Les festivals d’Adelaide conclurent ce dimanche 18 mars. Un des spectacles qui était sur la liste des spectacles à voir au festival de l’Adelaide Fringe c’est Tabarnak par Cirque Alfonse de Québéc.
Vous pouvez voir ce spectacle au festival de l’Adélaïde Fringe tous les soirs du Fringe jusqu’à la fin de Fringe ce dimanche. Les horaires et les liens pour les billets à la fin de l’article.
J’ai parlé avec Antoine Carabinier Lépine de la compagnie Cirque Alfonse à propos du spectacle Tabarnak qui est à Adelaide actuellement.
J’ai essayé de voir ce que « Tabarnak » veut dire et il parait que c’est un gros mot au Québec. Est-ce que c’est vrai?
Oui c’est vrai. C’est le plus grand mot quand on peut dire en fait. C’est un peu l’équivalent de putain mais c’est un mot religieux, ça vient de l’église parce qu’au Québec tous les gros mots sont les mots d’église en fait.
Notre passé est très religieux et les grands mots qu’on utilise viennent tous de la religion. C’est pour cela qu’on appelle notre spectacle Tabarnak parce que le spectacle parle de l’église – comment c’était avant et de qu’est-ce que c’est rendu maintenant. Donc c’est un peu le lieu de rassemblement – on voulait un spectacle qui englobe tout le monde et qui est très communicatif. On trouvait que l’église était la place dans un petit village où tout le monde se rassemblait avant et ça nous présentait bien.
Justement j’ai vu que vous êtes tous nommé saint ou saintes sur le site web donc j’avais compris qu’il y avait quelque chose de religieux dedans…
Oui. Le spectacle ne parle pas vraiment de religion. On a voulu vraiment chercher plus dans le bâtiment, le lieu de rassemblement. Parce que, bon, dans nos jours, c’est très difficile de parler de religion. On ne voulait pas embarquer dans un sujet trop complexe parce que c’est très complexe la religion maintenant mais on sentait que ça parlait à tout le monde. Nous, on n’est pas religieux, on n’est pas pratiquant, on est Athée. Mais on a gros passé religieux au Québec. Ma mère allait à l’église avec ses parents tous les dimanches. Tous les gros mots sont encore maintenant religieux – qui est assez spéciale – il n’y a pas beaucoup de mots qui sont restés ancrés comme ça.
Quand on est arrivé en Amérique, la religion a tout de suite été suivi par les indiens pour mettre la religion comme ultime objet si on veut– pour vous savez… Donc c’est très présent au Québec mais maintenant tout le monde est Athée à peu près. Donc le Cirque Alfonse est un cirque très, très traditionnel. On veut garder nos traditions, nos racines Québécoises. Donc on trouve que c’est un beau clin d’œil pour un spectacle de cirque.
C’est les même gens qui étaient dans Barbu?
Oui. Ce n’est pas toute la même équipe. Il y a un ou deux changements mais les mêmes que dans Barbu.
C’est un spectacle très, très différent de Barbu mais c’est la même essence. C’est la même. Barbu était un cabaret un peu plaisanté. Tabarnak est plus un spectacle théâtral – « musical » on dirait en anglais. Parce qu’à cause de la religion, on voulait un côté un peu Rock ‘n’ Mum avec la musique. La musique fait vraiment partie du spectacle. On a 3 musiciens live qui ont composé la musique exprès pour le spectacle. Donc c’est comme une grand-messe – «musical » « rock n roll » religieuse. C’est étrange!
Est-ce que les gens qui étaient dans Barbu qui sont dans Tabarnak ont rasé leurs barbes?
Non, on a encore les barbes!
Ça va changer des dernières années quand on a vu les gens de Barbu dans la rue en faisant les promotions pour le spectacle presque nus sur les roller blades!
On a encore les roller blades dans le spectacle mais on ne sera pas tout nu cette fois-ci. On sera tous plus habillé.
C’est dommage pour les filles!
Oui mais bon. Ça change un peu.
Sur le site il est écrit que vous êtes « le sauveur des amés perdues et chat de gouttières d’Hochelaga »
Hochelaga c’est le quartier où on habite avec ma copine. Hochelaga c’est indien – ça vient de Montréal. Ma copine est dans le spectacle normalement mais elle vient d’accoucher un bébé donc elle ne viendra pas malheureusement dans le spectacle. Mais on espère qu’elle va nous joindre en Australie dans quelques semaines.
J’ai vu aussi que votre famille est dans le Cirque – donc votre copine qui est normalement dans le spectacle avec vous, votre père aussi ?
Oui la compagnie est très très familiale. Mon père faisait partie du spectacle Timber qui est le spectacle avant Barbu. Ma sœur est dans Tabarnak – c’est elle qui chante dans le spectacle et fait de l’acrobatie aussi. Mon beau-frère est dans le spectacle aussi. Ma copine normalement.
Est-ce qu’il y a des gens qui ne sont pas de la famille qui sont dans le spectacle?!
Oui, il y en a qui ne sont pas partie de la famille mais ils sont des amis très proches.
C’est vous le directeur artistique de la compagnie, n’est-ce pas?
Moi et ma sœur aussi. Et notre metteur en scène qui est avec nous depuis le début de la compagnie, Alain Francoeur, et on travaille avec lui depuis 11 ans maintenant.
Avant d’être Directeur Artistique de Cirque Alfonse, qu’est-ce que vous avez fait?
Je fais beaucoup de cirque – avec le Cirque de Soleil, avec les grosses compagnies de cirque au Québec, j’étais deux ans en Suède avec Cirkus Cirkör, une compagnie de cirque suédoise. Ca fait 20 ans que je suis dans le cirque et c’est ma vie. Ça fait 20 ans.
Vous avez décidé quand vous étiez enfant que vous voulez être dans le cirque ?
En fait c’est grâce à mes parents que j’ai commencé le cirque. On m’a amené voir un spectacle d’Ecole Nationale de Cirque à Montréal, c’est une grosse école de cirque, et puis je suis tombé en amour avec le cirque à 14 ans. Mes parents m’ont toujours supporté donc j’ai commencé le cirque grâce à eux. Mes parents ne faisaient pas de cirque avant. Ma sœur et moi faisait de la danse contemporaine et on s’est dit ensemble « mais pourquoi pas montrer une compagnie ? » Et puis on a fait le premier spectacle de Cirque Alfonse pour les 60 ans à mon père – pour l’anniversaire pour mon père. Donc mon père a commencé à faire du cirque à 60 ans.
Et quel âge a t’il maintenant?
Maintenant il a 71 ans et il vient de prendre sa retraite du cirque l’année dernière. C’était son dernier spectacle à 71 ans.
Il n’était pas dans Barbu quand même?!
Non, c’était un peu trop osé pour lui.
Quelle a été votre moment de carrière préféré ?
Ouf. Il y en a tellement beaucoup. De pouvoir voyager avec ses parents, avec sa famille, c’est quelque chose que je n’oublierais jamais. On a voyagé pendant 5 ans et demi avec le show Timber et mon père était dedans. Je pense que c’est un moment merveilleux pour toute la famille. On continue de voyager avec ma sœur, et ma sœur a 2 enfants, et nous on vient d’avoir un enfant donc c’est vraiment familial. Je pense que ce n’est pas un moment mais que c’est le fait de voyager avec sa famille, de faire ce qu’on aime comme métier. Je pense que c’est ça le plus beau cadeau en fait.
Et vous avez rencontré votre copine dans la troupe?
C’était dans Les 7 doigts de la main et c’est en tournée et c’est en voyageant avec le cirque ensemble, oui.
Vous pensez que votre enfant va être dans le cirque aussi ?
On ne sait jamais. Moi, je trouve que c’est la plus belle vie au monde donc j’espère pour elle mais on verra bien – elle fera son propre choix et on verra.
Mais d’avoir deux parents acrobates, ça tombe bien pour la balance,
Je pense que c’est inspirant aussi pour elle mais il y a parfois des enfants qui veulent faire d’autre chose.
Que sont les défis de faire voyager un tel spectacle ?
C’est quand même un gros spectacle. On est 9 sur scène. Il y a beaucoup de planification. On vit tous toujours ensemble. Donc c’est le fait de vivre ensemble, c’est génial mais ce n’est pas toujours évident pour gérer tout le monde. On est une grande famille et dans toutes les familles il y a des petits problèmes donc on essaye de gérer le mieux possible.
Et vous devez apporter les choses en Australie pour le spectacle – l’équipement et les choses comme ça?
Oui, l’équipement ça coute extrêmement chère à voyager. Mais on a une très bonne équipe en Australie, Arts Projects Australia, avec qui on collabore. Ils sont super bon. Ils prennent en charge beaucoup de trucs donc on est vraiment chanceux à travailler avec eux.
Et vous faites le roue cyr et le roue allemand?
Dans Tabarnak je n’en fais pas. Dans Tabarnak, il n’y en a pas. Dans Tabarnak, ce n’est que des numéros de groupe donc on est tous sur scène tout le temps pratiquement. Il y a de la main à main, il y a de la balancois russe, il y a de la perche, spinning meteor. Tout le monde chante dans le spectacle, tout le monde danse – c’est vraiment multi-climat comme spectacle. Donc on est tous sur scène tout le temps. On fait le rollerskate un peu encore.
Tabarnak c’est vraiment un show pour tout le monde.
Même les religieux ?
Oui. On ne se moque pas de la religion. C’est vraiment… on veut que le monde sorte du spectacle et qu’ils se disent « mais on est tous pareil au fond peu importe la religion ». On espère juste de vivre heureux et en paix et que tout le monde soit bon avec tout le monde. Je pense que c’est un peu le message qu’on veut transmettre à travers le spectacle.
C’est un spectacle pour les adultes ou les enfants.
Les deux. Barbu était plus pour les adultes mais ce spectacle-là est vraiment pour tout le monde. C’est vraiment… il n’y a rien qui dérange. C’est un beau spectacle avec des belles images et la musique super. Il faut vraiment que tout le monde vient nous voir à Adélaïde.
Vous pouvez voir Tabarnak jusqu’à la fin du festival de l’Adelaide Fringe ce dimanche. A 20h30 tous les soirs sauf le dimanche quand il a lieu a 16h. Billets ici.