Baloji, rappeur belge-congolais joue à WOMADelaide ce weekend

Reading Time: 7 minutes

Baloji, artiste belge-congolais ne jouera que deux concerts en Australie – les deux seront à WOMADelaide ce weekend. Si vous pensez que le rap n’est que de la violence, Baloji changera tout cela. On lui a parlé avant son arrivée en Australie.

Image: Kristin Lee Moolman

Je voulais juste vous poser quelques questions parce que vous venez à Adelaide pour WOMADelaide et vous allez aussi à Nouvelle Zélande pour le même festival. Donc juste pour commencer, commençant par vous. Selon votre bio, vous êtes « artiste en motion, musicien, poète, metteur en scène du film, et un homme d’image et des idées ». De tout cela quel est votre premier amour?

Ce n’est pas moi qui ai écrit. C’est compliqué de faire un bio. Les mots.

 

Donc la poésie? Et ça commençait jeune?

Je ne sais pas. A 14 ans, pas très jeune, quoi. A l’âge de 14 ans, oui.

 

Et comment est-ce que vous ayez découvert la poésie ?

A travers le rap conte. En écoutant du rap conte. Oui et je m’intéressais aux mots, à la poésie, aux chanteurs comme Léo Ferré et j’ai continué d’évoluer dedans, voilà.

Peau de chagrin (clip avec les sous-titres en anglais)

 

Votre premier album c’était un peu politique. Vous parlez un peu du Congo (vous êtes né là-bas si j’avais bien compris) et du pillage des minéraux, du lingot et tout cela.

Oui c’est juste. C’est vraiment uniquement sur cette chanson.

 

Vous faites partie des messages politiques au Congo ou seulement à travers la musique?

Juste à travers la musique. C’est impossible de parler de politique. Ce n’est vraiment pas possible. C’est assez toléré à travers la musique mais pas plus. C’est complexe. On ne peut pas parler de politique de façon publique.

 

Image: Kristin Lee Moolman

 

Oui. C’est sûr. C’est très sensible comme sujet.

Oui c’est extrêmement sensible.

 

Vous avez parlé aussi dans votre musique, vous avez écrit une lettre à votre mère.

Oui.

 

Et vous avez parlé d’une lettre de votre mère qui vous avez repousse à reprendre la musique –

C’est que – le fait de retrouver ma mère, c’était de la répondre en musique. Ce n’est pas elle qui m’a poussé à faire de la musique.

 

Mais la lettre, est-ce qu’elle était une lettre de l’époque ou vous avez repris la musique ou c’était une lettre ancienne que vous ayez découvert.

C’est tout évident que c’est une lettre que j’ai reçu après.

 

Image: Kristin Lee Moolman

 

Je ne veux pas être indiscrète non-plus.

Je ne pourrais pas pu répondre maintenant. Ce n’est pas très logique.

 

Est-ce que la musique, par exemple la chanson dont vous avez répondu à votre mère, est-ce que ça guérisse les blessures.

Oh, je ne sais pas non. Je ne crois pas. Je crois qu’on peut en parler en musique quand on a pris une distance avec les choses. Donc ce n’est pas possible de faire de la musique si on n’a pas pris la distance nécessaire.

 

Ou peut-être la musique serait très différente si vous n’avez pas pris cette distance. Elle serait plus fâchée?

Gérer les choses pour le faire, oui.

 

Vous avez aussi dans votre premier album « Hotel Impala », vous couvre beaucoup de styles de musique. Il n’y a pas que du rap. Vous avez beaucoup de voix, les chorales et tout ça. Quelle est votre style préféré ? Il reste toujours dans le rap ?

Toujours dans le rap. Oui je crois. En fait, la musique est au service de l’histoire et le style dépend de ce que la chanson essaie de raconter en fait. Donc c’est comme ça que la musique est choisie. Elle est choisie par rapport au sujet au thème… plutôt qu’une envie de dire qu’on va créer une chanson de telle technique.

L’Hiver Indien (clip avec les sous-titres en anglais)

 

Donc il y a le thème et après vous choisissez la musique qui va bien avec.

Le thème implique une scène. Voila.

 

Est-ce que vous avez déjà été en Australie?

En Australie, non jamais.

 

Donc vous allez visiter un peu.

