Constantinople revient à WOMADelaide mais cette fois-ci avec Ghalia Benali

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L’ensemble Constantinople revient à WOMADelaide ce mars ayant venu pour le festival la dernière fois en 2018. La dernière fois, ils sont venus avec Ablaye Cissoko. Cette fois-ci, ils viennent avec la chanteuse belgo-tunisienne Ghalia Benali. Nous avons parlé avec Kiya Tabassian, le directeur artistique de Constantinople. Lisez notre interview avec lui ci-dessous.

Constantinople x Ghalia Benali

Vous venez à WOMADelaide cette fois-ci avec Ghalia Benali. Comment vous vous êtes rencontrés?

Nous nous sommes rencontrés il n’y a pas loin de presque cinq ans. Nous nous connaissions de toute façon par la scène musicale mondiale, par les enregistrements, par la réputation. Mais nous nous sommes rencontrés parce que je travaillais sur un projet justement sur les traces de Rumi, et je cherchais une chanteuse qui puisse chanter les poèmes écrits en arabe par Rumi. Un directeur de festival nous avait mis en contact. Mais avant qu’on se rencontre par ce billet-là, nous nous sommes rencontrés par hasard dans un autre projet d’un ami en commun qui est en Espagne, à Séville. Donc on s’est rencontrés à Séville. Les deux, on était les artistes invités de l’autre.

 

Donc vous aviez déjà fait des choses ensemble?

Oui. Donc nous nous sommes retrouvés là et c’était une entente parfaite dès la première rencontre. On s’entend bien et ça tombait très bien donc on a su clairement qu’on voulait faire un beau projet ensemble et ce qui a donné In the Footsteps of Rumi.

 

Vous aviez fait un concert au même titre de l’album, mais c’était en juin 2019. Est-ce que c’est à cause de la COVID que l’album n’est sorti que l’année dernière?

Oui, exactement. Donc juin 2019, c’était la création de ce projet. On a attendu un an, un an et demi, on a fait des tournées et des concerts et là on a enregistré je crois y était en 2000. Après c’était la COVID. Et voilà, on a attendu un peu de faire tourner le concert et que pour faire la sortie de l’album.

 

Mais en fait vous avez fait des concerts avant d’enregistrer l’album, donc vous avez fait un peu l’inverse?

Moi j’aime toujours dans la musique que je fais, j’aime que la musique vive un peu en concert parce que la musique pour moi, elle mûrit en contact avec le public. J’aime faire des concerts avant quelques concerts au moins cinq à dix concerts pour que la musique soit vécue, soit entendue, échangée avec le public, qu’elle soit forgée de cette façon et après en la registre et après on refait d’autres concerts.

 

Et comme ça, vous pouvez voir ce que le public pense. S’il y a les chansons qu’il aime mieux que les autres, vous choisissez certains plus que d’autres pour l’album?

En fait, oui et non C’est qui est important dans votre point, c’est la réaction du public. Pour moi c’est très important la réaction et la façon que les gens réagissent avec la musique. Et donc des fois on améliore des parties, des pièces, des chansons parce que on voit que cette partie elle a la plus d’impact. Pour moi, c’est très important que ma musique a un impact. Je fais la musique pour qu’elle puisse avoir un impact sur les gens qui l’écoutent. Et cet impact, ça peut être des moments d’extrême calme, ça peut être des moments d’apaisement, ça peut être des moments de de réflexion, ça peut être des moments d’excitation intérieure. Mais ce que je cherche à faire avec ma musique et mes collègues, c’est faire du bien aux gens parce que nous pensons que notre monde en a besoin plus que jamais.

 

C’est sûr. Donc cet album et cette collaboration prennent les œuvres de Rumi. Quelle est la signifiance des œuvres de Rumi?

Rumi, c’était un poète qui écrivait quelque chose de beaucoup plus que la poésie. Elle écrivait. C’était un grand philosophe penseur et c’était un grand maître durant son vivant, il était un des maîtres les plus respectés au niveau spirituel et au niveau philosophie. Mais ce qui est intéressant, c’est qu’il rencontre, quand il avait à peu près 30 ans, 35 ans, il rencontre quelqu’un qui s’appelait Shams, qui était un grand fou et transforme la vision de Rumi dans une vision encore plus profonde à l’encontre quasi quasiment de la sagesse de la folie.

 

Et à partir de ce moment, toute sa poésie devient teintée d’une lumière extraordinaire. Moi, quand je le lis en persan parce que c’est ma langue maternelle, c’est sûr que ça a un effet. Mais même quand vous lisez les traductions des poèmes de Rumi – il a écrit des poèmes et des proses aussi, il a écrit les textes – quand vous lisez les textes de Rumi, il y a une connexion avec l’intérieur de chacun qui est établie, avec une profondeur qui fait toujours du bien. Et c’est ça que j’aime dans la poésie de Rumi, c’est cette connexion à la profondeur à l’intérieur de soi-même qui ne plonge en tant qu’individu à l’intérieur de nous-mêmes, mais qui nous connecte en même temps. La poésie de Roumi a toujours cet effet. Ça fait effet et c’est pour ça que j’aime la chanter et j’aime m’en inspirer pour faire la musique. Une musique qui est qui a la même approche.  Une musique qui qui va toucher les gens mais qui va la rassembler aussi.

Et quel a été le processus créatif pour ce projet?

C’est très intéressant parce que j’ai beaucoup travaillé avec Ghalia en tant que co-compositeur. Nous avons composé ensemble beaucoup. Et nous avons sélectionné certains poèmes de Rumi. Une partie des poèmes étaient écrit en persan et l’autre partie des poèmes est écrit en arabe.

 

C’est intéressant.

C’est ça qui est intéressant pour moi, c’est que c’était un poète qui parlait plusieurs langues et qui tant qui pouvait dire la poésie dans plusieurs langues.

 

Comme vous!

Ghalia Benali
Constantinople a collaboré avec Ghalia Benali sur In the Footsteps of Rumi

Oui, aussi je me prends comme exemple. Et ce qui est intéressant, c’est de comment mélanger ces langues avec la musique. Et comme Ghalia chante en arabe et moi je chante en persan. Comment nous avons mélangé nos voix ensemble. C’était tout un processus de composition qui mêlait la poésie, les langues, les musiques, nos visions respectives de la musique. Donc c’était un processus très intéressant et enrichissant.

 

Une fois que moi et Ghalia, on a monté la structure des pièces, disons la ligne principale de chaque pièce, là on s’est assis travailler avec les musiciens où chaque musicien a apporté aussi son savoir-faire et ses propositions. Donc c’est vraiment un travail collectif dirigé par moi et Ghalia, mais il y en est tout un effort collectif au niveau créatif.

 

Aussi avec les autres membres de l’ensemble Constantinople.

Exactement. Comme ça, la musique en fait, pour moi, c’est important qu’elle reste vivante, même si ici on joue des compositions qui sont déjà composées, il y a une partie d’improvisation qui est toujours intégrée aux pièces, une partie où chacun des musiciens peut faire rayonner sa personnalité.

 

Et vous serez combien de personnes qui seront sur scène à WOMADelaide.

Sur scène, nous allons être sept musiciens cette fois-ci avec Ghalia.

 

La dernière fois que vous êtes venu à WOMADelaide en 2018 avec Ablaye Cissoko. Comment est-ce que ces concerts seront différents de ce celui-là?

C’est un programme complètement différent parce que c’était complètement de nouvelles pièces. Il y a d’autres instruments sur scène. Moi, je joue toujours le sétar, le même instrument, mais après il y a plusieurs autres instruments qui sont sur scène: le qanoun, l’oud, le kamānche. Tous ces instruments qui viennent soit d’Iran, soit la Turquie, soit des pays où il y a la musique arabe parce qu’il y a vraiment la rencontre entre ces différentes cultures musicales aussi au sein du projet. Donc de nouveaux instruments et de nouvelles pièces.

 

Est-ce que vous trouvez que le son avec Ghalia Benali est différent de ce projet que vous avez fait avec Ablaye Cissoko?

Oui. Le son va être un peu plus plein rempli parce que le l’ensemble est plus grand, avec beaucoup de différents instruments, donc une palette sonore plus grande, donc plus de textures de sons. Et la voix de Ghalia est bien sûr est très différente de la voix de Ablaye ou de moi et est absolument à découvrir. Elle a une voix, une prestance et une présence sur scène qui est exceptionnelle.

 

Je vois aussi que lorsque vous seriez à WOMADelaide, vous participez également à Taste the World. Normalement, vous allez cuisiner quelque chose et aussi il y aura en atelier. Est-ce que vous pouvez nous parler un petit peu de ça?

Oui, le workshop ça va être sur justement la présentation de ces instruments extraordinaires que les musiciens jouent.

