« Palmyra » fait son début australien à l’Adelaide Festival 

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Bertrand Lesca et Nasi Voutsas sont les metteurs en scène et vedettes de la pièce “Palmyra” qui sera jouée exclusivement à l’Adelaide Festival en 2019. On a parlé avec Bertrand Lesca au sujet de “Palmyra”.

 

Palmyra _(c) Alex Brenner no usage without credit BE Fest 17 - Nasi Voutsas & Bertrand Lesca.jpg

 

Je voulais vous parler du spectacle Palmyra ou bien Palmyre en français et aussi votre parcours jusqu’à la. En commençant d’abord par vous, avant de créer Palmyra, qu’est ce que vous avez fait ?

Alors, qu’est-ce que j’ai fait ? C’est longtemps que je fais du théâtre, et puis je suis parti justement en Angleterre pour faire mes études là-bas. J’ai suivi un parcours de théâtre,

 

A cote de ça, on faisait des projets, on étudiait des pièces, etc. C’est donc là où j’ai commencé  à monter ma première pièce, voilà. Apres, j’ai voulu étudier un peu plus. J’ai fait un Masters au Royal Academy of Dramatic Arts à Londres en mise en scène et en écriture. Et là, j’ai voulu travailler avec d’autres metteurs en scène pour apprendre leur façon dont ils travaillent etc. J’ai rencontré pas mal de gens et j’ai eu la chance de commencer à travailler avec NOM Bourg ? Là, c’était un peu ma première tournée et ma première expérience professionnel et ça m’a permis un petit peu de connaître qu’est-ce que c’est une grande tournée en tant qu’assistant metteur en scène.

 

C’était pour quel spectacle?

Une flûte enchantée, c’était une adaptation de « La flûte enchantée » de Mozart. En ensuite, j’ai terminé ca et j’ai mis mon masters en standby. En revenant, j’ai eu un autre job avec un metteur en scène, Declan Donnellan et on a fait un projet. Il était « Ubu Roi » une co-production française.

 

Je le connais en fait ! Quand j’étais à l’université ici, le club de français a fait cette pièce.

Oui, c’est assez « au folk » disant. Mais le pas surpris qu’il avait était super. Il se passait dans un appartement parisien et c’était vraiment génial.

Donc là, c’était ma deuxième expérience en tant que assistant. Et puis, je suis partie avec une compagnie que j’ai créé s’appelle Fell Swoop Theatre. Et ensuite, au bout de quelques années, j’ai rencontré Nasi à Edinburgh. On a essayé tous les deux de monter un spectacle. On avait commencé à parler. Ça serait bien de faire quelque chose ensemble. On s’est retrouve a la rentrée. Et puis on a commencé à travailler sur Eurohouse qui était le premier spectacle qu’on a fait ensemble. On est partis en tournée en Grèce en ensuite Palmyra, qui est le spectacle qu’on va faire à Adelaide. Et puis voilà, on est déjà en train de travailler sur notre troisième spectacle ensemble.

 

A Londres ?

Voilà, toujours à Londres. On a créé un nouveau ce qui est en fait la fin de la trilogie. C’est une trilogie en fait et ONE c’est le dernier spectacle.

 

Comme le chiffre en anglais?

Oui exacte. Et là on est en train de créer notre quatrième spectacle déjà.

 

Quand même! Donc vous avez étudié le théâtre en Angleterre. Pourquoi est-ce que vous êtes allé en Angleterre pour l’étudier? Ou est-ce que vous y étiez déjà?

Non, en fait c’était vraiment juste par curiosité. Je voulais partir de chez moi, je voulais connaitre… Donc je me suis renseignée sur les universités en Angleterre. Il y avait pas mal des gens anglophones qui partaient en Angleterre. Et là, ça m’a donné envie. Et là j’ai regardé un petit peu … et leurs programmes étaient intéressants. Et pour la famille, c’était rassurant parce que … c’est un peu plus sérieux. Donc après j’ai demandé à mes parents si je pouvais faire ça.

 

Vous aviez quel âge à l’époque ?

J’avais 18 ans.

 

Ah donc vous veniez juste de finir la terminale et vous êtes parti.

En fait je ne sais pas si vous le savez. Les écoles de théâtre sont très, très dures à intégrer. C’est vraiment plusieurs d’années de préparation et cetera. Et moi, je n’avais pas de tout envie de ça. Donc j’ai essayé une autre voie plutôt que m’acharner à passer les concours. Du coup, j’ai préféré foncer, foncer d’aller dans une autre voie et monter les spectacles au lieu de suivre la voie professionnelle du théâtre.

