Mais il a plein de significations différentes suivant les cultures. On ne nous raconte pas forcément la même chose, les gens ne voient pas forcément la même chose.
France: Et quand on joue, par exemple dans la période de Noël, il y a aussi ce côté magique des chevaux lumineux qui amène quelque chose de merveilleux. Alors ce sont des chevaux. Mais, il y en a même qui voient des fois des licornes. Il y en a qui voient les rennes du Père Noël.
Et en fait, on entend quand on est dans les costumes, quand on déambule, des fois on entend les gens parler, on entend ces histoires où aussi les accompagnateurs parce qu’il y a un groupe de personnes bénévoles qui nous accompagnent. On leur donne des petites missions et eux aussi nous font leur retour. Et c’est le retour direct qu’on a « Ah mais moi ça, moi j’ai vu ça» «Ah moi, Pas du tout, J’ai plutôt vu ça.» Mais c’est vrai que par exemple, au Japon, il y a encore une ambiance particulière autour du spectacle. C’est vraiment propre à chaque culture, vous avez raison.
Et les enfants, ils ont des grandes imaginations, plus que les adultes. Ces chevaux mesurent trois mètres et demi de haut ?
Bastien: Oui, à peu près. Quand ils sont cadrés, ils atteignent trois mètres 50. Ça dépend de la longueur des jambes du comédien.
Et c’est quelque chose que vous vous mettez de l’air dedans? C’est gonflable et auto-éclairé. Est-ce qu’il y a déjà des lumières dedans? Ça marche comment?
Bastien: C’est de la magie. Il faut rester sur la magie. Votre métier c’est de vendre de la magie et du rêve, pas de la technique et des soudures et des batteries. Voilà, c’est ça, ça casse toute cette magie, enfin à mon sens.
Oui, vous avez raison.
Bastien: C’est pour ça que souvent je réponds c’est la magie du spectacle.
Donc ils vont venir en Australie par l’air.
Bastien: Voilà, c’est ça envolée. Oui, exactement.
Avec leurs propres ailes.
Bastien: Non. On a de la chance de beaucoup voyager parce qu’il y a aussi. On a aussi un petit point fort. Si on peut parler vraiment technique, c’est que on est capable d’avoir des volumes énormes pour jouer pour beaucoup de gens. Voilà, on fait, on mesure trois mètres, 50 ou quatre mètres même sur certains spectacles avec des diamètres de deux mètres, 50 à 3 mètres aussi.
Donc une seule figurine peut jouer pour des centaines de personnes et ils tiennent dans une petite valise. Donc on vient tous avec notre petite valise et voilà. Donc on est facile à faire voyager aussi. On ne demande pas des camions, des containers complets ou des choses comme ça. Donc ça permet aussi qu’ils puissent voyager beaucoup ces personnages.
Donc les douanes vont demander d’ouvrir le sac et vous avez tous avoir les mêmes choses dedans.
Bastien: Ça arrive. On a l’habitude. On fait des carnets AtA pour préciser ce qu’on sort du territoire, ce qu’on puisse rentrer.
Donc à Adelaide, ça ne va pas être en format spectacle, ça sera plutôt dans la rue de ce que je comprends.
France: Oui. Alors, la différence, c’est qu’on a une partie déambulation. Normalement, on déambule dans les rues et ensuite on a un spectacle fixe qui dure à peu près 25 minutes. Là, la commande qui a été faite par le festival, c’était de faire uniquement une déambulation. Et nous avons demandé si c’était possible de faire une déambulation, mais avec des mini fixes. Ce qui nous permet de poser des images et pas juste de marcher, d’être une image qui passe.
C’est aussi pour que ce soit moins frustrant pour le public et puis vraiment pour développer notre ce qu’on vient raconter quand même. Donc en fait, on déambule, on emmène le public, on se pose à un endroit, on développe une petite saynète qui va durer entre 2 à 5 minutes et hop on va déambuler, etcetera. Ça se décidera vraiment le jour, le premier jour, le jour du repérage. Mais dans l’idée, si on joue toujours au même endroit, on a trois parcours je crois. L’idée, c’est de faire à chaque fois la même chose, peut-être avec des petites nuances, parce que même si on a des chorégraphies bien écrites, il y a quand même cette part d’inconnu avec les mouvements de foule, comment le public réagit. Des soirs, il va plus réagir et des soirs il va vraiment rester médusé devant. Et donc selon les interactions qu’on a avec le public, ça peut bouger.
On aime bien mettre en valeur un bâtiment, un parc, un endroit remarquable dans cette ville : une statue, une fontaine. Voilà, ça c’est toutes des petites choses qui nous excitent de se dire «qu’est-ce qu’on va avoir aujourd’hui sur cette déambulation» pour se dire «tiens, comment est-ce qu’on va pouvoir jouer autour de de cet élément de la rue?»
