John Bell, acteur et metteur en scène australien adulé n’a pas vraiment besoin d’introduction. Il a fondé la compagnie Bell Shakespeare il y a 29 ans mais peu de gens savent qu’il joue et met en scène aussi des pièces qui ne sont pas de Shakespeare. Actuellement il joue dans « The Miser » de Molière à Melbourne. John Bell reprendra son rôle de 2018 dans la pièce française “Diplomacy” à Sydney en juin.
John Bell a eu la gentillesse de nous accorder une interview, que vous trouverez ci-dessous. Les dates et liens pour les billets de ses spectacles se trouvent à la fin de cet article.
Bell Shakespeare
La compagnie Bell Shakespeare fêtera ses 30 ans l’année prochaine. De quel spectacle êtes-vous le plus fier?
A travers les 30 dernières années, la production dont je suis le plus content chez Bell Shakespeare, c’est « Servant of Two Masters » de Goldini. Ce fut un évènement joyeux.
Y a-t-il des œuvres de Shakespeare que vous croyez ne pas être adaptées à un public australien du 21nième siècle ?
Je trouve que toutes les pièces de Shakespeare peuvent marcher dans la 21nième siècle. Même si des attitudes, telles que les politiques du sexe, ont changés, il y a encore assez d’humanité commune pour nous lier à elles. Les pièces sont très tolérantes des interprétations diverses… Elles avaient l’intention d’être controversées.
Des œuvres françaises
La compagnie Bell Shakespeare a produit quelques spectacles français, y compris The Literati, The School for Wives, The Misanthrope et, plus récemment, The Miser de Molière ainsi que Phèdre de Racine. Y a-t-il quelque chose qui vous attire dans les adaptations françaises?
La compagnie Bell Shakespeare a mis en scène environ 6 classiques français… Molière et Racine sont tous les deux des contemporains suffisamment proches de Shakespeare pour en justifier la comparaison. Et il est rare qu’elles soient mises en scène en Australie.
Qui est votre dramaturge français préféré?
Molière reste mon dramaturge français préféré.
En quoi les pièces de Molière sont-elles différentes de celles de Shakespeare? Est-ce que le fossé des générations est manifeste?
Il est différent de Shakespeare en ce que la plupart de ses caractères restent des stéréotypes. Les jeunes amants, le serviteur arrogant, l’homme qui est la voix de la raison, etcetera… Seuls les protagonistes (Tartuffe, The Miser, The Hypochondriac, The Misanthrope) ont de l’originalité. Mais eux aussi manquent de complexité psychologique – chacun d’entre eux a une obsession. Donc jouer du Molière est un peu comme jouer de la farce. C’était Shakespeare qui avait inventé l’idée de personnalité, la réalisation que nous ne sommes pas des « types » mais un ensemble de contradictions et des impulsions en guerre. Hamlet en fut l’exemple suprême.
La joie de Molière se situe dans ces complots ingénus et son humanité chaleureuse.
Diplomacy
Vous retournez sur scène pour une reprise de votre rôle de 2018 dans la pièce « Diplomatie » de Cyril Gély, écrite en 2011. C’est un rappel que Paris aurait été perdu s’il n’y avait eu un soldat nazi allemand provocant. Croyez-vous qu’avec tous ces conflits à travers le monde aujourd’hui, il y a un message contemporain dans « Diplomatie » ?
Avec le terrorisme et la menace de destruction massive de la période actuelle, « Diplomatie » nous rappelle la menace des dictateurs populistes, leur indifférence à la souffrance humaine, le besoin de défendre notre patrimoine culturel, matériel et spirituel.
Est-ce de par votre maitrise de Shakespeare, et de Molière aussi, qu’il soit rare que vous mettiez en scène ou jouiez dans des pièces qui n’ont pas besoin d’adaptation (en particulier sur le langage) ou plutôt par le besoin d’adapter la pièce à l’époque moderne ? Quelle est votre attirance pour travailler sur une pièce de temps plus moderne?
A part produire des pièces de Shakespeare et autres classiques, cela fait longtemps que je suis défenseur de la nouvelle écriture, surtout de l’australienne, et j’ai mis en scène plus de 30 œuvres nouvelles, principalement pour la Nimrod Theatre Company qui a été créée pour cette raison.
Pourquoi est-ce que les gens doivent venir voir Diplomacy?
Le public réagit à “Diplomacy” parce que c’est un thriller finement élaboré qui raconte une histoire incroyable, notamment le sauvetage de Paris des Nazis. C’est une histoire que beaucoup des gens n’ont pas entendu.
Le temps moderne
Dans notre époque où les gens choisissent de rester à la maison et de regarder des films ou des émissions de télévision via des services de streaming, comment encourager les gens à venir au théâtre?
Les gens continueront à venir au théâtre, surtout dans un lieu comme le théâtre Ensemble, ce qui est vital et immédiat. Vous êtes tellement près de l’action que vous semblez en faire partie. Le théâtre est vivant/live, ce n’est pas une expérience mécanique.
Le futur
Quelle pièce aimeriez-vous mettre en scène mais dont vous n’avez pas encore eu l’occasion?
J’ai joué King Lear trois fois mais je ne l’ai jamais mis en scène. Il s’agit du Mont Everest des pièces… J’ai mis en scène presque toutes les autres pièces de Shakespeare et je serais heureux de pouvoir le refaire… Elles sont intégrantes sans fin.
Y a-t-il d’autres pièces françaises sur lesquelles vous travaillez ou avez l’intention de travailler?
Non, pas d’autres pièces françaises en préparation pour le moment.
Vous pouvez voir John Bell dans “Diplomacy” de Cyril Géry au théâtre Ensemble à Sydney du 21 juin au 14 juillet. Les billets sont disponibles ici
Vous pouvez aussi voir John Bell dans la production de “The Miser” de Molière par la compagnie John Bell Shakespeare à Melbourne du 25 avril au 12 mai. Les billets sont en vente ici.
Ayez-vous déjà vu John Bell sur scène?