Mikael Bres défie la gravité et affronte sa peur dans Limbo – The Return

Mikael Bres - Limbo - The Return
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Mikael Bres, artiste du mât chinois et musicien, vient au festival Adelaide Fringe pour le debut mondial du spectacle Limbo – The Return, 11 ans après que le premier spectacle Limbo a été créée. Le saviez-vous qu’il a le vertige? On lui parle des deux spectacles, de sa carrière dans le cirque et bien plus encore. Lisez notre interview avec lui ci-dessous.

Mikael Bres - Limbo - The Return

Mikael Bres, vous revenez à Adelaide Fringe avec le spectacle Limbo – The Return. Parlez-nous de ce spectacle.

Alors c’est un spectacle qui a été créé il y a 11 ans, en 2013 janvier on l’a créé à Melbourne. Au début, c’était on devait faire le Fringe Adélaïde et jouer cinq mois à Londres. Ça a été un grand succès. et on a tourné partout. Moi, je suis parti un tout petit peu avec d’autres projets, mais le spectacle a tourné jusqu’en 2019, jusqu’à ce que la COVID bloque tout.  J’ai fait la plupart des spectacles.

 

C’est un spectacle qui a retourné un petit peu le monde du cabaret parce que on est arrivé avec le concept d’une histoire, d’une ligne directrice dans un spectacle cabaret qui n’est pas forcément ce qu’il y a à chaque fois puisque c’est plus dans un cabaret, c’est plus des numéros après numéro. Et là en fait c’est vraiment basé sur le sur les limbes. C’est à dire que lorsqu’on arrive au purgatoire, est ce qu’on va, on est dans les limbes (le limbo), donc est ce qu’on va en enfer ou est ce qu’on va au paradis? Et donc c’est ça l’atmosphère pas dark je dirais, mais sinon c’est quand même assez sombre et années 30.

 

J’ai adoré faire ce spectacle et je ne m’en suis jamais lassé. Et voilà, donc c’est parti pour les 11 ans avec un léger nouveau cast, quelques originaux à l’intérieur. Sinon des nouveaux acrobates arrivent avec nous.

 

Personnellement, j’ai vu le spectacle la première fois à Sydney Festival je crois.

Oui, 2015.

 

Oui, ça doit être ça : 2015, au Sydney festival. Et je l’ai vu aussi à Adelaide Fringe un an ou deux après ça. Je vois que le spectacle a eu des petits changements, donc ça a été Limbo, je vois qu’il y a Limbo Unhinged.

Ça a été créé plus tard en 2017. Il y a eu des petites versions de Limbo aussi dans des festivals un petit peu plus petit, avec un cast un peu plus réduit mais Limbo et Limbo Unhinged il n’y a rien à voir.

 

Dans Limbo – The Return, je pense qu’il y aura des petits bouts de Limbo qui seront mis dans le Limbo normal pour avoir une légère compilation, mais les meilleurs moments.

 

Et pour ceux qui ont vu le premier spectacle Limbo tout court, quelles sont les différences entre Limbo – The Return et Limbo

Et le premier Limbo? Et bien déjà des quelques artistes différents. Il y a trois artistes différents. Donc on a Clara qui est burlesque performeur de Melbourne qui chante, qui fait du feu etcetera.

 

Donc il n’a plus Heather parce qu’elle faisait le feu avant.

Heather elle n’a pas pu le faire. Donc du coup on a Clara. Puis il y a Ben Loader qui est un acrobate de Londres, une super personne aussi qui fait de l’aérien. j’ai travaillé avec lui sur Blanc de Blanc.

 

Je me demandais si vous étiez dans Blanc de Blanc vu que c’est aussi de la compagnie Strut & Fret

Oui. Et le dernier nouveau, c’est David qui est espagnol et qui lui fait de la slackline.

 

Voilà, donc il y a trois nouveaux artistes et après les originaux. Donc moi, Mick Stuart à la batterie, Sxip Charlie qui a créé la musique, Grant Arthur qui est au sousaphone et Hilton qui fait des claquettes.

