San Salvador du village San Salvadour jouera au festival WOMADelaide

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San Salvador est un collectif qui vient du village de San Salvadour en France, qui chante dans langue occitane. Il vient en Australie pour le festival WOMADelaide. Nous avons parlé avec Thibault Chaumeil, un des chanteurs du collectif.

San Salvador

Vous êtes un des chanteurs bien sûr du groupe San Salvador et vous jouez aussi le Tom Bass?

Oui exactement. C’est ça. Donc on est six chanteurs et percussionnistes. Et moi, je joue effectivement du Tom Bass.

 

Alors qu’est-ce que le public de WOMADelaide peut attendre de deux concerts de San Salvador?

Le public de WOMADelaide peut attendre une performance énergique, puissante, où il pourra entendre six voix, dont trois voix féminines, trois voix masculines, mais qui produisent ensemble une espèce de d’entité encore plus puissante avec des percussions qui donnent un rythme assez puissant et des chansons très, très longues dans lesquelles on peut on peut rentrer plus ou moins en transe.

 

De ce que j’ai entendu de votre album je comprends ça. Je peux imaginer ça en live. Comment est-ce que vous vous êtes rencontrés? Je crois que la plupart de vous être des amis – il y a les frères et sœurs, bien sûr – mais vous étiez amis depuis votre enfance?

Oui, c’est tout à fait ça. On se connaît depuis tout petit parce que nos parents étaient amis et effectivement dans le groupe, il y a des frères et sœurs. En fait, depuis tout petit, on a commencé à chanter ensemble, à apprendre des chansons traditionnelles de chez nous. Et puis, on a grandi, on a commencé à faire des groupes de musique à l’adolescence, quand on était au lycée. Et puis à un moment, il y a une dizaine d’années environ, on a décidé de monter ce groupe et d’en faire notre métier.

 

Vous avez des formations musicales ou c’est vraiment juste l’amour de la musique?

Pour certains oui, il y a des formations musicales, mais non, je dirais que c’est surtout l’amour de la musique qui fait qui a monté ce groupe.

Donc vous présentez un concert de la musique occitane. Pourquoi vous avez choisi cette musique comme genre et qu’est-ce qui vous plaît dans cette musique?

Alors en fait, je ne dirais pas que c’est de la musique occitane, enfin on pourrait encore qu’on pourrait dire ça, mais c’est juste qu’on chante dans la langue occitane. On chante en occitan parce que l’occitan est parlé, ou a été parlé, dans toute la moitié sud de la France, un peu au nord de l’Italie, un peu au nord de l’Espagne. Donc nous on habite à la limite nord où cette langue était parlée. Et donc naturellement, quand on a commencé à apprendre des chansons traditionnelles de chez nous, bien naturellement, la plupart étaient en occitan.

 

Et ensuite on a décidé de garder cette langue parce qu’elle permet la passerelle entre des temps assez anciens, des fois un siècle, des fois deux siècles. Et elle permet la bascule entre ce qu’on aurait envie de dire aujourd’hui sur le monde d’aujourd’hui.

 

Vous parlez couramment l’occitan?

On ne le parle pas vraiment, on le chante surtout.

 

Donc la région où vous êtes parlait autrefois l’occitan. Mais est-ce que vous avez des racines occitanes? Mais comment vous l’avez appris en fait?

Non, on l’a appris dans les chansons, mais objectivement, là où on habite, l’occitan n’est pas n’est pas très parlé. Parce que à une époque, pour la génération de nos grands-parents,  il a s’agit pour l’Etat de décréter qu’en fait il fallait unifier la langue du pays et que tout le monde devait parler français. Donc effectivement, à un moment, ils se faisaient fâcher s’ils parlaient occitan. Donc chez nous, c’est resté comme ça. Chez nous, une manière intime de parler un peu. Les vieux parlent entre eux, les jeunes plus trop. Par contre, un peu plus au sud, en France, on peut dire plutôt vers Toulouse ou Marseille où il y a beaucoup plus d’écoles en occitan, il y a beaucoup plus de facs en occitan et des gens qui parlent l’occitan.

 

Ah c’est bien parce que j’avais peur que ce soit une langue qui meurt. Je ne savais même pas si on enseignait l’occitan non plus.

C’est une langue qui vit, qui vit encore assez fort.

 

Donc si vous dites que vous apprenez l’occitan par ce qui est les paroles des chansons, c’est à dire que les paroles sont les anciennes paroles.

Oui, tout à fait oui.

 

Donc vous n’écrivez pas les paroles vous-même, c’est les paroles des chansons d’autrefois.

Voilà, c’est ça pour toutes les chansons qu’on chantera à ce concert de WOMADelaide. Effectivement, toutes les chansons sont issues d’un texte traditionnel sur des chansons qui existaient, voilà qui ont un siècle ou deux. Mais par contre, on a décidé d’inventer toute la musique avec des paroles.

