Hola Frida ! est un film sur l’enfance de Frida Kahlo qui est au programme du festival CHIFF

Hola Frida !
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Hola Frida ! est un film québécois qui est au programme du Children’s International Film Festival 2025 (CHIFF 2025). Il s’agit d’un film d’animation sur l’enfance de l’artiste mexicaine Frida Kahlo. On parle avec André Kadi, un des scénaristes et le producteur étranger, et Karine Vézina, chef opératrice, les deux de la compagnie Du Coup Animation, co-producteur du film.

Hola Frida !

S’appuyant sur près de deux décennies de collaboration, ils partagent leur engagement en faveur d’une représentation authentique, mettant en avant les racines culturelles de Frida, ses luttes contre la maladie et son rôle de pionnière parmi les femmes artistes, ainsi que leurs efforts pour trouver un équilibre entre les difficultés réelles de Frida et un sentiment d’émerveillement et d’imagination accessible au jeune public. Les cinéastes réfléchissent également à l’importance des voix féminines dans la production, travaillant en étroite collaboration avec la famille de Kahlo, et aux choix créatifs impliqués dans l’adaptation d’un livre concis en un film riche et émouvant qui invite les enfants à poser des questions et à se reconnaître dans le parcours de Frida. Lisez notre interview par la suite.

 

Votre compagnie Du Coup Animation a créé le film Hola Frida ! Depuis combien de temps est-ce que vous travaillez ensemble tous les deux?

André: Nous deux, ça fait 18 ans. On a travaillé ensemble en jeux vidéo avant de travailler ensemble en animation et on a ouvert onc Du coup animation il y a sept ans.

 

Vous connaissez donc bien le style de travail l’un de l’autre.

André: Oui, Karine était directrice photo sur les films de Dounia. Puis là, ça fait 18 ans qu’elle me parle de Frida Kahlo. Donc au moment où on a commencé un film sur Frida, là je me suis dit qu’il faut qu’on le fasse ensemble.

 

Donc c’était une idée à vous, Karine.

Karine: En fait non, ça c’est un projet qui a été initié par le district, par le Tobo, puis ils nous ont demandé si ça nous intéressait, puis évidemment, on est intéressé. Donc c’est parti comme ça. Mais c’est vraiment eux qui ont initié en achetant les droits du livre de Cara Carmina.

 

Pourquoi est-ce que vous avez décidé tous les deux de travailler dans le monde du film d’animation?

Karine: Moi, j’aime l’animation depuis longtemps. J’ai étudié là-dedans. Je me suis rendu compte que je n’aimais pas animer, mais j’adore l’animation quand même. Donc je fais tout ce qui est autour sauf l’animation. Mais c’est quelque chose qui date de pas mal, de Pink Floyd The Wall bizarrement. C’est vraiment un film où il y a de l’animation traditionnelle super impressionnante et très fluide et très créative. J’avais trouvé ça vraiment fantastique à l’époque. J’étais au secondaire et c’est ça qui m’avait donné le goût de faire de l’animation pour ma part.

 

Et vous André ?

André: Moi, c’est un peu pareil. C’est en jeu vidéo, j’avais envie d’être plus dans du narratif. Moi, j’étais musicien donc la réalisation, c’est quelque chose que j’aimais beaucoup. Donc réalisation plus musique plus animation. En fait l’animation, c’est ce qui nous permet de plus raconter les histoires qu’on a envie de raconter. Là, aux studios, on développe un film de science-fiction en même temps qu’un film d’horreur, en même temps que de film jeunesse. Je trouve que ça permet de vraiment développer des films et en évitant le côté plateau de tournage qui est très très lourd je trouve, dans le cinéma traditionnel.

 

D’où est venue donc l’idée de faire un film pour enfants sur l’enfance de Frida Kahlo comme Hola Frida !?

André: Ça a été vraiment deux envies. On avait fait Dounia et la Princesse d’Alep avant, et Dounia le grand pays blanc: un film qui racontait l’histoire d’une petite réfugiée syrienne pendant son parcours jusqu’au Canada et le deuxième film, ces deux premières années au Canada. Puis on avait envie de raconter d’autres histoires. Donc on a plusieurs histoires qu’on peut raconter.

 

Mais Frida est arrivée un peu comme ça avec le livre. On s’est dit ben c’est peut-être le temps de raconter cette histoire. On ne voulait juste pas participer à la Frida Mania qui est déjà un peu partout. Il y a déjà tellement d’objets dessus. Donc au début, on était un peu réticents, puis finalement on a été rencontrer la famille au Mexique. Et la famille nous a dit mais il n’y a rien qui a été fait sur sa jeunesse, donc n’hésitez pas à vraiment parler d’elle parce qu’il n’y a pas de film au Mexique, il n’y a pas de film d’animation, donc ça serait bien que les enfants puissent un petit peu voir d’où elle vient.

 

Quand on parlait avec eux, ils disent pour les gens, ce n’est pas évident que son père était allemand, qu’elle a eu la poliomyélite, que sa mère était zapotèque. Donc en faites un film tant que c’est fait dans le respect. Pendant tout le processus, ils sont restés très proches de nous, surtout sa petite nièce Cristina Kahlo, qui nous a beaucoup, beaucoup aidé pendant le film.

