Le dernier souffle de Costa Gavras est une exploration lente et contemplative de la mort et des soins palliatifs, centrée sur des conversations entre un philosophe et un médecin.
Le philosophe Fabrice Toussaint (Denis Podalydès, La Petite Vadrouille au festival cette année, La plus précieuse des marchandises au programme scolaire du festival, et Bernadette, AFFFF 2023) passe une IRM lorsqu’il rencontre le chef des soins palliatifs, le Dr Masset (Kad Merad, Finalement au festival cette année, Un triomphe, AFFFF 2021).
Les deux hommes commencent à discuter du rôle du docteur et de la mort. Le film est centré sur ces conversations. Le Dr Masset considère que son rôle est de soulager les patients de leurs douleurs physiques et psychologiques. Son rôle est de rendre l’inacceptable supportable.
Il y a un cynisme sain à l’égard du système de soins de santé dans Le dernier souffle. Dans la scène d’ouverture, Alex, le frère du philosophe, écarte d’un revers de main la suggestion d’un médecin de Boston de faire subir une biopsie à Fabrice. Pour Alex, c’est parce que le système de santé est axé sur les actionnaires et leurs profits, et qu’il en résulte des soins de santé inutiles. C’est un thème qui revient tout au long du film avec différents patients (et leurs familles) qui demandent la poursuite du traitement même si à ce stade de leur maladie, cela n’apportera rien de plus.
Il y a des patients qui ne veulent pas que leur famille connaisse leur véritable état de santé ou sache à quel point ils sont proches de la mort. Il y a des patients qui ne veulent pas savoir eux-mêmes. Et puis il y a les patients dont les propres oncologues ont été trop lâches pour leur dire la vérité sur leur état de santé. Léa Carré (Agathe Bonitzer), une jeune patiente atteinte d’un cancer, est informée qu’elle est emmenée à Paris pour y être soignée, mais ne sait pas qu’elle est en phase terminale et qu’elle est envoyée dans le service de soins palliatifs du Dr Masset. Elle est naturellement en colère, disant qu’elle a des projets avec son frère et qu’ils lui ont volé sa mort.
La question se pose de savoir ce qu’est une bonne mort. Tout au long du film Le dernier souffle, nous voyons des adieux faits par des motards, des adieux faits par des gitans, des derniers câlins faits à un animal de compagnie. Une patiente de Bretagne est amenée à l’hôpital de Masset, mais sa dernière volonté est de boire du vin blanc et de manger des huîtres en Bretagne. On fait grand cas de sa sortie de l’hôpital contre l’avis des médecins, mais elle rentre chez elle, accomplit sa dernière volonté et meurt comme elle l’entendait.
Mourir dans la dignité ou selon ses propres conditions est un autre thème exploré dans Le dernier souffle. Sidonie (Charlotte Rampling) demande que le Dr Masset ne la ressuscite pas, qu’il la laisse passer. La gitane (Ángela Molina) demande au Dr Masset de l’aider à traiter la douleur et à vivre sa mort. Il lui installe une série de seringues que son aide-soignant doit lui administrer pour la plonger dans un sommeil profond dont elle ne se réveillera pas.
Marie (Françoise Lebrun), une patiente, est heureuse de se réveiller chaque jour. Avec Fabrice, elle discute de ce qui vient après la mort – si elle croit à l’idée catholique du Paradis, à l’idée bouddhiste de la réincarnation, ou peut-être devenir une étoile dans le ciel, etcetera. Elle connaît bien les différentes croyances et options. Cela semble plausible, en particulier le fait que plus on est proche de la mort, plus on peut commencer à explorer différentes croyances sur ce qui se passe après la mort.
Cependant, chaque patient étant lui-même une sorte de philosophe, citant des auteurs ou sachant qui a dit certaines choses, cela a fini par donner l’impression d’être assez élitiste et snob. Même si la philosophie est obligatoire dans les lycées français, le fait que presque chaque interaction implique que quelqu’un cite quelqu’un ou reconnaisse la citation de quelqu’un n’est pas représentatif de l’éventail réel des personnes en France.
Le film a un rythme lent, ce qui est sans aucun doute intentionnel pour donner au public le temps de réfléchir, mais malheureusement le film ne donne pas grand-chose à réfléchir. Il semble simplement répéter le même message encore et encore. Par exemple, après avoir expliqué que certains savent quand la mort arrive, on nous raconte l’histoire de deux patients différents qui sont morts peu de temps après avoir demandé à leur famille de venir les voir. Marie appelle sa famille un matin et, peu de temps après les avoir vus, elle s’éteint paisiblement. Un autre homme, qui était furieux la veille de ne pas pouvoir voir son chien, s’éteint une fois qu’on lui a apporté son chien.