 

Mais je pense que les gens qui vont revenir voir Limbo – The Return. Déjà ils seront émotionnels parce que c’est un spectacle qui a quand même assez marqué le Fringe d’Adélaïde. Et donc du coup, pour pas être trop redondant, c’est pour ça qu’il y a ce return qui reprend un petit peu des choses, un léger changement mais qui restera dans l’atmosphère Limbo que les gens connaissent.

 

Oui, bien sûr. Et vous faites du mât chinois dans le spectacle ?

C’est ça, J’ai du mât. Toujours le numéro de mât. Je vais faire du beatbox, jouer de la guitare, chanter, danser.

 

Justement, j’allais demander un petit peu à propos de la musique. Donc vous avez intégré la musique dans votre spectacle.

Oui, c’est ça, J’aide le groupe. Je m’y porte au groupe de temps en temps, quand il y a besoin.

 

C’est cool. Mais en fait, vu que vous êtes français, comment est-ce que vous avez commencé votre travail avec Strut et Fret, une compagnie australienne.

Donc j’ai travaillé un an à Berlin dans un cabaret qui s’appelle Le Caméléon. Un soir, les artistes de Strut & Fret ont fait le spectacle qui s’appelait Tom Tom Crew. C’est un spectacle qui mélangeait le break, l’urbain, le graff, la musique, le DJ. Ils sont venus voir le spectacle au Caméléon. Et c’est comme ça que j’ai rencontré Scott. Il m’a donné sa carte, il m’a dit « si un jour on cherche quelqu’un comme toi, ton profil, je te contacterai ».

 

Et deux ans plus tard, Scott m’a appelé. Il m’a dit « est ce que tu fais toujours du mât? Est-ce que ça t’intéresserait de faire partie d’une nouvelle création de la compagnie? Ça s’appelle Limbo. » J’ai dit « volontiers ». Et je suis parti, j’ai mis les pis en Australie et depuis, je ne suis jamais trop reparti. Je suis toujours revenu et c’était une aventure assez spectaculaire parce que c’était 10 ans de ma vie et en est toujours.

 

C’est vraiment un spectacle qui a été tellement bien casté backstage et on stage aussi, donc du coup ça a été vraiment une super, super expérience, des super personnes. Et ça a aussi poussé les gens qui étaient étudiants encore à vouloir faire du cabaret et vouloir faire Limbo. Et ça a été quelque chose que beaucoup de gens m’ont dit « moi, j’adorerais faire Limbo. » Et bien, ils le font.

Limbo - The Return
Image: Andrey Kezzyn

Le spectacle est tellement divertissant et on peut s’asseoir très proche.

Il y a la scène centrale et les gens sont répartis tout autour, en demi-cercle. Les gens font partie intégrante du spectacle parce qu’ils sont là.

 

Donc vous faites le mât chinois qui est un pole plus haut que les pôles normaux.

Oui comme un bateau. Le mât chinois est une discipline qui a été créée en Chine. Donc il y avait le mât chinois, Moi, il y a le mât oscillant, il y a le mât ballant, il y a le pôle dance, mais celui-là, celui que je fais, voilà. Donc mât chinois de six mètres, c’est un poteau de six mètres.

 

Donc c’est beaucoup plus haut que les pôles normaux. Donc vous n’avez pas peur d’hauteur !

Je n’ai pas peur quand je suis en spectacle. Mais si, j’ai le vertige.

 

Quand même. Pourquoi vous avez choisi donc le mât chinois?

Parce que je suis peut-être stupide, je ne sais pas.

 

Ou pour affronter la peur ?

Pour affronter, oui. Mais lorsque je suis en spectacle, je n’ai pas cette appréhension. C’est plus quand je répète que j’ai une appréhension de vide. Mais sinon, en spectacle, comme il y a la lumière, il y a l’adrénaline. Je prends quand même du plaisir tout le temps.

 

Heureusement c’est bien! J’espère que vous n’avez pas peur sur scène.

Juste le trac normal, non.

 

Pourquoi vous avez choisi le mât chinois?

