DJ GUTS vous emmène dans un voyage musical à WOMADelaide le mois prochain

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DJ GUTS, DJ et producteur vient en Australie pour le festival WOMADelaide en mars où il fera un DJ set pour clôturer le festival le lundi 13 mars. Nous avons parlé avec DJ GUTS avant son arrivée en Australie.

DJ GUTS

C’est peut-être une question évidente, mais pourquoi le nom DJ GUTS? Parce qu’en anglais ça peut dire courage, mais ça peut aussi dire tout ce qui est à l’interne.

Les tripes! Exactement. En fait ce n’est pas une question si évidente que ça. À la base, c’est juste un tag. C’est un nickname, un tag que tu fais sur les murs pour marquer à la fois mon territoire. Quand j’étais jeune, c’était une signature, un tag que je faisais sur les murs pour marquer à la fois mon territoire.

 

Donc vous avez fait un peu de graffiti pendant votre jeunesse?

Justement, j’ai fait un peu de graffiti et c’est un nom au début que j’ai choisi complètement par hasard, mais dans la vie, il n’y a pas de hasard,  Je me dis maintenant avec beaucoup de recul évidemment que finalement ce nom, il me va à la perfection puisque à la fois le courage, j’en avais besoin quand j’étais jeune, pour me réaliser, pour trouver mon chemin, pour trouver ma voie et pour prendre ma vie en main et mon destin en main. Il me fallait beaucoup de courage parce que quand j’étais jeune, j’étais très timide et très introverti. Et j’ai trouvé, on va dire, ma voie, mon chemin et mon destin, je l’ai trouvé grâce au hip hop. Donc c’est le hip hop qui m’a révélé et on va dire le Hip-Hop dans sa globalité.

 

C’est tout ce que tout ce que peut intégrer le Hip-Hop, c’est à dire sa culture, sa philosophie, le graffiti, la danse, les DJ, les beatmakers, les rappeurs. Donc, toutes les disciplines du hip hop et tout ce que ça peut représenter, c’est exactement ce qui est venu toucher au plus profond de moi-même et c’est ça qui a donné un sens à ma vie.

 

Et après GUTS ça veut dire aussi les tripes. Et en fait, le deuxième cerveau, c’est les tripes, c’est le ventre. C’est ce qui se passe là. Et pour moi, c’est quelque chose qui est très, très important parce que j’ai toujours été quelqu’un de de sensible, avec beaucoup d’émotions et tout ce que j’ai pu ressentir dans ma vie, je le ressens dans mes tripes et dans mon ventre. Donc pour moi c’est aussi, on va dire « l’intelligence émotionnelle. »

 

Sur le site web WOMADelaide, c’est marqué que vous etes de la France et de l’Espagne. Vous êtes français, mais est-ce que vous avez aussi des origines espagnoles?

En fait je n’ai pas de sang espagnol, j’ai du sang italien et du sang français, mais ça fait 16 ans que je vis en Espagne, sur une île et du coup, c’est vrai qu’après 16 ans que je vis en Espagne, je me sens moitié espagnol, moitié français. J’ai été marié avec une catalane, une Espagnole et grâce à mon père qui est lui italien, mais qui est venu dans fin des années 60 s’installer à Ibiza, à l’époque évidemment du mouvement psychédélique du mouvement hippie. On va dire que j’ai pris le chemin de mon père et j’ai fini par m’installer à Ibiza aussi, comme mon père. Ceci explique cela.

 

Votre père était musicien aussi?

Pas du tout. Mon père était restaurateur parce que paix à son âme, il est parti depuis, mais il a été un restaurateur italien dans toute sa splendeur.

 

Donc qu’est-ce que le public de WOMADelaide peut attendre de votre DJ set qui clôturera le festival le lundi soir?

Dans ma philosophie et dans mon approche de l’art en général, c’est qu’en fait je dis tout le temps il ne faut rien attendre, mais il faut accueillir. Il faut vraiment faire la nuance entre concert et DJ set – j’ai une proposition de DJ set puisque j’ai arrêté de faire des concerts. Dans ma proposition de DJ set en fait, elle est basée sur mes recherches musicales donc ça veut dire que c’est basé sur la découverte musicale.

