Baloji, rappeur belge-congolais joue à WOMADelaide ce weekend

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Baloji, artiste belge-congolais ne jouera que deux concerts en Australie – les deux seront à WOMADelaide ce weekend. Si vous pensez que le rap n’est que de la violence, Baloji changera tout cela. On lui a parlé avant son arrivée en Australie.

Image: Kristin Lee Moolman

Je voulais juste vous poser quelques questions parce que vous venez à Adelaide pour WOMADelaide et vous allez aussi à Nouvelle Zélande pour le même festival. Donc juste pour commencer, commençant par vous. Selon votre bio, vous êtes « artiste en motion, musicien, poète, metteur en scène du film, et un homme d’image et des idées ». De tout cela quel est votre premier amour?

Ce n’est pas moi qui ai écrit. C’est compliqué de faire un bio. Les mots.

 

Donc la poésie? Et ça commençait jeune?

Je ne sais pas. A 14 ans, pas très jeune, quoi. A l’âge de 14 ans, oui.

 

Et comment est-ce que vous ayez découvert la poésie ?

A travers le rap conte. En écoutant du rap conte. Oui et je m’intéressais aux mots, à la poésie, aux chanteurs comme Léo Ferré et j’ai continué d’évoluer dedans, voilà.

Peau de chagrin (clip avec les sous-titres en anglais)

 

Votre premier album c’était un peu politique. Vous parlez un peu du Congo (vous êtes né là-bas si j’avais bien compris) et du pillage des minéraux, du lingot et tout cela.

Oui c’est juste. C’est vraiment uniquement sur cette chanson.

 

Vous faites partie des messages politiques au Congo ou seulement à travers la musique?

Juste à travers la musique. C’est impossible de parler de politique. Ce n’est vraiment pas possible. C’est assez toléré à travers la musique mais pas plus. C’est complexe. On ne peut pas parler de politique de façon publique.

 

Image: Kristin Lee Moolman

 

Oui. C’est sûr. C’est très sensible comme sujet.

Oui c’est extrêmement sensible.

 

Vous avez parlé aussi dans votre musique, vous avez écrit une lettre à votre mère.

Oui.

 

Et vous avez parlé d’une lettre de votre mère qui vous avez repousse à reprendre la musique –

C’est que – le fait de retrouver ma mère, c’était de la répondre en musique. Ce n’est pas elle qui m’a poussé à faire de la musique.

 

Mais la lettre, est-ce qu’elle était une lettre de l’époque ou vous avez repris la musique ou c’était une lettre ancienne que vous ayez découvert.

C’est tout évident que c’est une lettre que j’ai reçu après.

 

Image: Kristin Lee Moolman

 

Je ne veux pas être indiscrète non-plus.

Je ne pourrais pas pu répondre maintenant. Ce n’est pas très logique.

 

Est-ce que la musique, par exemple la chanson dont vous avez répondu à votre mère, est-ce que ça guérisse les blessures.

Oh, je ne sais pas non. Je ne crois pas. Je crois qu’on peut en parler en musique quand on a pris une distance avec les choses. Donc ce n’est pas possible de faire de la musique si on n’a pas pris la distance nécessaire.

 

Ou peut-être la musique serait très différente si vous n’avez pas pris cette distance. Elle serait plus fâchée?

Gérer les choses pour le faire, oui.

 

Vous avez aussi dans votre premier album « Hotel Impala », vous couvre beaucoup de styles de musique. Il n’y a pas que du rap. Vous avez beaucoup de voix, les chorales et tout ça. Quelle est votre style préféré ? Il reste toujours dans le rap ?

Toujours dans le rap. Oui je crois. En fait, la musique est au service de l’histoire et le style dépend de ce que la chanson essaie de raconter en fait. Donc c’est comme ça que la musique est choisie. Elle est choisie par rapport au sujet au thème… plutôt qu’une envie de dire qu’on va créer une chanson de telle technique.

L’Hiver Indien (clip avec les sous-titres en anglais)

 

Donc il y a le thème et après vous choisissez la musique qui va bien avec.

Le thème implique une scène. Voila.

 

Est-ce que vous avez déjà été en Australie?

En Australie, non jamais.

 

Donc vous allez visiter un peu.

On va directement à Adelaide. On va passer un peu de temps. Je connais quelques personnes à Sydney et Melbourne mais je n’ai jamais été. Mais Adelaide je vais découvrir.

 

En espérant que vos amis vont pouvoir venir vous voir à Adelaide.

J’aimerais bien, oui. Je suis très curieux.

 

Déjà il fait chaud donc ça change de la Belgique.

C’est “le land of the breakfast ». La Nouvelle Zélande c’est connu comme le meilleur breakfast du monde. C’est ça qu’on dit.

 

Je ne savais pas! Vous allez découvrir.

Exactement.

 

Qu’est-ce que le public doit attendre de votre concert à WOMADelaide ?

Qu’est-ce qu’il doit attendre…On a un groupe – on est 5 musiciens sur scène.

