« La bête de scène » vient à Melbourne en mars

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Pauline Calmé jouera dans son spectacle solo improvisé nommé « La bête de scène » au Butterfly Club à Melbourne en mars. Elle nous parle de son spectacle et de l’impro.

Parlez nous de votre spectacle « La bête de scène ».

« La bête de scène » (Unleash the beast) est un one-woman show entièrement improvisé. Je jouerai du 9 au 14 mars 2020 à Melbourne, au Butterfly Club (Carson Place), à 7pm. Les 11 et le 12 mars seront en français, les 9, 13, 14 mars en anglais. Dans le jargon de l’improvisation, La bête de scène appartient aux spectacles « free form », c’est à dire qu’il n’y a pas de structure pré-établie concernant le déroulement du spectacle. Je l’ai appelé « La bête de scène » parce que ça représente bien l’état d’esprit. Être animal: instinctif, corporel et dans le moment présent; Être bête: jouer, échouer, ne pas comprendre, accepter l’erreur et s’amuser avec; Être une bête de scène: Le public peut se détendre, je vais gérer! 

 

La bête de scène est votre troisième spectacle solo. Comment est-il différent de vos autres spectacles?

Le premier, « Correspondances Unilatérales », était un seule-en-scène basé sur une cinquantaine de lettres que j’avais écrites lorsque j’habitais à Paris entre 2015 et 2016. Ce spectacle a été mis en scène par Matthieu Loos de la compagnie Combats Absurdes. C’est l’histoire d’un femme qui écrit à un homme qui ne lui répond jamais. On ne sait pas si cet homme est le fruit de son imagination, ou qu’il est mort, ou s’il a rompu avec elle depuis longtemps. 

 

Le deuxième, « Paulin.e.s », est un ensemble de sketches tantôt poétiques, tantôt comiques, tantôt tragiques. Je m’accompagnais moi-même musicalement ou avec des pistes enregistrées sur mon ordinateur. C’était un spectacle qui m’a permis d’assumer mon passé de musicienne, et mon affinité pour la transversalité des arts vivants. 

 

« La bête de scène », quand à lui, est purement improvisé. Je n’ai rien prévu à l’avance. Ce spectacle est basé sur ma capacité à être ici et maintenant, en présence du public. Je ne viens pas raconter une histoire, je viens jouer avec ce qui est déjà là. Comme je n’ai pas de décors, la principale inspiration est mon corps. Ce spectacle est beaucoup plus physique que les deux autres. En général je finis en sueur! L’autre source d’inspiration est mon interaction avec le public. Chaque soir est différent et chaque personne est différente. À chaque fois que je joue ce spectacle je suis excitée en me demandant « comment va être le public ce soir! ». Parfois je papote avec une personne, parfois tout le public est impliqué, parfois quelqu’un monte sur scène et joue avec moi, ça dépend de l’humeur du moment!

 

 

D’où est venu votre inspiration pour le spectacle?

Quand j’étais petite, je regardais en boucle le spectacle de Michel Courtemanche, un humoriste québécois. Il me faisait beaucoup rire avec ses expressions faciales. Puis il y a eu Florence Foresti et Gad Elmaleh qui m’impressionnaient beaucoup par leur aisance scénique. Je me disais « Comment peut-on venir seul sur scène, sans rien, devant une foule de gens et faire rire tout le monde? ». Je pensais qu’une grosse partie de ce qu’ils faisaient était improvisé. Je voulais faire pareil: Faire rire tout le monde! C’est plus tard que j’ai compris que chaque réplique était écrite à l’avance. Entre temps, j’avais été piquée par l’impro. J’avais trouvé un médium que me permettait de faire rire les gens. C’est fou, c’est magique! Les gens se marrent quand je suis 100% moi-même, 100% présente, 100% ici et maintenant. Alors je me suis dit, et pourquoi pas un one-woman-show improvisé? Après tout, c’est ce que je voulais faire depuis toute petite…

 

Depuis quand et comment est-ce que vous avez un intérêt en théâtre et pourquoi l’improvisation?

