Creos représente et fait tourner des installations interactives tel que LAPS, les sabliers géants qui vient au festival Illuminate Adelaide le mois prochain. La compagnie a fait venir à Illuminate Adelaide les balançoires Impulse en 2022, et Roseaux en 2024. Alexandre Lemieux est un des fondateurs de Creos. On lui parle de LAPS, l’art public interactif, et bien plus.

SUR LAPS
L’installation LAPS vient au festival Illuminate Adelaide ce juillet. Il s’agit des sabliers géants que le public peut contrôler en tournant le volant à leur rythme, dans un sens ou dans l’autre. Pourquoi est-ce que Creos a décidé de travailler avec l’idée du temps ?
Nous cherchons continuellement à travailler avec des concepts universels et intemporels. Le sablier est depuis toujours un outil tout aussi utile que fascinant. L’idée de pouvoir jouer avec le temps est tout aussi captivante et nous a paru à la fois universelle et nécessaire. À quel moment pouvons-nous vraiment dire qu’on est en contrôle du temps ? LAPS est en quelque sorte une métaphore que pour l’espace d’un moment, on ait, peut-être, le contrôle du temps.
Qu’est-ce qui vous a attiré dans le travail d’Olivier Landreville que vous a fait lui demander de trouver une idée d’œuvre interactive sur le temps ?
Chez Init et Creos, il y a eu une réelle volonté de collaborer avec des créateurs capables de concevoir des œuvres à la fois puissantes, poétiques et accessibles. Et pour nous, c’était une évidence : Olivier Landreville était la personne toute désignée. Le parcours d’Olivier Landreville, son professionnalisme, son regard unique sur l’espace et sa sensibilité à la mise en scène ont tout de suite fait écho à cette vision.
Scénographe d’expérience, Olivier a l’habitude de construire des univers qui interpellent le spectateur. L’idée de lui confier une réflexion autour du temps est née de cette capacité qu’il a à manier à la fois le concret et le symbolique. Il a su imaginer une œuvre qui joue avec le quotidien — un sablier — tout en le réinventant à l’échelle de l’espace public, dans une forme interactive et monumentale.
Considérez-vous LAPS comme une sculpture, une scénographie ou une installation — ou un mélange des trois ?
Définitivement un mélange des trois ! LAPS est avant tout une installation interactive itinérante étant donné son caractère temporaire et son aspect interactif. Mais elle puise aussi dans les codes de la scénographie et de la sculpture monumentale. Son créateur, Olivier Landreville, est d’ailleurs scénographe ; un ancrage artistique qui teinte toute l’approche de conception.
Grâce à la vision de Init et à la collaboration de Serge Maheu, LAPS devient une œuvre à la fois visuelle, sonore et participative. Son aspect sculptural se manifeste dans la forme imposante et esthétique des sabliers géants. Son ancrage scénographique, lui, se révèle dans la manière dont le public est invité à interagir et à littéralement prendre le contrôle du temps, comme dans une mise en scène vivante.
C’est cette combinaison unique — sculpture, scénographie et interactivité — qui fait de LAPS une expérience immersive inoubliable en espace public.

Que signifie pour vous « contrôler le temps » dans le contexte de cette installation ?
LAPS est une représentation poétique du temps qui nous file entre les doigts. En prenant action, on peut voir le temps s’écouler, compter les rotations, mesurer le temps que ça prend. On peut aussi décider de garder l’installation à l’horizontale, et tenter, l’espace d’un instant, de « stopper » le temps. Chacun choisit combien de temps il veut s’accorder — pour respirer, s’émerveiller, jouer ou simplement être là. C’est un geste simple, mais profondément chargé de sens : reprendre possession de son temps dans un espace partagé.
En quoi les interactions des visiteurs avec LAPS diffèrent-elles selon qu’il s’agit d’enfants ou d’adultes ? Et aussi selon les pays et les cultures auxquels l’installation est présentée ?
