Le spectacle Unapologetically Judith Owen nous emmène à la Nouvelle-Orléans et rend hommage aux femmes audacieuses qui ont ouvert la voie

Unapologetically Judith Owen Photo: Claudio Raschella
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Qu’ont en commun Nellie Lutcher, Julia Lee, Dinah Washington, Peggy Lee, Blossom Dearie, Aretha Franklin et Nina Simone ? Ce sont toutes des femmes qui ont influencé Judith Owen depuis son enfance. Elles l’ont encouragée à être plus audacieuse, plus grande et plus courageuse. Le spectacle Unapologetically Judith Owen est son hommage à ces femmes et au chemin qu’elles ont pavé.

Unapologetically Judith OwenPhoto: Claudio Raschella
Photo: Claudio Raschella

Judith Owen et son incroyable groupe The Gentlemen Callers (n’est-ce pas un nom génial ?) ont joué samedi soir devant une salle comble au Banquet Room de l’Adelaide Festival Centre. Dès que Judith Owen est montée sur scène, nous avons été transportés de la nuit froide et pluvieuse d’Adélaïde à un club de jazz chaud (dans tous les sens du terme) de la Nouvelle-Orléans. En quelques secondes, Judith Owen et son groupe nous ont fait taper du pied et applaudir au rythme de la musique.

 

Nous avons rapidement appris que Judith Owen avait découvert une partie de cette musique grâce à la collection de « 45 tours sexy » de son père et qu’à l’âge de 7 ans, même si elle ne comprenait pas les paroles, elle savait déjà qu’elle voulait devenir comme eux : une artiste. La chanson qui a tout déclenché : Fine Brown Frame de Nellie Lutcher (“I wanna scream ‘cos I’ve never seen Such a fine brown frame »: « Je veux crier parce que je n’ai jamais vu un si beau corps brun »).

 

Au cours de l’heure qui suit, nous découvrons des chanteuses que nous ne connaissions pas auparavant et nous renouons avec d’autres. Ces femmes ne chantaient pas l’amour comme les femmes étaient censées le faire à leur époque : leurs chansons étaient pleines de sous-entendus et de doubles sens. Big Long Slidin’ Thing de Dinah Washington en est le parfait exemple : « Cause I need my daddy, Need my daddy with that big long slidin’ thing!” (« Parce que j’ai besoin de mon papa, j’ai besoin de mon papa avec son gros truc long qui glisse ! »). Blossom’s Blues de Blossom Dearie est moins suggestif et plus direct, et comporte de superbes scats jazz : “My nightly occupation, stealing other women’s men. I’m an evil evil woman, but I want to do a man some good” « Mon occupation nocturne, voler les hommes des autres femmes. Je suis une femme très mauvaise, mais je veux faire du bien à un homme ». Ces femmes ne murmuraient pas à propos de l’amour ou du sexe, elles criaient leurs désirs dans un code astucieux, réécrivant les règles à chaque note.

 

La reprise de Fever de Peggy Lee par Judith Owen et The Gentlemen Callers était plus sensuelle et plus sexy que jamais, ralentie et accompagnée d’un solo de trombone envoûtant. La voix d’Owen, qui chantait des mots longuement étirés, était hypnotique, voire éthérée. Ce n’était pas seulement de la musique, c’était une séduction au ralenti, une véritable leçon de maîtrise de l’ambiance.

Photo: Claudio Raschella
Photo: Claudio Raschella

Vous pensez que les femmes ne chantaient pas sur l’herbe à l’époque ? Découvrez The Spinach Song de Julia Lee. De manière très amusante, après la phrase “Spinach has vitamin A, B and D, but spinach never appealed to me”, (« Les épinards contiennent des vitamines A, B et D, mais les épinards ne m’ont jamais attirée »), tous les membres du groupe ont repris en chœur « pareil, pareil, pareil ».

 

Owen elle-même s’installe au piano pour interpréter une magnifique ode à Nina Simone, qui voulait devenir pianiste classique, en jouant et chantant I put a spell on you. Il n’y a qu’une seule chanson dans la setlist qui n’ait pas été chantée par une femme, mais c’est parce qu’elle parle d’une femme : Caldonia de Louis Jordan : “You know, my mama told me to leave Caldonia alone” (« Tu sais, ma mère m’a dit de laisser Caldonia de côté »).

 

The Gentlemen Callers est composé de David Blenkhorn, Australien basé à Bordeaux, à la guitare ; David Torkanowsky au piano ; Kevin Louis au cornet et au bugle (que vous reconnaîtrez peut-être du Duke Ellington Orchestra) ; Ricardo Pascal au saxophone ; Jamison Ross, lauréat d’un Grammy Award, à la batterie ; et Lex Warshawsky à la contrebasse. Tous, sauf Blenkhorn, sont basés à la Nouvelle-Orléans. Impressionnants individuellement, irrésistibles collectivement, les membres du groupe ont livré un jazz plein d’âme, de style et d’assurance.

 

À travers des vocaux sensuels, un humour acéré et un jazz électrisant, Unapologetically Judith Owen rend hommage aux femmes audacieuses qui ont chanté ce qu’elles n’étaient pas censées chanter et ont changé la musique à jamais. Judith Owen et The Gentlemen Callers sont à voir absolument. Si la saison à Adélaïde est terminée, le public d’autres villes a encore la chance de les voir (détails ci-dessous). Soyez audacieux et allez assister à l’un de leurs concerts.

5 CROISSANTS

Matilda Marseillaise était l’invitée de l’Adelaide Cabaret Festival

 

INFOS CLÉS POUR LA TOURNÉE AUSTRALIENNE DE JUDITH OWEN

La saison du festival de cabaret d’Adélaïde « Unapologetically Judith Owen » est désormais terminée.

Judith Owen et The Gentlemen Callers se produiront au Paris Cat à Melbourne ce mardi 17 et mercredi 18 juin (les deux représentations sont complètes), puis au Hayden Orpheum Picture Palace de Sydney avec James Morrison à Cremorne le samedi 21 juin. Plus d’informations sur le site web de Judith Owen.

 

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