J’ai commencé le théâtre au lycée, quand j’avais 15 ans. Un copain à moi était trop timide pour aller au cours d’essai tout seul, alors je l’ai accompagné. Et puis j’ai jamais arrêté. Dans mon tout premier spectacle de théâtre, je délivrais un monologue extrait du livre « Les fourmis » de Bernard Werber qui raconte comment les humains vivent, produisent des excrements, meurent, se font manger et deviennent eux-même excrements. En même temps que je déclamais le texte, je m’extirpais d’une cage en verre imaginaire, comme le mime Marceau. Dans ce spectacle, j’ai aussi incarné une otarie, je devais m’allonger sur les genoux du public, j’avais un dialogue de Tardieu absurde où personne ne finit ses phrases, c’était hilarant… bref, tout était déjà là: le clown, l’interactivité, la comédie… et incarner des animaux. Cette professeur de théâtre était incroyable, grâce à elle j’ai eu une première expérience fantastique. 

 

Quand à l’impro, J’ai commencé sur un mal entendu. Quand j’ai quitté Bordeaux pour monter à Paris en 2011, mon ami travaillait dans une grosse entreprise. Deux de ces collègues faisaient de l’impro. Il leur a parlé de moi en disant que j’en avais déjà fait (ce qui était pas vraiment le cas) et que je cherchais à intégrer un groupe (ce qui était vrai!), elle m’ont invitée à venir faire un entrainement d’essai. La légende raconte que, parce que le groupe pensait que j’avais déjà fait de l’impro et que je pensais qu’il savait que j’en avait jamais fait, on s’est aimé au premier regard. C’était génial, encore plus simple que le théâtre, parce que je n’avais pas à apprendre de texte. Depuis, je n’ai jamais arrêté et c’est devenu mon métier. 

 

Est ce que vous avez fait des formation en théâtre ? Parlez nous de cela.

Oui, plein! Et je continuerai de me former jusqu’à la mort. 

 

D’abord, j’ai fait une école de théâtre à Paris dirigée par Armel Veilhan pendant deux ans. J’y ai découvert les fondamentaux du jeu d’acteur. Stanislavsky, les grands auteurs (Molière, Shakespeare, Becket, et tous les autres que j’ai déjà oublié), comment marcher sur scène, qu’est-ce que ça veut dire « être naturel », être dans le présent même quand ça fait 40 fois qu’on dit la même réplique, invoquer des émotions, etc. Ces deux années ont été très intense et non sans douleur. Elles m’ont transformée et m’ont ouvert de nouvelles perspectives de jeu. Puis j’ai continué ma formation en participant à des stages intensifs d’une semaine ou deux. J’ai rencontré Ira Seidenstein, créateur de l’International School of Acting And Creativity (I.S.A.A.C à Brisbane). C’est devenu ma nouvelle école de théâtre, de clown et de créativité. J’ai également suivi une formation de jeu masqué avec Mark Jane et Steve Jarand en France et avec Matteo Destro en Italie, et plein de stages d’improvisation. Mes cinq années au sein de la troupe « Smoking Sofa » et mon rôle de directrice artistique du spectacle « Le fauteuil d’orchestre » m’ont enseigné beaucoup de choses. On apprend vite sur le terrain, plus vite qu’à l’école. Quand tu dois jouer un spectacle improvisé 4 soirs par semaine, tu dois apprendre à te renouveler et sortir de tes habitudes de jeu! À Paris, l’art d’improviser est très populaire. Tellement de gens improvisent! Je me sens chanceuse d’avoir pu apprendre et jouer aux côtés des grands noms parisiens. Il y a une émulation collective dans cette ville. Tous les artistes internationaux passent par Paris à un moment ou à un autre. C’est une plateforme culturelle qui m’a permis de rencontrer les meilleurs, de les voir jouer, et même parfois de jouer avec eux.

 

 

D’autres choses?

Oui! En plus de jouer sur scène, je donne des ateliers d’impro à Melbourne sous le joyeux nom de « The Joyful school ». Si ça intéresse des lecteurs, je les invite à suivre l’actualité de ma page facebook ou sur le site Meetup.

 

J’utilise également l’improvisation comme outils de communication et de développement de « soft skills » en entreprise. Plus d’informations en anglais ici.

 

Gardez également un oeil sur The French Loop qui dynamise l’impro en français à Melbourne. Il se peut qu’on s’y croise! 