 

 

Hola Frida! © Haut et Court Distribution – Tobo Media – Du Coup Studio Production – Maison 4:3
© Haut et Court Distribution – Tobo Media – Du Coup Studio Production – Maison 4:3

 

La représentation est importante dans les médias pour tout le monde, mais surtout pour les enfants. Dans quelle mesure étiez-vous consciente de créer un espace pour la culture mexicaine et la créativité féminine dans le film?

Karine: C’est sûr que c’est ça qui était le plus important. Je pense que notre priorité, avant de faire un film pour enfants, c’était de parler d’une artiste femme qui a eu une importance quand même intéressante dans la vie, qui a réussi à faire sa marque dans le monde de l’histoire de l’art, dans une époque où les femmes n’avaient même pas le droit de vote. Frida n’a pas eu le droit de vote de toute sa vie, sauf à la dernière année de sa vie. C’était une période pas facile pour les femmes. On s’attendait plus des femmes qui soit juste femme au foyer, qui fonde une famille et qui s’occupe de la famille.

 

Donc c’est impressionnant de voir ce qu’elle a réussi à accomplir à partir du Mexique en plus tout ça. Je trouve que c’est intéressant de passer cette information-là aux enfants, de faire connaître cette jeune femme là. On n’a jamais trop de modèles féminins de toute façon à part pour les femmes dans le monde par exemple c’était vraiment un beau prétexte pour parler de ça et de parler d’autres sujets à travers ça donc justement les handicaps, l’intimidation, tout ça par la bande.

 

Mais c’est sûr que, en priorité, ce qu’on voulait, c’était faire découvrir une artiste aux plus jeunes, une ancienne artiste de talent.

 

André: Oui, parce que je pense qu’elle reste très moderne dans son féminisme, dans son importance. Ça, c’est un projet où il y a eu beaucoup, beaucoup de femmes. En fait, je suis quasiment le seul homme dedans. La directrice d’animation, c’est Marie-Michelle Laflamme qui est mon associée chez Du Coup. Mes coproductrices, c’est Laurence et Florence. Dans le pool d’auteurs, on est cinq dont quatre femmes. Donc c’était vraiment très, très important, à tous les niveaux. Chez Dandeloo aussi, le film est porté par des femmes.

 

Et parce qu’il y a tout, il y a le Mexique de cette période-là qui était très très contrasté. Quand on était à Mexico, ça a été un coup de foudre pour la ville, mais aussi pour son histoire et pour l’art vivant qui restait dans les rues. Donc là, c’est important. Quand on a fait la première à Mexico, dans la Casa Azul, on a fait la première dans sa version mexicaine, dans la Casa Azul présentée par Cristina Kahlo. C’est la première chose qu’elle a dit:  Vous avez fait un film sur le Mexique et sur ma famille, pas juste sur Frida, mais sur toute cette ambiance, sur le fait que les zapatistes commeçaient à arriver en ville. Le fait que les femmes s’habillent à l’européenne alors que d’autres voulaient retrouver leurs racines préhispaniques. Donc on a essayé de mettre tout ça dans le film sans que ça devienne trop didactique non plus, mais que tout soit présenté quand même au moins un petit peu.

 

L’homosexualité de Frida par exemple. On voulait montrer toutes les facettes de Frida donc même le côté de l’homosexualité, par exemple, est montré par la maîtresse. À l’époque, quand une femme ne voulait pas se marier c’était soit parce qu’elle voulait continuer à s’éduquer, soit parce que justement, elle était lesbienne. Elle était obligée d’aller soit vers infirmière, soit maîtresse, soit enseignante parce que on demandait aux enseignantes de ne pas se marier justement pour être dédiées aux enfants. Donc là, c’est pour ça que la maîtresse, on la voit un moment avec son amie au cimetière, puis on essaie de montrer discrètement que cette période-là, il y avait ça aussi. Puis c’est ce qui explique sans doute que Frida a dit «Moi je vais aller à l’université, moi je veux enseigner, je veux devenir médecin.» Oui, parce qu’elle voulait devenir médecin, puis parce qu’elle voulait s’éduquer. Moi aussi je pense parce qu’elle ne voulait pas se mettre dans un dans un carcan, avoir un mari puis être obligée –

 

Karine: d’etre dépendante financièrement quelqu’un d’autre. Je pense qu’elle voulait être indépendante pour faire face comme elle voulait, sans compromis.

 

Et dans quelle mesure est-ce que le film suit le livre?

André: Le livre était vraiment un point de départ dans le sens où le livre, c’est un livre qui est très, très court. C’est quelques lignes. Et puis il y avait quelques faits sur le fait de Frida était peintre. L’angle qui était intéressant, c’est qu’elle avait six ans et que c’est le moment où elle a la poliomyélite. Donc c’est ça qu’on trouve intéressant, c’est le point de départ. Après, on a fait une websérie qui déjà est partie du livre mais qui a développé une histoire sur 30 minutes, puis après on est parti plus tôt de cette websérie pour redévelopper avec des nouveaux thèmes, amener La Muerte, amener le monde imaginaire, pousser beaucoup plus le handicap, pousser l’intimidation. Donc ça a été en plusieurs étapes. Mais c’est sûr que on s’est affranchis beaucoup de l’histoire du livre parce qu’il est beaucoup trop court pour faire un film.