 

J’avais lu que vous et Nasi étaient des clowns mais vous n’avez pas étudié le cirque traditionnel.

Non, en fait c’est comme ça qu’il nous en défini. C’est sûr qu’au début on n’était pas sûr. Mais c’est vrai que ça nous paraissait une définition du travail assez juste. Mais après ce n’est pas des clowns traditionnels. On est sur scène, des versions de nous-mêmes donc assez normaux. Mais après il y a quand même une dynamique entre nous deux qui est très basée sur – il y a un oppresseur et un opprimé. Donc c’est un terme classique c’est le clown Auguste? Le clown blanc je crois. Donc du coup il y a toujours moi qui opprime Nasi. Mais en fait c’est une dynamique assez intéressante par rapport au sujet justement politique qu’on explorait et de ce qu’on voulait dire. C’était une manière assez simple de représenter les conflits – les conflits politiques. Par exemple, sur Palmyra, c’est l’intervention militaire. C’est assez – à chaque fois le fait que ça soit un conflit entre deux personnes qui représentent les deux côtés opposées, ça simplifie les choses et la rendre le spectacle plus facile pour le spectacle.

 

J’ai lu justement que vous avez des assiettes en porcelaines que vous cassiez sur scène et je me demandais s’il y a un lien qu’on doit faire entre la destruction des assiettes et la destruction de la ville de Palmyre ou est-ce qu’il s’agit juste du nom et il n’est pas aussi politique que ça?

Les assiettes sont bien sur un symbole de la destruction. On essayait vraiment de trouver comment on pouvait apporter la destruction sur scène. Et en fait la chose la plus  – après on a eu un problème – les assiettes ne sont pas assez précieux. Pour les spectateurs, ça ne représente rien les assiettes. En en fait ça représente pour nous Palmyra, certes c’est le point de départ des assiettes mais il est pus général sur la destruction, la revanche, la violence et les problèmes qu’on a des conflits du Moyen Orient et de comment on les aperçoit depuis l’étranger – depuis l’Europe. L’assiette c’était le point de départ mais il est devenu une exploration plus générale sur ça. Et on est aussi assez critique de la manière dont justement les médias et puis les gens en Europe se sont offusqués pour la destruction de Palmyre parce que pour eux c’était quelque chose à laquelle ils pouvaient identifier plus que la destruction d’Aleppe. La destruction d’un site ancien a touché un corde pour les gens et nous on s’interroge sur ca – pourquoi Palmyre a eu tellement de couverture médiatique et les gens se sont offusqués – on s’interroge pas mal là-dessus.

 

Et pourquoi vous avez choisi Palmyre comme sujet ?

En fait on venait de finir de travailler ensemble et quelqu’un est venu voir le spectacle et nous parlait des destructions des pillages et notamment la manière … c’est toujours un sujet entre la Grèce et l’Angleterre. En on s’est disait il y a quelque chose la dedans. C’est très poétique tout ça. Et ça nous a ramené vers le grand conquérant Alexandre qui avait tous ces projets et les gens qui coupaient les tètes des statues. Et du coup ça nous a ramené peu à peu vers Palmyre. On a vu l’image qui est entre dans le musée à Mosul. Les gens avaient détruit plusieurs sculptures et étaient filmés pour ça. Et ça nous a beaucoup marque et nous a beaucoup choqué et on s’est demandée pourquoi ça nous a marqué tellement. Et on a créé le spectacle qu’on a créé.

 

Et vous avez dit aussi que ça fait la deuxième partie d’une trilogie. Est-ce qu’on peut voir chaque pièce sans avoir vu la pièce précédente ?

Chaque pièce est indépendante mais chaque pièce corresponde. La chose qui correspond le plus c’est que c’est nous deux sur scène, et que la dynamique qui reste la même et il y a beaucoup d’interaction publique. Il y a très peu de choses sur scène et c’est toujours un sujet très politique. Et voilà, l’idée c ;’est que c’est aussi – on s’interroge à chaque fois qu’est-ce qui se passe dans l’histoire de Bertrand et Nasi après ça. Est-ce qu’il y aura pas justement est-ce qu’il va avoir une revanche de la part de Nasi et du coup ça a créé le deuxième spectacle. Et après, le troisième spectacle c’est la conciliation – est-ce qu’après un conflit aussi violent entre deux personnes il peut y avoir un dialogue, une conversation et ça nous amène vers les sujets politiques qui nous intéressent. Donc le troisième spectacle c’est sur la montée du populisme, le droit et la gauche et puis est-ce que la conciliation est possible. Donc le troisième spectacle se termine par un dialogue et se demande est-ce que un dialogue est possible et si entre les deux des spectres politiques peuvent vraiment se parler.