 

Vous pouvez voir le spectacle « La bête de scène » au Butterfly Club à Melbourne du 9 au 14 mars (sauf le 10 mars).

Notez: Les performances du mercredi et de jeudi seront en français. Les performances de lundi, vendredi et samedi seront en anglais.

 

Les billets sont en vente par ce lien: https://thebutterflyclub.com/show/unleash-the-beast-la-bete-de-scene

 

Aimez-vous l’improv?

 

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Siobhan Stagg chante des chansons françaises à l’Adelaide Festival

Reading Time: 5 minutes

Siobhan Stagg est une chanteuse soprano très réputée qui chantera des chansons françaises lors d’un récital à l’Adelaide Festival. On a parlé avec Siobhan Stagg au sujet des compositeurs des chansons desquelles elle chantera à l’Adelaide Festival ainsi que de chanter en général.

Siobhan Stagg
Image: Todd Rosenberg

 

Siobhan Stagg, samedi le 7 mars 2020 au programme de l’Adelaide Festival, vous chanterez quatre chansons d’amour par trois compositeurs français, y compris: 

  • Poulenc: Fiançailles pour rire, 
  • Messiaen: Poèmes pour Mi,
  • Debussy: Ariettes oubliées, and
  • Poulenc: Les chemins de l’amour.

Laquelle de ces chansons est votre favorite et pourquoi?

En fait, ce sont des cycles de chansons plus larges, c’est-à-dire, les séries des chansons groupées par les compositeurs eux-mêmes. En tout, il y en a environ 22 chansons individuelles. Je les adore toutes mais je dirais que les Ariettes Oubliées par Debussy seront  probablement mes favoris, tout simplement parce que je les chante depuis le plus longtemps; elles ont voyagé avec moi dès mes journées en tant qu’étudiante et dans plusieurs incarnations divers. Je les ai récemment enregistrées sur CD avec le Noga String Quartet. J’ai joué une version avec un orchestre complet à Lyon, arrangées par Brett Dean, compositeur. Ça serait sympa de revenir à leur forme original avec le piano pour ce récital à l’Adelaide Festival.

 

Comment est-ce que ces chansons sont-elles différentes les unes des autres?

Elles sont très différentes en humeur et en style. Fiançailles pour rire de Poulenc est comprise de six descriptions originales, amusantes ou touchantes de l’amour dans toutes ses formes. Poèmes pour Mi  s’agissent d’une série de chansons écrites par Olivier Messiaen pour sa première femme, après quatre ans de mariage. Son surnom affectueux était “Mi”. Elles sont une affirmation de la dévotion marital et religieuse, et elles sont assez complexes musicalement, donc elles sont jouées moins souvent.

Je chante les Ca

Ca fait plus de 10 ans que je chante les Ariettes Oubliées de Debussy. Elles sont un exemple de peinture des mots magistral. Les Chemins de l’amour de Poulenc s’agissent d’une composition plus festive pour finir – il s’agit d’un waltz avec des paroles un peu mélancoliques au sujet de l’amour perdu. Tout le monde fredonnera en sortant.

 

Quels sont les défis de chanter dans une langue qui n’est pas votre langue maternelle?

Heureusement, j’ai toujours aimé étudier les langues étrangères : il fait partie intégrante d’être chanteuse classique. Le français est ma langue préférée pour le chant ; les voyelles nasales se prêtent bien à une bonne résonance vocale. Les défis sont qu’il faut investir plusieurs heures à connaitre le texte et quand il s’agit d’un poème complexe comme celles de Paul Verlaine, il ne faut pas seulement traduire les mots et les prononcer authentiquement, mais il faut aussi faire des recherches pour bien comprendre le vrai sens de chaque phrase. Au moment où vous chantez les chansons, vous souhaitez qu’il soit comme seconde nature, et que vous pensiez aux paroles de chansons comme si elles étaient vos propres pensées.

 

D’où est venu votre amour de chant et qu’est-ce qui vous a attiré vers la musique classique et l’opéra?

