Antoine Boyer est un guitariste français qui a fait sa formation dans le jazz manouche lors de son enfance. A l’âge de 20 ans, il a été nommé la Révélation Guitare Classique par le magazine francais Guitar Classique. Il vient en Australie pour un seul concert à l’Adelaide Guitar Festival, avec Yeore Kim sur l’harmonica et lui sur la guitare.
Antoine Boyer, vous venez en Australie pour un seul concert avec Yeore Kim. Elle est votre femme aussi ?
Oui. C’est ma femme aussi.
Donc elle joue l’harmonica et elle est votre femme Et vous venez ensemble à Adelaïde pour l’Adelaide Guitar Festival. Et vous ne faites que que ce concert en Australie? Et puis vous repartez.
Oui.
C’est une sacrée distance pour venir pour un seul concert. Donc on a de la chance !
On reste pour la durée du festival. On reste une semaine.
Qu’est-ce que le public peut attendre de ce concert?
C’est quelque chose de très intimiste, je dirais. Très intimiste, sensible. C’est une musique assez à l’essentiel. Puis il y a aussi le fait que on est marié, donc il y a une sensibilité qui est propre au fait qu’on est aussi un couple. Donc voilà, je dirais c’est quelque chose qui va au-delà de juste deux musiciens. C’est un peu une histoire d’amour.
La musique du concert, c’est un peu de tout parce que vous jouez la jazz manouche, un peu de classique, c’est donc un concert qui aura un peu tous les styles?
Pour résumer oui, c’est beaucoup sur la base jazz d’avec des standards et aussi on va vers des reprises de chansons, des compositions. Il y a des influences jazz et classique.
Et j’avais vu que vous avez fait un projet ensemble qui s’appelle Tangram. Qu’est-ce que ça signifie?
En grand, c’est le nom d’un puzzle chinois. Cette pièce, c’est un puzzle créatif avec des formes géométriques et ça représente assez bien la manière qu’on avait de travailler pour ce projet. Donc voilà, on avait appelé ça Tangram et c’était un projet avec beaucoup d’autres musiciens.
Mais ce n’est pas ce n’est pas la tournée que vous faites actuellement.
Non. Là, ce qu’on fait, c’est vraiment notre duo.
Et vous vous êtes rencontrés grâce à la musique?
Oui. Grâce à la musique, on s’est rencontrés à Taïwan, au Festival de jazz.
C’est cool. Et vous avez commencé à jouer la guitare avec votre père quand vous aviez six ans. Comment, et pourquoi la guitare ?
C’est lui qui écoutait de la guitare, On écoutait du jazz à la maison, on écoutait Django Reinhardt et c’est lui qui m’a proposé « Tiens, est ce que tu veux commencer la guitare? » Quand il a dit ça, il parlait de guitare manouche parce que c’est ce qu’on a écouté. Et donc en fait, on a commencé ensemble avec le même professeur. Il a commencé avec moi. On a fini par jouer, par tourner ensemble.
Et vous avez même enregistré quelques albums ensemble aussi, je crois.
Oui, trois albums.
Est-ce que vous y étiez doué tout de suite ?
C’est difficile à dire. Ce que je peux dire, c’est que j’ai appris à la manière des gitans. C’est à dire qu’on apprend en communauté. En fait, c’est une manière très différente de la musique classique où on est devant une partition et il faut travailler tout seul.
Là, c’est complètement opposé. C’est quelque chose qui s’apprend en communauté. Il n’ y a pas du tout de partition, c’est une tradition orale. Et du coup. c’est une manière d’apprendre qui fait que tout va très vite. En fait, tout se fait par l’oreille, par la vue, on copie.
Et je pense que c’est grâce à ça que j’ai pu jouer très tôt. J’ai commencé à faire des concerts à onze – douze ans parce que voilà, c’est une manière de faire ça très vite. Mais pour les gitans, c’est une manière d’apprendre qui est tout à fait naturelle. Et [pour eux] c’est normal que des petits enfants de dix ou onze ans, ils jouent déjà à fond.
Mais vous ne venez pas d’une famille gitane?
Non, pas spécialement, C’est simplement qu’on écoutait cette musique.
Et à part le fait que vous avez commencé les cours avec votre père avant cela, votre père était pas musical non plus ?
Si, lui il a fait beaucoup de piano classique. Il était musicien.
En fait la raison pour laquelle on a fait du jazz manouche et qu’on a appris à la manière manouche, c’est que lui, il a eu déjà eu l’expérience de piano classique où on est tout seul devant une partition et ce n’est pas forcément toujours très drôle. Et je pense qu’il ne voulait pas que je fasse de la musique de cette manière.
Et votre mère? Ou si vous avez les frères et sœurs, ils jouent aussi?
Oui, ma mère, elle a fait aussi du piano, mes frères et sœurs aussi. Ils ont fait de la musique, de la peinture..,Enfin on a fait pas mal d’art. Mes parents professionnellement, ils étaient statisticiens.
Donc ça change, la musique c’est un peu plus intéressant que les statistiques ! On ne va pas leur dire ça, mais quand meme ! J’ai lu que vous avez trois types de guitare que vous préférez le jazz manouche, le classique et l’archtop pour ceux qui sont comme moi qui ne connais pas de toutes les guitares, quelles sont les différences entre eux?
Alors la guitare classique parce que c’est la guitare qu’on voit le plus souvent. Une guitare acoustique à cordes nylon. Donc principalement, c’est ça qui la définit. La guitare manouche, c’est aussi une guitare acoustique mais à cordes acier. Donc le son est très différent. Plus métallique.