 

Hola Frida! © Haut et Court Distribution – Tobo Media – Du Coup Studio Production – Maison 4:3
© Haut et Court Distribution – Tobo Media – Du Coup Studio Production – Maison 4:3

Les films pour les enfants évitent souvent de montrer les choses difficiles, comme les maladies, la tristesse. Mais par contre, vous, vous n’hésitez pas à montrer la polio de la jeune Frida. Pourquoi est-ce que c’était important pour vous?

Karine: Déjà parce que ça fait partie de son histoire. Puis je pense que aussi c’est l’espèce de message qu’apporte Frida dans sa vie. Et je pense que c’est ce qui fait qu’elle est très populaire aujourd’hui, c’est qu’elle a eu beaucoup de souffrances. Elle a eu beaucoup de fausses couches ; ça a été un des drames de sa vie de pas pouvoir avoir d’enfant. Finalement, son accident, ça a été des grosses épreuves. Puis je pense que c’est important d’en parler parce que ça fait vraiment partie d’elle et ça fait partie aussi de son travail artistique. On le voit à travers toutes ses peintures, c’est très très cru on va dire.

 

On va du sens que ça fait partie de sa personnalité puis ça fait partie de son identité puis de ce qu’elle était, je pense. Elle était très vraie. Je pense qu’elle était très authentique. C’est une personne qui assumait ce qui arrivait puis sans détour pour en parler. Donc je pense que on voulait respecter cette identité-là de Frida à travers le film aussi.

 

André: Oui, surtout qu’on fait des films à hauteur d’enfants. On l’a fait sur Dounia déjà, où on montrait la guerre ou montrer la souffrance. On montrait beaucoup de choses. On les met à hauteur d’enfants dans le sens qu’on enlève suffisamment de choses pour qu’un enfant soit capable d’être dans la salle avec nous à regarder. Mais pour nous, c’est des films où l’enfant doit être accompagné avec un parent, avec un adulte, avec quelqu’un de plus âgé, avec un enseignant pour qu’il puisse lui poser des questions.

 

Et on l’a vu un peu partout dans le monde. Le film, on l’a présenté vraiment partout et on l’a beaucoup suivi. Et on voit tout le temps quand on se met au fond de la salle et qu’on voit des enfants qui sont là avec les parents et tout ça, qui posent énormément de questions, puis des fois qui expliquent aux parents aussi, ils disent «oh, là Tchikita, elle est morte». Puis des fois, les parents, ils posent une question qu’eux, avec leur regard d’adultes, ils n’ont pas vraiment perçu. Alors que les enfants ils comprennent tout, ils comprennent tout même ce monde imaginaire qu’on a voulu créer. Là, c’était beaucoup une idée de Karine, le monde imaginaire qui est présente à la fois.

 

Le monde imaginaire, on l’a vraiment créé avec toutes les peintures de Frida. On peut retrouver la végétation, les animaux, les problématiques et en plus de ça, on a amené le fait que c’est son corps dans le sens où il y a sa colonne vertébrale qui est représentée par cette grande colonne qui se brise au moment de l’accident. Il y a son pied qui est malade pendant la poliomyélite, il y a son cœur qui est important dans l’œuvre de Frida. Donc on a mis toutes ces parties là pour représenter le corps et que quand ce monde-là devient froid, c’est que La Muerte s’approche. Et puis, c’est là qu’elle a puisé, parce qu’elle même disait, elle dit «Moi j’ai juste peint ce que je voyais dans ma tête.»

 

Donc on s’est dit bon ben dans ce monde imaginaire qui a vraiment existé pour elle, elle a vraiment dit Frida. «Moi quand j’étais petite, à six ans, j’ai eu la poliomyélite, j’étais seule, je m’ennuyais, donc j’ai été dessiner une porte dans la buée. Je suis passée par cette porte et là j’ai rencontré une amie qui pendant des années, j’ai parlé à cette amie et je suis allée dans ce monde imaginaire qui était magnifique.» Donc là on essaie de l’imaginer comme si c’est dans ce monde-là qu’elle avait puisé toutes les marques qu’on trouve un peu dans ses tableaux après tout ça.

 

Hola Frida! © Haut et Court Distribution – Tobo Media – Du Coup Studio Production – Maison 4:3
© Haut et Court Distribution – Tobo Media – Du Coup Studio Production – Maison 4:3

Et l’amie c’est un peu à l’image d’elle. Elle a la même monosourcil.

André: Oui, c’est elle en fait. vous verrez vers la fin, ça amène au tableau des deux Frida. Donc on termine un moment la confrontation, le moment qui est important, où elle prend sa vie en main, où elle décide de se battre toute seule. C’est le moment où on représente les deux Frida à travers ces deux personnages dans le monde imaginaire et où là, son amie lui dit «Là, à partir de maintenant, va falloir» – chaque passage dans le monde imaginaire, c’est un petit peu une affirmation de soi. Au début, elle apprend à se dire « ce n’est pas grave ce que pensent les autres, mais c’est important de toi-même, trouver la force en toi de trouver le courage.» Puis à la fin, c’est non, on va arrêter de t’aider là à partir de maintenant tu n’as besoin de personne pour vivre ta vie et peindre tes peintures. Donc à chaque passage, c’est un peu une étape dans la vie de Frida.