J’ai toujours adoré chanter en tant qu’enfant au Mildura au Victoria régionale. Je chanterais et danserais a Julie Andrews, les films Disney et les chansons pop a la radio. J’ai découvert la musique classique et l’opéra plus tard, lorsque j’ai déménagé à Melbourne pour l’université. J’adore le pouvoir expressif de la musique classique. Vous pouvez écouter la même symphonie ou opéra encore et encore et vous ne cesserez jamais à découvrir des nouveaux détails dans ces musiques très belles.

 

Est-ce que le langage dont on chante de l’amour a-t-elle changé beaucoup depuis que ces compositeurs ont écrits leurs chansons?

J’estime que les chansons d’amour populaires ont des mélodies plus simples, dessinées pour être accrocheurs, parfois avec peu de paroles. Mais l’essence reste le même: elles sont tous envisagées à nous toucher et de célébrer ce que ça veut dire d « être amoureux(se) »

 

Qui est votre compositeur français préférée?

Oh, c’est une question difficile. J’adore Ravel, Poulenc, Fauré, Massenet, Edith Piaf…  mais mon préférée serait Debussy. Il a écrit l’opéra Pelléas et Mélisande, ce qui a complètement changé l’histoire de la musique française. Le rôle de Mélisande m’a apporté beaucoup de succès en Australie et en France, et m’a permis d’apprendre la langue (française) d’une manière plus profondément. C’est un chef d’œuvre.

 

Quel a été votre récital préférée jusqu’à la?

Les récitals purs (dont je chante un programme solo avec pianiste) font partie de mon calendrier moins fréquemment que les opéras intégraux et des concerts symphoniques avec orchestre. Une performance clou était de jouer cendrillon dans Cendrillon de Massenet pour mon début américain à Chicago. C’était une production superbe par Laurent Pelly, metteur en scène français. C’était un rêve devenu réalité.

 

A part l’Australie, vous avez chanté en Allemagne, en Autriche, en Suisse, en France, en Angleterre et aux Etats Unis. Ou et pour qui serait-il votre performance de rêve?

Toutes les performances de la musique magnifique, avec un public engage et des collègues encourageants et talentueux sont les joies. J’adore comment les public français et suisses font un applaudissement synchronisé et à l’unisson lorsqu’ils apprécient beaucoup quelque chose.  C’est formidable.

 

Qui appréciera mieux ce récital?

Ce récital sera apprécié par les gens qui apprécient la musique classique, le chant, ou qui s’intéresse à la poésie française. Le pianiste Timothy Young est vraiment exceptionnel! Nous avons créé un répertoire qui est élégante et charmante, ainsi que des parties qui sont plus sophistiquées, donc il y devrait avoir quelque chose pour tout le monde.

 

Est-ce que les gens ont-ils besoin de comprendre le français pour participer au récital?

Non, il n’est pas nécessaire de comprendre le français pour participer au récital, mais votre expérience sera peut-être améliorée si vous comprenez les poèmes. Souvent les traductions sont données au programme, ou je dirais quelques mots pour introduire la chanson pour que vous ne vous sentiez pas laissé dans le noir. Personnellement je trouve que la musique est belle, même sans les paroles. Vous pouvez fermer vos yeux et vous laissez vous faire transporter par les harmonies.

 

Autres choses à ajouter?

Vous pouvez me suivre sur les réseaux de media sociaux :

 

www.facebook.com/SiobhánStagg

www.Instagram.com/siobhanstagg

ou sur mon site web: www.siobhanstagg.com

 

 

Vous pouvez participer au récital de Siobhan Stagg à l’Adelaide Festival à 17h samedi le 7 mars 2020 à l’UKARIA Cultural Centre à Mount Barker. Les billets coûtent $59 et il y a des remises pour les Friends of the Adelaide Festival et ceux qui ont une carte concession.

 

Achetez vos billets par ici: https://www.adelaidefestival.com.au/events/composer-and-citizen-chamber-landscapes/siobhan-stagg-in-recital/

 

Qui est votre compositeur français favori? Est-ce que vous avez déjà vu chanter Siobhan Stagg?

 

Vous intéressez à connaitre d’autres artistes d’Adelaide Festival? Lisez nos interviews avec eux:

Christophe Bricheteau de la Compagnie Carabosse au sujet de Fire Gardens

Nick Power au sujet de Two Crews et Between Tiny Cities

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