Priscilla Doueihy reprend son rôle dans 44 Sex Acts in One Week au Festival de Sydney le mois prochain. Nous avons discuté avec Priscilla du spectacle, du métier d’actrice, de l’émigration du Liban et de bien d’autres choses encore.
Priscilla Doueihy, vous revenez sur scène pour le spectacle 44 Sex Acts in One Week au Sydney Festival. Parlez-nous un peu plus sur ce spectacle et de votre rôle?
44 Sex Acts est avant tout une comédie romantique qui s’adresse à une génération qui rêve d’un monde restitué à une époque où l’homme ne polluait pas tout, mais il s’agit aussi du pouvoir de se reconnecter à son être primitif. La pièce est incroyablement drôle et est brillamment mise en scène sous forme de pièce radiophonique, les acteurs jouant également le rôle d’artistes Foley. Je joue deux personnages : un personnage féminin et un autre masculin, et je prends beaucoup de plaisir à les rendre bien distincts et différents l’un de l’autre. Un petit teaser : à un moment donné, les deux personnages se rencontrent et se parlent… avant que des événements plus torrides ne se produisent entre eux…
La pièce est assez originale avec un décor très minimaliste et des actes sexuels chorégraphiés sur des fruits. Pouvez-vous nous dire en quoi cette pièce est différente des autres pièces auxquelles vous avez participé?
Pour être franche, je n’ai jamais participé à une pièce aussi folle et aussi amusante que celle-ci. L’équipe à la tête de la production, se résume à un groupe de personnes des plus drôles, ridicules, talentueuses et charismatiques que l’on puisse rencontrer. Naturellement, lors des ateliers, beaucoup d’idées créatives ont émergé de ce qui semblait initialement être des idées folles, voire impossibles ! C’est incroyable ce que le minimalisme sur scène peut faire à l’imagination du spectateur. Et ce que les fruits peuvent avoir comme sonorités !
La pièce a fait son début au Belvoir Theatre à Sydney en 2020. Est-ce que la pièce a changée pour le Sydney Festival ?
Elle a été adaptée à être plus grande et plus sauvage pour un public de festival !
Y’a-t-il un message ou un moral dans 44 Sex Acts in One Week?
Je dirais qu’il y a deux messages ou moralités dans 44 Sex Acts in One Week que l’histoire explore en parallèle. Le premier est lié à la vie romantique, à l’amour et à aux dynamiques de pouvoir. L’autre est le message essentiel concernant le changement climatique et jusqu’où nous sommes prêts à nous engager pour rétablir la nature.
Il est pour quel public?
Mon père a adoré la pièce, et ma cousine de 15 ans aussi. Je pense donc que c’est une pièce qui suscite la réflexion, qui est captivante et amusante pour tout le monde… Je dirais quand même qu’elle est surtout adaptée aux personnes âgées de 15 ans et plus, au vu de tous les sons ASMR que feront entendre les fruits…
Priscilla, vous êtes en Australie de votre pays natal le Liban depuis l’âge de 13 ans. Parlez-nous un peu de cette expérience d’immigrer dans un autre pays.
J’ai fait ma scolarité dans une école francophone, dans laquelle nous suivions aussi des cours d’anglais une fois par semaine. Je regardais aussi beaucoup de films en anglais et, comme je suis née en Australie et que nous sommes rapatriés lorsque j’avais 1 an et que mon frère avait 5 ans, on parlait beaucoup anglais à la maison.
J’étais donc persuadée que je réussirai à m’adapter facilement… jusqu’à ce que nous atterrissions en Australie et que mon cousin m’emprunte un DVD du comédien australien Carl Barron : je ne comprenais pas un mot, il parlait si vite, et avec un accès typiquement australien ! À ce moment-là, j’ai paniqué. Depuis ce jour-là, je n’ai jamais cessé d’apprendre. Il y a encore des choses que je ne connais pas aujourd’hui, mais maintenant je suis confiante de pouvoir dire : « Je n’ai absolument aucune idée de ce dont vous parlez », lorsque quelqu’un fait référence à une notion que je « devrais » connaître. Et ça, c’est très gratifiant en soi.
Vous avez travaillé sur scène et sur l’écran en Australie et au Royaume-Uni. Quel a été le point fort de votre carrière jusqu’à présent?
Le point culminant de ma carrière a été les personnes que j’ai rencontrées et les amitiés qui sont nées de chaque production. Les acteurs viennent de mondes si différents, que nous avons toujours le privilège d’apprendre quelque chose de nouveau, de déconstruire de vieilles croyances et de nous faire de nouveaux amis !
Avez-vous un amour plus pour le théâtre ou l’écran?