 

Donc, il y a l’énergie et la partie un peu trance de votre musique, mais de quoi parlent vos chansons? Comme vous êtes devant un public comme en Australie ou on ne parle pas l’occitan.

Alors il faut savoir que c’est la même chose en France. Quand on joue à Paris par exemple, les gens ne comprennent pas du tout de ce qu’on est en train de chanter. Donc effectivement, avant de chanter une chanson, on donne juste un peu de background comme vous pourriez dire. Mais ensuite, on a fait en sorte que notre musique révèle le texte, et d’ailleurs souvent la musique, comme c’est un langage à part, comme c’est un langage en soi, la musique, elle nous permet souvent de raconter plus de choses qu’elle est dit dans la chanson. On peut donner une atmosphère, on peut dire le sous texte, on peut faire parler les gens, mais aussi donner vraiment une atmosphère et s’étendre sur quelque chose qui est dit en deux mots dans la chanson. Et donc je pense que la musique, si simplement on n’attend pas de comprendre les paroles, parle d’elle-même.

 

Selon votre site web, vous êtes des troubadours occitans modernes en liberté au monde, si je traduis bien de l’anglais. Mais comment vous vous comparez à des troubadours occitans du passé? Et combien de mois de l’an êtes-vous en tournée?

On peut utiliser ce terme de troubadour dans le sens où on est souvent sur les routes. Pour inventer notre musique qui parle d’aujourd’hui, on récolte le matériel traditionnel, les chansons traditionnelles et populaires comme faisaient les troubadours. Ils allaient de d’endroit en endroit, en récoltant des chansons et en les rapportant au monde. Et donc, on peut dire qu’on a effectivement la même fonction, le même désir de récolter des chansons de chez nous, mais qui nous parle du monde d’aujourd’hui. Et cette année, on tourne beaucoup, on tourne, je dirais neuf mois sur douze.

 

San SalvadorVotre premier album La Grande Folie a reçu le prix du meilleur album Musique du monde aux Victoires de la Musique. Donc d’abord, félicitations! Mais quelle pression ça vous met pour votre deuxième album.

Ça nous met beaucoup de pression parce qu’effectivement on veut faire beaucoup plus loin. On ne sera pas satisfait si on fait la même qualité ou en dessous. Il faut qu’on aille explorer un peu plus loin, il faut qu’on aille explorer plus profondément et oui, qu’on en sorte quelque chose de plus grand encore.

 

En fait, je dirais que ce n’est pas forcément ce prix qui nous donne cette pression, mais c’est plutôt comment ses chansons se font réagir les publics partout où on les chante, où on reçoit. C’est vrai que ces chansons-là, on a l’avantage de marcher devant un public de tout âge, devant tout type de salle assise ou des festivals debout et on chante toujours les mêmes chansons et c’est ça qui est assez extraordinaire. Et on aimerait, on aimerait aller encore plus loin, mais avec le deuxième album.

 

Où est ce que vous trouvez en fait ces chansons? Est-ce qu’il y a un livre rempli de toutes les chansons en langue occitane ou est-ce que c’est ce que c’est difficile d’en trouver?

Alors pour les chansons qui sont sur cet album La grande folie, elles sont toutes sauf une issue de l’endroit vraiment où on habite. Et donc ces chansons se sont transmises de manière orale à travers les années, à travers les siècles. Donc à un moment, elles ont été collectées. C’est à dire elles ont été soit écrites dans des recueils, effectivement, soit enregistrées. Et maintenant, sur internet, n’importe qui peut aller consulter des enregistrements de personnes qui chantent ses chansons.

 

Alors bien évidemment, la musique n’est pas du tout la même et bien évidemment d’un chanteur à l’autre, il y avait quelques différences, parfois des différences de textes. Et parfois on se rend compte que dans plusieurs endroits de France, on retrouve les mêmes chansons un petit peu différentes, mais on se rend compte qu’elles ont voyagé, qu’elles se sont transmises, passées. Mais effectivement, on peut les trouver en ligne – il y a un grand travail qui a été fait pour numériser des bandes d’enregistrement – de gens qui chantaient ces chansons. Et il y a des livres qui ont été édités pareil.

 

Donc ce n’est pas difficile d’en trouver. Donc pour vos prochains albums, il y a beaucoup de chansons pour desquelles vous pouvez choisir.

Oui. Alors pour notre prochain album, on ne sait pas encore, mais on va peut-être emprunter un chemin un peu différent. Mais je ne sais pas si je peux en dire plus maintenant. Mais, on va peut-être essayer de brouiller les pistes. On souhaiterait que les chansons qu’on chantera sur le prochain album collent encore plus à ce qu’on voudrait dire du monde d’aujourd’hui.

 

Qu’est-ce que c’est que vous souhaitez dire du monde d’aujourd’hui?