 

Et comment est-ce que vous avez trouvé l’équilibre entre légèreté et profondeur dans votre portrait?

André: Je pense que c’est en parlant beaucoup avec tout le monde. Moi j’ai une grosse partie sur le script. Karine aussi au début sur la structure. On n’a pas hésité à réécrire le script beaucoup. Chaque séquence, on voulait qu’elle soit parfaite, qu’elle incarne quelque chose qui est à la fois de la légèreté. On voulait que le lien avec la petite sœur soit important, qu’on voit aussi que ce lien change, que la petite sœur, elle passe de très insouciante à OK, d’un coup, ma grande sœur est malade. On a réécrit les séquences : beaucoup de gens ont donné des petites anecdotes, des choses qu’on a entendues au Mexique, des choses qu’on se disait entre nous qu’on trouvait qui pouvaient amener beaucoup.

 

Donc, à chaque fois qu’il y a quelque chose qui pouvait amener de la légèreté, mais qui pouvait avoir un contexte historique, par exemple, vraiment réel. On a essayé d’en faire quelque chose. On a coupé des choses, on en a remis, puis on a essayé d’avoir un script justement, qui était bien équilibré par rapport à ça, sachant que toutes les anecdotes du film, on les a lues dans les lettres, même le patin à roulettes. Ça paraît anachronique, mais même le patin à roulettes, c’est vraiment quelque chose qu’elle faisait avec son père. Son père, il a même fait une petite rampe en bois. Mais ça, on ne l’a pas mis dans le film. On s’est dit ça paraît trop moderne, on ne va même pas nous croire. Mais il y avait même une petite rampe. Il est de s’entraîner dans les canaux de Xochimilco ensemble, dans toutes les petites anecdotes. C’est des choses qu’on a lu dans ses lettres ou dans son carnet.

 

Karine: Comme la série a été écrit avant que nous on a animé. En fait, on a fait la série dans le sens où on a produit les décors en animé mais l’écriture avait été faite avant. On n’était pas impliqué du tout dans l’écriture de la série. La série était beaucoup plus enfant que le film qu’on voulait faire. Ça fait que là, on a traficoté pour réussir à augmenter un petit peu finalement, l’âge du spectateur, là.

 

André: Le target.

 

Karine: Le target qu’on voulait avoir. En fait on a ajouté plus de sérieux dans la série que la série était au départ. Là pour le film, on l’a en l’extension, mais ça a été difficile de mixer une partie qui n’a pas été écrit par nous avec la partie qui a été écrite principalement par André. Toute la partie film, c’est surtout André qui l’a écrit. Et puis d’un état à un autre niveau, ça a été assez difficile. Ça a été le plus gros défi du film.

 

André: Ça nous a permis d’amener plus loin les thématiques. Par exemple, dans la série, il y a le moment où il y a l’intimidation. Et puis, à la fin, elle décide juste d’elle s’en fout, elle s’amuse avec ses amis. Nous, on a rajouté les discussions avec les parents qui étaient là pour expliquer oui, c’est bien Frida, là tu as fait mais pour que l’enfant comprenne que l’intimidation il n’est pas obligé de prendre ça au sérieux mais qu’il faut qu’il en parle quand même à un adulte aussi. Quand il y avait la course avec le petit qui n’est pas gentil dans la série, c’est juste qu’il n’était pas gentil, qu’elle battait donc on était content. Dans le film, on a rajouté quand même une backstory, d’expliquer que ce petit s’il est comme ça, c’est parce qu’il vient de perdre son père.

 

Hola Frida! © Haut et Court Distribution – Tobo Media – Du Coup Studio Production – Maison 4:3
© Haut et Court Distribution – Tobo Media – Du Coup Studio Production – Maison 4:3

C’est Raphaël, c’est ça ?

André: Oui, Raphaël, il s’est mis lui-même la pression de devenir l’homme de la famille alors que sa mère ne lui a rien demandé, mais il lui dit «non, non, non, moi je suis l’homme de la famille. Puis je vais essayer d’être dur, d’être fort parce que ma mère elle s’occupe des deux petits.» Puis ça prend tout le film avant qu’on comprenne lui-même qu’il n’est pas obligé d’aller vers ça. Et puis, Frida lui tend la main constamment, jusqu’au moment où enfin ils redeviennent amis. Parce que pareil, c’est des débats dans l’équipe au début. Ma coproductrice disait «mais pourquoi on lui donne autant de place à ce petit alors qu’il n’est pas gentil?» J’ai dit «Oui, mais dans toute méchanceté quasiment, il y a de la souffrance. Donc c’est sûr que c’est aussi une façon d’expliquer l’intimidation». Ça se désamorce beaucoup en essayant de comprendre qu’est ce qui se passe avec un enfant. Et dans neuf cas sur dix, ce n’est pas même 49 sur 50, ben c’est parce que lui-même il souffre beaucoup, donc il envoie cette souffrance ailleurs là. Donc on a essayé de, comme vous disiez, justement, même si c’est un film pour enfants, on essaie quand même d’amener les thèmes vers une complexité que nous, on trouve intéressante.