Et la guitare archtop. C’est la guitare qu’on utilise en général en jazz. Donc c’est une guitare électrique. Il y a un son qui est plus un son acoustique. Mais il y a tellement de sortes de guitares différentes.
Je sais que vous vous êtes à l’aise en jouant un peu tous les styles, mais est-ce que vous avez un style préféré de musique a jouer avec la guitare ?
Pas vraiment, non. Je ne dirai pas de style. J’aime jouer un peu toute la musique tant qu’on arrive à être intense.
Il y a une technique que j’affectionne particulièrement, c’est le contrepoint. Je ne sais pas si vous voyez, c’est l’art de jouer plusieurs voix à la fois, comme la musique de Johann Sebastian Bach.
Et vous écrivez votre propre musique avec Yeore Kim? Quel est le processus pour l’écrire? Pour le créer?
Oui. Ça dépend en général. Par exemple, j’ai une idée et je lui dis tiens, on essaye et puis on voit comment ça sonne et puis ça se fait naturellement. Donc il n’a pas trop de technique prédéfinie.
Et d’où vient l’inspiration ?
C’est difficile de dire ça vient de plein de choses, mais je dirais quelque chose qui m’inspire beaucoup, c’est le son de la guitare.
Et en 2016, vous avez été nommé la révélation guitare classique. Alors pour commencer, bravo, c’est impressionnant à l’âge de 20 ans que vous aviez à l’époque. Quel est le processus pour cette révélation guitare, c’est un concours? Comment est-ce qu’on devient?
Oui, ça c’était un concours.
Et ça a été très intense, j’imagine.
Oui, les concours de guitare classiques, c’est quelque chose de très exigeant. Et c’est de ne faire que ça.
Il est pour quel public votre concert à Adelaide Guitar Festival ?
Moi, je ne connais pas encore le public du festival de guitare d’Adélaïde, mais je pense que c’est pour tout le monde. Je ne pense pas qu’il y ait vraiment de catégories particulières.
Il faut juste aimer la musique et surtout la guitare. Avez-vous un lieu de rêve auquel vous souhaitez jouer?
Pas vraiment non. En général, je suis juste heureux d’être là où je suis. Et puis voilà pour la suite, on verra bien.
Vous avez l’habitude de jouer les festivals, donc est-ce que c’est normalement en nature, en dehors ou c’est plutôt en salle que vous jouez ?
Ça dépend des festivals. Ça dépend.
Donc vous faites un peu des deux.
Oui.
Et à Adelaide, ça va être à l’intérieur.
Oui. Pour le duo avec Yeore, c’est beaucoup plus adapté d’avoir un lieu à l’intérieur parce que c’est plus intimiste. Ce qu’on fait ce n’est pas forcément le mieux d’être dehors.
Pourquoi les gens doivent ils venir vous voir en concert à l’Adelaide Guitar Festival ? Pourquoi choisir votre concert plutôt qu’un autre?
Difficile de dire. En fait ce n’est pas à moi de dire moi je viens, je joue, je donne mon meilleur et c’est tout ce que je peux dire. Si les gens sont touchés par ce style de musique, ils viendront et voilà. Et après, c’est ceux qui passeront un très bon moment intimiste et qu’on donne le meilleur de nous-même.
Pourquoi ce concert plutôt qu’un autre ? Ce que je voulais dire, c’est que nous on essaye de faire – ce n’est pas forcément du divertissement – mais c’est vraiment qu’on essaye de vivre avec les gens une expérience plus profonde que juste On est là, on joue et puis voilà. Et c’est sympa.
On essaye que les choses qu’on partage une expérience plus profonde que simplement un chouette moment ensemble, ce qui est bien. Mais on essaye de partager une expérience plus profonde qui va un peu au-delà des mots.
Comment est-ce que vous faites que ce soit plutôt une expérience intime?
C’est la manière d’être sur scène, la manière de jouer et la manière d’être intense et dans le moment présent. Vraiment maintenant, je pense que c’est ça qui fait qu’on arrive à créer une ambiance qui va au-delà du divertissement. Après c’est dur d’aller plus loin avec les mots, mais voilà, c’est ça que je voulais dire.
Donc il faut juste venir pour avoir l’expérience et pour le connaître.
C’est exactement ça. C’est justement parce que ça va au-delà des mots que c’est intéressant.
Est ce qu’il y a d’autres choses que vous souhaitez nous dire ?
Pour moi, la musique c’est vraiment l’art de de vibrer un moment intense à plusieurs, les musiciens et ceux qui écoutent. En fait, faire de la musique pour une audience, c’est quelque chose de très spécial et presque sacré pour moi. Je pense que c’est tout ce que je peux dire aux gens pour qu’ils viennent. Et pour moi, j’essaie que ce soit des moments uniques.
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Nous remercions Antoine Boyer pour cette interview et nous avons hâte de le voir en concert avec Yeore Kim à l’Adelaide Guitar Festival 2023 ce weekend.
INFOS CLÉS POUR ANTOINE BOYER & YEORE KIM EN CONCERT
QUOI : Concert de guitare et d’harmonica d’Antoine Boyer and Yeore Kim à l’Adelaide Guitar Festival 2023 avec une performance de Kathleen Halloran, chanteuse et guitariste
QUAND : 17h, dimanche le 16 juillet
OÙ : Dunstan Playhouse, Adelaide Festival Centre, ADELAIDE
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