Interview avec Imara Savage, metteuse en scène de «La Passion de Simone» à Sydney Festival

Reading Time: 10 minutes

Simone Weil fut philosophe, mystique et activiste française. Un spectacle dédié à elle, qui s’appelle «La Passion de Simone» jouera au Sydney Festival en janvier 2018.

J’ai parlé avec Imara Savage, la metteuse en scène du spectacle. Des infos et le lien pour acheter des billets se trouve à la fin de l’article.

Credit: Samuel Hodge

Il est peut-être le plus logique de commencer par nous dire un peu sur le spectacle «La Passion de Simone».

Alors, il s’agit d’un spectacle au sujet de la vie de Simone Weil, qui fut philosophe, mystique, activiste et bien plus. On travaille avec une créatrice, Elizabeth Gadsby et Mike Daily, qui est artiste vidéographique. On l’a abordé par une sorte d’installation de vidéo avec de la mise en scène live. Les contributions de Mike Daily sont majeures ainsi que celles d’Elizabeth Gadsby qui a travaillé sur l’œuvre de l’installation vidéo. Il est un spectacle qui nous intéressait parce que la compositrice Kaija Saariaho s’intéressait aux philosophies de Simone Weil , particulièrement au sujet de la spiritualité ainsi que ses philosophies aux sujets de la gravité et la grâce. Le metteur en scène s’intéressait à l’activisme politique de Simone et le librettiste s’intéressait aux paradoxes et contradictions qui furent inhérentes dans sa vie. Lorsque vous regardez le spectacle, vous pensez tout d’abord «ou est-ce que je vais aller avec celaQuelle direction va l’on le prendre?» Donc c’était le point de départ pour nos discours pour cet œuvre.

 

Comment vous-avez découverte “La Passion de Simone”? 

Jack, le chef d’orchestre de La Passion de Simone au festival de Sydney, nous l’a amené.

Est-ce que votre spectacle sera fidèle au spectacle original ou est-ce que vous l’aborder d’une pointe de vue complètement différente?

Le spectacle original avait un soprano et peut-être une danseuse – celui de Peter Sellars. Non, le nôtre est une œuvre d’installation vidéo donc pour nous, nous pensions au libretto original qui s’appelle «La Passion de Simone».

Le libretto s’organise dans 15 stations donc lorsque nous l’avons lu la première fois, et l’a écouté, Elizabeth et moi, nous pensions aux Jeux de la Passion et aux stations comme des épisodes discrètes. Normalement dans les Jeux de la Passion, il s’agit de la vie de quelqu’un qui meurt a la fin, comme un saint ou un martyr et normalement tout mène vers cette morte. Mais pour nous, les épisodes ne nous aidait pas à créer un cadre pour la pièce parce que la musique ne marche pas d’une façon épisodique. Et le libretto non plus. Il y a des parties dont elle vous donne des idées au sujet de la vie de cette femme mais dans d’autres parties il parle de cette philosophie très complexe au sujet de la religion, du mysticisme et des politiques de l’état nation et la guerre. Ce que je trouve le plus intéressant c’est qu’elle était une femme incroyablement intéressante qui menait une vie tellement intéressante mais tout le monde qui parle d’elle, parle du fait que depuis son enfance, même l’âge de 6 ans, elle fut quelqu’un qui avait une empathie profonde pour la souffrance des autres. Et pendant sa vie, elle cherchait à se mettre dans des positions de douleur et souffrance pour mieux comprendre la souffrance des autres.
Credit: Samuel Hodge

Ce qui l’a tué a la fin?

Oui et en faisant cela, elle cherchait une sorte de connaissance, je crois. J’ai lu quelque chose qui disait qu’il y avait pour elle cette idée que la connaissance viendra en se mettant dans la douleur et la souffrance. On pourrait regarder sa vie comme une sorte d’endurance. Donc on tirait de tout cela – ainsi que ces philosophies au sujet de la gravité et la grâce qui parlent du matérialisme. Gravité dans sa forme le plus simpliste est le monde et le matérialisme, la consomption et l’individualisme, et le corps et la grâce sont des contraires – la capacité de transcender et de s’approcher à un endroit d’éveil spirituel et une sorte d’unité avec l’humanité et Dieu – tout ce que ça veut dire pour vous ou des autres.

