Create4Adelaide est un projet participatif de l’Adelaide Festival qui a commencé l’annee dernière. C’est un projet qui suit le premier projet du nom Create4 qui était à Glasgow à l’occasion du COP26. C’est la compagnie française, Sabir, qui est derrière ces deux projets. On parle avec Théo, Pierre et Laureline, l’équipe de Sabir de Create4Adelaide et de l’exposition des œuvres d’art créées pour ce projet.
Alors Théo, vous êtes donc le co-fondateur et Pierre, vous êtes l’autre. Vous avez créé l’agence en 2019, je crois. Pourquoi est-ce que vous avez fondé l’agence?
Théo : Oui, c’est Ça. Fin 2018, début 2019.
Alors on a fondé l’agence parce qu’on travaillait tous les deux avant ensemble dans des fonctions pour d’autres fonctions professionnelles. Et en fait on a quitté les deux boulots en question en même temps et Pierre a eu une proposition de travail pour travailler dans les questions d’urbanisme et de d’agencement d’attractivité du territoire. Et moi j’avais une proposition pour aller travailler aux Jeux Olympiques pour Paris 2024,
Et c’était deux ou trois semaines après qu’on ait quitté nos jobs et on se retrouve un soir avec Pierre pour aller boire un verre et je lui dis «Tu sais quand même, ça va me manquer – le fait qu’on écrivait des papiers, des mémos pour des gens qui étaient très différents – Maintenant on va vraiment se spécialiser, toi sur la question urbaniste, moi sur la question Jeux Olympiques ». C’est vrai que ça m’intéressait beaucoup tout ça». Et Pierre me dit « C’est marrant que tu dises ça parce que je me suis dit la même chose.»
Et je lui dis ah « okay, c’est drôle parce que j’ai quelqu’un dans mon entourage qui m’a proposé un projet d’écriture mais tout seul je n’arriverais pas à le faire. Donc est ce qu’avant qu’on commence nos jobs respectifs, est-ce que tu es ok qu’on prenne la mission tous les deux?» Et Pierre a répondu oui genre mariage ; c’est vrai que ça fait un peu mariage. Mais du coup, on a fait ça – ça devait durer deux semaines. Et puis finalement le projet d’écriture, il a duré cinq mois. Et finalement on a laissé tomber les deux opportunités de job qu’on avait et on s’est dit «okay, il y a quelque chose à faire, ça nous plaît.»
Et on retrouve la variété des champs d’intervention et des thématiques très différentes parce que en fait à SABIR, on travaille sur les projets, beaucoup sur la culture. Mais il y a la culture, il y a les projets participatifs, il y a des projets avec les Jeux Olympiques quand même. Il y a des projets avec le sport, il y a des projets plus de société, donc c’est assez varié en fait. Et c’est vrai que c’est quelque chose qui, pour le moment, en cinq ans, nous nous plaît beaucoup, nous enthousiasme beaucoup.
Ce n’est pas une agence publicitaire parce que vous faites plus que ça. C’est une agence qui mène les projets, c’est ça? C’est comment? Comment est ce que vous spécifiez le type d’agence?
Pierre : Et bien, peut-être deux choses sur la façon dont effectivement, sur les périmètres d’intervention, on va dire, sur le type de tâches qu’on fait, des missions qu’on effectue, il y a deux choses. Nous, on dit qu’on est une agence où on fait du conseil en stratégie d’un côté et en écriture. En écriture, on va dire aussi bien des contenus éditoriaux que des concepts, des idées de projets. Et en fait, ça fait pas mal écho à ce que Théo commençait à raconter, mais dans nos vies professionnelles d’avant, on travaillait plutôt du côté de la sphère publique et donc avec cette notion d’intérêt collectif, d’intérêt général, un peu au cœur de nos travaux, mais plutôt du côté des politiques publiques.
Et quand on a créé Sabir, on s’est un peu demandé comment on fait pour considérer toujours cette ces questions publiques, ces questions importantes pour le débat public sur l’environnement, sur l’égalité, sur tout un tas de sujets comme ça, qui nous intéressait, mais en ayant une approche qui parte plus du terrain on va dire, et moins des institutions et des grandes autorités politiques.