 

Et ce que j’aime moi, avant tout je suis un – ce qu’on appelle – Crate Digger et je passe la plupart du temps de ma vie, à chercher la musique, à mettre en lumière des choses soit qui sont passées inaperçues ou soit des choses qui ont été totalement oubliées. Et j’aime bien les remettre en lumière et au goût du jour et donc, ce que j’adore avant toute chose dans mes DJ sets, ce n’est pas forcément de jouer ma propre musique, donc je parle de la musique, de mes disques, de ma discographie. Mais ce que j’adore, c’est jouer mes découvertes du moment. C’est à dire que là, voilà, depuis deux ou trois mois, il y a peut -être une quarantaine ou une cinquantaine de titres qui m’accompagnent et ces titres-là, j’ai envie de les partager et j’ai envie de les faire découvrir au public.

 

Donc évidemment, ce n’est pas toujours facile pour les auditeurs, parce que les auditeurs souvent, sont dans l’attente d’écouter mes chansons, d’écouter les tracks de mes albums. Mais, c’est vrai que pour moi et souvent pour les DJ qui sont aussi des producteurs, c’est toujours un peu délicat de jouer sa propre musique sur scène lorsqu’on est aux platines en tant que DJ. Parce que l’intérêt de jouer sa musique sur scène, c’est de pouvoir la réinterpréter, de pouvoir lui donner une nouvelle dimension sur scène. Et lorsqu’on est DJ, c’est difficile de donner une nouvelle dimension à sa propre musique puisqu’elle n’est pas jouée live, elle est juste jouée sur disque.

 

Donc soit, je joue des remixes de mes propres chansons ou des versions peut être éditées et réinterprétées. Mais c’est vrai que je joue très peu de mes chansons, de mes tracks, mais je ferai un effort comme au WOMAD, c’est la première fois que je viens en Australie. Donc du coup, on est dans un cadre de festival.

 

Je ne suis pas très, très friand des festivals surtout en DJ Set. J’aime bien les festivals lorsque je vais voir un concert, mais en fait je ne vais pas dans un festival pour voir un DJ ou pour écouter un DJ. Lorsque je vais en festival, c’est surtout pour voir et écouter des groupes live. Donc du coup, l’exercice du DJ en festival est toujours un petit peu délicat. Voilà en tout cas la proposition et ce que je propose dans mes DJ set.

 

Où est ce que vous cherchez les nouveautés, les morceaux que vous allez partager avec eux le public?

Ce sont des recherches de façon assez différente. J’ai un peu comme tout le monde, je vais fouiner, chiner, chercher sur Discogs, sur YouTube, sur des blogs, sur des mixtapes de DJ qui sont d’autres diggers. Donc, je passe beaucoup de temps à écouter ça. Je fais beaucoup de recherche sur Bandcamp. J’adore Bandcamp, c’est ma plateforme préférée Bandcamp.

 

Sinon, je suis beaucoup aussi en connexion avec des dealers à travers le monde donc qui eux se consacrent à chercher des vinyles rares dans leur pays et après qui revendent à des DJ diggers, comme moi.

 

Donc c’est tout un réseau de « vinyl dealer » et du coup voilà, j’ai mes réseaux à Paris, à Sao Paulo, au Brésil, en Afrique, aux Caraïbes, en Amérique du Sud.

 

Est ce qu’il y a les artistes australiens que vous avez découvertes que vous aimeriez aimerez et chantez échantillonnés ou travaillé avec?

C’est une bonne question. Ces derniers jours, figure-toi, je suis en connexion avec un beatmaker producteur d’Adélaïde que j’aime beaucoup, qui s’appelle Inkswell. Et du coup, il connaît très bien ma musique. Il m’a dit qu’il était super content de m’accueillir à Adélaïde, qu’on allait échanger, qu’on allait passer du temps ensemble. Donc je suis très content de rencontrer cet artiste.