Est-ce que ce que représente les chevaux pour vous dans les spectacles a changé au fil des ans ?
Bastien: C’est une bonne question.
France: Les chevaux en eux-mêmes? Ou est-ce que la géographie du spectacle A s’est un peu modifié ou bien est ce que le cheval en lui-même ?
Les chevaux en eux-mêmes, représentent-ils quelque chose pour vous. Et est-ce que ça a changé ?
Bastien: Ils ont beaucoup changé au tout début, pendant la création, parce que, comme on expliquait tout à l’heure, au départ, il y avait juste une image, donc il n’avait pas beaucoup de sens à nos yeux en tous cas. Donc on a travaillé à leur trouver un sens, une histoire. Après, nous on les on les voit toujours pareil. Notre relation avec le avec ces chevaux-là, en tout cas, elle est toujours la même.
Elle ne raconte pas la même chose suivant les endroits où on se trouve, parce qu’il y a encore une fois des symboles suivant les pays, suivant même les lieux dans lesquels on joue. Il y a des fois on est en France et on va jouer sur une place qui a une histoire et historiquement où le cheval avait une place hyper importante. Et ça nous arrive d’adapter des choses autour de ça. Mais la relation réellement et comment nous on voit ce cheval-là, elle ne bouge pas. Enfin je crois. Dis-moi si je me trompe France.
France: Alors moi je nuancerai un tout petit peu. Je suis complètement d’accord avec toi Bastien, mais moi j’ai eu de mon expérience personnelle qui est d’être tantôt cheval, tantôt femme des pistes à apporter, un éclairage sur ma vision du cheval différentes. Parce qu’entre l’habiter et le voir évoluer, et bien moi, dans ma pratique du cheval, quand je reviens cheval, il y a des choses que je sais qui s’affinent dans ma pratique.
Mais Bastien ça doit le faire un petit peu pour toi. Parce que Bastien, quand il est à la technique, à la régie, il a aussi cette vision de loin qui nous permet un recul et voilà. Et peut-être qu’aussi en fonction de l’état dans lequel on se trouve le jour du spectacle, si on est d’humeur morose, si on est d’humeur blagueur ou tout ça, peut-être que ça se joue différemment que nos chevaux, on ne les manipule pas de la même façon.
Bastien: Oui, Et puis suivant le nombre de chevaux qui jouent ou le cheval n’a pas la même attitude, il y a des moments où on est, on est en toute petite formule avec deux ou trois chevaux et là ils se jouent souvent des choses très sensibles, très très très très très douces. Après, quand on est en très grosse formule, c’est plutôt comme un gros orchestre, un gros ballet de danse qui est allé, qui est très, qui est très beau, mais les chevaux qui obéissent au doigt et à l’œil. Et puis des fois, quand on est dans des formules à cinq ou six suivant l’événement, ils sont un peu plus farceurs, un peu plus coquins.
Donc ils ne sont pas toujours dans la même énergie effectivement, mais notre rapport au cheval est, en tout cas pour moi, est toujours la même. C’est juste que voilà, l’humeur du cheval peut changer effectivement, s’adapter à l’événement et aux choses comme ça. Et le fait d’être à l’extérieur, effectivement, ça ne change pas mon rapport au cheval, ça m’apporte de la finesse et de la justesse je pense dans la manipulation de ce cheval et dans le fait de pouvoir être de dehors et de dedans, c’est de se rendre compte des choses qui marchent, des choses qui sont douces et délicates, des choses qui sont trop brutes, brusques. Donc ça apporte de la justesse je pense, ça nous permet d’avoir ce recul.
Je sais que vous ne souhaitez pas donner un sens. Mais est ce qu’il y a quelque chose que vous souhaitez que le public retienne du spectacle FierS à Cheval ?
France: Ma réponse à moi c’est j’espère que quand ils auront vu passer le spectacle dans les rues qu’ils pratiquent tous les jours dans sur leur chemin, j’espère que quand ils auront vu passer la procession du spectacle, déambuler là le lendemain matin, ils se disent « Qu’est ce qui s’est passé là hier soir ? Est-ce que ça s’est vraiment passé? Est-ce que c’est dans notre rue qu’il s’est passé ça?»
C’est l’idée de pouvoir transformer un instant un endroit qui est pour eux courant. Comme tous les jours, quand ils vont prendre leur bus, ils passent pour aller au travail ou aller à leurs activités. Voilà, c’est juste offrir un moment de rêve et de se dire «Waouh, j’avais jamais vu ce bâtiment éclairé comme ça». Parce qu’effectivement pour avoir déjà été en Australie, vous avez plein de choses à votre avantage. Vous avez la nature qui n’est pas si loin, vous avez l’océan, il y a toutes ces choses magnifiques, qu’est-ce qu’on peut apporter de plus? Et ben peut être, ça.
