Le festival Illuminate Adelaide commence cette semaine et la compagnie française Tilt vient avec ses luminaires pour illuminer la rue dans le cadre de City Lights, le programme gratuit de lumières. Tilt est actuellement dans les jardins botaniques de Melbourne pour Lightscape. La compagnie s’installera aussi à Brisbane pour Lightscape qui fait partie du Brisbane Festival en août.
On a parlé avec François Fouilhé, un des fondateurs et directeurs artistiques de la compagnie française de luminaires Tilt.
Vous venez à Adelaïde pour le festival Illuminate Adelaide avec le projet Urban Garden? Parlez-nous un petit peu de ce projet.
Alors ce n’est pas facile de vous en parler parce que c’est un projet commun qui est monté par le festival où on va travailler ensemble sur l’éclairage et la thématique d’une rue. Voilà. Et nous, on vient avec des deux types de structures lumineuses, une qui s’appelle Herbum Follus et une autre qui s’appelle Veilleuse. Et après on connaît pas énormément plus de choses en fait sur ce qui va se passer dans cette rue autour de nous. Voilà, Donc on sait que ça va être colorisé, que ça va être dynamique, qu’il va y avoir plein de choses qui vont se passer, mais mais on sait pas exactement quoi. Voilà.
Donc vous êtes dans le noir comme nous.
On est un peu moins dans le noir parce qu’on connaît un petit peu ce qu’on va amener nous, mais on ne sait pas exactement le rendu final de ce projet. Mais c’est rigolo.
Donc vous venez vous même à Adelaide et avec une équipe ?
Oui. On vient une équipe de trois personnes pour installer. Puis il y a des personnes qui nous aident aussi sur place pour ça.
Est-ce que vous avez déjà été à Adelaide?
Non. Adélaïde, c’est la première fois qu’on y vient. Ça fait longtemps qu’on travaille sur ce projet-là pour qu’il se passe quelque chose. Mais à chaque fois, ça tombe à l’eau. Et là, on est bien content que ça fonctionne cette année. Mais c’est notre première fois à Adélaïde.
On connaît Sydney Melbourne. Cette année, on va quasiment en même temps, on est à Melbourne et à Brisbane.
Je ne savais pas que vous allez être à Brisbane. Vous avez aussi fait VIVID à Sydney une année précédente?
L’année dernière. On travaille au jardin botanique de Melbourne, puis ensuite à celui de Brisbane à partir du mois d’août.
En quoi est ce que les installations que vous avez déjà faites à Sydney et Melbourne dans les jardins botaniques sont-ils différents de ce que vous allez faire à Adelaide?
Déjà on est installé pas du tout au même endroit. À Adélaïde, on est vraiment dans la rue, dans l’espace urbain, donc on n’a pas du tout la même lecture du projet. Et Adélaïde, on est sur quelque chose de gratuit où les gens se promènent. Dans les jardins botaniques, c’est des projets qui sont en général payants. Du coup, il y a plusieurs installations qui suivent, mais c’est un parcours qui est proposé, donc c’est vraiment deux projets différents.
Ce n’est pas les mêmes structures, mais c’est le même univers. Nous, on fait des grandes plantes en fait et ou des grandes lampes et c’est les mêmes types de structures qui sont présentées mais pas les mêmes exactement
Donc vous, vous n’utilisez pas les mêmes à Brisbane et à Melbourne cette année, que vous utilisez à Adelaide.
Deux choses différentes.
Et l’image qui est associée avec Urban Garden sur le site web de Illuminate, c’est votre Herbum Rouge. Mais vous allez venir avec un autre aussi.
Oui, il y en a un autre aussi, mais il est pas en photo. Je sais pas pourquoi.
Je pense qu’ils ont juste choisi une photo. Combien de temps avant que les lumières soient allumées est-ce que vous venez pour les installer et tout?
Quatre jours, je crois. Quelque chose comme ça. ça doit être prêt pour le quatre en fait. On arrive, nous on arrive je crois, le 1ᵉʳ juillet, on installe deux, trois, quatre et ça, ça commence le cinq.
Et en fait comment faire pour planifier? Est-ce qu’ils vous ont donné des photos de la rue dans laquelle vous allez installer où?
