BabelBooks, une boutique en ligne en Australie qui vend des livres de deuxième main en français et en anglais

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BabelBooks est une boutique en ligne de livres de deuxième main en Australie avec une difference. Les livres ne sont pas qu’en anglais – plusieurs titres en français aussi et de plus, 10% du prix de vos achats va chez Magabala Books pour aider à préserver l’héritage unique et précieux, par la publication des livres bilingues ou des livres en langues indigènes.

 

BabelBooks - Sabiene Dejey
Sabine Dejey, fondatrice de BabelBooks

La société a été fondé par Sabine Dejey. Nous avons discuté avec elle.

Vous avez fondé BabelBooks, une boutique en ligne en Australie qui vend des livres de deuxième main.  Vous avez dit que vous avez fondé BabelBooks parce que vous n’avez pas pu trouver des livres en langues outre que l’anglais qui était abordable et convenaient.  Vous avez dit que c’était après une conversation avec recyclivre.com que vous avez été poussé a créer le site web et l’entreprise BabelBooks. Parlez-nous un peu du projet de recyclivre.com

Recyclivre a été créé par David Lorrain et est devenu un beau succès en France. Son principe est similaire à BabelBooks : fonctionnant sur la base de livres donnés, Recyclivre vend des livres d’occasion et aide des associations et des programmes d’action de lutte contre l’illettrisme, en faveur de l’accès à la culture pour tous et de la préservation de nos ressources. L’entreprise emploie des personnes en insertion, et a obtenu la certification de B-Corp, c’est-à-dire une entreprise qui réconcilie but lucratif et intérêt collectif.  Une véritable source d’inspiration!

 

En revanche Recyclivre réalise une bonne partie de ses ventes via des plates-formes telles qu’Amazon France. Amazon Australia n’a pas encore ouvert la vente de livres d’occasion et il faut donc que BabelBooks se fasse connaitre différemment.

 

Vous êtes aussi philanthrope – vous donnez 10% de vos ventes à l’entreprise Magabala Books, premier éditeur autochtone d’Australie. C’est ainsi que vous aidez à préserver l’héritage unique et précieux, par la publication des livres bilingues ou des livres en langues indigènes. Parlez-nous un peu de ce partenariat.

Maintenir sa langue, c’est préserver sa culture et avoir la possibilité de la transmettre à d’autres. Plus de la moitié des langues aborigènes, et encore plus de dialectes, ont disparu en 200 ans.

 

Il m’a fallu plusieurs mois pour sélectionner Magabala Books, implanté à Broome, en WA. Je cherchais comment soutenir la transcription écrite des langues aborigènes qui sont essentiellement orales : j’ai exploré plusieurs pistes, interviewé de nombreuses personnes. Je voulais aussi que l’association ou l’entreprise soutenue par BabelBooks soit gérée par des personnes de descendance aborigène, et ait un impact le plus large possible. Enfin, il fallait que cette entreprise soit d’accord pour être associée à l’histoire de BabelBooks qui, à son échelle, contribue aussi au maintien d’une autre langue en Australie : le français.

 

Les choses se sont passées simplement avec Magabala Books : j’espère avoir l’occasion de rencontrer l’équipe lors d’un voyage en WA – que je ne connais pas encore.

 

Depuis combien de temps êtes-vous en Australie?

Depuis plus de 11 ans déjà.

 

Que faisiez-vous dans la vie avant de créer BabelBooks?

J’ai eu plusieurs vies professionnelles en fait, essentiellement en France, en Australie et en Grande-Bretagne: dans le financement d’entreprise, l’assurance (AXA), le bénévolat auprès d’associations francophones à Melbourne (l’Alliance Française, le Bastille Day French Festival), le conseil auprès de start-ups dirigées par des femmes, entre autres!

 

En ce moment, je vois que vous proposez des titres en anglais et en français. Est-ce que vous allez ajouter d’autres langues?

J’espère pouvoir ajouter des livres en espagnol d’ici la fin de l’année. Je parle la langue, ce qui me permet de pouvoir trier et classifier les titres. La communauté hispanophone en Australie est également plus importante que la communauté francophone.

 

Ajouter une langue est un processus lourd car il faut identifier les sources de donation de livres, les canaux de communication auprès des communautés hispanophones,  créer une nouvelle interface informatique et modifier la boutique en ligne… Il faut que BabelBooks prenne son essor avec l’anglais et le français, pour financer cette expansion et ajouter d’autres langues par la suite.

 

D’où proviennent vos livres?

Les livres proviennent actuellement de donations de particuliers qui souhaitent donner une seconde vie à leurs livres. Ces donateurs sont sensibles aux efforts que nous faisons pour soutenir l’héritage aborigène et limiter notre impact écologique (remise en circulation des livres en Australie, packaging recyclable, partenariat avec le transporteur Sendle qui garantit une empreinte carbone neutre).

 

J’explore aussi les pistes des bibliothèques et associations.

 

Quand est-ce que vous avez lancé BabelBooks? Combien de livres est-ce que vous avez pu vendre jusqu’ici?

J’ai profité des longs confinements dans le Victoria pour créer la boutique et ai lancé BabelBooks en novembre 2020. La période estivale a été calme car les clients optaient pour des cadeaux neufs et de nombreux australiens ont été bousculés par les fermetures de frontières impromptues pendant cette période.

 

A ce jour nous avons près de 3,000 titres en stock. Les ventes de livres en français sont plus importantes que les titres en anglais, ce qui pose le challenge intéressant du renouvellement de la collection.

 

En revanche les francophones font leurs emplettes sans nécessairement consulter la collection anglophone qui est la plus importante, tant pour les enfants que pour les adultes.

 

Quel est votre livre en français préféré?

« Oscar et la dame rose » d’Eric Emmanuel Schmitt : c’est un livre à la fois drôle et très émouvant d’un enfant atteint d’un cancer qui écrit des lettres à Dieu. J’ai également vu la pièce de théâtre à Paris il y a, hum, très longtemps.

Dans un tout autre registre j’aime beaucoup les polars de DOA que je trouve captivants.

 

The Devil in the Grove

Et en anglais?

Avec mon book club je viens de terminer « The devil in the grove » de Gilbert King. Le livre retrace l’histoire de l’avocat noir américain Turgood Marshall qui est à l’origine de la fin de la ségrégation raciale légale aux USA dans les années 50-60. C’est un vrai morceau d’histoire, une leçon de courage, de ténacité et de stratégie, qui permet aussi de mieux comprendre les tensions raciales actuelles aux USA. Les changements sociétaux, au-delà des évolutions légales, se déroulent malheureusement sur plusieurs générations.

 

D’autres choses à partager avec nous?

Nous essayons de mettre en ligne des titres plutôt récents aussi j’invite les donateurs en herbe à consulter notre site s’ils  souhaitent se séparer d’une partie de leur collection de livres (en anglais, en français et en espagnol).

 

Nous remercions Sabine Dejey de nous avoir accordé cette interview.

 

Visitez le site web de BabelBooks par ici: https://www.babelbooks.com.au/

 

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