Parce que je trouvais que ça allait bien. Je suis danseur aussi ça allait bien le sol et la verticalité d’un appareil de cirque pour ne pas rester toujours sur un trapèze, sur des sangles. J’adore pouvoir mêler le sol et l’appareil circassien, donc j’ai trouvé que c’était quelque chose de très chouette. Et aussi parce que j’aurais beaucoup de mes amis en école de cirque faisaient du mât, donc j’imagine que j’ai été aussi aiguillé par eux, ils m’ont appris et après j’ai dit « bon allez, je vais faire ça. » Mais c’était la meilleure discipline que j’aurais pu trouver en fait.

 

Et vous avez étudié le cirque en Belgique.

J’ai étudié le cirque à Bruxelles, oui, à l’École Supérieure des Arts du Cirque.

 

Et pourquoi vous avez décidé d’étudier le cirque?

Alors j’ai commencé la danse quand j’avais 14 ans. Ma mère était journaliste, donc j’allais voir souvent des spectacles avec elle et je voulais danser, je voulais danser, je voulais danser. Donc j’ai commencé très tôt avec le hip hop. Après, j’ai fait de la danse contemporaine et de la danse classique et je voulais faire le conservatoire ou une école nationale de danse. Je faisais du cirque aussi un petit peu après les cours et j’ai des amis, ils me disaient « en fait, c’est chouette de faire une école du cirque parce que tu as la danse, mais si tu as une formation acrobatique, cascade acrobatique et les expériences de cirque. » Donc je me suis dit « alors je vais présenter à une école de cirque pour avoir plus de bagage matériel, pour pouvoir plus ouvrir un panel de disciplines. »

 

Donc vous saviez quand vous étiez ado que vous souhaitez devenir danseur –

Je voulais danser. Oui, je voulais danser. Et après, j’ai fait de l’art au lycée, j’ai fait design, arts, littérature. Et après, je suis partie vers la danse et vers le cirque. Tout simplement. Je ne me suis jamais posé la question. Donc ça c’est chouette.

 

Alors pour parler un petit peu de votre musique, donc vous faites le beatbox, vous chantez, vous jouez de la guitare et le saxophone. Depuis quand? Et lequel en premier?

Le saxophone. J’ai commencé très tôt. J’ai commencé le Saxophone quand j’avais cinq ans jusqu’à mes 18 ans. Et j’en avais marre de faire du classique au saxophone. Même si je prenais un petit cours de jazz. Mais c’est un conservatoire classique.

 

Du coup, je j’avais envie d’autre chose, j’avais envie de créer autre chose. Et donc du coup, dès que j’ai travaillé pour la première fois à 18 ans,  je me suis acheté une guitare et j’ai appris tout seul à ce moment-là. Dans les années 2003, il n’y avait pas YouTube, il y avait que dalle. Donc du coup j’ai appris tout seul. J’ai avec les amis, j’ai pris des petits cours et après hop, je me suis lancé. J’ai commencé à composer petit à petit et après ben voilà, j’ai joué, j’ai appris le jazz, j’ai pris des influences un petit peu partout et je crée comme ça.

 

J’ai fait du beatbox. J’ai écrit une chanson pour Limbo. D’ailleurs la chanson je ne sais pas si on va la faire celle-ci. Il y a une partie où il y a une stripteaseuse qui se déshabille et ils sont en blanc et donc du coup bam bam bam! Et du coup-là, pour cette scène, j’ai écrit un swing. Donc du coup, j’espère que je la ferai cette chanson. J’espère que ça restera dans le spectacle.

 

Ça doit être un rêve pour vous de pouvoir faire toutes les choses que vous aimez : la musique et le mât chinois, l’acrobatie et tout ça.

Oui. Totalement. Voyager et rencontrer des gens, faire des festivals. Pouvoir faire des spectacles heureux, triste. Voir comment à chaque fois ça influe sur notre sur le comportement et pouvoir à chaque fois donner le meilleur pour le public. C’est génial de pouvoir faire ça, de pouvoir vivre de sa passion.

 

Je pense que c’est le plus important. On n’a pas le temps, on n’a pas le temps de s’emmerder dans la vie. Il faut faire les choses qu’on aime.

 

Oui. Et vous êtes en tournée pendant combien de mois de l’an ?

Donc on fait Adélaïde pendant six semaines, puis après on va à Newcastle. Et après, je pense que c’est presque sûr on fait deux mois au Grand Electrique à Sydney.

