Récemment, j’ai parlé avec Annie Stiven and Les McLaren, des cinéastes australiens qui viennent de sortir leur film « Life is a very strange thing ». Le film n’est disponible que par séances de cinéma « sur demande » et par la compagnie Demand Film.. Toutes les séances sont inscrites à la fin de cet article.
Quelle a été l’idée à l’origine de ce film?
Annie: En fait, c’est le résultat du hasard. On en filmait un autre – on avait commencé un autre film au sujet du tourisme et on était dans le coin. On savait que Fred habitait près de Bordeaux donc on a décidé d’aller lui rendre visite. Il vivait seul et il a vécu de grands changements dans sa vie. Il était en plein milieu d’un divorce et ses enfants avaient quitté la maison. Il faisait le bilan de sa vie. Il n’avait plus un poste de grande autorité. Nous Avons été le véhicule à travers lequel il a fait le bilan de sa vie. Et c’était en parlant de tout cela que j’ai dit à Les: « je pense que ça serait un film intéressant ».
Donc c’était complètement par hasard.
Donc ce n’est pas que vous ayez débarqué en France avec l’intention de faire un film à son sujet ou au sujet de la vie moderne en France ou quelque chose comme cela?
Annie: Au contraire! On avait un sujet complétement diffèrent.
Les: Un était au sujet du tourisme et l’autre au sujet des fermes éoliennes.
Annie : Oui, deux sujets. On faisait un petit boulot pour un ami pour voir comment les français réagissent à vivre sous les fermes éoliennes. Mais celui sur le tourisme était le film principal.
Les : J’ajouterai juste que nous avons un ami en commun avec Fréderic qui est resté en contact avec lui. Nous n’avons pas eu de contact avec Fred depuis 35 ans.
Depuis que vous viviez en Papouasie-Nouvelle-Guinée?
Les: Oui. Il s’agit vraiment de l’ami en commun qui nous a dit “vu que vous êtes dans le coin, pourquoi ne pas aller voir Fred”.
Et vous ne vous rendiez pas compte que vous alliez finir par faire un film dont il serait le protagoniste, en gros?
Les: Oui, avec des enregistrements subséquents sur quelques années.
Ça doit être tellement difficile de supprimer et de décider ce qui reste et ce qui ne reste pas.
Annie: Tous les choix relèvent de l’agonie, je vous le dis!
Les: Oui mais je peux dire qu’en décortiquant la vaste somme de matériel – environ 130 à 140 heures d’enregistrement, et que vous commencez à le réduire, peu à peu vous commencez à avoir une impression plus claire de ce qui marche – de ce qui est répétitif par exemple. Donc d’une certaine façon, plus on le fait, plus facile ça devient.
Donc vous commencez à avoir le sentiment de ce qui marche et ce qui ne marche pas.
Les: Je crois que l’autre chose c’est que vous découvrez des choses pendant le processus. Certainement, au début, on n’avait aucune idée que le film allait finir comme il l’a fait.
Diriez-vous qu’il s’agit d’un film au sujet de Fréderic et de sa vie, sa vie quotidienne et sa vie passée ou diriez-vous plutôt qu’il est au sujet de la vie en France?
Les: Je crois que vous l’avez bien dit. Je trouve que c’est les deux choses à la fois. Au début, on croyait qu’il serait au sujet de Fréderic et sa vie et son passe et comment ce fut une histoire intéressante. Quelle histoire improbable. Mais plus on était là-bas, plus qu’on a découvert des choses à propos de la famille on découvrait. Par exemple, son grand-père qui fut le Gouverneur Colonel au Cambodge, le travail de son père… on ne savait pas non plus que sa nièce était dans le groupe Femen.
Et puis, bien sur des choses arrivent devant vous comme la montée de Marine LePen et les attaques à Paris. Donc involontairement, il a commencé à se révéler en telle une histoire plus grande que prévu. Fréderic et sa famille sont devenus le véhicule au travers duquel on regarde 4 générations de changement depuis la période coloniale jusqu’au présent.