Et c’est un peu ça qu’on fait, c’est d’accompagner des acteurs. Alors, ça peut être des acteurs culturels, des acteurs du monde sportif, tout un tas de des acteurs de l’urbanisme et de la fabrique de la ville sur ces sujets-là. Et souvent, c’est un peu ce qu’on essaie de faire beaucoup avec les projets qu’on développe, de réussir à faire rencontrer des mondes un peu différents. C’est ça, Sabir, c’est une langue qui a été inventée entre plusieurs autour de la Méditerranée et qui permet de faire communiquer des gens très différents. Et c’est pour ça qu’on avait choisi ce nom-là de Sabir. Et donc voilà, c’est là qu’on se retrouve en fait, c’est sur, on va dire ces grandes thématiques autour des grandes questions de notre époque finalement, et de voir comment les acteurs publics, privés, en tout cas des coalitions d’acteurs, des alliances un peu nouvelles d’acteurs, peuvent imaginer des projets où ils vont converger là-dessus. Et nous, c’est ça qu’on accompagne.
Et Laureline, je crois que vous êtes analyste, c’est ça?
Laureline: Moi, je suis arrivée il y a trois ans et on se connaissait de nos fonctions précédentes et donc ça fait trois ans que je serai avec Pierre et Théo sur des projets culturels, notamment sur Create 4 Adélaïde et avant sur Create 4 Glasgow.
Mais votre rôle c’est écrit que vous êtes analyste.
Laureline: Mais ça recouvre un grand champ de mission. Travailler avec Théo, un peu d’écriture aussi, un peu de communication digitale pour Create4 Adélaïde Donc c’est un mot qui permettait de rassembler, tout un tas de missions,
Théo: Laureline a eu plus beaucoup de compétences, mais elle a une compétence particulière, c’est aussi pour ça qu’on a dit analyste, c’est qu’elle analyse très vite quand on reçoit des documents ou autres. Elle a un très fort esprit de synthèse et de capacité intelligence analytique qui permet en fait après de travailler sur la matière et ensuite de décrire autour de ça. Donc c’est pour ça que d’abord elle fait ça, mais elle ne fait pas que ça, parce qu’effectivement c’est une petite agence, alors forcément, il faut être multi-tasking.
Bien sûr, mais donc passons maintenant à Create4Adelaide. De ce que je comprends, le premier projet de cette nature, c’était à Glasgow en 2021 et ce projet c’était une idée à vous au début.
Pierre: Oui, en fait, ce qui s’est passé c’est donc évidemment c’était pendant la COP 26 à Glasgow. On travaillait déjà autour de ces sujets-là, on réfléchissait un peu à comment on pouvait faire, rencontrer notamment ces thématiques. On va dire il y a trois thématiques un peu clés dans ces projets. Il y a bien sûr le côté créatif et culturel, il y a l’enjeu environnemental, l’urgence environnementale et il y a la question de l’engagement citoyen, de comment de empowerment et de l’engagement citoyen, et de comment on permet à des gens de se saisir de ces sujets, notamment comment on permet à des jeunes gens ou aux jeunes générations de prendre la parole, de s’exprimer sur un sujet qui concerne plus que directement et qui concerne leur avenir, qui nous concerne tous, qui concerne encore leur avenir.
Et c’est vrai qu’en regardant un peu tout ce qui était prévu à Glasgow autour de la COP, alors la COP, c’est à la fois un événement scientifique, un événement diplomatique, un événement très institutionnel et depuis quelques années, sur ces grands événements, il y a tout un volet éducatif, qui accompagne, comme beaucoup de ces grands évènements. Mais on ne voyait pas vraiment comment ce grand événement qui allait animer la ville pendant quelques jours, quelques semaines, c’est très intense tout d’un coup tout est bouleversé, aller laisser véritablement un héritage aux habitants de Glasgow. Et c’est un peu ça notre point de départ.
Le point de départ de notre réflexion, c’est comment on fait. Bien sûr, il y avait des programmes éducatifs. Il y avait par exemple les écoliers à Glasgow, les étudiants avaient eu cette année-là beaucoup plus de cours sur l’environnement, et cetera. Mais comment, au-delà d’accumuler des connaissances, on leur donnait les moyens durablement de s’exprimer, d’avoir une expérience qui leur permet de construire quelque chose pour l’avenir?