 

Oui. Et pensez-vous que Hola Frida s’inscrit dans un mouvement plus large à raconter des histoires vraies à travers l’animation de jeunesse?

André: Nous, on trouve que c’est intéressant parce que ça amène beaucoup. Là, on est en développement sur plusieurs films qui parlent justement de peintres, de gens qui ont marqué l’histoire et certains qui n’ont pas réussi à avoir finalement la place de Frida. Frida, pendant des années et des années, a été oubliée. Et puis après ça, elle est revenue.  Fin des années 60, début des années 70, elle est revenue à la mode et c’est reparti. Mais il y a beaucoup d’autres artistes, notamment dans le Maghreb.

 

Donc là, par exemple, on est en train de développer une histoire sur une peintre algérienne qui est partie très jeune à Paris et qui est devenue la muse, l’inspiration de Matisse, de Picasso parce qu’elle avait un style incroyable et qu’elle venait avec des couleurs qu’eux connaissait même pas, avec des pigments qu’ils n’avaient jamais vu. Elle avait seize ans. C’était une femme incroyable. Puis elle est repartie finalement en Algérie. Elle s’est mariée avec un monsieur de 30 ans de plus qui allait retomber dans l’anonymat complet. Ses peintures ont été distribuées partout. Donc là, par exemple, ce film-là va être aussi intéressant parce qu’il parle de quelqu’un qui a eu une trajectoire un peu comme Frida, qui est une femme aussi incroyable, mais que l’histoire n’a pas gardé en mémoire.

 

Et il y en a beaucoup, beaucoup des femmes comme ça. Donc oui, tant qu’on sera capable de trouver des histoires inspirantes à raconter, je pense qu’on va le faire. On raconte plein d’autres histoires dans plein d’autres films aussi, mais des fois les targets sont pas les mêmes.

 

Là, on vient de finir un film qui s’appelle «Allah n’est pas obligé». Je ne suis pas réalisateur cette fois, Karine non plus. On fait 50 % du film mais il est fait en France, donc on est on est en coproduction. Puis là, ça parle des enfants soldats, mais là c’est du seize et plus, voire 18 et plus, parce que là on montre vraiment les fusillades, on montre les balles, on montre le sang. Parce que ce film-là, on n’aurait pas été capable de le mettre à hauteur d’enfants. Là c’est plus pour expliquer à des adultes comment il y a des enfants de dix ans qui peuvent se retrouver avec une mitraillette dans les mains qu’on bourre de LSD jusqu’à ce qu’ils soient capables de tuer des gens sans même se rendre compte de la gravité de ce qu’ils font.

 

Karine: Donc l’animation permet un peu de, je ne dirais pas de dédramatiser, mais disons que voir des enfants qui tirent sur des gens en réel, je pense que ça serait encore pire. Donc en animation, ça crée une distance avec le spectateur qui est peut-être plus facilitante, on va dire, pour le spectateur. C’est moins dur comme réalité que de le voir je pense, en réel, ça serait plus difficile pour le spectateur.

 

André vous avez dit que ce dernier-là était fait une partie en France, celui-ci aussi je crois. Hola Frida ! c’est un petit peu ou c’est plus question de financement?

André: C’est parce que «Allah n’est pas obligé», c’est un film qui avait été commencé en France, puis nous on a embarqué plus tard. On a fait donc 50 % du film. Mais le réalisateur est en France, donc on est beaucoup moins les deux mains dedans, même si on est très très content d’avoir participé.

 

Alors que Dounia et Frida, ce sont des films qu’on a initié au Canada. C’était une coproduction avec la France, mais l’apport de la France était moins haut. La musique était faite en France par Laetitia qui a fait un travail incroyable. La voix aussi d’Olivia Ruiz pour Frida adulte. Et elle a écrit la chanson du générique. Donc oui, c’est surtout au niveau de la musique et du son que la France a intervenu. Puis ils ont été avec nous depuis le début, que ce soit dans Haut et Court, notre coproducteur – on a fait des séances d’écriture, ils sont venus au Mexique avec nous. C’est vraiment un projet où tout le monde a participé, où c’était vraiment une belle synergie d’équipe.

 

Je me demandais parce que j’avais vu que vous êtes le producteur étranger, je crois que c’est écrit sur Unifrance. Donc je me demandais qu’est-ce que c’est en fait, si vous êtes basés à Canada?

André: On est 90 % Canada, 10 % en France sur le projet-là. Donc, c’est un projet vraiment canadien à la base. Mais pour nous, Haut et Court était très important parce qu’ils ont distribué Dounia, qu’on avait fait avant alors qu’ils n’étaient pas coproducteurs. Mais ils l’ont vraiment pris comme si c’était ; comme s’ils avaient adopté notre petite Dounia pour l’amener en salle. Donc cette fois, on voulait les embarquer dès le début dans la coproduction.