Annie : Et on ne savait pas si on allait pouvoir obtenir les enregistrements d’archives parce qu’au début on n’avait pas beaucoup de photos. On avait commencé par entendre une histoire de séquence sur le Cambodge mais personne ne savait où elle était. C’est arrivé tard dans le processus parce qu’il s’agit d’un film non financé, d’autant qu’on ne pouvait pas vraiment payer les archives. Donc sans ça, on était très limite. Ce fut une découverte incroyable. Il prenait des proportions mythologiques parce qu’on continuait d’entendre qu’il existait des images mais personne ne pouvait les trouver et c’est devenu très frustrant! Et puis, bien sûr, quand on l’a trouvé, c’était impressionnant!
Les: On entendait des histoires sur ces images de famille que Fréderic croyait avoir vu en tant qu’enfant des éléphants en Indochine qui déroulaient le tricot pendant que les dignitaires passaient. Ca semblait formidable. On n’a pas encore trouvé cette image. Peut-être que cela s’est vraiment passé.
Je suis surprise qu’il ne soit pas caché quelque part dans l’appartement de Fréderic parce qu’il semble avoir tellement de choses!
Les: Oui c’est tout à fait possible.
Donc vous êtes allés en France pour faire un autre film que ce que vous avez décidé finalement de faire?
On croyait qu’on faisait un film au sujet de Fréderic, sa vie et son passe et puis on a découvert d’autres dimensions à l’histoire et des choses vous arrivent. La brocante par exemple.
Avec sa haine de Charles de Gaulle! Vous avez aussi traité de la France post-terreur à un stade tardif du film. Est-ce que c’est parce que vous ne voulez pas que ça soit trop le focus du film?
Annie: Oui, je crois. On l’a beaucoup considéré. Il s’agit d’un évènement important dans la vie de Marion et bien sur de celle de Fréderic aussi. Mais il ne voulait pas trop en parler et on ne voulait pas qu’il soit plus important dans le narratif qu’il ne le soit déjà. Donc il y avait beaucoup de pensée autour de ça et comment le positionner. On ne voulait pas qu’il trouve sa place seulement à cause de quelques incidents mais, néanmoins, il est assez important dans le paysage politique de la France pour être considéré.
Il a changé la façon dont ils vivent. Même s’ils ont dit qu’ils n’allaient pas lui permettre de la changer, ça a dû changer leurs vies d’une certaine façon.
Les: Absolument.
Annie: Absolument. On doit faire attention avec ce genre de choses mais on croyait qu’on devait en faire mention parce qu’il est arrivé pendant la même période.
Les: Structurellement, je trouve que ça marche mieux à la fin si l’on a réussi à créer un sens de la vie quotidienne et les choses qui arrivent et les choses que les gens font, ce qui est tout en rupture par quelque chose. Ça c’était le but du narratif.
Je pense que les médias se concentrent assez sur le monde après-terreur. Chaque 11 septembre, il y a encore un autre documentaire à la télévision. Ce qui s’est passe est horrible mais on sait tous ce qui s’est passe. Les médias sont très bons/ou mauvais pour vous le balancer à la figure. S’asseoir et regarder un film complètement dédié à ce sujet serait complètement diffèrent.
Les: Oui il s’agit d’une autre mission. Je trouve que Xavier, le journaliste, le dit bien lorsqu’il dit «C’est très morose en ce moment. Ca manqué de désir. Ça manque d’envergure. Ça manque d’enthousiasme. Pour retrouver ça.” Autrement dit « nous voulons tous avoir une vie normale et on fait ce qu’on peut pour s’efforcer de continuer à vivre ». Marion dit quelque chose semblable aussi.
C’est comme tous les processus de deuil.
Les: Oui et il est intéressant qu’on était presque à la fin du processus de montage lorsque la deuxième attaque a eu lieu aux Champs Elysées et qu’ils ont tiré des balles dans la porte d’entrée du bureau de Marion. Donc il est réel. Il est tangible pour beaucoup de gens.
Vous avez dit que vous vous êtes autofinancés. Comment avez-vous pu faire un tel projet?
Les: Ce que ça veut dire c’est qu’on a tout payé nous-mêmes. On a payé nos propres voyages. Heureusement on a pu rester chez Fréderic quand on était là-bas mais on a dû acheter l’équipement nous-mêmes, faire le tournage et montage et nous nourrir. En gros, c’était un passe-temps somptueux. Voici une façon d’y penser. Mais c’est ce que nous faisons. Nous faisons des films et ce projet est devenu plus grand et demandais plus de ressources que ce qui avait été prévu a l’origine.