Un des objectifs fondamentaux de nos installations est la découvrabilité et l’universalité. On veut que les adultes puissent s’amuser, explorer le design, y trouver une dimension contemplative ou même nostalgique. Pour les enfants, l’enjeu est différent : on souhaite qu’ils soient émerveillés, qu’ils sentent qu’ils ont leur place dans l’expérience, qu’ils puissent toucher, comprendre, participer, et peut-être même se découvrir un intérêt nouveau.
Du point de vue de l’accessibilité culturelle et sociale, notre ambition est claire : offrir une expérience qui transcende les origines, les langues ou les conditions. On ne cherche pas à adapter une œuvre à chaque contexte, mais à créer quelque chose de suffisamment fort et ouvert pour que chacun puisse s’y reconnaître. Idéalement, au contact de LAPS, les différences s’effacent, ne serait-ce qu’un instant, pour laisser place à l’essentiel : le moment présent, la connexion, l’émerveillement.
Quelle est la réaction la plus surprenante dont vous avez été témoin de la part d’un visiteur de LAPS ?
C’est de voir un visiteur tenter de mettre les six sabliers à l’horizontale en même temps, comme pour suspendre le temps. D’autres ont voulu les faire tourner simultanément. Ça montre que le public perçoit LAPS non pas comme six modules, mais comme une seule expérience collective et symbolique.
Quel message ou sentiment voulez-vous que les visiteurs retiennent de leur expérience avec LAPS ?
Nous souhaitons que chaque visiteur reparte avec un sentiment d’émerveillement et de joie !… et un peu plus de conscience du moment présent.
LAPS invite à ralentir, à jouer, à réfléchir, seul ou à plusieurs. Le principe de tourner un volant et d’avoir un objet surdimensionné qui réagit amène presque instantanément un large sourire sur chaque utilisateur ou utilisatrice. Si les gens repartent avec le sourire, une photo, ou une petite réflexion sur leur rapport au temps, alors l’œuvre remplit sa mission.

SUR CREOS
Alexandre, vous êtes membre fondateur de Creos. Depuis quand Creos existe ? Que faisiez-vous avant Creos ?
Creos célèbre son 10e anniversaire cette année. Les fondateurs ont tous un bagage d’expériences différentes, mais assez complémentaires. De mon côté, j’étais en dans mes études en relations industrielles à l’Université McGill lorsque le projet Creos a pris forme.
Le slogan de Creos est « L’art de faire voyager l’art ». Que fait exactement Creos ?
Nous représentons et faisons tourner des installations interactives conçues pour transformer les espaces publics en lieux d’émerveillement, de rencontre et de découverte. Notre objectif est de rendre l’art interactif accessible au plus grand nombre de communautés et d’audiences à travers le monde, en le faisant bien : avec les plus hauts standards de qualité et des processus rigoureux qui facilitent l’accès à ces installations impressionnantes.
Vous avez participé à de nombreuses conférences sur l’art interactif. Selon vous, quelle est la plus grande contribution de LAPS à l’espace public ?
LAPS offre une contribution essentielle à l’espace public : elle redonne du pouvoir au visiteur. Dans un environnement souvent rythmé par la vitesse et la routine, LAPS, par son caractère rassembleur et léger, invite chacun à s’amuser et à partager une expérience commune avec les autres visiteurs.
Creos travaille à l’échelle mondiale. Comment adaptez-vous des œuvres interactives comme LAPS à différentes cultures et contextes urbains ?
Les œuvres interactives, comme LAPS, sont conçues pour être universelles. Leur langage est celui du jeu, de la lumière, du mouvement, de l’émerveillement — des formes d’expression qui transcendent les âges, les langues et les cultures.
Nous n’adaptons donc pas les œuvres elles-mêmes. En revanche, nous travaillons étroitement avec chaque partenaire diffuseur pour adapter leur intégration au contexte local : choix du site, implantation, circulation du public, communication… Tout est pensé pour que l’expérience soit fluide, sécuritaire et pleinement vécue par les visiteurs.
L’ART PUBLIC INTERACTIF
À votre avis, pourquoi l’art public interactif est-il particulièrement important aujourd’hui, socialement ou émotionnellement, pour les villes ?