Bastien: Moi je vais donner ma réponse à moi qui est rejoint de France, mais je n’ai pas envie vraiment qu’ils retiennent quelque chose. Encore une fois, moi je ne pense pas qu’on fasse réellement passer un message précis. J’ai juste envie que pour les adultes particulièrement, qui s’oublient un moment et qui se laisse emporter dans le rêve et que du coup ils vivent une émotion et qu’ils soient juste vivants à ce moment-là et qu’ils arrêtent et qu’ils sortent de leur carapace.
On est tous pareils les adultes, à être focus sur nos enfants, sur nos boulots, sur nos soucis, sur et si juste le temps d’un petit moment, ils peuvent s’oublier et repartir avec leurs enfants. Et voilà. Et s’ils repartent avec ça? Et ben déjà on est. Et puis les enfants qui repartent avec des étoiles dans les yeux.
Ils vont parler de ça pendant les jours, les semaines ! Et vous êtes donc deux des nouveaux directeurs artistiques de la compagnie. Qu’est-ce qui vous enthousiasme le plus dans l’avenir de la Compagnie des Quidams?
Bastien: Et bien moi je trouve que c’est chouette. On est hyper complémentaires les trois nouveaux co-directeurs et on est un super bon équilibre tous les trois qui est en train de se de s’affirmer de plus en plus. Et là, on est en train de travailler sur un nouveau spectacle par exemple, et qui est très prometteur. Donc du coup, l’avenir de la compagnie, je suis assez confiant sur ce qui va pouvoir exister et ce qui va pouvoir se construire. Parce que à nous trois, on se complète bien.
France: Oui, c’est vrai que la position politique en France de la culture en ce moment et n’est pas au beau fixe et on espère encore pouvoir exister longtemps parce qu’on nous a légué un bel outil à Bastien, Vincent et moi-même qu’on a envie de faire durer encore. Ça déjà, c’est de pouvoir continuer déjà par respect pour la personne qui nous a mis à cette place-là, qu’on a bien voulu accepter.
Et puis aussi c’est moi j’ai envie que pour l’avenir de la compagnie, donc pour ça et aussi pour tous les artistes qui travaillent, qui défendent notre travail, pouvoir continuer à les faire travailler. Parce que s’il n’y a pas de spectacle, s’il n’y a pas de programmateurs, les artistes ne travaillent pas ou travaillent moins. Et puis aussi pour le public, bien sûr, parce que ben sans programmateurs, pas de spectacle.
Et aussi c’est aujourd’hui on fait vivre des spectacles qui nous ont aussi été légués par Jean-Baptiste Duperray. Et comme l’a dit Bastien, moi j’espère aussi qu’on va pouvoir, mettre notre patte et que le prochain spectacle, donc qui est en préparation puisse être le début vraiment de l’aventure de direction mais côté artistique pour voilà, marquer un petit peu le début d’une nouvelle ère si je puis dire.
Jusqu’à quand? L’avenir nous le dira. Mais en tout cas, on profite de l’instant présent et comme l’a très bien dit Bastien, notre belle complémentarité, notre belle connaissance de la compagnie… tous les trois on est là depuis plus de 20 ans donc nous permet de garder justement cet ADN de la compagnie, mais en y mettant une touche de modernité, en y mettant voilà un sens nouveau peut-être, un petit souffle nouveau.
Bastien: Notre petit grain de sable à nous chacun amène. On apporte chacun notre petit grain de sable, on ne pourra plus faire la même chose, On a cet ADN, on a ce signal, on aime profondément cette compagnie et les valeurs qu’elle défend. Mais maintenant, ce n’est plus Jean-Baptiste Duperré, c’est France, Bastien et Vincent. Donc forcément, ce sera du France, Vincent et Bastien.
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Nous remercions France et Bastien pour cette interview et nous avons hâte de voir FierS à Cheval au festival Illuminate Adelaide ce juillet.
INFOS CLÉS POUR FIERS À CHEVAL
QUOI : FierS à Cheval de la Compagnie des Quidams dans le cadre du programme City Lights d’Illuminate Adelaide.
OÙ : Spectacles itinérants sur Rundle Street et North Terrace, ADÉLAÏDE.
QUAND : Les vendredis, samedis et dimanches entre le 4 et le 20 juillet 2025.
COMMENT : C’est gratuit et ouvert à tous, vous n’avez donc rien d’autre à faire que d’y aller ! Consultez les horaires et les lieux des spectacles itinérants sur le site web d’Illuminate Adelaide
COMBIEN : Gratuit
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