Il est fait référence à plusieurs reprises au fait que le passage à la vieillesse est célébré en Afrique, mais nous ne voyons rien de tout cela, et nous n’avons aucune explication sur la manière dont cela est célébré. Le plus proche est l’ami sénégalais du Dr Masset qui le réprimande sur ce qu’il voit dans les maisons de retraite et les centres de soins palliatifs français et qui dit que c’est un contraste saisissant avec le Sénégal.
Florence Toussaint (Marilyne Canto), la femme de Fabrice, nous a frustrés. En toute chose, elle est toujours à la recherche d’une opportunité pour son mari. Si la profession médicale est opportuniste en donnant des médicaments qui ne servent à rien et des procédures qui ne sont pas nécessaires, l’attitude de Florence, qui considère tout comme une opportunité pour son mari, fait des parallèles.
Il y a aussi un gros problème de plausibilité. Ce n’est pas parce que le Dr Masset est chef du département des soins palliatifs qu’il emmènerait le philosophe dans les chambres des patients sans leur demander leur consentement ou sans leur dire qui il est. Il ne suffit pas de lui faire porter une veste blanche de médecin pour qu’il se fonde dans la masse. De même, comment les chemins du Dr Masset et de Fabrice se sont-ils croisés après l’IRM de Fabrice au début du film – le Dr Masset était-il dans un hôpital différent de l’hôpital de soins palliatifs dans lequel il travaille ou Fabrice a-t-il passé l’IRM dans un hôpital de soins palliatifs et si oui, pourquoi ?
Certaines scènes du film Le dernier souffle semblent décousues ou inutiles. A un moment du film, Fabrice et Florence s’occupent de leurs petits-enfants et organisent une fête d’anniversaire. Avant que la fête ne commence, Florence trouve les petits-enfants en train de regarder du porno dans la cave. Il est difficile de voir quel est l’intérêt de cette scène et comment elle contribue à l’histoire, hormis le fait qu’elle donne à Fabrice l’occasion de dire que nous allons parler avec eux plutôt qu’à eux.
À 91 ans, le réalisateur Costa-Gavras se retrouve sans doute en train de ruminer le thème de la mort et de sa propre mortalité. Le dernier souffle sera un meilleur film si l’écriture avait été plus serrée – on a souvent l’impression de flotter d’une histoire à l’autre, soit que le Dr Masset parle à Fabrice de ses patients, soit que Fabrice assiste lui-même aux consultations. Cela donne au film une impression de décousu.
Le film prend son temps, ce qui peut être efficace dans une histoire contemplative comme celle-ci. Cependant, ici, le rythme lent combiné à une narration décousue fait qu’il est difficile de s’investir pleinement dans le film.
Le dernier souffle présente des performances convaincantes, mais la lenteur, la répétitivité et le manque de cohésion diluent leur impact, ce qui rend difficile l’adhésion totale à l’histoire.
3 CROISSANTS
Matilda Marseillaise a regardé un screener du film.
Le dernier souffle est sorti en France en février 2025. Il est projeté à l’Alliance Française French Film Festival sous le titre Before what comes after.
INFOS CLÉS POUR L’ALLIANCE FRANÇAISE FRENCH FILM FESTIVAL 2025
QUOI : L’Alliance Française French Film Festival 2025
OÙ & QUAND :
19/03 – 23/04 – ADELAIDE
06/03 – 08/04 – BRISBANE
06/03 – 02/04 – BALLARAT, VIC
08/03 – 02/04 – BALLINA, NSW
11/03 – 13/03 – BENDIGO, VIC
07/03 – 02/04 – BYRON BAY, NSW
06/03 – 09/04 – CANBERRA
25/03 – 15/04 – GOLD COAST
03/04 – 13/04 – HOBART
05/03 – 09/04 – MELBOURNE
03/04 – 06/04 – MOUNT GAMBIER, SA
13/03 – 16/04 – PERTH
26/03 – 31/03 – RENMARK, SA
04/03 – 09/04 – SYDNEY
02/04 – 09/04 – VICTOR HARBOR, SA
04/03 – 06/04 – PARRAMATTA, NSW
10/04 – 13/04 – BUNBURY, WA
12/04 – 21/04 – WARRAWONG, NSW
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