Sur l’Adamant est un documentaire émouvant sur un centre de jour parisien qui se distingue des autres

Sur l'Adamant
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Dans Sur l’Adamant, nous montons à bord d’un centre de jour unique en son genre, destiné aux personnes souffrant de problèmes psychiatriques. L’Adamant, le nom du centre, est un gigantesque bâtiment en bois de 650 mètres carrés flottant sur la Seine à Paris.

Sur l'Adamant

Le documentaire de Nicolas Philibert nous offre un aperçu honnête des activités du centre et des problèmes rencontrés par ses clients. C’est un lieu ouvert et inclusif où les patients peuvent se rendre à leur guise pour une activité ou simplement pour prendre un café et se sentir accueillis et immergés dans l’atmosphère du lieu.

 

Le film s’ouvre sur un homme au visage marqué par une vie difficile qui chante passionnément « La bombe humaine« , du groupe français Téléphone, sous le regard des autres personnes présentes dans la pièce. Les paroles sont également traduites dans les sous-titres, afin que les spectateurs non francophones puissent les comprendre. Elles décrivent utilement l’angoisse dont il souffre en raison de sa santé mentale :

La bombe humaine, tu la tiens dans ta main

Tu as l’détonateur juste à côté du cœur

La bombe humaine, c’est toi, elle t’appartient

Si tu laisses quelqu’un prendre en main ton destin

C’est la fin

On the Adamant (c) Les films de Losange
Sur l’Adamant (c) Les films de Losange

 

Au lieu des rendez-vous chez le psychiatre et de parler de ses soucis, ce centre propose aux patients une autre façon d’aborder leurs problèmes. Nous commençons chaque journée sur l’Adamant en ouvrant les volets en bois des grandes fenêtres qui donnent sur la Seine. Peu à peu, les gens arrivent pour les activités de la journée.

 

Nous voyons un espace où les patients peuvent faire de l’art, jouer de la musique ou même apprendre à coudre. Chacun est encouragé à participer, sans y être contraint. Nous constatons que le traitement alternatif des troubles psychiatriques est empreint de considération et de bienveillance. C’est ce qui fait de « Sur l’Adamant » un documentaire très humain et touchant.

 

Le centre de jour gère également un café qui vend des sandwiches et des cafés. Les patients peuvent se porter volontaires pour y travailler. Une scène amusante se répète plusieurs fois tout au long de Sur l’Adamant : le comptage de l’argent et la tentative d’équilibrer les comptes. Elle m’a fait penser à un groupe d’amis essayant de diviser l’addition à la fin d’un grand dîner au restaurant et découvrant qu’aucun d’entre eux n’arrive à la même somme.

 

Sur l'Adamant (c) Les films de Losange
Sur l’Adamant (c) Les films de Losange

Sur l’Adamant montre que les patients qui le fréquentent ont des problèmes tout à fait uniques et que tous les patients psychiatriques ne sont pas identiques. De même, il ne suffit pas de regarder quelqu’un pour savoir qu’il s’agit d’un patient psychiatrique. Certains portent leurs difficultés de manière plus évidente que d’autres. Comme tous les problèmes ne sont pas identiques, leurs traitements ne devraient pas l’être non plus.

 

Nicholas Philibert ne cherche pas à savoir pourquoi les patients sont là, ni ce qui leur est arrivé pour qu’ils soient soignés en psychiatrie. Nous nous contentons de participer aux activités du centre et d’apprendre à connaître les patients autant qu’ils veulent bien le dire. Une dame s’adresse à Philibert et à son assistante pour leur poser des questions sur le matériel qu’ils utilisent pour la filmer. Elle parle de sa solitude et lui dit qu’elle n’a pas le droit d’avoir des copains ou copines. Les personnes montrées dans Sur l’Adamant s’adressent directement au cinéaste, comme l’homme du début du film qui dit à Philibert  « vous avez de vraies stars ici, plus qu’au cinéma » .

Sur l'Adamant (c) Les films de Losange
Sur l’Adamant (c) Les films de Losange

Nous sommes d’accord avec la façon dont Le Parisien a décrit le film :

« La grande beauté de « Sur l’Adamant » est ne pas remonter le fil, ne pas chercher l’endroit où il s’est brisé, ne pas décortiquer ses personnages, mais les laisser se déplier, livrer une série de portraits fragiles et magnifiques. »

 

Le film ne semble pas suivre une structure préétablie. Il n’y a pas de début ni de fin. Il s’agit plutôt d’une visite à travers différentes périodes de temps, nous offrant des aperçus de ce qui se passe au centre et pour les participants réguliers de l’Adamant. Cela dit, j’avais pensé qu’il y aurait une sorte de conclusion. Par exemple, le mini-festival célébrant le 10ème anniversaire du ciné-club, intitulé Travelling, était mentionné au début et se déroulait vers la fin. Cela aurait pu être une façon de conclure le film, mais cela n’a pas été utilisé de cette façon. Le réalisateur n’a peut-être pas voulu nous donner une fin parce que les patients ne sont pas guéris et qu’il ne se passe rien de dramatique. Il s’agit plutôt d’un aperçu de certains moments de la vie du centre et des patients.

 

Le rythme était un peu lent à mon goût. Mais je pense que c’était intentionnel pour forcer le public à passer une période de temps inconfortable fixé sur une personne ou un moment. Malgré sa lenteur, Sur l’Adamant est un film poignant qui montre la beauté de cette approche atypique du traitement psychiatrique et la vie des personnes qui en bénéficient.

4 CROISSANTS

Matilda Marseillaise était l’invitée de l’Adelaide Film Festival

P.S. Si le titre du film vous semble familier, c’est peut-être parce qu’il a également été sélectionné cette année au Festival du film de Sydney et au Festival international du film de Melbourne. Sur lAdamant a remporté l’Ours d’or à la Berlinale de cette année.

 

Pour les évènements ayant liens avec la France et la Francophonie en Australie, consultez notre Que faire en octobre

 

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