Et vous avez fait le Create4 dans d’autres villes avant Create4Adelaide ?
Théo: Non, Alors ce n’est pas officiel et on attend les retours, mais il y a certainement une autre ville, en Amérique qui serait très intéressé mais c’est pas encore u stabilisé.
Donc Create4Adelaide, c’est vraiment directement de Glasgow. On est la deuxième ville à avoir ce projet.
Théo: Tout à fait.
Et donc le projet Create4Adelaide a commencé l’année dernière. Les écoles, les étudiants je crois, ils avaient eu les ateliers sur le sujet changement climatique. Et là, la première partie du projet Create4Adelaide s’est terminée et il y a une exposition à Adelaïde, avec les meilleures œuvres votées par le public qui ont été créées pour ce projet.
Théo: Alors meilleurs, je ne sais pas. Enfin je sais pas mais celles qui parlent le plus. Parce qu’au final, c’est quand même un long voyage en fait Create4Adelaide, Create4Glasgow, ça avait été pareil, très long. Comme dit Pierre, il a raison, c’est réussir à s’insérer durablement en fait, pour que ça ait un changement en profondeur. Et bien sûr, c’est génial s’il y a 1 million de personnes qui sont informés de quelque chose. Mais c’est vrai que nous, on se dit que c’est aussi bien si jamais il y a quelques milliers de personnes qui sont engagées pour cette chose. Et ça, c’est le vrai changement.
Donc ça a commencé il y a maintenant un an et quelques mois avec le sondage. Les élèves des collèges, des lycées, des écoles, en fait, ont voté pour les trois priorités locales qui étaient les pour eux les plus gros combats, les plus grosses menaces, qui voyaient, qui arrivaient ou qui étaient déjà là à cause du changement climatique.
On a ensuite construit les partenariats, bien sûr avec les écoles et avec un certain nombre grâce aux équipes du festival qui ont été très impliquées, très engagées avec nous. Ils ont réussi à proposer, bien sûr à des interlocuteurs logiques, je dirais par exemple le Botanical Gardens, ça pouvait être logique, mais d’autres beaucoup moins pour nous, beaucoup moins logique. Et c’est ça qui était bien. Les supermarchés Foodland ils rentrent dans cette démarche et nous on n’est pas là pour Greenwashé une entreprise ou pas, ce n’est pas l’objectif.
Par contre d’avoir la possibilité de s’appuyer sur la force de frappe et la visibilité de de ces gens, ça permet aussi un engagement plus profond. Et ça c’était très, très important pour nous. Et puis après il y a eu effectivement les ateliers avec les artistes.
Avant ça, il y avait la remise des priorités par les enfants à Andrea Michaels, qui avaient du coup reçu les priorités pour lesquelles les jeunes à Adélaïde et dans la région avaient voté. Du coup, tous les ateliers, l’ouverture de l’Open Call, la participation a assez large à cet Open Call. Et puis après effectivement cette sélection – c’est pour ça que moi je n’aime pas trop dire les meilleurs – c’est ceux qui sont les plus forts, les plus à même de vraiment interpeller parce qu’ils sont très justes et parce qu’ils ont du sens et ils signifient quelque chose. Voilà, c’est plus ça qu’on a essayé de faire.
Pierre: Et peut-être juste là-dessus, effectivement souligner qu’enfin on espère et on ne souhaite pas que ce soit simplement un projet créatif avec une belle exposition. Évidemment, on est content quand les œuvres sont belles, mais vraiment, c’est un projet qui vise à donner la parole à une génération dans l’espace public. C’est pour ça que c’était important, pour vous rappeler que les priorités avaient été partagées, avec Andrea Michaels, et cetera.
Et l’idée, c’est que ce projet, non pas il sauve le monde, on n’est pas délirant. Mais par contre, qu’il ait des impacts concrets, que cette jeune génération, elle puisse se faire entendre auprès des décideurs politiques, très clairement aussi auprès du monde privé quand c’est nécessaire. Mais qui est vraiment cette intervention dans le débat qui rentre dans le débat.