On va directement à Adelaide. On va passer un peu de temps. Je connais quelques personnes à Sydney et Melbourne mais je n’ai jamais été. Mais Adelaide je vais découvrir.

 

En espérant que vos amis vont pouvoir venir vous voir à Adelaide.

J’aimerais bien, oui. Je suis très curieux.

 

Déjà il fait chaud donc ça change de la Belgique.

C’est “le land of the breakfast ». La Nouvelle Zélande c’est connu comme le meilleur breakfast du monde. C’est ça qu’on dit.

 

Je ne savais pas! Vous allez découvrir.

Exactement.

 

Qu’est-ce que le public doit attendre de votre concert à WOMADelaide ?

Qu’est-ce qu’il doit attendre…On a un groupe – on est 5 musiciens sur scène.

Batterie, Guitare, clavier,… tous les musiciens chantent.

Je ne sais pas si on joue une heure ou 45 minutes. Je ne sais pas.

 

Je pense que normalement c’est une heure.

Bah voilà. Nos concerts normalement sont une heure, une heure 30, une heure 45, deux heures. Donc c’est intéressant de jouer plus court.

 

Et est-ce que vous avez l’habitude de faire les concerts dehors ou normalement dans les salles?

Normalement dans les salles. Mais dehors c’est bien aussi.

 

Ça serait très différent. C’est un parc très grand et très beau. C’est un bel endroit

Un bel endroit.

 

Je voulais aussi vous parler un peu de la musique rap surtout parce qu’il y a le stéréotype que la musique rap parle toujours des choses violentes. Vous avez montre que ce n’est pas le cas. Pourquoi, selon vous, y-a-t-il cette idée que le rap parle toujours de la violence?

Le problème c’est que le rap a été écrit dans les quartiers violents donc il n’est que les reflets de sa réalité en fait. La violence. Je ne pense pas que le rap est violent par étant. Elle a juste été créé dans un environnement qui est extrêmement violent, oui.

 

Donc ça représente leur vie quotidienne.

Exactement. Et aussi, malheureusement il y a des associations qui existent qui sont dramatiques mais qui sont réelles.

 

Et il faut parler des choses qui sont réelles aussi.

Oui ça fait partie de notre société, voilà. Extrêmement patriarcale, voilà c’est une réalité, quoi.

 

Et on ne peut pas éviter ça.

Non, on ne peut pas l’éviter.

 

Stream d’album entier 137 Avenue Kaniama

Et je voulais aussi vous parler un peu de votre musique et de votre album « 137 Avenue Kaniama ». Quelle est votre chanson préférée de cet album? La chanson qui est votre préférée de ce que vous avez créé.

Ma chanson préférée… C’est la chanson qui s’appelle  « La Dernière Pluie».

 

Et pourquoi celle-là?

Parce qu’elle est très vibre.

 

Très vivant?

Très vivant – pas autant que ça parce qu’il n’y a pas beaucoup de musique mais par contre elle est très, très vibrante.

 

C’est une chanson de liberté totale, la structure. Elle fait 9 minutes. C’était très amusant de faire en plus.

 

Est-ce qu’il y a des chansons que vous ne jouez jamais en live. Que vous avez choisi de ne jamais faire en live.

Le problème en live c’est que c’est toujours avec les musiciens les chansons « up tempo ».

 

Donc pas trop les chansons déprimantes ou réalistes ?

Beaucoup de « up tempo » oui. Party style.

 

Donc c’est un peu la fête?

Oui, la fête c’est un peu notre défaut. Ca a toujours été du « up tempo ».

 

Et vous étiez aussi dans le groupe Starflamm à l’époque. Est-ce que vous avez encore le contact avec les anciens membres?

Non, pas trop. Non, pas beaucoup. Pas trop, non. Non, parce qu’on n’a plus trop de temps.

 

Est-ce qu’eux aussi ils continuent de faire de la musique?

Certains, oui mais la majorité font d’autres choses, oui.

 

Et une question un peu débile d’un ami belge. Il m’a dit que la gare de Liège est magnifique. Qu’est-ce qui vous manquez le plus quand vous êtes en tournée : l’accent liégeois, les gaufres, ou la gare magnifique?