Oui, on a eu quelques photos et quelques plans. Après c’est vrai que vu qu’on est loin, c’est eux beaucoup qui choisissent les emplacements etcetera. Parce que nous les structures sont grandes en fait, elles font sept mètres de haut . On ne connaît pas l’endroit. C’est important d’avoir leurs idées par rapport à ça et qui comprennent la difficulté d’installer ça dans cette rue-là. Donc ça, c’est eux qui s’occupent de cette partie -à et qui assure toute la préparation de cette partie-là, en fait.
Et les installations que vous allez faire à Melbourne et à Brisbane sont dans les jardins botaniques de chaque ville. Donc, est ce que c’est plutôt les choses fleuries?
Oui, c’est plutôt des choses fleuries, c’est les Lili et les Pivoines qui sont là-bas.
Et ils changent de couleur ?
Oui, ils changent de couleur.
J’imagine que ces luminaires sont fragiles et qu’ils pèsent beaucoup. Est-ce que ça pose les problèmes pour le transport? Surtout pour venir si loin?
Non, ça ne pose pas de problème parce qu’on transporte nos luminaires en container, du coup en bateau. Le poids n’a pas une incidence énorme en fait sur le prix concrètement, Après, si jamais on voyageait en avion, ce serait évidemment un gros problème. C’est pour ça qu’on ne le fait pas d’ailleurs, voilà.
La chose la plus complexe, c’est qu’il faut prévoir le matériel deux mois et demi à venir jusque chez vous ce qui est longue et pour préparer en amont, etcetera.
Et surtout avec la côte près d’Israël et tout ça. En ce moment, il y a les bateaux qui n’y vont pas.
Ils font le tour maintenant ils ne passent plus par là bas donc c’est encore plus de temps.
Donc la compagnie s’appelle Tilt. Et est-ce que c’est un anagramme? Est ce que chaque lettre signifie quelque chose?
C’est marrant que vous posez cette question. À une époque oui, mais maintenant non, On dit « tilt « quand on a une idée et il y a une ampoule qui apparaît dans les bandes dessinées souvent. C’est vraiment cette référence-là. Et puis après? C’est un nom simple qu’on retient aussi, c’est pour ça qu’on l’aime.
Et vous avez en équipe plus de 20 ans d’expérience, mais combien de temps est ce que ça fait que Tilt existe? Et comment et par qui est-ce que ça a été fondé?
Et bien, on est deux fondateurs ici. Moi j’en fais partie du coup. Et ça fait 22 ans qu’on a monté ça.
Et vous avez un parcours ingénieur ou artistique?
Non, on a un parcours plutôt artistique dans un sens et technique aussi. On est éclairagiste à la base, en spectacle vivant du coup On a dérivé un petit peu plus vers les installations et la conception de luminaires. Et donc pour ça, on a fait une équipe avec plein de corps de métiers différents qui permettent qu’on soit autonome et complet du coup dans la fabrication.
Justement, vous les fabriquer vous-même? Ce n’est pas que vous les dessiner, quelqu’un d’autre les fait.
On fait quasiment tout, oui
Vous avez une collection de 25 types de luminaires que vous proposez pour les installations temporaires et sur votre site web c’est dit qu’ils sont « inspirés par la nature ou les éléments cultes de la vie quotidienne.» Parlez-nous un petit peu du processus créatif.
Le process créatif, il est assez particulier. En général, c’est quelque chose qu’on fait avec mon collègue Jean-Baptiste, on a un peu des cahiers d’idées chacun, on propose des choses et puis des fois on pousse des idées qui marchent et puis des fois on les laisse de côté. On attend un an, on attend deux ans et puis on les ressort plus tard. C’est vraiment au ressenti, au feeling aussi, en réfléchissant aussi aux endroits où on peut les installer.
Ça fait quelques années qu’on travaille plus du coup dans des visions de jardins botaniques parce qu’on fait beaucoup ça. Donc sur des luminaires qui peuvent être plus fragiles, parce que les gens ont une autre approche. Et on travaille aussi pour des festivals de musique, par exemple, où là, il faut que les luminaires soient un peu plus costauds.
Et donc voilà, c’est un peu tout ça aussi qui inspire, qui fait partie vraiment du lot de ce moment de création. Mais voilà, on a plein d’idées qu’on va sortir au bon moment.
Et normalement, il prend combien de temps de l’idée jusqu’au produit fini?
A peu près un an.
Donc c’est pour ça que vous créez une nouvelle chaque année.
C’est ça. Ça, c’est ce qu’on sait c’est nous le cahier des charges qu’on se donne. C’est à dire qu’on on veut créer un nouveau luminaire chaque année, mais ça prend ce temps-là, en fait, concrètement.
Et comment est-ce que vous décidez sur les choses que vous allez créer? Donc, vous êtes un des directeurs artistiques. Est-ce qu’il y a une équipe artistique et une équipe qui fabrique?
Alors, au tout début, oui, on travaille plutôt à deux, puis vite, on intègre les personnes qui fabriquent sur les méthodes pour fabriquer, pour trouver des solutions pour fabriquer. On intègre aussi en personnes extérieures de chez nous un ingénieur qui calcule la solidité, le poids pour pas que ça s’envole, des choses comme ça. Donc dès qu’on a une idée, on la dessine et puis dès qu’elle est dessinée, on en parle autour pour savoir comment on réalise ça.
Mais ça se passe en deux temps en fait, comme ça. C’est à dire qu’il y a vraiment la première partie plus dans l’idée. Et puis une fois que l’idée nous convient à Jean-Baptiste et moi, on la dessine et après on implique l’équipe pour savoir comment on va la réaliser.
Ok, et vous avez dit qu’il faut surtout pour les festivals de musique, être costauds. Pour Illuminate Adelaide et Lightscape à Melbourne et à Brisbane, ça se déroule en hiver, mais est-ce que normalement vous, vous avez les installations en été ou c’est toujours en hiver ou c’est un peu les deux?
C’est toute l’année. Toute l’année. On peut vraiment être sous le soleil à 45 degrés comme à -30 sous la neige. On n’a pas trop de contraintes météo par rapport à nos structures.
C’est pratique. Vous parlez sur votre site web de votre volonté d’être efficace et respectueux de l’environnement. Est-ce que c’est pour ça que vous avez décidé de créer les choses comme les plantes et les fleurs, les choses qu’on trouve dans l’environnement naturel?
Alors non, pas spécialement. Ça c’est une source d’inspiration sur les formes et plus et puis la manière d’être immersif et de faire les choses grandes pour se sentir tout petit quelque part. Ça c’est ce côté de la nature qu’on aime bien. Mais après le fait de faire attention et la manière de le faire, ce n’est pas spécialement lié à ça.
On travaille plutôt des structures sur le long terme, c’est à dire quand on fabrique quelque chose, on fabrique pour longtemps. Il y a des luminaires qu’on a créé au début, qui servent à 20 ans après, évidemment, il y a la LED qui a changé beaucoup de choses au niveau de la consommation. On maitrise aussi les temps d’allumage, c’est à dire qu’on décide d’allumer 4 h le soir et pas toute la journée spécialement. On coupe aussi de l’éclairage public pour que nos structures soient mieux mises en valeur. Il y a plusieurs choses comme ça qui font qu’on fait attention à ne pas faire n’importe quoi et à respecter notre environnement.
Est-ce que vous avez créé des luminaires qui peuvent être chargées par le soleil?
Alors non, c’est quelque chose dans lequel on ne va pas trop parce que pour charger avec le soleil, il faut stocker avec des batteries. Et pour l’instant, moi je ne suis pas convaincu des batteries en fait. C’est à dire que les batteries ne se recyclent pas complètement et puis ça a des durées de vie qui ne sont pas très longues. Du coup c’est ça peut être pratique pour des choses, mais au niveau de l’environnement, ce n’est pas extraordinaire non plus en fait.
Donc on pense que c’est bien, mais en fait ce n’est pas aussi bien qu’on croit. Donc si, si vos installations ne sont pas avec une batterie, c’est à dire qu’ils sont avec une prise ?
Oui, elles sont avec une prise tout le temps. Ouais, ouais, okay. Donc ça veut dire qu’on branche pendant 4 h le soir et on débranche quand c’est fini. Et voilà.
Est-ce que la décision de fabriquer les luminaires chez vous au lieu de les faire fabriquer ailleurs, c’est pour avoir plus de liberté sur ce que vous faites?
Oui, complètement. Puis c’est quelque chose qu’on aime bien contrôler, qu’on aime bien maîtriser. On s’est entouré vraiment d’une équipe de constructeurs aussi du coup. Donc le modèle ici, il est comme ça où on décide et de concevoir et d’aller jusqu’au à la fin de la fabrication et même l’installation, parce que même les installations c’est nous qui les faisons. C’est spécifique. Donc tout ça permet d’être, de contrôler de A à Z, en fait, notre travail. C’est pour ça qu’on le fait comme ça aussi.
Et vous utilisez le plus possible les fournisseurs locaux pour les éléments de ce que vous fabriquer. Est-ce que c’est difficile d’en trouver les fournisseurs locaux?
Non, ce n’est pas difficile parce qu’on habite quand même dans une région où il y a pas mal de choses au niveau industriel. Et puis on a aussi peu de demandes extérieures. Les choses qu’on ne fait pas nous, c’est tout ce qui est plastique par exemple, et il y a une entreprise qui fait ça, qui est à dix kilomètres de chez nous et avec qui on travaille pour demander des essais ou des choses comme ça. Et du coup c’est pratique parce qu’on n’a pas à traverser la France pour aller voir un test ou quelque chose comme ça. On peut travailler simplement avec des gens en disant « Bon, ben je viens voir» ou «tiens, je te montre un truc» et puis on essaye et puis ça marche, ça ne marche pas.
C’est aussi le fait d’être proche des gens comme ça qui permet de gagner du temps et puis d’être plus efficace quoi. On a la découpe laser de du métal, elle est à 500 mètres de chez nous. Donc c’est très pratique en fait pour quand on fait découper quelque chose, la personne nous livre dans la journée en fait.
Je crois que si vous aurez voulu faire ça en Australie, ça aurait été très difficile. Il y a beaucoup d’usines qui ne font plus ici. Et on achète beaucoup de produits de la Chine.
Nous aussi. Vous n’inquiétez pas.
Donc c’est bien qu’il y a encore les usines et encore plus qui sont près de chez vous.
Ouais, c’est des gens qui transforment, c’est à dire qui prennent la matière première et qui la transforment. Mais oui, il y a encore ça ici.
C’est très bien. Pourquoi les gens doivent ils venir voir le jardin urbain au festival Illuminate Adelaide?
Parce que ça va être extraordinaire. C’est à peu près sûr. Mais ne connaissant pas le projet, je ne sais pas en fait, je ne sais pas quoi vous dire. C’est un beau festival. Je pense que de toute façon, il faut venir voir. On est curieux. Il faut venir voir. Voilà.
Et en fait, comment est ce que ça fait que vous faites partie du festival? Est ce qu’ils vous ont découverts? Vous avez fait une demande?
Ça fait plusieurs années qu’ils nous ont découverts et qu’on essaye de faire des choses et là, ça fonctionne. Mais ce n’est pas facile. En fait c’est loin. Donc faut quand même imaginer que quand on vient de France, déplacer du matériel comme ça, déplacer des équipes, des coûts importants et pour un festival, ce n’est pas tout simple non plus. Donc voilà, il a fallu plusieurs années pour que ça en arrive.
Et vous venez pour Lightscape à Brisbane et à Melbourne aussi? C’était sous le meme nom que vous avez présenté à Sydney je crois ?
Oui c’était le même nom à Sydney. En fait, c’est Lightscape, c’est le principe d’une visite nocturne d’installations dans les jardins botaniques.
D’accord. C’est pour ça. Est ce qu’il y a d’autres choses qu’on n’a pas couvert que vous souhaitez me dire?
Non. On est très contents de venir en tout cas, ça, puisque s’il fait beau, on sera contents aussi.
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Nous remercions François Fouilhé pour cette interview et nous avons hâte de voir les luminaires de Tilt en Australie.
INFOS CLÉS POUR LES LUMINAIRES DE TILT EN AUSTRALIE
City Lights
5-21 July
GRATUIT
Lightscape
29 août – 12 octobre 2024
Le prix de billets commence à 24 $ jusqu’à 46 $
Lightscape
14 juin – 4 août 2024
Le prix des billets change selon le jour et l’horaire choisis :
- Adulte 36 $ – 40 $
- Enfants de 4 à 12 ans 28 $- 32 $
- Famille de 4 (minimum de 2 enfants de 4 à12 ans) 128 $ – 144 $
Avez-vous déjà vu les luminaires de Tilt?
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