L’art public interactif répond à des besoins essentiels des villes d’aujourd’hui. Il transforme les lieux en destinations, révélant leur potentiel et leurs possibilités. Il crée du lien. En rassemblant les communautés autour d’expériences accessibles, ludiques et porteuses de sens, il redonne vie aux espaces collectifs.
Sur le plan social, il favorise la rencontre, l’inclusion et le sentiment d’appartenance. Sur le plan émotionnel, il génère de la joie, de l’émerveillement et des souvenirs partagés. Sur le plan économique, il attire les visiteurs, soutient les commerces, dynamise les centres-villes, et contribue à renforcer la perception positive des lieux auprès du public.
Ces moments de découverte et de partage créent une valeur durable pour les espaces urbains, en augmentant à la fois leur attractivité et leur portée symbolique.
CREOS & LAPS
Comment Creos mesure-t-elle le succès d’une œuvre comme LAPS ? Sur le plan artistique, social ou commercial ?
Le vrai indicateur, c’est ce qu’il se passe autour de l’œuvre : des sourires, des échanges, des souvenirs partagés.
Qu’est-ce qui vous enthousiasme le plus à propos de la venue de LAPS à Adélaïde ? Y a-t-il un aspect particulier de la ville ou du festival qui vous interpelle ?
Ce qui nous enthousiasme le plus, c’est que LAPS va poser ses sabliers géants sur un troisième continent, après l’Amérique du Nord et l’Europe. C’est une étape marquante dans la vie de l’œuvre.
C’est aussi la troisième installation propulsée par Creos à être présentée dans le cadre d’Illuminate Adelaide, un festival qu’on admire pour sa vision audacieuse et son engagement envers l’art immersif et l’art public. C’est un véritable honneur pour nous de faire partie de cette grande célébration de la lumière, du son et de la créativité au cœur de la ville.

Pouvez-vous nous parler du rôle de Creos dans la présentation de LAPS aux festivals du monde entier ?
Creos agit comme promoteur et producteur de tournée pour LAPS. Concrètement, cela signifie que nous coordonnons tous les aspects de sa diffusion à l’international : logistique, transport, installation, accompagnement technique et promotion.
Nous travaillons en étroite collaboration avec les festivals et les villes pour adapter chaque présentation à leur site, à leur public et à leurs objectifs. Notre mission est de faire en sorte que chaque projet soit une réussite — pour les créateurs, les partenaires et surtout, pour le public.
Avec LAPS, comme avec toutes les œuvres que nous représentons, nous faisons voyager l’art pour créer des moments inoubliables dans l’espace public.
Qu’est-ce qui fait que LAPS convient parfaitement à Illuminate Adelaide et à d’autres festivals de lumière ?
LAPS est une œuvre à la fois interactive, lumineuse et profondément symbolique, ce qui en fait un choix idéal pour des festivals comme Illuminate Adelaide. Sa lumière réagit aux actions du public, créant une expérience immersive et participative qui capte l’attention autant qu’elle invite à la contemplation.
Et surtout, LAPS offre un moment de pause dans l’effervescence, une occasion de jouer avec le temps — un thème universel qui trouve toute sa place au cœur d’un festival axé sur la lumière, l’innovation et l’expérience sensorielle.
Pourquoi les gens doivent-ils venir faire l’expérience de LAPS ?
Prenez une pause, tournez la roue — et laissez-vous surprendre par le pouvoir de l’instant présent !
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Nous remercions Alexandre Lemieux de Creos pour cette interview et sommes impatients de jouer avec les sabliers géants de LAPS le mois prochain.
INFOS CLÉS SUR LAPS
QUOI : LAPS, une œuvre créée par Olivier Landreville, produite par Init et dont la tournée est produite par Creos, fait partie des Rundle Illuminations dans le cadre du programme gratuit City Lights à Illuminate Adelaide
QUAND : Tous les soirs du 4 au 20 juillet
OÙ : Rundle Street ADELAIDE
COMMENT : Il suffit de s’y rendre
COMBIEN : Gratuit
PLUS D’INFORMATIONS SUR ILLUMINATE ADELAIDE 2025