Batterie, Guitare, clavier,… tous les musiciens chantent.

Je ne sais pas si on joue une heure ou 45 minutes. Je ne sais pas.

 

Je pense que normalement c’est une heure.

Bah voilà. Nos concerts normalement sont une heure, une heure 30, une heure 45, deux heures. Donc c’est intéressant de jouer plus court.

 

Et est-ce que vous avez l’habitude de faire les concerts dehors ou normalement dans les salles?

Normalement dans les salles. Mais dehors c’est bien aussi.

 

Ça serait très différent. C’est un parc très grand et très beau. C’est un bel endroit

Un bel endroit.

 

Je voulais aussi vous parler un peu de la musique rap surtout parce qu’il y a le stéréotype que la musique rap parle toujours des choses violentes. Vous avez montre que ce n’est pas le cas. Pourquoi, selon vous, y-a-t-il cette idée que le rap parle toujours de la violence?

Le problème c’est que le rap a été écrit dans les quartiers violents donc il n’est que les reflets de sa réalité en fait. La violence. Je ne pense pas que le rap est violent par étant. Elle a juste été créé dans un environnement qui est extrêmement violent, oui.

 

Donc ça représente leur vie quotidienne.

Exactement. Et aussi, malheureusement il y a des associations qui existent qui sont dramatiques mais qui sont réelles.

 

Et il faut parler des choses qui sont réelles aussi.

Oui ça fait partie de notre société, voilà. Extrêmement patriarcale, voilà c’est une réalité, quoi.

 

Et on ne peut pas éviter ça.

Non, on ne peut pas l’éviter.

 

Stream d’album entier 137 Avenue Kaniama

Et je voulais aussi vous parler un peu de votre musique et de votre album « 137 Avenue Kaniama ». Quelle est votre chanson préférée de cet album? La chanson qui est votre préférée de ce que vous avez créé.

Ma chanson préférée… C’est la chanson qui s’appelle  « La Dernière Pluie».

 

Et pourquoi celle-là?

Parce qu’elle est très vibre.

 

Très vivant?

Très vivant – pas autant que ça parce qu’il n’y a pas beaucoup de musique mais par contre elle est très, très vibrante.

 

C’est une chanson de liberté totale, la structure. Elle fait 9 minutes. C’était très amusant de faire en plus.

 

Est-ce qu’il y a des chansons que vous ne jouez jamais en live. Que vous avez choisi de ne jamais faire en live.

Le problème en live c’est que c’est toujours avec les musiciens les chansons « up tempo ».

 

Donc pas trop les chansons déprimantes ou réalistes ?

Beaucoup de « up tempo » oui. Party style.

 

Donc c’est un peu la fête?

Oui, la fête c’est un peu notre défaut. Ca a toujours été du « up tempo ».

 

Et vous étiez aussi dans le groupe Starflamm à l’époque. Est-ce que vous avez encore le contact avec les anciens membres?

Non, pas trop. Non, pas beaucoup. Pas trop, non. Non, parce qu’on n’a plus trop de temps.

 

Est-ce qu’eux aussi ils continuent de faire de la musique?

Certains, oui mais la majorité font d’autres choses, oui.

 

Et une question un peu débile d’un ami belge. Il m’a dit que la gare de Liège est magnifique. Qu’est-ce qui vous manquez le plus quand vous êtes en tournée : l’accent liégeois, les gaufres, ou la gare magnifique?

Ah les gaufres [il rit]… non, la gare est super. Je ne prends pas beaucoup de trains. Mais je pense que c’est un monument important. Je ne dirais pas l’accent mais la sympathie des liégeois. Les gens sont vraiment sympa. On dit que ce sont les italiens de Belgique. Et je crois vraiment c’est le cas.

La gare des Guillemins. Image de
16 Miles of String – https://www.flickr.com/photos/sixteen-miles/4305809704/

 

En fait vous êtes en tournée pendant combien de mois de l’année?

Beaucoup, je ne sais pas exactement combien mais beaucoup.

 

Et à l’étranger?

Oui, pas mal à l’étranger.

 

C’est difficile de chanter dans une langue qui n’est pas parlé par tout le monde. Par exemple de venir en Australie et chanter en français. Comment faire comprendre les chansons?

J’essaie de parler entre les chansons. Voilà, je crois que c’est pour ça que c’est très musicale aussi pour que ça soit autres choses que juste les paroles et oui, voilà. La traduction dans la musique qu’on écoute pendant les années, que les gens écoutent sans même comprendre, quoi.

 

C’est sûr. C’est ça en fait. Il y a beaucoup des musiciens qui viennent a WOMADelaide qui chantent dans leurs propres langues et on n’a pas besoins de traductions, juste d’écouter la musique.

Exactement.

 

Vous pouvez voir Baloji à WOMADelaide ce samedi 9 mars à 18h ainsi que lundi 11 mars à 16h. Vous pouvez acheter des billets pour WOMADelaide ici.

 

Vous pouvez aussi lire l’article au sujet des artistes français et francophones qui seront à WOMADelaide ici.

 

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