Dimanche est un spectacle par deux compagnies belges francophones, Compagnie Chaliwaté et Cie Focus. Ce spectacle au sujet du changement climatique sera jouée à l’Adelaide Festival à partir de ce vendredi. On a parle avec Sicaire Durieux et Sandrine Heyraud, les fondateurs de la Compagnie Chaliwaté. Dates et infos pour l’achat des billets se trouvent à la conclusion de l’article.
Sicaire Durieux et Sandrine Heyraud, en 2005, vous avez créé la Compagnie Chaliwaté, qui se nourrit des nombreuses et différentes approches de l’art du mime pour créer des spectacles physiques et visuels. Parlez-nous de comment et pourquoi vous avez créés cette compagnie.
Le geste est pour nous un moyen singulier de créer des images évocatrices, suggestives et métaphoriques. Nous partageons tous les deux une même vision du théâtre: poétique, physique, visuel et artisanal, jouant sur le comique dans le tragique, inspirés par les acteurs du cinéma muet comme Charlie Chaplin et Buster Keaton et des compagnies de théâtre plus récentes comme la Compagnie Peeping Tom ou la Fabrique Imaginaire. Nous aimons partir de situations quotidiennes, de la vie de tous les jours pour parler de sujets de sociétés qui nous touchent. Nous avons depuis le début été attiré par cette forme de théâtre qui peut voyager à travers le monde sans barrière de langue.
Vous vous associez aujourd’hui à la Compagnie Focus de Julie Tenret pour la création de « Backup » (forme courte de 25′) et de « Dimanche » (forme longue dont la sortie australienne exclusive aura lieu à l’Adelaide Festival). Comment est-ce que cette collaboration s’est produite?
Nous nous sommes réunis autour d’une écriture collective. Depuis longtemps nous suivions de près et apprécions le travail de nos compagnies et il nous est apparu évident que nous avions une approche analogue, un goût commun pour les formes de théâtre insolites, visuelles, artisanales et poétiques. Nous avons souhaité mutualiser nos outils au service d’une écriture mêlant le théâtre gestuel, le théâtre d’objet, la marionnette, le jeu d’acteur et la vidéo. Ce nouveau projet s’est inscrit dans la continuité de nos recherches respectives. Nous avons travaillé minutieusement à créer un langage singulier, visuel et poétique qui puise sa source dans le quotidien, l’intime, « l’infra-ordinaire », pour toucher à l’universel.
Parlez-nous du spectacle « Dimanche » qui sera joué à l’Adelaide Festival en février et mars 2020.
Entre onirisme et réalité, Dimanche dépeint le portrait d’une humanité en total décalage avec son époque, saisie par le chaos des dérèglements climatiques.
Une famille s’apprête à passer un dimanche à la maison. Malgré les murs qui tremblent, un vent à décorner les bœufs et le déluge dehors qui ne semble en être qu’à son échauffement, la vie suit son cours. Autour d’eux tout se transforme et s’effondre, on voit alors se déployer la surprenante inventivité de l’être humain pour tenter de préserver son quotidien jusqu’à l’absurde.
Au même moment, sur les routes, parcourant le monde, une équipe de reporters animaliers préparent un documentaire témoignant de la vie des dernières espèces vivantes sur Terre.
Est-ce que vous souhaitez donner un message au sujet de changement du climat au public à travers Dimanche?
Nous voulions parler du déni dans lequel nous nous trouvons, du décalage que nous constatons chez nous et autour de nous entre la conscience de l’extrême urgence d’agir et notre difficulté à assimiler cette urgence et la façon dont nous continuons à vivre notre quotidien. Si Dimanche permet d’un peu mieux apercevoir nos contradictions et le déni dans lequel nous vivons nous pensons que c’est au niveau des politiques que les mesures doivent être prises, il faut responsabiliser les politiques. Que les gens aient envie de s’engager plus et de militer pour que de réels changements puissent arriver en ce qui concerne l’urgence climatique dans laquelle nous nous trouvons.
Mais nous souhaitons bien sûr, par-dessus tout, apporter de la poésie et montrer la beauté des rapports humains, l’importance de l’entre-aide, de la bienveillance…
“Je crois au pouvoir de la poésie, je crois que les poètes ont autant de choses à dire que les statisticiens, les scientifiques et les informaticiens sur le monde. Je crois que quand on voit un paysage qui souffre, on peut certes le mettre en statistiques on peut certes faire de l’action de l’état pour le protéger, mais il faut aussi des poètes qui disent sa beauté”. Sylvain Tesson
Sicaire Durieux, vous êtes, entre autres, comédien-mime et vous travaillez beaucoup au milieu de mime (développeur d’activité au Centre National du Mime à Paris, pédagogue du mouvement lors des Festivals de Mime et professeur assistant de mime à l’Université de Québec à Montréal). Depuis quand et pourquoi est-ce que vous avez trouvé votre passion pour le mime?
Enfant, je voulais être danseur, mais je voulais faire rire sur scène donc il fallait une certaine théâtralité sur scène. Ensuite je voulais être comédien mais sans parler car je n’étais pas du tout à l’aise avec la parole. Petit, je bégayais… je suis donc parti de cette faiblesse pour en faire une force. Je suis depuis tout jeune un grand admirateur des films de Buster Keaton et de Charlie Chaplin et l’envie de travailler dans ce domaine m’est donc apparue très tôt.
Sandrine vous avez une formation en théâtre et mime ayant étudiée à Montréal, Paris, Bologne. Qu’est-ce qui vous a attiré au théâtre et au mime?
Enfant, je faisais de la danse classique et j’aimais également beaucoup le théâtre. J’ai trouvé dans le mime une manière de combiner ces deux plaisirs : une expression à la fois théâtrale et physique.
Ce spectacle parle du changement climatique. Est-ce que vos autres spectacles ont eu, eux aussi, un message politique?
Oui, nous avions créé un spectacle jeune public intitulé « Îlo » en 2012 sur le thème du manque d’eau : « Dans le lointain désert, un homme à l’allure mystérieuse porte secours à une plante assoiffée. Débute alors un surprenant périple à la recherche des quelques dernières gouttes d’or bleu. Leur rencontre les mènera avec étonnement de la rivalité la plus querelleuse à la solidarité la plus douce. Par le biais de tableaux physiques et acrobatiques, Îlo aborde la question du manque d’eau en mettant le focus sur une situation actuelle et à venir due au réchauffement climatique. L’espace restreint, aux frontières fermées où tout se joue, rappelle le besoin d’agir. Si la soif se fait de plus en plus pressante au fur et à mesure que la situation évolue, la solution à ce manque ne peut être trouvée ailleurs. Portées acrobatiques, courses poursuites et petits pas de danse leur permettront-ils de trouver une fin heureuse?”
“Joséphina” parlait du couple et “Jetlag” de la solitude et du décalage.
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Dimanche sera présenté à l’Adelaide Festival 2020. Le spectacle convient aux adultes mais aussi les enfants qui ont plus de 9 ans.
Les billets coûtent $59 pour les adultes et $20 pour les enfants qui ont moins de 14 ans. Il y a également des remises pour les Friends of the Festival, les sous 30 ans, ceux qui ont une carte concession et les étudiants.
Vous pouvez acheter vos billets par ce lien
https://www.adelaidefestival.com.au/events/dimanche/
Vous pouvez voir Dimanche entre 28 février et 7 mars aux horaires variables.