Créer une œuvre d’art pour Create4Adelaide, ça a été ouvert à tout le monde, je crois, pas seulement aux étudiants. Vous avez pu faire partie du concours de n’importe où dans le monde et à n’importe quel âge à peu près?
Laureline: On a même retrouvé des œuvres de jeunes Français, de jeunes Britanniques. Mais c’est surtout la communauté locale à Adélaïde qui a été très mobilisée dans les écoles, mais aussi des jeunes qui chez leurs parents qui en avaient entendu parler, que ce soit lors d’événements ou par des partenaires qui ont créé une œuvre et qui ont été sélectionnés.
Et en fait, parfois c’est comme si on avait planté une petite graine et ça a pris une autre dimension. Par exemple, il y a une école qui n’avait pas de workshop avec un artiste et qui en fait a envoyé 100 œuvres sur la protection des récifs. Et spontanément, les enfants ont dit à la professeure «Nous, on veut se saisir de ce problème parce qu’il nous concerne très directement.» Et ils se sont lancés dans cette création assez impressionnante.
Est-ce que les enfants australiens ont eu des inquiétudes qui sont vraiment australiens pour l’environnement, pour le futur, ce qui nous touche plus ici qu’ailleurs.
Laureline: Oui, notamment il y a beaucoup d’œuvres qui traitent de la question des feux de forêt. Notamment une école Montessori qui a fait une grande installation qui montrait les conséquences en fait d’un feu de forêt. D’autres élèves qui se sont saisis de la question des animaux qu’il fallait protéger. Donc ça c’était une des questions principales et la protection des récifs aussi, qui est quand même propre à l’Australie.
Théo: Pas du tout à Glasgow.
Oui, ça change un peu.
Théo: C’est aussi un point important parce que pour nous, il y a un élément important dans ces projets-là eu et il faut toujours être toujours très vigilant là-dessus. Nous, on ne prétend pas du tout et on n’en a pas envie, mais on ne le prétend pas, par ailleurs, de savoir comment la jeunesse de telle région ou de tel pays va doit se mobiliser et sur quels sujets.
Par contre, on est un peu convaincu qu’en étant informé, en proposant un projet un petit peu engageant et en réfléchissant avec de la créativité sur comment je me saisis de cette question avec mes enjeux locaux sur place dans la région, alors là oui, normalement, je peux avoir le sentiment que ce projet-là, en fait, oui, il est important et il m’appartient. Et ça, c’était important aussi pour nous. C’est qu’il m’appartient parce que jusqu’à la, on est jamais allé en Australie.
Mais vous allez venir, pour l’exposition Create4Adelaide, je crois.
Théo: Voilà, en février/mars, on vient. C’est pareil. Glasgow, on y était allé une fois, euh. Et donc je n’ai pas la prétention de connaître les habitudes, les priorités ou les lectures de la société et de la jeunesse de Glasgow ou d’Adélaïde. Par contre, avec certains, certaines activations, certains outils et certains récits, alors oui, on peut à priori adapter quelque chose avec pertinence.
Pierre: Et ça, je pense que c’est ce que dit Théo est important. Mais c’est important pour nous côté Sabir, mais je pense que c’est important de souligner aussi que là on a la chance de travailler avec le festival d’Adélaïde main dans la main et que pour le coup, ben le festival d’Adelaïde, c’est des gens qui travaillent, qui connaissent Adelaide, qui connaissent l’Australie et eux ont eu l’intelligence et le courage et l’audace de se mettre dans la même posture.
C’est à dire de ne pas prétendre déjà savoir ce que les jeunes de la région allaient penser, quelles étaient leurs préoccupations, mais d’accepter aussi, on va dire, bien, finalement, de renoncer à un peu de pouvoir et simplement de poser un cadre pour l’expression des jeunes et pas d’essayer de le contrôler ou de garder le pouvoir. Et ça veut dire pas nous à quelques milliers de kilomètres, ça paraît assez naturel, mais même eux, sur place, ils ont accepté de faire ce pari-là.
Pour les œuvres d’art de Create4Adelaide, il y a deux parties : le problème qui est là à résoudre, mais normalement ils doivent aussi essayer de trouver une solution. Et est-ce qu’il y a eu des solutions auxquelles vous n’avez pas déjà pensé?