Ah les gaufres [il rit]… non, la gare est super. Je ne prends pas beaucoup de trains. Mais je pense que c’est un monument important. Je ne dirais pas l’accent mais la sympathie des liégeois. Les gens sont vraiment sympa. On dit que ce sont les italiens de Belgique. Et je crois vraiment c’est le cas.

La gare des Guillemins. Image de
16 Miles of String – https://www.flickr.com/photos/sixteen-miles/4305809704/

 

En fait vous êtes en tournée pendant combien de mois de l’année?

Beaucoup, je ne sais pas exactement combien mais beaucoup.

 

Et à l’étranger?

Oui, pas mal à l’étranger.

 

C’est difficile de chanter dans une langue qui n’est pas parlé par tout le monde. Par exemple de venir en Australie et chanter en français. Comment faire comprendre les chansons?

J’essaie de parler entre les chansons. Voilà, je crois que c’est pour ça que c’est très musicale aussi pour que ça soit autres choses que juste les paroles et oui, voilà. La traduction dans la musique qu’on écoute pendant les années, que les gens écoutent sans même comprendre, quoi.

 

C’est sûr. C’est ça en fait. Il y a beaucoup des musiciens qui viennent a WOMADelaide qui chantent dans leurs propres langues et on n’a pas besoins de traductions, juste d’écouter la musique.

Exactement.

 

Vous pouvez voir Baloji à WOMADelaide ce samedi 9 mars à 18h ainsi que lundi 11 mars à 16h. Vous pouvez acheter des billets pour WOMADelaide ici.

 

Vous pouvez aussi lire l’article au sujet des artistes français et francophones qui seront à WOMADelaide ici.

 

Aimez-vous le rap français?

Johnny en Rose: Songs of the Little Sparrow sera à l’Adelaide Fringe ce weekend

Reading Time: 4 minutes

Johnny en Rose: Songs of the Little Sparrow est un spectacle avec un thème français qui sera joue à l’Adelaide Fringe. On a parlé avec John Gabriel Koladziej, l’artiste qui l’a créé et qui joue dans Johnny en Rose.

 

Vous nous présentez votre spectacle Johnny en Rose: Songs of the Little Sparrow à l’Adelaide Fringe en février. Parlez-nous du spectacle.

Bien sûr. Johnny en Rose: Songs of the Little Sparrow est un spectacle de cabaret que j’ai joué à New York et à Los Angeles ces deux dernières années. C’est un spectacle solo, joue avec de l’accompagnement musical en live. Il comprend des chansons d’Edith Piaf et des histoires personnelles. C’est vraiment un spectacle initiatique. En gros, « Garçon rencontre Piaf!”

 

Comment l’idée de ce spectacle est-elle apparue?

J’avais toujours eu l’intention de faire un spectacle de cabaret solo, mais je ne l’avais jamais fait. Lorsque je faisais un nettoyage de printemps, j’ai trouvé une enveloppe replie de musique et de listes de chansons que j’ai faites à travers les années. Quand je me suis assis pour mieux comprendre ce qu’il y avait dedans, j’ai remarqué qu’il y avait beaucoup de musique d’Edith Piaf. Elle a fait une forte impression sur moi lorsque j’étais petitgarçon, ce qui est bizarre. Et puis j’ai pensé «Attendez une minute ! Il y a un spectacle là-dedans! »

 

Avez-vous toujours été inspiré ou intéressé par Edith Piaf?

Oui, depuis l’âge de 11 ou 12 ans. J’ai acquis une copie d’une de ses biographies (il s’agit de venir au spectacle pour savoir comment!), son monde, ses chansons, sa vie… Ils étaient complètement différents de ma vie de banlieue de Los Angeles. Cela m’apparaissait si sauvage que je fus intrigue immédiatement.

 

Comment l’idée de venir jouer à l’Adelaide Fringe vous est-elle venue?

J’ai été au festival il y a quelques années et je me suis dit qu’il fallait que je le fasse. Il y a tellement de spectacles divers et j’ai beaucoup aimé les gens d’Adelaide. Mon genre de personne – sympathique, sociable, et ils savent comment s’amuser!

 

 

En quoi votre spectacle est-il diffèrent des autres spectacles au sujet d’Edith Piaf?