 

Et il y a un groupe que j’aime bien que j’ai découvert il n’y a pas si longtemps. Ce groupe qui s’appelle Black Jesus Experience.

 

Évidemment, il y a une rappeuse que j’aime beaucoup en Australie. Elle s’appelle Sampa The Great. Elle est vraiment incroyable! J’adore!

 

Donc vous allez pouvoir en profiter un peu. C’est bien, mais qu’est-ce que vous recherchez dans la musique que vous sampler?

Ce que je recherche évidemment, c’est soit un son, soit une mélodie qui va venir tout de suite. Toucher mon âme ou me raconter une histoire, ou alors me renvoyer un souvenir parce que je suis très nostalgique. Mais effectivement, c’est quelque chose qui va venir tout simplement toucher mon âme et qui va venir m’inspirer pour pouvoir après raconter une histoire autour de ce sample.

 

Je commence souvent par composer la musique avec un sample. Et une fois que j’ai mon sample de base qui est un peu la fondation, après je vais construire autour et je vais raconter une histoire autour et je vais sublimer le sample et en faire quelque chose de beau et pourquoi pas de d’émouvant ou de touchant.

Pour parler un peu de votre musique, votre dernier album Estrellas, qui a rassemblé 25 artistes du Sénégal, du Cuba et de la France est lié à la musique des esclaves, c’est ça?

C’est lié à ça. C’est l’héritage de cette musique évidemment, puisque les Cubains ont été déportés depuis l’Afrique à travers le commerce triangulaire. En ayant des artistes cubains qui eux même viennent d’Afrique à travers le commerce des esclaves… Forcément, le fait que des Cubains reviennent en Afrique pour enregistrer un disque, un projet, cette histoire et cet héritage va venir à la fois nourrir le projet et puis surtout, ça va planer. C’est quelque chose qui va planer autour de nous et forcément qui va être présent de façon totalement inconsciente, mais ça sera présent. En plus, la France qui a été un pays colonisateur, un pays aussi qui a fait du commerce d’esclaves. L’Afrique qu’a à la fois qu’a subi l’esclavage, mais qui a été complice aussi parce que c’est eux-mêmes qui vendaient leur propre population. Il y avait aussi les des africains qui faisaient du business et eux-mêmes vendaient des gens de leur propre pays. Donc ils ont été victimes et en même temps complices. Tout ça fait qu’effectivement l’héritage de l’esclavage est quand même grandement présent.

 

Pourquoi vous avez décidé de faire un album lié à cette musique et à ses racines?

Ma première idée était de faire un album à Cuba parce que Cuba représente pour moi l’endroit où la musique est la plus forte, la plus puissante et où les musiciens sont les meilleurs. Donc pour moi, c’est vraiment le La Mecque de la musique. C’est là où les musiciens sont les plus rigoureux, les plus brillants, les mieux formés. Donc je me suis dit peut-être qu’une fois dans ma vie, j’irais dans un endroit qui pour moi est l’endroit peut être le plus musical au monde. Et avec la pandémie, avec la COVID, on pouvait enregistrer, mais c’était tellement compliqué qu’il a fallu que je trouve un plan B. Et le plan B, je me suis dit tout simplement puisque c’est trop compliqué d’enregistrer à Cuba avec des Cubains, et bien je vais enregistrer à Dakar, au Sénégal, avec des Cubains.

 

Les Cubains qui vivaient au Sénégal alors?

Non. Des Cubains de Cuba qu’on a fait venir à Dakar. Cela a été très compliqué de les faire venir. Et donc on a eu cette idée, ces artistes cubains de Cuba qui sont venus à Dakar pour enregistrer le projet.

 

Et comment est-ce que vous avez trouvé tous ces musiciens?