Laureline: Il y a eu des solutions et parfois à l’échelle en fait très, très concrète. Il y a par exemple eu une artiste qui avait proposé un abri recyclé pour les oiseaux qui leur permettrait de se nourrir. Donc il y a eu ces solutions à l’échelle concrète, mais il y a aussi eu des œuvres qui en fait, faisaient un cri d’alerte tellement fort que ça nous incitait collectivement et politiquement, je pense, à chercher à la solution.
Théo: Pour moi, il y a deux choses. Il y a effectivement cette question autour des oiseaux, il y a eu une œuvre très forte, très parlante, qui a été construite, mais c’est souvent et c’est pour ça que je dis, qu’il n’y a pas de certitude de notre côté, c’est que, en fait, Create4 c’est aussi le commencement d’un voyage. Et le commencement ça veut dire, c’est une sorte d’initiation très humble je veux dire. Mais pourquoi je dis ça? Parce que deux ans après, à Glasgow, on a eu des projets qui étaient assez forts et très concrets pour lutter contre la pollution du bruit dans la ville par exemple, la pollution sonore, ou pour lutter contre le gâchis alimentaire, on a vu des projets très forts là-dessus. Deux ans après, on sait que les ces écoles-là, elles ont continué. Et certains jeunes ont continué à réfléchir et à créer.
Alors je dirais pour moi, c’est pour ça que je dis que ce n’est pas les meilleurs, c’est qu’en fait ce n’est pas un concours pendant six mois. où il y a Create4Adelaide pour avoir The best idea ever. Mais non, c’est en fait déjà commencer à penser ce sujet-là, est-ce que moi, localement, petite personne que je suis, je ne peux pas penser à un début de solution; il y a peut-être ça et puis trois mois après. Ah ben, je n’avais pas pensé à ça et en fait c’est là où c’est un ongoing process.
Donc c’est la graine donc dont vous avez parlé au début. Mais après l’exposition Create4Adelaide, j’ai vu qu’il y aura une suite je crois, ou un prochain projet. C’est vous qui va mener le projet aussi parce que c’est écrit qu’après l’exposition en mars, les gens seront invités à voter sur le sujet du prochain projet.
Théo: Alors pour le coup, ça c’est le festival et pour le moment, c’est Ruth avec son équipe qui pilote ça alors nous on en parle avec elle, mais c’est vraiment elle qui coordonne.
Donc il y aura une suite de Create4Adelaide et vous serez aussi impliqués on va dire.
Théo: Okay. Ce n’est pas stabilisé, il y a pas de certitudes. Ce qui est sûr, c’est que le festival et sa directrice artistique, du coup, sont très engagés sur cette question, que le fait de s’adresser à la jeune génération et de travailler autour de l’activisme créatif, ça lui parle, ça leur parle et c’est important pour eux. Et donc qu’ils ne veulent pas qu’il y a eu un projet Create4 et après bon on laisse tomber. Voilà, ils veulent continuer là. Ça c’est sûr. Après quelle forme…
Mais en fait, quel est le role de Sabir dans le projet Create4Adelaide surtout que vous êtes là-bas et on est ici? C’est créer les sujets des ateliers. C’est plutôt les choses techniques qu’on voit en ligne, qu’est-ce que c’est?
Pierre: Alors il y a des choses très, très différentes. Je dirais que le point de départ, c’est quand même qu’il y a beaucoup d’établissements culturels dont la relation aux jeunes publics, c’est d’abord de voir comment on fait venir des jeunes aux événements culturels qu’on propose. Et ça c’est une vraie expertise et une compétence. Mais ce n’est pas la même expertise que de dire comment on s’adresse à des nouvelles générations pour les impliquer dans un projet participatif où ils vont être actifs, où ils vont voter, où ils vont s’exprimer artistiquement. Donc ce n’est pas tout à fait les mêmes expertises.
Donc évidemment, le festival faisait déjà des projets participatifs avant, mais il y a quand même à cet endroit-là parfois, un besoin d’appui, d’expertise et puis simplement d’expérience. On parlait de Create4Glasgow, en fait, ce sont des projets un peu nouveaux qui sont à la rencontre de plusieurs thématiques, de plusieurs dispositifs.