 

Le film souligne le pouvoir salvateur de l’imagination, de la création et de l’art. Est-ce que l’un ou l’autre d’entre vous a fait l’expérience?

Karine: Moi je le sais. Mon parcours est très habituel. En partant déjà, c’est sûr que je vais dire oui parce que j’ai eu un cégep, un bac, une maîtrise en arts visuels, en cinéma. Je viens vraiment beaucoup du monde de l’art visuel. Moi aussi quand j’étais jeune, je n’avais pas beaucoup d’amis au primaire, je n’étais pas très populaire ça fait que j’ai beaucoup dessiné c’est une porte de sortie. Et puis ça m’a permis aussi de en fait de me révéler aux autres comme quelqu’un qui avait une certaine valeur parce que dans mes cours d’arts plastiques pis les concours de dessin à l’école, je gagnais des concours de dessin. Donc ça a été une façon pour moi de me valoriser quand j’étais jeune.

 

Et vous André?

André: Ouais ben moi, c’est passé aussi par le sport, par plein de choses. Mais effectivement, à moi, c’est sûr que c’est plus Karine qui a eu ce parcours-là dans nous deux. Mais Olivia Ruiz par exemple, qui est très connue en France, qui est une chanteuse romancière, quand on a fait la tournée de promotion du film, elle disait qu’elle, quand elle était petite, à six ans aussi, elle était pas mal intimidée. Puis dans sa tête, toujours à se demander «OK, qu’est-ce que Frida Kahlo aurait fait à ma place pour se donner de la force?» Et puis elle aussi, par la chanson, par la musique, elle est partie d’être intimidée à prendre confiance en elle.

 

Donc je pense qu’il y a beaucoup de gens dans le film qui sont passés par là, mais surtout que Frida a inspiré. C’est fou le nombre de personnes à qui on a parlé partout dans le monde qui disent ah « moi j’ai un rapport très très très serré avec Frida, moi!» Mais je ne sais pas si c’est parce que c’est les lettres. Je ne sais pas si les gens ont vraiment l’impression de l’avoir connue. Frida.

 

Karine: Mais comme elle parlait beaucoup d’elle tout le temps et qu’on a accès à toutes ses lettres – elle a beaucoup, beaucoup écrit donc on en a retrouvé beaucoup. Et puis, il y en a plein qui sont publiés. Comme elle a parlé de plein, plein de problèmes qu’elle a eu autant conjugale que les fausses couches, la maladie, les douleurs…

 

Mais tout le monde a sa raison d’aimer Frida. Mais c’est tout pas la même. Souvent, c’est ça qui est intéressant puis qui est drôle, c’est qu’il y en a qui disent « ah oui, moi aussi j’ai eu encore cette-là quand j’étais jeune et aussi à un moment donné, j’ai été alité pendant six mois.» «Moi aussi mon mari m’a trompé.»

 

Tout le monde a une raison différente ce qui est intéressant. Puis je pense que c’est pour ça qu’elle est aussi populaire aussi. Je pense qu’elle touche les gens parce qu’elle a souffert beaucoup, puis elle en a parlé beaucoup, fait que c’est devenu comme elle a démocratisé sa douleur. Tout le monde est capable de s’associer à une partie de cette douleur-là d’une façon.

 

© Haut et Court Distribution – Tobo Media – Du Coup Studio Production – Maison 4:3
Hola Frida! © Haut et Court Distribution – Tobo Media – Du Coup Studio Production – Maison 4:3

Comment est-ce que votre vision du film a évolué ou du début du projet jusqu’à la version finale?

Karine: Ça a été progressif au cours, en travaillant, on écrivait un truc et quand on allait au Mexique visiter, on a vu l’étendue de la richesse de l’identité culturelle mexicaine qui est incroyablement foisonnante. En tout cas, moi qui viens du Québec, je vais te dire, on est à peu près à 1/100 de ce qui se passe au Mexique. Donc, il y a une grosse, grosse identité culturelle. Ils ont beaucoup de bagages, beaucoup d’histoires, beaucoup de légendes. C’est un puits sans fond d’inspiration. Je pense qu’à un moment on est allé visiter au Mexique pendant deux semaines, ça a été très inspirant.

 

André: Oui, c’était pendant la fête des morts, donc en plus tout est beau, tout était décoré. Et puis, on a découvert ce pays qui est en plus. Nous on était vraiment à Mexico à Coyoacán. Et comme Mexico, c’est une ville qui fait peur un peu aux gens. Les touristes vont beaucoup sur le sur les bords de l’eau, les bords de mer, pas beaucoup à Mexico. C’est une ville qui ne vit pas pour le tourisme mais qui vit tout simplement. Mais c’est 22 millions de personnes, c’est très très impressionnant.

 

Ça a été le point de départ et après ça a été vraiment l’équipe. Nous on laisse beaucoup de place à l’équipe aussi, donc chaque personne apporte son talent. Marie-Michelle, mon associée au niveau de la direction artistique, a amené beaucoup. Justine qui faisait les personnages quand elle a fait La Muerte par exemple, ‘était un personnage qui était très intéressant. Quand Jade, qui nous fait les décors, a commencé à prendre toutes les photos qu’on a ramenées pour créer cet univers. Elle a travaillé beaucoup avec Karine pour qu’au niveau des couleurs, des lumières, on ait est ce que nous on avait ressenti.