Etait-ce la première fois que vous restiez si longtemps en France?
Les: Je dois dire que nous avons fait le premier voyage et nous ne sommes pas retournes en France qu’un an après que Fredsoit venu ici pour voir une de ces filles qui faisait un stage. A ce moment-là, on a fait plus de tournage ce qui nous a donné l’idée de retourner en France et de s’engager plus dans l’histoire. Donc on avait fait encore trois voyages de tournage et aussi deux au Cambodge.
Ce film est pour qui diriez-vous?
Les: On ne sait pas. Vous demandez à la mauvaise personne, Matilda ! On n’a aucune idée!
Annie: Des francophiles?
Ça serait le groupe auquel j’aurais pensé d’abord, oui.
Les: Oui mais on aimerait penser qu’il s’agit de plus que ça. Il est plus que le vin, le fromage et comment la France est belle. Il s’agit d’un portrait d’un pays vu à travers les quatre générations d’une famille. Il s’agit aussi de la vie quotidienne. Nous venons de faire des films observationnels, des films sociaux et ethnographique – regarder la façon dont vivent les gens et essayer de comprendre le contexte culturel de la vie des gens. C’est ce que nous avons fait en Papouasie-Nouvelle-Guinée par exemple. D’une certaine façon, ce film est une extension de cela.
Il est pour qui? C’est difficile a dire. Nous avons essayé de faire en sorte que le film soit le plus accessible que possible. Il y a de l’humeur. Nous n’avons jamais avant utilise la musique pour la narration. La réponse a été très, très positive des francophiles mais aussi des cinéphiles qui aiment le film parce qu’il joue avec des méthodes différentes de montage. Il n’est pas un film observationnel per se. Ce n’est pas un film d’information non plus. Il nous plait de croire que le film utilise le potentiel du cinéma dont il raconte l’histoire.
Annie: C’est difficile parce qu’aujourd’hui les films sont soit contextuels soit au sujet des personnages illustrées. Ou alors c’est une série comme «Go back to where you came from». Donc c’est difficile. Vous êtes marginalisé lorsque vous faites un film au sujet de quelqu’un qui n’est pas connu ou un film qui n’est pas contextuel.
Les: Donc derrière votre question se situe l’autre problème. Nous pouvons avoir une idée a qui s’addresse le film mais il y a tout un appareil de distribution et de promotion qu’il le faut pour le rendre n’importe où. Et nous sommes des novices. Il a été un véritable défi d’organiser ces séances. De plus, Andrew McGregor de programme d’études en français de l’université de Melbourne sera l’hôte des séances à Melbourne et il mènera les questions et réponses. Le troisième public que nous n’attendions pas ce sont les académiques français, qui ont bien réagi au film.
Annie: On pensait que le film ne soit pas assez sérieux pour des académiques français parce qu’il est assez léger. Mais les académiques ont bien réagi.
Donc vous organisez des séances du film « Life is a very strange thing » avec la compagnie Demand Film. Comment cela marche-t-il?
Les: Ils n’existent que depuis quelques années ici et a l’étranger. Leur objectif est de donner l’accès communautaire aux cinémas. Ils jouent un rôle d’intermédiaire entre les groupes communautaires et les cinémas, tel que n’importe quel groupe communautaire peut nominer un film qu’ils souhaitent voir à tel cinéma a tel heure. Vu qu’ils vendent assez de places deux semaines avant la date de séance, le séance aura lieu. Sinon, il n’aura pas lieu et personne n’y aura perdu à part l’effort de l’organiser. Ils ont un catalogue de films. Si votre club de bowling voulait voir « My Fair Lady » il peut le faire tant que ce n’est pas à l’heure de pointe un vendredi soir ou un samedi. Il s’agit d’une belle idée. C’ est une façon pour les producteurs de films d’avoir accès au grand écran sans avoir besoin de contrat de distribution formel.
Vous avez dit que vous avez déjà eu des critiques favorables. Sont-ce des séances de Sydney?
Les: On a eu deux séances à Brisbane. On a aussi eu une séance à un festival à Sydney l’année dernière et on a eu trois séances à Sydney ces derniers mois. On a aussi fait une séance à Canberra.
Annie: Une femme nous a charié à notre séance ici [à Sydney] pour avoir inclus la brocante.