C’est des musiciens avec qui je rêvais de collaborer. Cucurucho Valdés est un pianiste incroyable, qui est le neveu de Chucho Valdés, donc une légende, un pianiste légendaire à Cuba est Cucurucho Valdés. Pour moi, c’était un rêve de collaborer avec lui. Quand je suis allé à Cuba rencontrer les artistes avant de travailler avec eux, je suis allé voir les musiciens qui me faisait rêver et avec qui j’avais envie de collaborer. Donc ça a commencé parce que le pianiste Cucurucho Valdés qui était pour moi la priorité absolue et quand il m’a dit oui et qu’il m’a donné son accord, et après je suis allée voir Brenda Navarette, avec qui j’avais envie de travailler.

 

Et puis je suis allée voir d’autres artistes avec qui j’avais envie de travailler et après je leur ai demandé est ce qu’ils étaient d’accord finalement pour venir enregistrer à Dakar puisque ce n’était pas possible d’enregistrer à Cuba. Et, ils ont tous accepté et ils étaient même très, très heureux et très fiers et très honorés d’aller pour la première fois de leur vie à tous, d’aller retrouver la terre de leurs ancêtres et d’aller enregistrer un disque en Afrique, au Sénégal, à Dakar. Pour eux, c’était un honneur et un privilège.

 

J’imagine. Personnellement, quand je pense au hip hop, je pense au rap. Pour les gens qui pensent que le hip hop n’est que le rap et que votre DJ set va être que du rap, qu’est-ce que vous allez dire?

Je vais leur dire que mon background musical c’est le hip hop et c’est le rap, mais de façon très naturelle maintenant, il y a très peu de rap dans mes DJ sets maintenant. Maintenant mes DJ sets c’est beaucoup de musiques d’Afrique, de musiques sud-américaines et de musiques des Caraïbes. Donc, on va écouter de la musique, du soleil, de la musique de plein de pays, de la musique de Colombie, de Brésil, du Ghana, du Sénégal, du Nigéria, de Cuba, de Trinidad, de Cap Vert. Donc on va voyager et ça sera la musique du soleil, la musique des îles et ça va ressembler à ça.

 

Nous remercions DJ GUTS de cette interview et nous avons hâte de voir DJ GUTS en DJ set à WOMADelaide.

 

INFOS CLÉS POUR DJ GUTS EN AUSTRALIE

 

À WOMADELAIDE 2023

 

QUOI: DJ GUTS en DJ SET au festival WOMADelaide 2023

QUAND: à 22 heures le lundi 13 mars.

OÙ: Botanic Park, Adelaide

COMMENT : Achetez vos billets par ce lien:

https://www.womadelaide.com.au/tickets

COMBIEN : Si vous souhaitez voir DJ Set, il vous faut un billet pour le lundi.

Parce que les billets pour le samedi sont désormais épuisés, il n’est possible que de prendre les billets individuels pour le vendredi, le dimanche et le lundi. Ils sont disponibles aux prix suivants:

 

vendredi

  • adulte 166 $
  • concession 148 $
  • jeune (13 à 17 ans) 103 $
  • enfant (sous l’âge de 12 ans avec un adulte) gratuit

 

dimanche

  • adulte 225$
  • concession 198 $
  • jeune (13 à 17 ans) 137 $
  • enfant (sous l’âge de 12 ans avec un adulte) gratuit

 

lundi (le soir que vous verrez le DJ set de DJ GUTS)

  • adulte 225$
  • concession 198 $
  • jeune (13 à 17 ans) 137 $
  • enfant (sous l’âge de 12 ans avec un adulte) gratuit

 

À MELBOURNE

QUAND: Dimanche 19 mars – l’heure à être confirmée

OÙ: Section 8, 27-29 Tattersalls Lane MELBOURNE

COMMENT: Il suffit tout simplement d’y aller

COMBIEN: Gratuit

ÉCOUTEZ: Vous pouvez écouter DJ GUTS sur Spotify en attendant son DJ set à WOMADelaide par ici: https://open.spotify.com/artist/5mMkUZv8uUrlH0SHX89BeS?si=PVuyxDmnRHGn1d6FKkkK9A

REGARDEZ : Abonnez-vous à la chaine YouTube officielle de GUTS par ici :  https://www.youtube.com/channel/UC-4GEnYaEHfPyOswJPejdbA

Connaissez vous la musique de DJ GUTS?

 

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