 

Donc c’est un peu comme Blanc de Blanc qui faisait ça

Donc Blanc de Blanc arrête. Nous on prend le on est on est résidents pendant deux mois. Moi de toute manière de mois après faut voir si on continue de rentrer en Europe. Mais je reviendrai s’il y a besoin.

 

Vous faites un peu le tour des étés du monde.

Génial, ça me va très très bien.

 

C’est bien. il y a plusieurs spectacles de cirque maintenant, il y en a de plus en plus je dirais. Comment est-ce que Limbo est différent des autres spectacles de cirque?

Parce que comme, comme tu as dit tout à l’heure, le public est très très proche de la scène et fait partie vraiment fait partie vraiment intégrante du spectacle. Et ça se passe autour d’eux, devant eux, au-dessus d’eux. Et nos personnages sont vraiment très distincts les uns des autres. Donc du coup, je pense que c’est un spectacle qu’on peut venir voir plusieurs fois, pas qu’une fois pour se focusser sur les artistes, indépendamment.

 

Donc qu’est ce qui change dans notre spectacle? C’est que c’est vraiment très interactif. Et en fait, c’est très rare de pouvoir voir d’aussi proche la performance d’artistes. C’est à dire que moi, quand je fais des glissades de six mètres jusqu’au sol, la première personne publique, elle est juste là à 1m50. Donc je pense que ça donne un effet un petit peu waouh supplémentaire.

 

Et donc du coup, c’est beaucoup plus humain. C’est un spectacle qui est beaucoup plus humain avec le public, puisque on est là quoi. Et aussi pourquoi? Parce qu’on est bon. Les gens veulent venir encore une fois parce que Scott arrive à casté des super artistes. Je ne parle pas que de moi, mais c’est qu’il arrive à créer une atmosphère qui est quand même assez dingue et il a confiance en nous. Donc, nous on donne le meilleur quoi corps et âme pour le spectacle. Je pense que ça se ressent – le public le ressent et c’est pour ça qu’ils ont un attrait spécial pour Limbo.

 

Pourquoi recommandez-vous que les gens viennent voir Limbo – The Return ? Pour ça ?

Exactement. C’est une nostalgie de Limbo. Déjà parce qu’on est venu, on a fait le Fringe vraiment trois fois je pense. Avec Limbo, on a tourné et on a fait, j’imagine, pas loin de 1500 shows, en huit ans. Donc ça a vraiment beaucoup tourné.

 

Et donc parce qu’ils ont passé un super moment et je pense que c’est un peu la madeleine de Proust pour la plupart des gens qui ont vu Limbo, il y a une dizaine d’années au Fringe et ils se disent « purée, c’est de retour quoi, on va venir voir parce que comment vieillit les acrobates, Est ce que ce sont les mêmes? »

 

Moi j’avais 27 ans, maintenant j’en ai 38. Donc du coup c’est une autre maturité sur scène. Et moi je pense que les gens vont beaucoup apprécier parce que c’est toujours aussi fou, même avec 10 ans de plus.

 

Donc vous êtes plus âgés mais vous n’êtes pas plus sages.

Je suis plus âgé, pas plus sage et toujours en forme. Même plus en forme

 

Vous êtes combien en fait?

On est huit. Et on était neuf avant.

 

Est ce qu’il y a d’autres choses que vous souhaitez me dire?

Je n’ai pas autre chose à dire, juste que ça va être. Je suis sûre que ça va être absolument génial. J’ai hâte de que les nouveaux là vivent cette expérience. J’ai vraiment hâte!

Nous remercions Mikael Bres pour cette interview et nous avons hâte de voir le spectacle Limbo – The Return au festival Adelaide Fringe la semaine prochaine.

INFOS CLÉS POUR LIMBO – THE RETURN

QUOI : Limbo – The Return

OÙ ET QUAND :

ADELAIDE

The Spiegeltent, Garden of Unearthly Delights

Tous les soirs sauf le lundi du 15 février au 17 mars 2024

NEWCASTLE

The Spiegeltent Newcastle

Les mercredis aux dimanches du 3 avril au 5 mai 2024

COMMENT:

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Lisez aussi notre critique du show Blanc de Blanc de la meme compagnie dont Mikael figurait pendant une période.

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