Les: Oui une femme est venue nous parler après une des séances à Sydney. Elle était très fâchée qu’on avait donné de l’oxygène aux avis réactionnaires et conservateurs de ce vieil homme. Mais pour nous c’était encore un exemple des courants d’histoire qui coulent juste au-dessous de la surface.
Vous ne pouvez pas nier qu’il existe tout simplement des choses à ne pas mettre dans le film. Faire ainsi serait idéaliser les gens et le monde.
Les: On ne le promouvait pas.
Pas du tout. Vous montrez seulement que ces avis existent encore.
Les: Et il qu’il existe une partie de défi à faire des documentaires du style observationnel. Vous êtes un petit oiseau pour observer et vous essayez de ne pas cligner les yeux. Vous n’avez pas le contrôle de ce qui arrive.
Alors la question au sujet de “qui” est le destinataire de « Life is a very strange thing » était difficile. J’imagine qu’il serait aussi difficile de répondre a pourquoi les gens doivent voir ce film.
Les: Essaye, Annie!
Annie: Non, non! J’insiste que ce soit vous.
Les: (rire)
Annie: Je commencerai donc. Lorsqu’on essaie de promouvoir ce film, je pense aux gens qui sortent en milieu de semaine, une soirée froide hivernale, et qui pourraient tout aussi bien rester à la maison au chaud et regarder quelque chose sur les services de « streaming ». Je me demande « pourquoi les gens veulent-ils faire ça ? » Pourquoi iront-t-ils voir un film qui n’est pas au sujet de quelqu’un de connu? Je trouve qu’il est très difficile d’y arriver mais j’aime bien que les gens fassent l’effort de sortir. Il reste encore l’idée d’aller partager quelque chose. Si nous restons tous à la maison et nous regardons des belles séries, etc. Je pense qu’il y a un alternatif. Vous entendez qu’il existe encore des cinémas dans des petits endroits ruraux et que les gens en fassent un évènement. Je pense que ça c’est important aussi.
Les: En plus en étant au cinéma on est très diffèrent qu’en étant chez soi. Il y a le potentiel, l’occasion d’être transporte dans un autre univers comme par un bon livre ou un beau morceau de musique. Le cinéma peut faire ça. En tant que cinéaste, on aspire à réaliser ça. Vous aimez penser que lorsque les gens sortent du cinéma, ils se sentent enrichis. Donc avec ce film, clairement, il y a beaucoup de gens qui s’intéressent à la France et qui aiment la romance et la culture issue de la France. Pour eux, ça coche des cases. Mais ce qui est intéressant pour nous c’est le nombre des gens qui nous ont dit « je suis allé plusieurs fois en France. J’adore la France mais je n’ai jamais été dans une maison française. Donc ce film leur donne l’impression d’être proche des gens sur une base journalière. Il est très gratifiant d’entendre ça.
Oui. Le plupart des gens vont voir les choses qu’il y a à voir, faire les choses qu’il y a à faire, manger et boire les choses qui y sont et puis rentrent chez eux.
Les: Oui. Je trouve que lorsqu’on est en vacances, on ne voit que la surface. Mais dans ce film, en part avec des rencontres fortuites et des choses qui arrivent, vous êtes exposés aux couches d’histoire qui étayent ce que vous voyez devant vous aujourd’hui. Et vous vous rendez compte aussi que ces courants d’histoire sont en fait assez proches de la surface, que ça soit la deuxième guerre mondiale, l’Algérie, ou Charles de Gaulle. Ces choses-là façonnent le présent. Je pense qu’il augmente la compréhension et j’espère aussi l’appréciation d’être quelque chose de diffèrent si vous pouvez vous connecter avec ça.
Est-ce que Fréderic et sa famille ont vus le film « Life is a very strange thing » et qu’est-ce qu’ils en ont pensé?
Les: J’ai l’impression que je monopolise la conversation mais c’est parce que j’ai eu un peu plus d’interaction avec Fred. Permettez-moi de rappeler que si je suis la personne dernière la caméra, que vous m’entendez et que vous assistez à mon histoire avec Fréderic en Papouasie-Nouvelle-Guinée, Annie y était aussi. Elle l’a connu dans les années 70 et son rôle en façonnant l’histoire et dans le montage est tout aussi essentiel. Nous sommes co-cinéastes mais c’est moi le mec bruyant derrière la caméra.