Ohh… C’est une question très difficile. J’adore le théâtre, c’est mon « chez-moi ». C’est l’endroit où je me sens le plus en sécurité, où je peux être aussi forte que je le suis dans la vie réelle et me permettre de le faire. Au théâtre, le public joue un rôle majeur dans l’énergie qui anime cet espace. Mais je raffole de l’écran, du cinéma et surtout de l’impact qu’ils peuvent avoir à l’échelle mondiale. J’ai l’opportunité de représenter le statut de femme arabe et c’est une composante fondamentale de mon parcours d’actrice. Je ne pourrais pas imaginer l’un sans l’autre, et j’aimerais continuer de m’épanouir dans les deux, pour le reste de ma carrière.
Comment trouvez-vous que jouer pour le théâtre et pour l’écran exigent-ils des compétences différentes de votre part ?
L’écran est beaucoup plus délicat, il relève du microscopique, tandis que le théâtre est plus macroscopique à mon sens. Le travail à l’écran nécessite de jongler avec davantage de techniques, ce qui donne l’impression de piloter un vaisseau spatial, tandis que le théâtre consiste à remplir l’espace avec tout son corps, sa voix et son âme.
Depuis quand jouez-vous? Quand et comment est-ce que vous avez su que vous souhaitiez être actrice?
Je suis actrice depuis environ 6 ans à titre professionnel. J’ai pour la première fois mentionné que je voulais être actrice à la femme de mon oncle, Emanuela, qui visitait le Liban depuis l’Italie. Nous parlions ensemble en anglais parce que je ne parlais pas l’italien. C’était comme si c’était notre petit secret et je m’en souviens toujours. J’avais environ 9 ans. Avant cela, j’avais l’habitude de jouer la comédie devant le miroir de la salle de bains, en imaginant le plus souvent que je participais à une émission de divertissement (lifestyle) pour faire la démonstration de l’efficacité d’un produit de nettoyage. Le produit était le plus souvent du dentifrice.
Vous parlez 4 langues, l’anglais l’arabe, le français et l’espagnol. Avez-vous une langue préférée entre elles? Jouez-vous des rôles dans ces autres langues? Trouvez-vous que vous pensez dans une langue plus que les autres?
J’ai adoré parler en espagnol les premiers temps où je l’ai appris, surtout parce que j’avais appris l’espagnol castillan et que j’aimais bien montrer ma prononciation. L’espagnol a également des similarités avec l’arabe, tout en restant suffisamment latin pour que le reste du monde puisse le comprendre. J’ai auditionné pour des rôles qui exigeaient que je parle espagnol, j’ai joué des personnages qui parlaient arabe, mais rien encore en français ! Je dirais que mon monologue intérieur est principalement en anglais jusqu’à ce que les émotions fortes sortent, après quoi l’arabe prend le dessus !
Quels sont vos futurs projets?
Je suis très enthousiaste pour la sortie prochaine d’un long métrage réalisé par le très talentueux Daniel Askill, qui regroupe un casting exceptionnel. Je suis actuellement impliquée aussi dans plusieurs projets en phase de développement !
Avez-vous un projet/directeur/co-acteur de rêve?
J’ADORERAIS jouer aux côtés de Tilda Swinton, Isabelle Huppert, Meryl Streep, être dirigée par Céline Sciamma, Darren Aronofsky et Andrea Arnold… et le projet de mes rêves serait de travailler avec des personnes partageant les mêmes aspirations que moi, pour créer ensemble une œuvre d’art intemporelle !
Pourquoi est-ce que les gens doivent-ils venir voir 44 Sex Acts in One Week au Festival de Sydney?
Parce que c’est un spectacle qui ne décevra pas. C’est hilarant, spectaculaire, provocant et, étonnamment, super romantique ! Et puis, les acteurs sont brillants, donc…
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Nous remercions Priscilla Doueihy pour cette interview.
INFOS CLÉS POUR 44 SEX ACTS IN ONE WEEK
QUOI: 44 Sex Acts in One Week, pièce de théâtre au Festival de Sydney 2022
QUAND: 12 – 16 janvier 2022 (NOTEZ: VERSION INTERPRETEE AUSLAN – 14h samedi 15 janvier)
OÙ: Seymour Centre, Chippendale, Sydney
COMMENT: Achetez vos billets par ce lien: https://www.sydneyfestival.org.au/events/44-sex-acts-in-one-week
HOW MUCH: Les prix de billets sont les suivants:
- Premium Full Price – 55 $
- Reserved Full Price – 45 $
- Reserved Concession – 41 $
- Moins de 30 ans – 39 $
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