En gros parce que le spectacle n’est pas une biographie d’Edith Piaf (bien qu’il existe des histoires et traditions d’Edith Piaf dans le spectacle). Il s’agit d’une soirée plus personnelle et j’ai remarqué que les gens se rallient au contenu, non seulement les chansons de Piaf, mais aussi aux expériences et histoires que je partage pendant le spectacle.

 

Est-ce que vous allez faire tourner Johnny en Rose: Songs of the Little Sparrow dans d’autres villes australiennes?

Adelaide est la seule étape cette année, mais on ne sait jamais ce qui peut arriver en 2020!

 

Vous avez travaillé avec le compositeur Dan Redfeld sur la comédie musicale Little Women – An American Musical. Comment cette collaboration est-elle née?

J’ai connu Dan depuis quand j’étais adolescent (on avait même workshoppé notre version musicale de ‘Little Women’ avec Deborah Gibson et Elaine Stritch) dans les journées qui precedaient 9/11. Plus récemment, on a écrit un cycle de chansons pour le soprano et l’orchestre qui s’appelle A Hopeful Place et l’album est déjà sorti. Sa musique est mélodieuse, obsédante et belle. Ca vaut le coup de l’écouter!

 

Qu’est-ce que les gens peuvent attendre de Johnny en Rose: Songs of the Little Sparrow?

Alors… C’ est cabaret, et donc une expérience assez intime. C’est un mélange des anecdotes personnelles et des histoires à propos de la vie de Piaf, avec de la musique française fantastique. Un peu de voyage dans le temps, et il y a une ambiance française, mais vous serez rentré avant le dîner!

 

Quelle est votre chanson préférée d’Edith Piaf et pourquoi?

C’est difficile! J’aime beaucoup « Mon Dieu » mais j’aime beaucoup aussi « Hymne à l’amour» (comme vous allez l’apprendre dans le spectacle). Elle est simple et les paroles sont écrites de Piaf à elle-même. La dernière parole est engravée sur sa tombe au Père Lachaise.

 

 

Y-a-t-il une chanson d’Edith Piaf que vous avez décidé de ne pas chanter dans le spectacle Johnny en Rose: Songs of the Little Sparrow et si oui, pourquoi?

En fait, oui. Je ne fais pas « Je Ne Regrette Rien » dans le spectacle, non parce que je n’aime pas la chanson (si je l’aime!) Mais elle ne correspond pas avec ma propre histoire – j’ai toujours senti que le regret est naturel et tout à fait humain. Je trouve qu’il est comparable à l’empathie. Je pense qu’on a tous fait des choses qui ont eu des répercussions non désirées pour nous même et pour les autres. C’est l’empathie et la gentillesse qui nous aide à avancer (et avec un peu de chance, a ne pas le refaire!).

 

Pourquoi trouvez-vous Edith Piaf si intéressante?

Sa vie – son éducation, sa carrière, son talent, sa vie amoureuse et ses luttes, et comment elle semblait survivre et tout embraser. Il y a quelque chose de très inspirant dans tout cela pour moi.

 

Vous avez étudié à la Stella Adler Conservatory à New York City et vous avez aussi un BFA in Drama ainsi qu’un MFA in Musical Theatre Writing, les deux derniers de New York University. D’où vient votre intérêt pour la musique et le théâtre musical?

J’avais un prof en primaire, lorsque j’avais 9 ou 10 ans, qui se sentait responsable d’enseigner a ses étudiants la musique, l’art, l’architecture, etc. ll ne faisait pas de tout partie du programme scolaire et il était excentrique. Je me souviens que dans la première semaine d’école, il nous donnait a tous le libretto de Jesus Christ Superstar et on l’a suivi avec l’album enregistré. La plupart des enfants le détestaient mais moi, je l’adorais!

 

D’autres choses à ajouter?

Seulement que j’ai hâte de voir les gens là-bas et j’espère les rencontrer après le spectacle. Ce sera un bon moment!

 

Il n’y a que 2 spectacles de Johnny en Rose: Songs of the Little Sparrow à l’Adelaide Fringe: vendredi 15 fevrier et samedi 16 fevrier a 19h40. Les billets coûtent $20 (il y a aussi les billets aux prix réduits pour les clients de Bank SA, les enfants et ceux qui ont une carte « concession »). Vous pouvez acheter vos billets ici.

 

Aimez-vous les chansons d’Edith Piaf?