Avant leur arrivé en Australie, j’ai parlé avec Kiya Tabassian, le fondateur et directeur de l’ensemble Constantinople. Ils feront des concerts à WOMADelaide ce weekend. Lire plus sur la programmation du festival ici et achetez des billets ici.
J’ai lu sur votre bio c’est écrit que Constantinople a été imaginé comme un espace de rencontres et de métissage. J’aimerais savoir comment faire le métissage avec un ensemble musical.
Moi, j’ai une formation musicale d’abord dans la musique persan, la musique d’Iran, et quand j’ai immigre au Canada a l’âge de 14 ans j’ai commencé d’étudier la musique plus western, la musique européen, plus occidentale et j’ai étudié la composition et aussi la musique ancienne – la musique renaissance moyen âge, renaissance baroque. Donc tout ça m’a beaucoup ouvert l’esprit et les oreilles et je suis depuis un jeune âge, depuis que je suis enfant et que je fais la musique, j’aimais créer la musique donc j’ai voulu créer, continuer à créer, composer la musique mais pas dans un seul esthétique – J’ai voulu- j’aime beaucoup explorer – je suis comme un explorateur de la musique donc J’ai voulu m’inspirer de différentes musiques, de différentes traditions et de différents idéologies musicales. C’est pour ça que j’ai voulu créer cet ensemble qui explore justement des différentes musiques mais pas de façon superficiel mais de façon approfondi pour explorer pour après créer les choses originales, et la musique originale.
Et comment vous pensez faire le métissage avec la musique?
D’habitude les projets – un continent pour moi c’est un lieu physique et métaphysique ou les musiciens se rencontrent justement pour échanger et pour créer ensemble. Après chaque projet suie de différents étapes – d’abord il y a une étape d’intérêt – par exemple, je m’intérêt à une telle musique – après je fais des recherches donc je fais mes devoirs de recherche – je vais écouter et approfondir et essayer de comprendre cette musique. Et une fois que je rencontre les musiciens qui viennent de cette musique, j’ai une bonne idée de langage qu’ils parlent. Avec cette connaissance, avec cette recherche, je me mets à créer avec ces musiciens. Donc dialoguer, et essayer d’approfondir nos dialogues et nos échanges. Ensuite de ça, il y a la phase de création là où on oublie qui est qui et on essaye de créer comme un peintre qui est devant un tableau blanc et qui crée. La musique c’est pareil – on oublie ce qu’on est, et on crée. Et toutes nos mémoires de toute façon se reflètent dans ce que nous créerons. Au moment de créer, il faut oublier ce qui nous sommes. Il faut se laisser aller, laisser la musique parler.
Donc vous avez fait des collaborations avec des artistes du pays différents de styles de musique différents. Par exemple, vous venez en Australie avec Ablaye Cissoko.
Ablaye Cissoko c’est un musicien que j’ai rencontré il y a à peu près 6 ans. Nous avons remonté ce projet ce qu’on appelle Les Jardins Migrateurs et c’est le projet que nous allons effectivement amener en Australie.
Comment vous vous êtes rencontré avec Ablaye Cissoko?
Moi j’ai d’abord – ce projet a commencé avec une idée musicale. Moi, j’ai entendu le son de mon instrument qui est le sétar, l’instrument qu’il joue. Moi j’entendais le son de musique qui est une musique qui est le résulte de la rencontre entre le sétar et la kora. Donc j’ai voulu créer ce projet pour justement réaliser ce désire, ce rêve musicale et j’avais entendu un enregistrement d’Ablaye et je l’ai contacté et je lui ai fait part de mon projet et il m’a dit qu’il était très ravi parce que lui c’est un grand musicien griot – c’est des messagers comme les musiciens bardes de l’Afrique de l’ouest. Moi je l’ai contacté et je lui ai dit « J’ai ce projet et j’aimerais vous inviter à jouer avec moi. Je joue le setar. » Et lui m’a dit « c’est fantastique parce que ça fait des années que je rêvais aussi de jouer avec un musicien qui joue le setar et qui vient de l’Iran.» C’était un rencontre qui était désiré de deux côtes mais sans le savoir. Donc il était Montréal, je lui ai invité pour résidence artistique pour qu’on essaye de justement créer ensemble. Avant qu’il arrive, j’ai écouté beaucoup de musique de Kora, beaucoup de différents styles, de différents répertoires, plus anciennes, plus moderne pour comprendre, avant qu’il arrive ce que c’était la musique de l’Afrique de l’ouest. Quand il est arrivé, ça restait un rencontre très naturel, musicalement, humainement, quelque chose de – une très belle rencontre et ça dure depuis 5 ans et nous avons sillonné le monde. Je pense que l’Australie, c’est un des dernières continents. Nous ne sommes pas encore venus en Océanie. Nous sommes très contents de venir jouer le concert.
Vous jouez seulement à WOMADelaide ou vous allez faire une tournée dans d’autres villes aussi?
En Australie, c’est seulement WOMADelaide et après on s’en va à Nouvelle Zélande.
Vous avez dit que vous jouez le sétar.
C’est un instrument persan, iranien.
Vous avez rencontre Ablaye Cissoko, il est venu à Montréal, vous avez eu le bon rapport, les mêmes idées –
Pas toujours les mêmes. C’est ça qui est intéressant en fait. Dans ce genre de rencontres, ce que j’aime dans ces rencontres c’est que chacun garde son identité. Chacun reste en racinée dans sa culture mais moi je fais toujours une allégorie entre, c’est d’où vient le nom Jardins Migrateurs aussi parce qu’un jardin pour moi c’est là où on fait pousser un arbre ou une plante – il y a toujours les racines qui sont dans la terre – mais ces racines-là, si on les enlève, l’arbre mort donc c’est très important de garder des racines. Mais quand l’arbre ou plante pousse et sort de la terre, il va grandir – il va aller vers l’eau ou il va aller vers la lumière en tout en gardant sa racine. Pour moi, la musique c’est pareil, quand dans un jardin il y a des différentes plantes et chaque plante garde sa racine mais en haut il y a plein choses qui se passent – des plantes peuvent pousser dans des différentes directions, ils peuvent pousser ensemble et suit souvent la même lumière. C’est une allégorie entre notre musique et un jardin. Et jardin migrateur parce que nous sommes à la fois, tous les musiciens de Constantinople et Ablaye, et je pense que beaucoup, beaucoup de musiciens, nous sommes migrateurs dans l’âme. Nous parcourons le monde pour aller jouer la musique, notre musique on est sensible à la musique des autres, aux paroles des autres, aux sensibilités des autres. On migre à chaque fois vers l’un et l’autre. C’est pour ça qu’on l’appelle les jardins migrateurs.
C’est beau. Vous êtes poète en fait?
Nous sommes tous un peu poète, oui. Il faut pour la musique c’est la poésie. La musique nous permet d’exprimer un peu, et de ressentir et d’être sensible à la beauté de choses et de partager ça avec le public, donc c’est un peu notre mission comme tous les artistes.
Et votre concert à WOMAD sera comment?
Le concert c’est vraiment, à chaque fois qu’on joue ce concert, c’est un grand voyage et un moment de paix, de partage avec la publique parce que c’est un concert qui est très, très sensible et c’est comme un monument ancien avec beaucoup d’ornement qui est resté dans un parfait état. Donc les gens peuvent l’observer, se promener dans ce monument tout en regardant les détails mais tout en se laissant aller avec la musique. La musique qui s’écouté très bien, et qui s’écouté très facilement mais qui amène l’écouteur dans la profondeur de choses. C’est ce qu’on aimerait faire dans ce cas.
Vous avez dit que c’est la première fois que Constantinople avec Ablaye Cissoko vient en Australie mais c’est la première fois pour Constantinople.
Oui, c’est la première fois pour tout le monde en fait, Constantinople, Ablaye aussi. C’est un rêve qui se réalise depuis très longtemps. Notre musique a toujours été bien distribuée, nos disques, nous avons eu plusieurs médias australiens qui ont écrit sur notre musique, les émissions de radio, de ABC tout ça mais nous n’avons pas pu venir encore. C’est la première occasion et j’espère que ça va être la première fois d’une longue série de visites chez vous.
Vous avez dit que vous êtes explorateur de la musique – est-ce que vous avez pensé faire l’exploration de la musique indigène, aborigène australien?
Oui, aborigène. Je suis complètement, très, très intéressé a cette musique et j’espère avoir un peu de temps libre pour explorer, peut-être d’aller entendre ou aller dans les archives pour faire des recherches et écouter les choses. Pour moi, c’est une très riche tradition musicale que vous avez la et ça serait fantastique de connaître d’avantage cette tradition musicale.
Vous êtes toujours inspiré par la musique ancienne, occidentale, de l’Iran. Comment vous restez inspiré?
Pour rester inspire, c’est l’émerveillement qui doit toujours être là. Je m’émerveille beaucoup devant les choses, devant la vie, la nature, et surtout devant la musique et c’est pour ça en fait que Constantinople, nous avons une saison régulière ici à Montréal – une saison de 4 concerts régulière par année. C’est une saison d’au moins 3 créations par année. Donc nous sommes en constante recherche, exploration et création en toute l’année. On ne s’arrête jamais sauf qu’on on tourne. Création finie par en tournée. Mais pendant que nous sommes en tournée, nous sommes en train de penser à notre prochain création, en train de faire nos recherches, en train de rencontrer les prochains musiciens et en train de composer et la-voilà, c’est l’inspiration est toujours là parce qu’il y a tellement de belle choses dans la vie, tellement de belle musique à écouter, comprendre et à créer en même temps.
Vous avez donc déjà les prochains projets sur lesquels vous travaillez en ce moment?
Oui, il y a de plusieurs projets en fait. Nous avons une nouvelle création dans un mois juste avant notre voyage en Australie avec des musiciens qui vient d’Inde de Sud – donc avec Shashank Subramanyam, qui est le maître de la flûte indienne, qui vient de l’inde de sud avec un genre de mridangam, un instrument de percussion indienne, donc c’est une création que je fais avec ces musiciens et les musiciens de Constantinople. Donc pour ça je suis en train de finaliser des compositions et échanger avec les musiciens.
Donc vous êtes toujours, toujours, vraiment en train de créer. C’est la création infinie. Jamais de repos!
Oui, c’est ça. Je prends quand même un peu de repos parce que j’ai une famille aussi et j’ai 3 enfants et j’essaye de préserver un peu de mon temps quand je ne suis pas en voyage pour passer du temps avec ma famille.
Vous pouvez voir Constantinople et Ablaye Cissoko à WOMADelaide samedi 10 mars a 18h45 et lundi 12 mars a 14h. Billets ici.