 

Donc c’est le projet a vraiment évolué au fur et à mesure. Puis après, quand Laetitia est rentrée pour la musique, quand Yann est rentré pour le son, ils ont amené eux aussi cette expertise. Ils ont amené aussi beaucoup de leur talent pour que le film – ils prennent tout cet espace-là.

 

Comment est-ce que vous avez abordé la traduction de son univers en animation, mais sans pour autant copier ses œuvres. Donc c’était les photos du Mexique et tout ça.

Karine: En fait on a commencé par l’histoire, et puis après ça, on a regardé dans l’histoire où est-ce qu’on pourrait introduire des parcelles de son travail d’une façon. On n’a pas travaillé à l’envers. Je pense qu’on n’a pas dit «on va parler de ses toiles-là.» André a écrit l’histoire surtout. Après ça, on a essayé de voir où est ce qu’on pourrait montrer des flashs de ces toiles, des petits trucs, et puis d’en mettre ici et là des éléments centraux. Ce n’est pas scientifique non plus.

 

André: Oui comme on ne peut pas montrer les toiles tel quel parce que la seule toile qu’on montre vraiment, c’est Viva la Vida, qu’on la voit commencer et finir à la fin parce que c’était sa dernière toile. Donc on voulait vraiment que ce soit le jour où elle a décidé que ça y est, c’était fini, elle arrêtait de peindre. Donc c’était vraiment le dernier jour d’elle en tant que peintre en tout cas. Et elle est morte deux semaines après de toute façon. Donc ça c’était le seul vrai tableau qu’on a mis en tant que tel.

 

Les autres, c’était vraiment des inspirations, c’est de leur donner une fonction narrative. Parce que comme chacun des tableaux a une fonction narrative, on a essayé de comprendre «c’est quoi l’explication du tableau?» Les deux Frida, on a lu que justement elle se référait à son ami imaginaire et qu’elle voulait représenter ses deux facettes et tout ça. Donc on a vraiment bâti l’histoire autour de ça. Quand on a pris la colonne brisée par exemple, comme dans le tableau, sa colonne qui est brisée puis qui est retenue par des bandages blancs, là, on en a fait l’élément central de son monde imaginaire.

 

Quand elle a son accident d’autobus, sa colonne se brise, quant à la fin, avec le bandage rouge, elle arrive à la maintenir, elle ne la répare pas. On voit qu’elle arrive à la maintenir et toute sa vie ça tiendra, mais ça tiendra à peine. Pour les bandeaux rouges, pareil, on est parti du tableau avec ses ancêtres où elle met des rubans rouges qui vont vers la famille. Donc là, on a fait toute l’histoire du ruban rouge sur ce tableau-là.

 

Donc chaque fois, on a pris vraiment l’explication du tableau, et on a essayé d’introduire ça et de comment elle aurait pu vivre et qu’est ce qui lui a donné envie de les peindre après. Donc après, il y a une petite partie évidemment d’imagination de notre part pour ça. Mais il y a certains tableaux qu’elle a quand même assez bien décrits dans ce qu’elle voulait représenter dedans.

 

Comment avez-vous guidé l’équipe d’animation pour que chaque image reflète votre vision et l’émotion de l’histoire?

André: Et bien ça, c’est l’une de nos grosses forces chez Du coup, c’est qu’on a un studio où tout le monde est sur place. Toute l’équipe est là tous les matins. Donc on travaille sur plusieurs projets à la fois, même des fois on était tout seul. Karine aussi était là avec nous. Marie-Michelle est là, moi je suis là.

 

Donc comme tout le monde est sur place, c’est une équipe qu’on a choisi année après année. On connaît les forces de tout le monde. Ça nous permet tous les matins de se poser avec l’équipe et de voir qui travaille sur quoi. Là, on sait que si un jour Jade et Justine travaillent sur le monde imaginaire, que si les deux Nicos travaillent sur autre chose, on est capable d’aller se poser avec eux tous les jours. Ils nous posent énormément de questions. Ils arrivent avec des suggestions.

 

Puis comme c’est un travail justement où tout le monde est là, on peut à tout moment se lever et aller voir même un bout d’animation, un bout de danse par exemple. Puis on peut corriger très vite, ou on peut très vite poser des questions comme «Qu’est-ce que t’es en train de faire?» Puis si on voit qu’ils ne partent pas exactement vers où on avait besoin, ben on est capable d’en parler avec eux. Donc ça c’était vraiment la façon pour nous de travailler le mieux c’est d’avoir tout le monde sous la main tous les matins, tout le monde est là.

 

Karine: André est allé présenter à Morélia après. Mais il n’était pas fini fini le film. Là on a eu beaucoup de feed-back sur eux, des Mexicains qui nous ont dit «ça on ne dit pas ça comme ça» ou nous autres on «tu sais, on se serre la main aux marchands parce que par politesse, c’est comme ça que ça se fait dans notre pays.» Ça fait qu’il y a des choses qu’on a retravaillé après aussi. De commentaires de gens mexicains qui nous ont dit «Nous autres, c’est pour ça.» «Ça, fait attention, ça veut dire ça, tu sais.» On s’est adapté, on a fait des choses.