Pourquoi est-elle quelqu’un on doit connaître?

Je ne la connaissais pas de tout avant. Mais je pense qu’on doit tous connaître Simone Weil mais également, je pense qu’on doit tous connaître Kaija Saariaho, parce qu’elle est une compositrice extraordinaire et personnellement, je crois qu’il n’y a pas suffisamment des opéras qui soient représentés par des femmes que des hommes. Il y a toutes ces compositrices incroyable et Kaija Saariaho est une des meilleures compositrices du monde.

Je trouve sa musique extraordinaire et ce qu’elle a fait – elle s’est intéressée par comment manifester en musique des idées autour de la gravité et la grâce; et ça c’est extraordinaire pour moi. Comment manifester des idées autour de la vie et le mort et le transfert d’énergie et de matiere.

Je trouve tout ça soit très captivant et Simone Weil, je crois que dans n’importe quelle époque mais probablement même encore plus aujourd’hui, que quelqu’un qui vient d’une position de privilège et qui en est très conscient et qui est capable de regarder au-dehors de soi-même pour sentir une empathie profonde et connexion avec des gens qu’ils ne connaissent pas et dont ils n’ont aucune raison de chercher à les connaître, leurs actions sont extraordinaires. D’une manière je trouve qu’elle a trouvé une sorte de christianisme platonique par la fin de sa vie mais qu’elle a été influencée par toutes sortes de religions et des spiritualités.
Je pense que dans l’essentiel vous pouvez avoir cette idée que si vous puissiez aimer des inconnus et que vous puissiez aimer des inconnus autant que vos amis ou votre famille que le monde sera plus compatissant et généreux. C’est sur. Vous pouvez penser aussi aux demandeurs d’asile et le fait que si quelqu’un n’a pas la même couleur de peau, il y a beaucoup de gens qui ont l’idée que les vies de ces autres gens ne méritent pas autant. D’attendrissement et d’empathie seront des bonnes choses. Oui je crois. Je crois qu’elle fut une femme qui s’abonner tous ces possessions matérielles et qui ait vécu une vie de nécessitarianisme extrême.

Je trouve qu’elle cherchait une sorte de sagesse ou une façon dont le monde pourrait être qui soit défini moins par l’ego et toutes les choses auxquelles on s’attache beaucoup aujourd’hui. Mais elle pratiquait aussi ce qu’elle prêchait par l’exemple. Elle a fait tout cela d’une position privilégiée donc il est une expérience très différente mais néanmoins il est insolite pour quelqu’un de dire “je me sens lié si profondément à la situation des chercheurs d’asile que j’irai aller à Nauru pour vivre avec eux”.

Ça, bien sûr, vient d’une position différente lorsque vous avez le choix et que vous veniez d’un endroit de privilège. Je comprends totalement mais en même temps vous ne pouvez pas écarter le fait qu’il y a des gens qui s’intéressent aux gens qu’ils ne connaissent pas et auxquels ils n’ont aucune raison de s’intéresser, que ça soit une bonne chose.

 

J’ai lu que près de la fin de sa vie, elle Simone Weil survenait sur ce qu’elle croyait soit des rations des soldats français.

C’est vrai. Elle l’a fait aussi à l’âge de 6 ans aussi. Je crois qu’elle avait 6 ans pendant la première guerre mondiale. Elle avait entendu que des soldats recevaient des rations de sucre ou quelque chose comme ça. Il faudra vérifier.

 

Oui j’avais lu quelque chose de semblable – je crois qu’elle avait 10 ans lorsqu’elle décidait de ne pas avoir le sucre Oui. Même à ce jeune âge, en tant qu’enfant, elle avait une telle conscience politique. Cette conscience politique vient-elle des parents de Simone Weil?