En fait, on apprend aussi en faisant et nous, on met à disposition, j’allais dire cette expérience, ce partage d’expériences pour savoir comment, à quel moment c’est mieux d’impliquer les écoles, à quel moment on essaye de s’adresser directement aux élèves sans passer par les écoles, à quel moment on va mobiliser tel ou tel partenaire, Quel est le bon tempo, le bon calendrier? Comment on fait pour que les politiques se sentent à la fois concernés mais n’essaye pas de reprendre le contrôle du projet.
Enfin, il y a plein de questions qui se posent pour arriver à bien faire avancer le projet. Et après il y a un appui plus opérationnel effectivement sur les questions de site web, de mettre en place une interface qui permet de proposer des œuvres sur internet, etc. Des questions plus techniques.
Oui, je ne voulais pas minimiser votre rôle dans Create4Adelaide en posant cette question. C’était plutôt pour comprendre. Est ce qu’il y a d’autres choses que vous souhaitez me dire sur le projet, sur l’exposition ou d’autres choses?
Théo: C’était pour nous, enfin, peut-être, simplement, il y a une différence. C’est vrai. Et on a dit deux ou trois fois entre Create4Glasgow et Create4Adelaide bien sûr, on est beaucoup plus loin. Et donc parfois ça a été difficile parce qu’il fallait faire les rendez- vous à 7 h du matin.
Oui, avec le décalage horaire.
Théo: C’est compliqué, mais c’est vrai qu’on a eu la chance d’avoir avec Create4Glasgow, il y avait déjà une équipe et des interlocuteurs très impliqués, mais c’était beaucoup plus au niveau politique. Et donc on avait des responsables politiques et les responsables administratifs. Et après, on était un peu, nous trois, lancés dans l’aventure. A Adélaïde, on a eu cette chance d’avoir quand même une équipe du festival qui a été très, très, très impliquée, très engagée, et qui a cherché à chaque fois, honnêtement, très humblement, très modestement, à s’en saisir, à aider, à accompagner. Et ça, c’est vrai que ça a été, du coup, un vrai plaisir,
C’est vrai que là-dessus Ruth a une incidence. Elle est, je n’en ai pas de doute, très responsable de ça et c’est une vraie chance pour nous d’avoir eu cette possibilité-là dans un monde aussi éloigné de pouvoir lier ces liens-là aussi forts. C’est très précieux. C’est très, très unique. Voilà.
Et vous avez déjà travaillé un petit peu avec elle lorsqu’elle était à Paris à Châtelet, je crois.
Théo: C’est ça. On avait travaillé avec elle à ce moment-là sur un deux projets d’écriture, mais c’est vrai que quand elle est partie à Adélaïde, on s’est un peu dit « Ah là, on ne va pas la revoir tout de suite.» Et quand on a écrit, on a pensé à cette suite et on en a parlé, on l’a montrée à Kath Maitland du festival et à Ruth, et que les deux ont dit «Ah oui, c’est génial, c’est une très bonne idée». C’est vrai qu’on a été, on était doublement joyeux, je dirais de ça. On va poursuivre l’aventure.
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Nous remercions l’equipe Sabir pour cette interview et nous avons hate de voir l’exposition des œuvres Create4Adelaide au festival d’Adelaide
INFOS CLÉS POUR CREATE4ADELAIDE
QUOI : Create4Adelaide, une exposition d’œuvres issues du projet participatif qui a fait appel à des œuvres sur le thème des priorités climatiques et de leurs solutions, qui s’est déroulé tout au long de l’année 2023 dans le cadre du Festival d’Adélaïde.
OÙ : Conservatoire du bicentenaire, au jardin botanique d’Adélaïde.
QUAND : De 10h à 18h à partir d’aujourd’hui, du 29 février au 17 mars.
COMMENT : Il n’est pas nécessaire d’acheter un billet, c’est gratuit et vous pouvez visiter l’exposition à chaque fois qu’elle est ouverte. Plus d’informations sur Create4Adelaide par ici
COÛT : L’entrée est gratuite
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