J’ai montré un premier montage à la famille en France l’année dernière, ce qui correspondait à peu près à 80% de la version finale du film. Je n’avais pas encore tourné ou inclus une partie de ce que nous voyons maintenant. Ils ont été très favorables. Il n’a pas vraiment eu de critique. Fréderic ne nous a pas cru au début “vous voulez vraiment tourner un film sur moi? Ok, je vous croirai si vous apparaissez! Mais vous êtes là! Vous étiez sérieux!” C’était un peu comme cela que ça c’est passé.
Il trouve que c’est un portrait assez bon de sa vie et fidèle à ce qui arrivait devant la caméra lorsque j’étais là. Je pense qu’il apprécie aussi qu’il ne s’agit pas que de lui.
Même s’il disait aux gens dans la rue “Ils tournent un film à mon sujet. Ils tournent un film à propos de ma vie!”?
Annie: Oui il y a beaucoup de ce genre de choses comme vous aurez vu dans le film. Mais comme toutes, les familles sont compliquées. Et il y avait des divisions dans sa famille lorsque la mère et le père ont divorcé. Quand on a montré le film, il y avait dans la pièce des gens qui ne s’étaient pas revus depuis longtemps. C’était intéressant.
Les: Oui comme dans toutes les familles. En fait il y a une scène qu’on a supprimé qui décrit comment les parents de Fréderic se sont séparés quand il avait 6 ans et qu’il fut élevé par sa mère et ses frères. Adolescent, il fut un peu hooligan.
Et c’est à ce moment-là que son père lui a dit “venez avec moi en Papouasie-Nouvelle-Guinée”?
Les: En gros, la mère a téléphoné au père et lui a dit “il faut que vous fassiez quelque chose car il va finir en prison”. Et il se trouvait que le père allait faire un voyage en Papouasie-Nouvelle-Guinée et que Fréderic s’en est allé avec lui et y est resté.
Annie: Mais au moment de la projection du film, les gens des deux côtés qui ne s’étaient pas revus depuis cette période-là étaient dans la même salle.
Les: Oui des deux côtés de la famille. Il s’agissait d’une réunion. Et la projection du film permettait cela après tout les tracas.
Annie: Tous les cinéastes subissent le stress de montrer leur film aux gens concernés. Vous ne savez jamais. C’est une chose très délicate mais je trouve que là, il est réussi.
Personne n’a dit “Supprimer cette scène. Je ne veux pas être dans le film”.
Annie: Non. Mais dans le passé on a eu des querelles et des arguments moraux. En particulier-
Les: Sur des autres projets vous voulez dire?
Annie. Oui, sur des autres projets. Lorsque le sujet traite de gens qui ont beaucoup moins de pouvoir que vous, vous avez ces querelles sur ce que vous devez inclure. Tous les cinéastes ont ces dilemmes. Il est un peu diffèrent avec une famille comme celle-ci mais il y a toujours des sensibilités. Il faut faire attention.
Les: Et rester fidèle.
Annie: Pour lui donner crédit – il était disposé à s’exposer. Vous devez avoir une peau dure pour vous exposer ainsi.
Les: Il y a plusieurs mots qu’on pourrait utiliser. Ça c’en est un mais vous pouvez dire aussi qu’il a eu la générosité de nous permettre de tourner ce film et aussi beaucoup de confiance en nous.
Annie: Et de l’ego!
Oui et de l’ego! Il y a sans doute pas mal d’ego!
Les: Vous avez remarqué l’ego? (il rit)
Oui. Je l’ai remarqué!
Les: Il est intéressant. Des gens qui se sont habitues a la France ont tendance à comprendre l’ego plus que les autres. Fréderic représente un certain type d’homme français.
Vous pouvez voir le film aux séances à travers l’Australie (les séances de Brisbane et Sydney ont déjà eu lieu) en pre-reservant votre billet (ce qui fait qu’ils auront le nombre minimum de spectateurs) sur le site Demand Film.
29 August: Cinema Nova, Carlton MELBOURNE
16 September: Palace Nova, ADELAIDE
17 September: Event Cinemas Innaloo, Churchlands PERTH
Si vous avez raté la séance dans votre ville, ou tout simplement que vous voulez revoir le film, « Life is a Strange Thing » sortira en DVD au mois d’octobre par Ronin Films.