 

André: On avait deux mois entre la fin de la projection à Morelia et la Casa Azul et la sortie en France. On avait deux mois à peu près. Donc on s’est vraiment permis pendant deux mois de venir réajuster énormément de petites choses, des tout petits détails, des petites choses où les gens nous disent comme disait Karine, par exemple, ils nous disent les zapotèques, ils serrent la main en se regardant. Donc si la mère est vraiment zapotèque et si elle va y avoir des madames zapotèques, ça ne serait pas normal qu’elles serrent la main.

 

Après, quand on le fait des fois en France ou en Belgique, les gens vont nous dire ben c’est bizarre les deux femmes qui se serrent la main, mais pour nous c’est vraiment important que tout soit très authentique. Donc on préfère finalement que les gestes soient les vrais gestes authentiques, puis de devoir l’expliquer que de pas les mettre pour pas que les gens comprennent.  Comme dans la première par exemple, Maria qui était l’auteur nous expliquait «Ah oui mais attention, à Alep, les marchands par exemple, ils ne disent jamais non comme ça, ils disent non mais avec le nez.» Donc elle nous donnait beaucoup de gestes qui pour nous étaient super important parce que on voulait que les gens revivent le Alep d’avant la guerre. Donc on a fait, on a essayé de faire la même chose pour Mexico de Frida là.

 

© Haut et Court Distribution – Tobo Media – Du Coup Studio Production – Maison 4:3
© Haut et Court Distribution – Tobo Media – Du Coup Studio Production – Maison 4:3

Quels messages ou valeurs souhaitez-vous transmettre aux jeunes spectateurs à travers le film?

Karine: C’est sûr que la résilience, c’est quand même le message fort de Frida. Et évidemment oui, la force salvatrice de l’art, aussi, je pense que ça fait partie des gros thèmes de Frida dans sa vie. Je pense que c’est les deux principaux.

 

André: Oui, et puis c’est de voir la beauté en chaque chose. D’ailleurs, elle le dit à la fin dans sa narration – on avait lu dans une lettre : « Au lieu de s’appuyer sur ce qui ne fonctionne pas dans la vie, de se dire Bon, aujourd’hui, j’ai mal au dos, tu sais. En plus, ils lui ont coupé la jambe, la pauvre, elle s’appuyait surtout sur chaque jour. Qu’est ce qui va aujourd’hui? Ah, il fait beau, Il y a le petit vent frais qui me fait du bien. Aujourd’hui, je suis avec mes animaux.»

 

Donc elle s’appuyait beaucoup sur le positif pour peindre ce qu’elle avait envie de peindre, mais surtout vivre chaque jour pour ce qu’il était. Elle ne s’est jamais apitoyée sur son sort et je pense que c’est très important que les gens comprennent ça.

 

Karine: Je pense aussi que l’authenticité, ça fait partie des messages qu’elle offre beaucoup. Le fait qu’elle ne fait pas partie d’aucun courant artistique, même si les surréalistes ont voulu souvent l’embarquer avec eux. Mais elle a toujours dit «je ne suis pas surréaliste, je ne peins pas des rêves, c’est vraiment ma réalité que je peins, c’est tout. C’est juste moi, c’est ma vie et c’est tout.» Donc cette authenticité-là aussi, je pense que c’est quelque chose qui est très rafraîchissant. C’est quelque chose qui parle beaucoup, à travers elle. Je pense que c’est un très beau message pour les jeunes d’aujourd’hui, d’être authentique et de se respecter soi-même, d’être soi-même.

 

André: De pas se mettre dans une étiquette de pas soi-même, se dire faut que je sois ce qu’on attend de moi et sans vouloir le revendiquer. C’est ça que j’ai aimé beaucoup avec elle, c’est qu’elle ne revendiquait pas. Elle disait juste je m’habille comme je m’habille, je me crois comme je crois, si je veux me laisser mono-sourcil, je le laisse. C’est sa façon juste de dire je fais ce que je veux de toute façon.

Nous remercions André et Karine de Du Coup pour cette interview.

INFOS CLÉS POUR HOLA FRIDA !

QUOI : Le film Hola Frida ! est au programme du festival CHIFF (Children’s International Film Festival)

QUAND : Plusieurs séances entre le 5 et 20 juillet

OÙ :

MELBOURNE : Cameo Cinemas, Belgrave ; Classic Cinemas, Elsternwick; Lido Cinemas, Hawthorn
SYDNEY : Ritz Cinemas, Randwick

COMMENT : Achetez vos billets par ici

COMBIEN : Les prix des billets sont les suivants :

  • Billet individuel 16,50 $
    Valable pour les adultes, les enfants, les seniors et les personnes bénéficiant d’une réduction.
  • Billets pour les membres 14,50 $
    Deux billets à prix réduit maximum par membre. Valable pour tous les types d’adhésion.
  • Pass famille 56 $
    Deux adultes et deux enfants ou un adulte et trois enfants.

 

Lisez aussi notre article sur les films d’origine française et francophone au festival CHIFF

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Matilda Marseillaise

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