Je crois que ses parents furent des penseurs libérales et philosophiques et qu’ils encourageaient leurs enfants d’avoir la pensée libre. Elle grandissait juive mais elle ne s’identifiait pas comme juive. Plus tard, elle devenait chrétienne et a étudié des pratiques orientaux. Je crois qu’elle fût la type de femme – il me semble que c’était le genre de famille dont on était encouragé à penser et de ne pas arriver sur des idées avec une rigidité fixe – qu’elle était ouverte à questionner ses propres pensées. Elle faisait partie du mouvement communiste pendant une période et ensuite le parti des travailleurs et puis elle s’est tournée contre ça lorsqu’elle ait découvert des choses avec lesquelles elle n’était pas de tout d’accord. Et puis elle fut pacifiste et elle sentait qu’elle devait aller à la guerre civile espagnole. Et vous savez que sa vie est pleine des contradictions parce qu’elle fût une femme qui mettait en cause constamment ses valeurs et des valeurs du monde dont elle vivait.

 

Revenant maintenant au spectacle, on l’a décrit comme un opéra mais votre spectacle à des installations de vidéos donc est-ce que ça veut dire qu’il y a quelqu’un qui chante sur scène pendant qu’il y a une image derrière euxOu est-ce que ça soit trop simpliste?

Il a un arc narratif mais…qu‘est-ce que c’est un opéra? J’estime que l’opéra soit un drame avec de la musique. Il y a un œuvre vidéo et une performance live et les deux sont liés l’un à l’autre. L’interprète live ne fait que rester debout en chantant. Elle fait partie du spectacle autant que l’œuvre vidéo. Et les deux se parlent. Dans la conceptualisation les deux choses soient très connectées. Et une part de la raison qu’on regarde cet œuvre vidéo est que dans libretto, le narrateur le soit un personnage dérapant ce qui vous fait demander “est-ce que cette personne narre la vie de quelqu’un ou est-ce que c’est Simone elle-même?

certains moments, vous vous sentez comme elle narre la vie de Simone et d’autres fois vous vous sentez qu’il est Simone elle-même. Donc d’une manière, notre réponse était d’avoir deux éléments qui se parlent et qui permet la glissance d’identité du narrateur de continuer de metamorphoser et de changer. Si cela a du sens.
Si il a du sens. Est-ce que le spectacle sera réalisé en français d’origine?

Oui.

 

Donc avec des surtitres?

Oui avec des surtitres. On l’a décrit comme un oratorio mais la compositrice elle-même n’est pas d’accord avec ça. Ceci est la version de l’orchestre de chambre. La raison pour laquelle on a fait cette œuvre vidéo c’est parce que on parle de la musique et la musique est dans un état de transfert ou de flux sans cesse – elle ne s’assagisse jamais donc elle ne marche pas comme on s’attend quelque chose marchera dramatiquement. Il ne développe pas aux moments où on puisse dire qu’il s’agit du climax de l’œuvre, ou que cette partie-ici me dit qu’il est le drame. La musique est si éphémère qu’elle glisse entre vos doigts avant que vous ayez identifié ce que c’est.

D’une manière, en termes de mise en scène, il pourrait être très délicat parce que vous créez une image mais il a disparu dans la musique avant même qu’il soit résolu ou déterminé. Donc la raison principale pour laquelle on fait cet œuvre vidéo – la styliste et moi, nous avons parlé de comment en faire quelque chose de quelque chose qui est constamment en flux comme la musique. C’est un peu comme vous avez besoin de quelque chose d’être constamment en état d’évolution. Donc c’était ainsi qu’on a discuté l’œuvre vidéo. Mais l’œuvre vidéo est très lié à l’arc narratif de la vie de Simone mais ce n’est pas de façon littérale, dont le libretto décrit les stations de sa vie. Il n’aspire pas à émuler ou de les décrire encore une fois. Ça arrive déjà dans le texte donc on n’avait pas besoin de le refaire dans la mise en scène.

 

Est-ce que la vidéo dans La Passion de Simone contient des images de Simone?

La vidéo est un œuvre de la chanteuse donc la chanteuse est dans la vidéo mais aussi dans la performance en live donc il y a 2 images de Jane. L’image vidéo et l’image en live. Non, encore parce que le libretto parle de la vie de Simone, et je trouve que ce qui est le plus intéressant chez cette femme c’est que sa vie est pleine de contradictions donc il me semble qu’on aura tort de capturer sa vie de manière si concise. Je crois qu’elle cherchait un éveil spirituel et profond – comment le manifester sur scène?!

Une tâche stimulante!