 

Et pour Taste the World, qu’est-ce que vous allez cuisiner?

Taste the World Je vais faire un très bon plat. Le nom est en persan, un peu compliqué, mais qui s’appelle Fesenjoon. C’est un plat avec du riz persan, du riz iranien, du riz au safran. Le plat c’est comme un stew, c’est comme un ragoût avec la viande et des noix concassées.

 

Ça a l’air bon!

Ça va être bon, je pense C’est un des plats favoris de mes enfants.

Nous remercions Kiya Tabassian de cette interview et nous avons hâte de voir Constantinople avec Ghalia Benali au festival WOMADelaide.

 

INFOS CLÉS POUR CONSTANTINOPLE ET GHALIA BENALI À WOMADELAIDE

QUOI: Le collectif Constantinople en concert avec Ghalia Benali
QUAND: Constantinople et Ghalia Benali joueront deux concerts au festival WOMADelaide:

  • Vendredi 10 mars à 18h40
  • Dimanche 12 mars à 14h30

Le groupe mènera également un atelier samedi 11 mars à 14h30 et Kiya cuisinera le fesenjoon au Taste the World lundi 13 mars à 19h15.

COMMENT: Achetez vos billets par le site web WOMADelaide https://www.womadelaide.com.au/tickets

COMBIEN: Les billets pour le samedi sont désormais épuisés. Vous pouvez encore acheter des billets à la journée pour le vendredi, le dimanche et le lundi.

Vendredi (Constantinople sera en concert ce soir-là)

  • adulte 166 $
  • concession 148 $
  • jeune (13 à 17 ans) 103 $
  • enfant (sous l’âge de 12 ans avec un adulte) gratuit

dimanche (Constantinople sera en concert ce jour-là)

  • adulte 225$
  • concession 198 $
  • jeune (13 à 17 ans) 137 $
  • enfant (sous l’âge de 12 ans avec un adulte) gratuit

lundi (Constantinople ne sera pas en concert mais en Taste the World ce jour-ci)

  • adulte 225$
  • concession 198 $
  • jeune (13 à 17 ans) 137 $
  • enfant (sous l’âge de 12 ans avec un adulte) gratuit

 

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My Sweet Guillotine: un mémoire captivant sur une ville qui a failli tuer son auteur

Reading Time: 4 minutes

My Sweet Guillotine voit Jayne Tuttle retourner à Paris un an après l’horrible accident qui a failli la tuer. Rédigé dans le même style descriptif et spirituel que son premier livre Paris or Die, Tuttle tient le public en haleine et le fait désirer connaître chaque détail. Aussi cliché que cela puisse paraître, ce livre est un véritable livre passionnant, à tel point que vous vous retrouverez à le dévorer comme on dévore un croissant français.

My Sweet Guillotine

My Sweet Guillotine est la suite de Paris or Die qui est sorti en 2019, et est le deuxième livre de ce qui sera la trilogie parisienne de Jayne Tuttle.

 

Dans My Sweet Guillotine, Tuttle explore son rapport avec Paris, une ville qu’elle aimait tant mais qui a failli la tuer dans un accident qui n’arriverait certainement pas en Australie. Nos règles de construction sont beaucoup plus strictes que celles de la France. Comment faire à nouveau confiance à une ville après une telle expérience? Tuttle parle courageusement de son expérience du SSPT, trouvant même de l’humour dans sa soudaine prise de conscience exagérée des dangers de la Ville Lumière. Ces plantes qui ornent si joliment les balcons ne sont pas en fait un danger potentiel pour les piétons en dessous? Tuttle a une façon de décrire les choses qui les rend extrêmement comiques. A propos des plantes de balcon, « Un long bac en plastique de géraniums – la salope de la jardinière, dirait Kiki ». Ses descriptions des gens sont évocatrices, et celles des lieux, porteuses.

 

Jayne révèle courageusement son propre bilan, se surprenant à poser des questions pertinentes sur l’accident. A-t-elle été imprudente en se penchant vers le balcon? Voulait-elle mourir? S’agissait-il moins d’un accident que de quelque chose qu’elle avait provoqué elle-même? Tuttle se demande courageusement si elle doit s’engager dans un litige déchirant, épuisant et très personnel, dans l’espoir d’empêcher que de tels accidents ne se reproduisent.

 

My Sweet Guillotine voit Jayne obligée de passer du rôle d’avant-scène à celui de la metteuse en scène dans des moments de frustration au Portugal. Ne plus pouvoir faire ce que l’on aime tant, et que d’autres vous usurpent et le fassent si mal, est infiniment destructeur pour l’âme. Malgré ces difficultés, Jayne s’élève et navigue dans sa nouvelle vie. Elle trouve de nouveaux moyens d’exprimer sa créativité, notamment en rédigeant ces mémoires parisiennes.

 

Nous trouvons parfaitement compréhensible que Jayne trouve physiquement impossible de retourner sur le lieu de l’accident et veuille l’effacer de la carte de Paris. De la même manière que l’on veut éviter de tomber sur un ex, on ne veut pas des souvenirs de mauvaises expériences, surtout celles qui ont frôlé la mort, soient propulsés sur nous. Bien sûr, si les défis sont nombreux, tout n’est pas mauvais. Jayne a le mystérieux musicien de Melbourne, Monsieur M., avec elle à Paris pour la distraire et l’aider dans ses batailles. Et Jayne retrouve ses amis des années précédentes à Paris, avec lesquels elle a étudié à la prestigieuse et éprouvante École internationale de théâtre Jacques Lecoq. Tout au long du livre, nous nous sommes retrouvés à célébrer et à compatir avec Jayne. Nous nous sommes inquiétés pour elle, et nous avons été fiers d’elle à travers ses défis et ses triomphes.

 

Ce que nous aimons vraiment dans le récit des expériences de Jayne à Paris dans Paris or Die et My Sweet Guillotine, ce sont les descriptions des lieux et des routes qu’elle empruntait pour s’y rendre. Je suis tentée d’aller relire le livre et de faire des cartes du Paris de Jayne Tuttle, y compris les bistrots et les bars remarquables. Peut-être qu’un mini livre de voyage sur Paris pourrait être un projet futur – après tout, ce n’est qu’en ayant vécu dans une ville que l’on peut vraiment l’expérimenter et la connaître.

 

Il est également très rafraîchissant de voir le vrai Paris dans les mémoires de Jayne – pas le Paris des cartes postales mais le vrai Paris avec ses frustrations. Tout comme dans le premier livre Paris or Die, Jayne raconte l’histoire de la baguette la plus mauvaise qu’on lui ait donnée alors qu’elle était toujours la plus polie à la boulangerie, dans My Sweet Guillotine, il y a le café où, bien qu’elle ait commandé la même chose que son amie et qu’elle ait également demandé qu’il n’y ait pas de mousse, le café de ses amis est sans mousse et le sien avait une tête de mousse. Les frustrations sans fin d’être un étranger à Paris! Et les contradictions sur les Français eux-mêmes, comme le dit Tuttle:  « Tout ce que vous dites sur les Français est toujours vrai dans son opposé exact.». Pourtant, tout comme Paris peut être une maîtresse cruelle, nous ne pouvons pas nous empêcher de tomber amoureux d’elle, tout comme Jayne l’a fait.

 

My Sweet Guillotine est une merveilleuse lecture, notamment pour les francophiles qui y trouveront leur dose de Paris. Nous attendons avec impatience le prochain livre de la trilogie, dont la sortie est prévue en 2024 – l’attente est longue!

5 CROISSANTS

 

Matilda Marseillaise a reçu un exemplaire de My Sweet Guillotine pour les besoins de cette critique et de l’interview à venir.

 

INFO CLÉS POUR MY SWEET GUILLOTINE

TITRE: My Sweet Guillotine

AUTEURE: Jayne Tuttle

ISBN: 9781743797853

FORMAT: Livre de poche

PAGES: 256

DIMENSIONS: 23cm x 15cm

PRIX DE VENTE CONSEILLÉ : $32.99

CATÉGORIE : Biographie et mémoires

ÉDITEUR : Hardie Grant Books

PUBLIÉ : le 7 septembre 2022

SITE WEB : Vous pouvez en savoir plus sur Jayne Tuttle et ses livres sur son site Web:  http://www.jaynetuttle.com/

 

Quel est votre livre préféré dont le scénario se déroule à Paris? Avez-vous lu l’autre livre de Jayne Tuttle, Paris or Die?

 

Nous avons récemment interviewé Jayne Tuttle et nous publierons cette interview dans les semaines à venir. En attendant, vous aimerez peut-être lire notre entretien avec une autre écrivaine australienne, Pip Drysdale, qui nous parle de son livre The Paris Affair.

 

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