 

Est-ce que ça serait votre première fois en Australie?

En fait c’est Neil du festival d’Adelaide qui a vu le spectacle dans une toute petite salle qu’on était en train de tourner en Angleterre. Et il est venu dans le sud d’Angleterre pour voir le spectacle et il nous a envoyé un mail pour dire que peut-être on voulait venir mais on n’a pas eu le mail! Du coup il y avait quelqu’un qui arrivait à notre loge et nous disait qu’il adorait le spectacle et en fait c’était lui et on ne savait pas de tout qui c’était. Et après on s’est rendus compte que c’était lui. Et Rachel avait vu déjà le spectacle en Angleterre au festival Edinburgh et l’a beaucoup aimée. Et puis qu’on s’est revu a quelques occasions…Et peuvent ils nous ont dit « je vais faire tout ce que je peux pour que vous puissiez venir faire le spectacle ».

 

Vous allez faire une tournée en Australie?

Alors pour l’instant c’est juste Adelaide mais l’idée c’est de voir comment ça se passe et on espère que ça serait le début de plus de dates en Australie l’année prochaine.

 

Vous avez joué la première du spectacle Palmyra à Edinburgh, c’est ça?

Oui, c’est là que tout a commencé.

 

Et comment ça s’est passé?

C’est vrai qu’on était très inquiet parce qu’on n’avait pas monté de spectacles. On revenait après une année justement ou on avait Eurohouse, l’année avant. Ce qui a déjà très bien marche. On avait un peu peur du comeback, on avait peur du deuxième album. Du coup on est parti là-bas, tout c’est très bien passe, on était très contents. On avait des supers critiques, le spectacle est entrée dans le British Council Showcase, donc déjà c’est-à-dire que beaucoup de gens sont venus voir le spectacle. Et après par la suite programmée dans leur festival. Ensuite on va aller au Canada juste avant de venir à Adelaide.

 

Vous allez avoir les deux contrastes de climat! Le froid au Canada et la chaleur a Adelaide.

On a hâte de connaître ça. Je vais peut-être rester quelques jours de plus pour visiter.

 

Pourquoi le public doit venir voir le spectacle Palmyra?

Il y a aucune obligation! Je pense que c’est une approche du théâtre et du théâtre politique qui n’est pas de tout conventionnel. Pour les gens qui aiment quelque chose de nouveau, la surprise. Notre théâtre est très interactif avec le public. Et le public se pose les questions pendant le spectacle, ils demandent qu’est-ce qui se passe et quel est leur rôle dans le spectacle. Du coup, ça créé quelque chose de très vivante et à mon ami, la chose le plus important du théâtre – le dialogue entre la scène et le public. Pour nous, on fait beaucoup dans le spectacle et on s’interroge beaucoup même en général. Je pense que pour les gens qui aiment le théâtre, il y a vraiment un acte vivant et un acte de dialogue, c’est un spectacle qui est justement au-hors-delà. Et puis, après pour les gens qui se posent un petit peu les mêmes questions que nous sur la façon de voir le monde. Et puis aller au théâtre de prendre le temps de réflexion avec d’autres gens et les propositions artistiques et de prendre le temps de réfléchir ensemble.

 

Est-ce que c’est une pièce sérieuse?

Non. C’est très drôle aussi. Les gens attendent à que ça soit un spectacle très sérieux à cause du titre Palmyra mais on utilise beaucoup d’humour. On prend les gens à contrepieds parce qu’ils attendent. Parfois ils rirent beaucoup et après les rires disparaissent assez soudaine et les gens sont contrariés, effrayés – on aime bien ce lien entre le rire et la tragédie. Il y a quelque chose de très drôle. Et après parce que c’est un sujet qui est très important, les gens aussi prennent du distance de ce qu’ils sont en train de voir – ce n’est pas innocent. On parle du ridicule du conflit. Ça c’est important de pouvoir rire parce qu’en riant on fait un petit peu de recul et de distance par rapport à ce sujet-là.

 

C’est un peu une montagne russe émotive? On va rire, on va être choqués, on va réfléchir.

Voila. Je pense que c’est une bonne raison de venir pour passer par le « rollercoaster of emotions ».

 

Vous pouvez voir le spectacle Palmyra à l’Adelaide Festival du 1 au 5 mars. Les billets coûtent $49 mais il y a les billets aux prix réduits pour des Friends of Adelaide Festival, ceux qui ont une carte concession et ceux qui ont moins de 30 ans.

 

Vous pouvez les acheter ici

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Matilda Marseillaise

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