Il y a plein de choses! Il y a des choses éminemment politiques sur – parce que par exemple, dans les chansons qu’on chante, il y a déjà des rapports de puissance entre des personnages, des rapports de domination des fois presque. Il y a des chansons qui traitent de rapports entre hommes et femmes. Il y a une chanson qui parle de la guerre, il y a des chansons qui parlent de comment être ensemble et en fait on veut parler de tout ça, on veut faire un, on veut pouvoir chanter un constat du monde actuel et peut être mettre en musique ces rapports de puissance.

 

Pourquoi les gens doivent ils venir vous voir à WOMADelaide?

Le public peut venir pour simplement y trouver beaucoup d’énergie. Pour pouvoir ressentir cette énergie et la partager.

 

À quel moment est-ce que vous avez décidé de faire la musique à plein temps comme profession?

Moi, c’était à la sortie du hall du lycée je dirais. En fait, depuis notre enfance, on fait de la musique et toute notre adolescence on a continué à en faire et en fait je n’ai pas l’impression qu’on ait choisi. Ça s’est fait naturellement. C’est à dire que pendant qu’on était au lycée et qu’on suivait les études, et bien on avait déjà des concerts. On faisait déjà des concerts le week-end et c’est simplement que quand on a arrêté le lycée, on a continué à en faire et on s’est organisés pour en faire encore plus. Je pense que c’était une continuité.

 

Est-ce que les parents des membres du groupe sont musicaux?

Alors pour certains oui, l’ont été de manière professionnelle et d’autres plutôt en pratique amateur.

 

Je me demandais si l’amour de la musique a été transmis par les parents peut-être.

Oui, je pense que ça a joué, mais puisqu’effectivement tous avaient cette culture de musique traditionnelle et populaire. Donc je pense que oui, il y a un certain passage qui s’est fait, oui.

 

Je crois que j’avais lu que le père de Gabriel avait un intérêt dans la musique occitane et il a déménagé dans cette région pour ça?

Effectivement, il était lui originaire de Lyon. C’était à l’époque du revival folk. Tout le monde faisait de la musique folk. Dans les années 60-70, c’était la musique en vogue et en fait, lui et quelques autres, et voilà, dans le même temps, se sont rendus compte qu’en fait il y avait une espèce de richesse qui était qui émanait des territoires plutôt ruraux et une richesse musicale, une richesse de chansons, de traditions, d’instruments de violon qui était vraiment une musique propre à ces territoires, à ces personnes, et qu’en fait ils se sont – lui et quelques amis – se sont mis en tête d’enregistrer ces personnes-là – ces gens qui ne faisaient pas du tout ça de manière professionnelle, qui chantaient, qui pour certains avaient fabriqué eux-mêmes leur violon mais qui étaient paysans de métier. Ils se sont rendu compte en allant de village en village, qu’il y en avait qui avaient partout des gens qui chantaient, et qui avaient en fait une tradition assez incroyable.

 

Quand on est petit, le père de Gabriel menait des ateliers pour les enfants et donc on faisait partie de ces ateliers, dans lequel dans lequel on apprenait ces chants.  On les chantait, on dansait, on inventait.

Nous remercions Thibault Chaumeil de cette interview et nous avons hâte de voir San Salvador en concert à WOMADelaide.

INFOS CLÉS POUR SAN SALVADOR À WOMADELAIDE 2023

QUOI: Le groupe San Salvador en concert au festival WOMADelaide 2023

QUAND: San Salvador se reproduira aux horaires suivants:

  • samedi 11 mars, 17h
  • dimanche 12 mars, 17h30

Et le groupe sera en atelier lundi 13 mars à 15h – le sujet n’a pas encore été annoncé.

OÙ: Botanic Park, Adelaide

COMMENT : Achetez vos billets par ce lien: https://www.womadelaide.com.au/tickets

COMBIEN : Les billets pour le samedi sont désormais épuisés. Cependant, des billets individuels pour le vendredi, le dimanche et le lundi sont encore disponibles aux prix suivants:

vendredi

  • adulte 166 $
  • concession 148 $
  • jeune (13 à 17 ans) 103 $
  • enfant (sous l’âge de 12 ans avec un adulte) gratuit

dimanche

  • adulte 225$
  • concession 198 $
  • jeune (13 à 17 ans) 137 $
  • enfant (sous l’âge de 12 ans avec un adulte) gratuit

lundi

  • adulte 225$
  • concession 198 $
  • jeune (13 à 17 ans) 137 $
  • enfant (sous l’âge de 12 ans avec un adulte) gratuit

ECOUTEZ: Vous pouvez écouter San Salvador sur Spotify en attendant leurs concerts à WOMADelaide par ici : https://open.spotify.com/artist/7scEcqhNpJPeO8RNSuj4nc?si=nHEQSVWFRAuS_lxv2HJh2w

 

Connaissez-vous la musique de San Salvador?

San Salvador
Image: Facebook San Salvador

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