Lorsque j’écoute la musique, et la musique est si extraordinaire, et quand je pense à la vie de cette femme qu’il s’agit d’une vie dédiée à la souffrance ou vous pouvez l’appeler même de l’empathie parce que d’une façon elle se mettait dans la place des autres pour mieux comprendre leurs expériences. Elle portait des souliers d’ouvriers de l’usine, elle portait des bottes pour aller à la guerre. Donc cette sorte d’acte profonde d’empathie – de se mettre dans les endroits de souffrance pour mieux comprendre l’expérience des autres gens – cela forme la base de notre conceptualisation de l’œuvre et il est aussi un peu – la musique est une médiation sur une vie. Et il ne s’agit pas d’une vie facile à capturer de manière succincte. Je trouve qu’il est plus complexe et encore la musique travail tellement que notre boulot en tant que créateurs de théâtre, est de trouver une idée qui résonne et de la permettre de continuer à se développer à travers le spectacle – je parle en ronds! Il est difficile à expliquer! Je crois qu’il faudra aller le voir. Oui vous devrez aller le voir!

Ce qui mène à la question – pourquoi, vu qu’il y a tellement de spectacles au Sydney Festival, pourquoi les gens doivent-ils venir La Passion de Simone?

Je crois qu’il serait pour quelques personnes mais pas pour d’autres. Cet œuvre n’est pas de divertissement. Je ne pense pas qu’il est du divertissement et il n’a pas l’intention de l’être, ce qui est étrange parce que je suis dans le métier de divertissement. Mais le designer et moi, nous avons vraiment fait contrairement. Il semble qu’il vous demande d’aller à un endroit – une sorte de méditation d’une façon – il est comme une médiation sur la vie de quelqu’un à travers la musique et la création des images. Je suppose que de la même façon que l’art endurance puisse être stimulante, il n’est pas le même qu’une comédie musicale.

Il dépend de quelle sorte d’art vous intéressez à voir. Je crois que la musique est extraordinaire et de pouvoir entrer dans une espace avec des autres gens et de s’asseoir dans une sorte d’endroit sacré – il à l’air très prétentieux mais je crois (elle rit) qu’il est un peu de quoi il s’agit. Peut-être ça n’a pas de sens. J’ai fait des comédies musicales avant mais ceci n’est pas comme ça. Et il n’est pas un opéra typique non plus. Il n’est pas un opéra typique parce qu’il n’est pas un drame dans la forme narrative la plus stricte.

Avez-vous déjà fait la mise en scène des autres opéras?

 

J’ai fait trois opéras pour cette compagnie. Un de Phillip Glass, un opéra de Benjamin Britain et un nouvel opéra par Elliott Gyger basé sur un roman par David Malouf. Je crois que c’était le dernier opéra que j’ai fait. De quelques façons ceci est plus comme le travail qu’Elizabeth et moi – Elizabeth est un designer – que nous avons fait avec Elliott Gyger et Jack qui fût le conducteur, qui était Fly Away Peter. Dans celui-là, on parlait d’une geste visuelle qui pourrait tenir une multitude de narratifs pendant une période prolongée et de comment cette grande geste visuelle pourrait incarner une grande nombre de sens. Il y avait une narrative dans Fly Away Peter mais semblablement, elle était quelque chose d’assez fluide. Donc cet œuvre est d’une manière très semblable de la façon qu’on regarde une seule matérielle, une seule grande geste visuelle dont le sens pourrait continuer à changer avec la musique.

Y a-t-il d’autres choses que vous aimeriez me dire au sujet de La Passion de Simone?

J’estime que la différence dans cet œuvre est que les lignes entre metteur en scène et les autres travaux sont floues donc il a fini par être une sorte de travail collaboratif dont l’installation, le design vidéo et la performance en live venait ensemble tout avec la musique bien sûr. Il s’agit d’un spectacle difficile d’en parler. Il est difficile de parler d’elle. Elle est si complexe – il m’a pris des mois à lire toute sa philosophie.

La Passion de Simone sera au Sydney Festival du 9 au 11 janvier. Des billets coûtent entre $45 et $60 plus les frais de réservation. Des billets sont disponibles par ici

Connaissez-vous déjà Simone Weil? Quels spectacles allez-vous voir au Sydney Festival?

Related Posts

Matilda Marseillaise

En savoir plus sur Matilda Marseillaise

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading