INTERVIEW avec VIOLONS BARBARES avant leurs concerts à WOMADelaide ce weekend

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Cette semaine, j’ai parlé avec Dimitar Gugov du groupe Violons Barbares en France avant leur voyage en Australie pour des concerts à WOMADelaide. Vous pouvez les voir ce soir. Billets ici.

 Violons Barbares

 

Comment est-ce que les membres du groupe, vous vous êtes rencontrés?

Vous savez que c’est la question qu’on me pose à chaque fois! Je pense que ça doit interroger beaucoup de personnes parce qu’on me pose au moins cinq fois après chaque concert. On l’a raconté beaucoup de fois. On a raconté des histoires assez fantastiques. Est-ce que vous voulez l’histoire réelle ou une autre?

 

Comme vous vous sentez…

Non, je vais vous dire comment ça s’est passé. Moi, je vivais déjà à Strasbourg en France. J’étais avec le percussionniste Fabian Guyot déjà dans un autre groupe qui s’appelait Le Grand Ensemble de La Méditerranée. Et un jour j’ai été invité en Allemagne pour un projet qui s’appelait La Route de la Soie (« Silk Road »). Donc dans ce projet musical, il y avait une douzaine de musiciens: il y avait un chinois, un mongole, un indien, un turq, un bulgare, un allemand. Bref, dans la route de soie qui part de Chine en Europe, il y avait 12 pays en gros qui étaient représentés en musique. Donc moi, je représentais la Bulgarie. Un autre musicien Enkhargal Dandarvaanchig de Mongolie, il représentait la Mongolie. On s’est rencontrés ainsi. C’était sur scène que moi, j’ai vu ce qu’il faisait parce que je ne le connaissais pas avant. Et ça c’était en 2006.

 

Et un jour quand on était dans le backstage et j’ai entendu le Morin Khoor, son instrument et je me suis dit « tiens, ça sent comme mon instrument mais beaucoup plus grave ». Je me dis ces deux instruments sentirent très bien ensemble. Et je me suis dit que ça serait bien si on fasse un groupe mais je ne savais pas encore quoi. J’ai parlé au percussionniste, donc à Fabien Guyot, je lui ai dit « j’ai bien envie de faire un groupe avec ce musicien mongol. Est-ce que tu veux participer. Ecoutes sa musique.» Lui, il a dit «Oui, c’est très bien. Ça sera bien de faire du rock.» Je me suis dit «bah, oui. Allez, on va faire du rock.» Donc ça passait comme ça. Personne n’avait fait ça avant mais tout le monde avait très envie.

 

 

Dandar vit en France aussi?

Lui, il vit en Allemagne. Moi, je vis à Strasbourg, qui est à la frontière et lui habite à Karlsruhe qui est à une heure de route donc ce n’est vraiment pas loin.

 

Donc à part de faire du rock, comment décrivez-vous le son de votre musique?

Le son c’est un son qui est acoustique d’abord. Il n’y a rien qui est électrifié. Il y a deux instruments traditionnels. Des violons sont des sortes de violons. Ce ne sont pas des violons. C’est une sorte de violon de Bulgarie avec trois cordes mélodiques et 11 cordes sympathiques qui sont des cordes de résonnance. Ensuite il y a le Morin Khoor mongole avec deux cordes qui sont hérités du violoncelle. Il y a des voix. La voie principale du chanteur mongole. Il a une voie très impressionnante.

 

Il chante en Mongole?

Il chante en mongole. Il chante en bulgare. Il avait des chansons Kazakhs dans notre premier album.

 

Juste pour changer!

En fait, ce n’était pas une envie particulière d’explorer la musique de Kazakhstan mais des fois c’était un chant traditionnel qui nous plaisait beaucoup et on a décidé de le chanter sans chercher plus loin. Il y avait aussi une chanson géorgienne dans notre premier album.

 

A quoi attendre le public de vos concerts à WOMADelaide?

Nous allons présenter notre tout nouveau album qui n’est pas encore sorti « Wolf’s Cry », le troisième. Il va sortir fin avril, le 27 avril. Donc c’est un nouvel album avec un son différent qui reste encore acoustique mais ça change. C’est une évolution. On joue du moins au moins des morceaux traditionnels et on joue de plus en plus des compositions. On va présenter ça. On est très content. C’est la première fois qu’on va partir aussi loin de la France.

 

Donc c’est votre première fois en Australie?

Oui, c’est notre première fois en Australie. On a déjà été au Canada, au Brésil, en Russie, en Malaisie. Mais voilà c’est le concert le plus lointain de tous qu’on a déjà fait.

 

 

Si vous chantez en mongole et en bulgare, dans quelle langue travaillez-vous ensemble?

Notre langue commune c’est la langue allemande. Donc notre chanteur mongol habite en Allemagne et il ne parle pas le français. Il parle bien l’allemand, il parle un petit peu l’anglais. La langue commune c’est assez drôle parce que normalement on parle beaucoup en allemand, un petit peu en anglais et du temps en temps, moi et lui quand on ne peut pas se comprendre, on se parle en russe. Il y a trois langues communes.

 

Trois langues communes mais pas une d’elles sont la langue dans laquelle vous faites votre musique en fait! C’est vraiment multiculturel votre groupe.

C’est ça. Oui, c’est ça qu’on voulait faire du départ.

 

Est-ce que vous allez faire d’autres concerts en Australie ou seulement à WOMADelaide?

On va commencer par Adélaïde. Ensuite on ira à Port Fairy c’est un deuxième festival. Et le dernier endroit sera en Nouvelle Zélande et ça serait WOMAD là-bas. On va participer dans 3 festivals.

 

On joue à la fin de cette semaine (vendredi, samedi et dimanche) et puis, après, on part en Nouvelle Zélande. Je pense qu’on fait 6 concerts.

 

Vu que je parle ni mongole, ni bulgare, ni le Kazak, de quoi parlent-elles vos chansons?

Ahhhh… Les chansons sont souvent, très souvent, des chansons d’amour.

 

Vous êtes donc tous des romantiques?

Je ne sais pas si on est romantique. Ce sont des chansons d’amour et il y a aussi une chanson à boire, une chanson à danser. Dans l’ancien répertoire, ce n’était pas exprès, un jour on s’est rendu compte que presque la totalité des chansons qu’on chantait c’était des chansons d’amour. La présentation des chansons qui revient, qui revient, qui revient et le public au bout de troisième morceau, ils commencent à rire. Ils se rendent comptent que c’est une chanson d’amour avec une énergie très rock. Donc parfois le public demande si on raconte n’importe quoi sur scène mais c’est vrai que ce sont des chansons d’amour avec une énergie musicale qui est un peu différente, un peu surprenante. Nous ne jouons pas souvent les chansons romantiques. Les chansons sont très différentes mais la thématique dans le texte revient très souvent.

 

Et sur le prochain album, les chansons-là s’agissent-elles des chansons d’amour aussi?

Non, pas uniquement. On a voulu quand même changer un petit peu. Il ne faut pas faire tout le temps la même chose. Il y a une chanson à boire qui parle d’un alcool balkanique qui est l’alcool de poire. C’est une chanson à boire et une chanson à danser aussi. Il y a une chanson de printemps et cette chanson c’est une chanson punk. Il y a une chanson qui parle de notre héritage sur la terre. Qu’est-ce qu’on laissera aux prochaines générations? C’est une question du monde assez douloureuse parce qu’on se demande s’il sera quelque chose de bien pour nos petits, petits enfants. C’est la chanson « Wolf’s Cry ». ll y a la chanson « Balkan Triste » qui est une chanson à danser. C’est une chanson d’amour aussi. Il y a aussi une chanson pour des enfants qui s’endorment donc c’est une berceuse aussi. C’est notre chanson traditionnelle de Mongolie. On est très dans la douceur et c’est la première fois pour balancer un peu, pour équilibrer l’énergie. Même nous on a besoin de ça!

 

Est-ce que les membres du groupe ont tous le même âge?

Moi et Fabien, 6 mois de près on a le même âge. Notre chanteur mongol, il est plus âgé – 8 ans je crois donc c’est comme notre grand-frère. On se rend compte que parfois il est beaucoup plus jeune que nous.

 

D’autres choses que vous aimeriez nous dire?

Pour nous ça sera un nouveau public à découvrir. A chaque fois qu’on va dans un nouveau pays, on se pose la question « comment les gens vont réagir sur ce genre de musique » parce qu’on fait la musique qui nous plaît et on ne pose pas plus de question. On n’a pas de manager qui fait des études de marché de musique qui nous dit il faut jouer plutôt ce style ou plutôt cela. C’est un album qui est fait par nous les musiciens, les photos aussi. C’est-à-dire que depuis le début notre musique, on le contrôle du début à la fin. De la composition jusqu’au CD fini avec les photos. Il n’y a que nous qui melons dans ça.

 

Donc c’est là aussi que d’aller dans un pays si lointain on se demande mais «qu’est-ce-que les gens écoutent dans ce pays-là? Est-ce qu’ils achètent des disques aussi? Comment est-ce qu’ils écoutent la musique – est-ce que sur leur iPod, sur leur ordinateur, sur la radio? Est-ce qu’ils cherchent la musique par eux-mêmes?» Ça serait intéressant de voir comment notre musique est vue de loin.

 

Aussi le fait d’aller si loin, on va rencontrer les gens différents. Ils sont peut-être comme en Europe. Je me suis toujours posé la question «comment ils étaient les gens en Australie, un pays qui est encore sous la Couronne de Reine d’Angleterre»; de voir si la Reine se trouvent encore sur les billets. Donc moi je suis très curieux de voir le paysage de l’Australie. Je sais juste qu’on va faire une sortie pour voir des kangourous.

 

Vous pouvez voir Violons Barbares lors de leur tournée australienne et neo-zélandaise dans les endroits au-dessous:

 

9 et 10 mars –WOMADelaide, Botanic Park, Adelaide (voir plus sur la programmation ici)

11-12 mars – Port Fairy Folk Festival

16-18 mars- WOMAD NZ

 

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