La compagnie théâtrale Deliv’ART présentera Voilà ! un cabaret qui nous transporte à Paris des années folles au festival Sydney Fringe le mois prochain. Anne-Sophie Ridelaire est la fondatrice de cette compagnie. On lui parle de ces expériences dans des compagnies théâtrales, y compris le collectif artistique Le Petit Bateau qui se situait dans un garage reconverti à Bondi. Elle nous parle de sa passion pour les arts et on discute bien sûr le spectacle Voilà qui sera présenté au Sydney Fringe en septembre. Lisez la suite pour tout découvrir.
À PROPOS D’ANNE-SOPHIE RIDELAIRE
Anne-Sophie Ridelaire, vous êtes la fondatrice de Deliv’ART, la compagnie théâtrale à l’origine de Voilà ! Pourquoi avez-vous décidé de créer cette compagnie ?
L’idée de créer Deliv’ART est arrivé en 2020, pendant la COVID.
Etant donné que nous ne pouvions plus faire d’évènements publiques mais seulement des “small social gathering” a la maison, j’ai eu l’idée de créer des dîners spectacles immersifs et de les livrer directement chez les gens, dans leur maison. Deliv’ART (art delivery), est naît à partir de cette idée. Nous avons eu la chance de tourner pendant une bonne année jusqu’à ce que nous ne puissions plus faire face aux lois qui se sont endurcies.
Deliv’ART est une compagnie de production artistique, spécialisée dans les cabarets et Set Design. Tous les évènements créés cultivent une touche très française.
Vous êtes née en France et vous êtes arrivée en Australie lors d’un road trip en solo en 2012 lorsque vous avez décidé de faire de Sydney votre pays de résidence. Qu’est-ce qui vous a conduit à venir en Australie à l’époque ? Et qu’est-ce qui vous a décidé à rester ?
Je suis arrivée en Australie avec l’intention de faire un road trip, solo, découvrir l’Australie, apprendre l’anglais et puis revenir en France après 5 mois. C’était le plan, comme beaucoup d’autres personnes.
Je suis revenue en France après 5 mois, pour rendre les clefs de mon appartement parisien et organiser mon retour en Australie.
Je suis tombée amoureuse de la vie en Australie. La diversité culturelle, la nature, le life style. Il y avait comme un air de grande liberté. Mais ce qui m’a fait décider de rester plus que tout, ce sont ces amis rencontrés a Bondi et avec lesquels j’ai créé cette communauté artistique “Le Petit Bateau”. Un de mes plus grands rêves se réalisait et il était hors de question de laisser tomber.
Ça n’a pas été faute d’essayer en France! Mais l’opportunité n’est jamais arrivée, trop compliqué, puis je n’ai pas eu l’occasion de rencontrer des personnes autant motivées que je l’étais.
Vous êtes directrice artistique et organisatrice d’événements. Avez-vous fait des études dans ces domaines en France ?
Oui, plus ou moins, j’ai commencé par une licence de sciences sociales à Reims, puis une licence Art du spectacle (danse) à Strasbourg et j’ai fini par un Master de direction de projets culturels et artistiques à La Sorbonne Nouvelle, Paris. J’ai surtout beaucoup appris à travers le volontariat et les stages.
Mais ce qui est certain c’est que j’ai toujours été attiré par l’influence de l’art et de la culture dans la société.
Depuis combien de temps vous intéressez-vous aux arts ? Depuis combien de temps êtes-vous impliqué dans les arts ?
Depuis que j’ai eu l’âge d’aller à un spectacle ! Je n’ai pas grandi dans un milieu favorisé mais j’ai eu la chance incroyable d’avoir une maman qui m’a toujours emmené au théâtre. C’était sa manière à elle d’investir pour mon futur.
Je me vois petite, émerveillée de découvrir les décors, les costumes, les danses, ça me faisait rêver.
J’ai été impliqué dans les arts depuis mes 3 ans, en commençant par la danse classique puis la peinture et le piano vers mes 7 ans.
En 2014, quelques années seulement après votre arrivée en Australie, vous avez fondé le collectif artistique Le Petit Bateau dans un garage reconverti à Bondi. Comment avez-vous construit cette entreprise pour attirer des artistes internationaux ?
Oui en 2014 officiellement. Le collectif s’est formé en 2013 peu après mon arrivée en Australie.
A cette époque Bondi était très différent, il y avait encore beaucoup de liberté pour créer des événements publics. On a eu la chance de profiter de cette période avant que la loi “lock -out” hit Sydney.
Je pense que le fait que nous étions tous de pays différents, artistes, jeunes, passionnés, installés dans un immeuble que nous avions converti en une communauté artistique a Bondi, tout cela était largement suffisant pour attirer l’attention. Très vite, beaucoup de journalistes sont venu nous interviewer et à partir de là j’ai commencé à recevoir des emails d’artistes venant du monde entier ce qui a ouvert beaucoup de portes et de collaborations.
Vous avez dit que votre vision artistique est profondément ancrée dans l’exploration des dynamiques sociétales et de la transformation humaine. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?
La société et l’être humain sont mes premières sources d’inspiration. C’est un sujet qui me touche et me passionne depuis longtemps. Plus précisément, je dirais que ce qui m’intéresse, c’est le pouvoir transformateur de l’art sur l’être humain. J’ai toujours été une fervente militante pour l’accès libre à l’art et à la culture pour tous.
J’ai eu la chance de faire du bénévolat en France, notamment dans des cités, et d’organiser des ateliers créatifs pour les jeunes avec d’autres artistes. J’ai vu et je peux témoigner de l’impact positif que l’art et la culture peuvent avoir sur ces jeunes des quartiers défavorisés. J’en suis moi-même la preuve vivante, d’où ma motivation.
Cette exploration se retrouve aussi dans mes créations. Je m’inspire toujours des faits de société pour créer mes spectacles. Je suis convaincue que l’art est un outil puissant pour réunir les gens, pour susciter le dialogue et pour construire un monde meilleur.
À PROPOS DU SPECTACLE
Vous présentez le spectacle Voilà ! au Sydney Fringe. Parlez-nous un peu du spectacle.
Voilà ! est un spectacle de cabaret immersif qui transporte le public dans le Paris des années 1920. C’est une célébration de l’art, de l’amitié et de la diversité, le tout enveloppé dans l’atmosphère des Années Folles. Le spectacle comprend 10 artistes venant de pays et de cultures différentes.
Qu’est-ce qui a inspiré la création de Voilà ! et sa mise en scène dans le Paris des années 1920 ? Comment avez-vous choisi le thème des Années Folles pour ce cabaret ?
La création de ‘Voilà !’ et son ancrage dans le Paris des années 1920 sont nés d’une fascination profonde pour cette période extraordinaire de l’histoire. Les Années Folles représentent un moment unique où l’art, la culture et la société ont connu une véritable révolution. On y retrouve l’effervescence artistique, l’émancipation des femmes , la musique et la danse, l’esprit de fête , le melting-pot culturel. C’étaient une période d’effervescence artistique et de libération sociale.
Cette époque incarne parfaitement les valeurs que je voulais célébrer : la liberté d’expression, l’audace artistique, la remise en question des normes sociales, et la joie de vivre.
Je souhaitais aussi faire un parallèle avec notre époque actuelle. L’histoire prend place en 1924 à Paris, il y a exactement 100 ans, et à cette même époque Paris recevait les Jeux Olympiques ! Beaucoup de choses à dire autour de cela, ce qui était pour moi un vrai régal lorsque j’ai écrit la pièce.
Quels aspects du Paris des années 1920 ont été les plus importants pour vous dans le spectacle ?
J’ai voulu mettre l’accent sur l’esprit bohème, la libération des mœurs, et l’explosion artistique de l’époque. La mode, la musique, et l’atmosphère générale de Pigalle ont été des éléments clés pour recréer cette ambiance unique.
Pouvez-vous expliquer comment « Voilà ! » mêle réalité et fantaisie pour créer son expérience immersive ?
« Voilà ! mélange des personnages historiques réels avec des personnages fictifs, créant un univers où la réalité et la fantaisie se confondent. L’appartement de Madame Coco devient un lieu où tout est possible, où le temps et l’espace se plient à l’imagination.
Le spectacle se déroule dans l’appartement de Madame Coco. Qui est Madame Coco, et qui a inspiré son personnage ?
L’histoire se déroule dans l’appartement intime et excentrique de Madame Coco, qui est le cœur battant du cabaret. Madame Coco est la maîtresse de cérémonie, le fil conducteur qui relie toutes les performances et tous les personnages de l’ histoire.
Madame Coco est une Drag Queen française, un choix qui ajoute une couche supplémentaire de complexité et de profondeur à son personnage. Elle incarne l’esprit de transformation et de réinvention de soi qui était central dans les années 1920. En tant que Drag Queen, Madame Coco représente aussi la fluidité des genres et la remise en question des normes sociales qui commençaient à émerger à cette époque. Elle est un symbole de liberté, d’expression de soi et d’acceptation – des thèmes qui résonnent autant aujourd’hui qu’il y a un siècle.
Le personnage de Madame Coco s’inspire de plusieurs figures emblématiques de l’époque, notamment Coco Chanel, dont elle emprunte le nom. Comme Chanel, Madame Coco est une femme forte, indépendante et avant-gardiste. Elle possède le sens du style et de l’audace, mais aussi sa détermination à briser les codes établis.
À quels types de performances le public peut-il s’attendre dans Voilà ! ?
Il y a une variété de performances dans le spectacle : on retrouve du burlesque, de la magie, de la danse, du cirque, et même un vintage clown inspiré de Charlie Chaplin. Chaque artiste apporte sa spécialité unique au spectacle.
Comment les artistes de « Voilà ! » apportent-ils leur magie unique sur scène ?
Chaque artiste a été choisi pour sa capacité à incarner l’esprit des Années Folles tout en apportant sa touche personnelle. Leur talent et leur charisme créent une expérience véritablement magique. Mais la magie ne s’arrête pas là, nous sommes amis et travaillons ensemble depuis plusieurs années ce qui se ressent aussi sur scène. Le plaisir de partager, le plaisir de faire rêver, c’est ce qui nous rend unique. Chaque artiste présent dans ce spectacle a une passion profonde et un dévouement pour leur art qui m’émerveille chaque jour. Je suis leur première fan !
Comment espérez-vous que le public se sente lorsqu’il entre dans l’appartement de Madame Coco ?
Je veux que le public se sente transporté dans le temps dès qu’il franchit la porte. L’objectif est de créer une sensation d’émerveillement et d’excitation, comme s’ils entraient dans un monde nouveau et fascinant. Le but est de laisser le quotidien à la porte et de se laisser embarquer !
Quel type d’émotions ou de réactions cherchez-vous à susciter chez le public tout au long du spectacle ?
Le rire ! L’émerveillement, peut-être même un peu de nostalgie. Mais surtout, je souhaite que le public ressente une connexion profonde avec les personnages.
Comment le spectacle encourage-t-il le public à embrasser l’esprit d’amour et d’acceptation ?
À travers les différents personnages et leurs histoires. Je souhaite encourager le public à embrasser ce qui les rend uniques et à accepter les autres tels qu’ils sont.
Il y a aussi l’ambiance chaleureuse et accueillante de l’appartement de Madame Coco qui crée un espace sûr où chacun peut se sentir accepté tel qu’il est.
Comment avez-vous abordé la conception et la mise en scène pour transporter le public dans le Paris des années 1920 ?
Chaque élément du décor, des costumes et de l’éclairage a été minutieusement choisi pour immerger complètement le public dans cette époque.
Créer un set design unique et immersif fait partie intégrale de mes spectacles. C’est ma signature 😉
Comment la musique et la chorégraphie reflètent-elles l’esprit de l’époque et les thèmes du spectacle ?
J’ai mélangé des styles authentiques de l’époque avec des touches modernes pour créer un pont entre le passé et le présent, reflétant ainsi les thèmes universels du spectacle.
Voilà ! a été présenté au Playground Byron Bay et au Waves Chapter 3 à Crescent Head au début de l’année. Comment a-t-il été accueilli par le public ?
L’accueil à Byron Bay et à Crescent Head a été extraordinaire. Le public a vraiment apprécié l’aspect immersif du spectacle et la façon dont il les a transportés dans une autre époque. Les feedbacks ont été incroyables, d’où le fait que l’on se soit lancer dans l’aventure FRINGE ! Il nous arrive encore de recevoir des messages du public nous demandant quand est ce que l’on revient, ce qui est extrêmement encourageant.
Le spectacle a-t-il évolué depuis ces représentations ? Si oui, comment ?
Oui, le spectacle a évolué ! J’ai affiné certaines performances, approfondi les personnages et renforcé les interactions avec le public pour rendre l’expérience encore plus immersive. Le texte de Madame Coco a été retravaillé plus en profondeur afin que le message soit d’autant plus clair.
Quels ont été les plus grands défis à relever pour créer un cabaret immersif comme « Voilà ! »?
Le plus grand défi a été de créer un univers cohérent et crédible tout en permettant la spontanéité et l’interaction avec le public. Trouver l’équilibre parfait entre la structure du spectacle et la liberté d’improvisation a demandé beaucoup de travail.
En tant que directrice artistique, je porte beaucoup d’intérêt à l’avis et au bien-être de chaque artiste, ce qui peut prendre du temps et demande aussi énormément de patience dans certaines situations, surtout quand on a 10 artistes sur scène ! Mais je pense qu’on a réussi 😉
Quel message ou impact espérez-vous que « Voilà ! » ait sur le public de Sydney Fringe ?
J’espère de tout mon cœur que «Voilà !’» inspire le public de Sydney Fringe à embrasser la joie de vivre, à célébrer la diversité et à reconnaître la beauté de l’individualité.
Dans un monde souvent marqué par le stress et l’incertitude, je veux rappeler à mon public l’importance de savourer chaque moment. L’art a le pouvoir de transformer, de guérir, de connecter.
J’espère que mon spectacle rappellera à chacun l’importance de l’expression artistique dans nos vies.
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Nous remercions Anne-Sophie Ridelaire pour cette interview
INFOS CLÉS POUR VOILÀ !
QUO I: Voilà
QUAND : de 21h à 22h du 12 au 14 septembre
OÙ : Village Green Festival Garden – South Tent, 25 Harbour St Darling Quarter Village Green (South), SYDNEY (pays Gadigal)
COMMENT : Achetez vos billets pour le spectacle Voilà ! par ce lien
COMBIEN: Les prix de billets changent selon le soir que vous choisissez:
- Plein Tarif de 40 $ à 45 $
- Deadly Tix (Les billets pour les pour les communautés aborigènes, les insulaires du détroit de Torres et les autres communautés des Premières nations) 20 $ à 22,50 $
- Carte concession 38 $ à 43 $
- Étudiant(e) 35 $
- Groupe de 6 ou plus personnes 33,33 $ à 37,50 $ par personne
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